De
en-meute à hors-meute, la relation est basée sur le mépris.
Uderzo nous a dessiné en contre-plongée le centurion à grosse mâchoire : "Alors gaulois ? Tu viens te soumettre ?" (dans "Obélix et compagnie").
Et Obama a proclamé la suite : "Nous avons la plus puissante armée du monde. Nous tordons le bras à quiconque ne nous obéit pas."
Quitte à sous-traiter à Gyorgy Soros les manigances pour jeter à bas
les gouvernements étrangers qui résistent trop : ces jours-ci c'est le
Brésil et l'Afrique du Sud, en 2014 c'était le gouvernement ukraïnien
qui était jeté bas, etc. Bien d'autres ont été kidnappés ou assassinés
sans hésiter, afin de jeter leurs pays respectifs dans le chaos sans
fin - chaos toujours exploitable par le moyen de la corruption grâce à
la planche à dollars. Au final la CIA a avoué avoir raté 93 tentatives
d'assassinat de Fidel Castro.
Mot commun à toute l'aire indo-européenne, "hostis",
dans sa forme latine qui nous a donné "hôte" désignait initialement
l'égal : cet esclavagiste de bon ton, qui peut librement venir chez
vous en paix, y recevoir l'hospitalité sans être fait prisonnier et
réduit en esclavage, et vous rendra le même service chez lui.
Quand Rome est devenue impérialiste, et a commencé à guerroyer contre
les autres villes et peuples d'Italie pour les soumettre, les
précédemment "hostes" qui osaient résister ont été qualifiés d'hostiles au sens moderne : "hostilis".
Ultérieurement tous les peuples qui bordaient la Méditerranée
occidentale, puis le restant du bassin méditerranéen, furent soumis à
des guerres de conquête, et à colonisation et exploitation par la ville
parasite.
Toute société guerrière est inégalitaire, et Rome devint dès les débuts
du processus impérialiste, violemment inégalitaire, les familles
aristocratiques accaparant l'Ager Publicus
et toutes les terres nouvellement conquises. Aussi la plèbe qui
fournissait les paysans-soldats dont l'aristocratie avait tant besoin,
refusa l'enrôlement pour la prochaine guerre, et se retira sur la
colline voisine, le Mont Sacré. C'était la première grève, en 495-494
av JC.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_s%C3%A9cession_de_la_pl%C3%A8be
Elle aboutit à la création de la magistrature des tribuns de la plèbe.
Voir comment l'aristocratie corrompit certains pour assassiner les
autres qui la gênaient par leur projet de redistribution agraire :
Tiberius et Caius Gracchus en 132 et 121 av JC.
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-gracques-180326
L'idéal républicain du paysan-soldat mourut avec eux, et dès Marius,
Rome eut une armée de métier, toute dévouée au général qui la payait.
La fiction SPQR demeura encore quelque temps, en gros encore un siècle : Senatus populusque romanus...
Certes les violences de meute ne font appel qu'à des pulsions
reptiliennes, et notre néo cortex n'intervient que pour justifier la
violence mue par notre cerveau reptilien. On le voit tout les jours
dans les violences de meute pratiquées dans les cours de récréation des
classes maternelles et primaires.
Toutefois, depuis que les sociétés guerrières se sont organisées, de
l'antiquité aux U.S.A., des subterfuges idéologiques ont été élaborés
par des dynasties de chefs de meute, pour duper leurs
peuples et multiplier les guerres.
Et dans des meutes plus basiques, plus primitives, comme il y en a tout autour de nous ?
Dans tous les bacs à sable, toutes les meutes s'élaborent des lois de la
nature privées, réservées à démontrer la supériorité de la meute locale
sur le restant du monde. Ici c'est une aérodynamique privée, coupée de
celle des autres métiers de l'aérodynamique, ailleurs c'est une
mécanique privée, anté-galiléenne et incompatible avec tous les autres
métiers, ailleurs c'est une biologie privée destinée à prouver que le
coran d'Othman ou la bible des juifs sont vachement supérieurs aux
travaux de tous les biologistes, tous les géologues, tous les
paléontologues. Etc. etc.
Historiquement, un des plus célèbres des délires de meute fut celui de la CIA
en 1961, qui se persuada qu'en bombardant Cuba et en débarquant à la
Baie des Cochons, le peuple cubain allait se jeter dans ses bras. Une
liste des gros délires de meute ? Elle serait bien longue.
Il ne m'est arrivé d'en avoir l'évidence sous les yeux que récemment,
lors d'un coup de folie d'une petite meute que je ne soupçonnais pas :
Déjà avant le déclenchement des hostilités, le sentiment de base de
ceux qui sont dans la meute locale, les en-meute, est invariablement le
mépris envers les hors-meute. Si vous êtes pacifique et bienveillant,
vous pourrez longtemps ne pas remarquer ni collecter les signes qui
s'étaient déjà multipliés. Et après ? Après il est trop tard, la meute
locale est déjà ivre de l'odeur du sang, expectore un maximum
d'insultes, et concocte les prochaines horreurs. La cruauté était un
élément important dans la politique et la "diplomatie" guerrière de
Rome.
La guerre contre les instruits s'inscrit dans ce cadre de meute.
Démographiquement, les ignorants sont largement majoritaires en notre
France. S'ils sont bornés et narcissiques en plus d'être ignorants, ils
méprisent les hors-meute. Leur fureur se déclenche à chaque preuve que
leur mépris de meute envers quelque instruit est prouvé infondé et
absurde.
Dans toutes les meutes en régression d'attaque-fuite, automatiquement
le hors-meute est coupable de délit d'opinion, "gros-boutien dans
l'âme", coupable d'incroyance envers le bon slogan, coupable d'être prétendu adepte du mauvais slogan, au nom du cri : "Gnaaah ! Je t'ai reconnu ! Tu es tous les gnagnagnagnahs que j'ai toujours rêvé d'abattre !". C'est ainsi que la princesse NKM, celle qui tous les matins en se rasant rêve que demain elle sera présidique de la républanche, traite de "connards" tous les incroyants, et qu'Alain Lipietz traite de "criminels" ces mêmes incroyants en la Vraie Foi carbocentriste.