LAVAU, Jacques, n° étudiant 9927876.

TD de M. J.-P. Durif-Varembont, Licence de Psychologie.

Année 2001-2002. Module TMC2, n° 38121

 

 

 

Parricides et enfants instrumentalisés pour les besoins de l’adulte, soit comme exécuteurs de ses exécutions capitales, soit comme persécutés ou co-persécutés.

 

Sujet : Quel cadre pour l’assignation des missions de l’enfant ? Application au cas particulier des assignations au parricide. Le cadre de sa théâtralisation sociale ? Identifier le groupe et la théâtralisation justificateurs de la violence. Les enfants comme exécuteurs des perversions parentales ou grand-parentales, et les complicités d’aveuglement sur les mandats dont ils ont été chargés.

 

Révision 1.2, 16 juin 2002.

 

 

1.     Les méthodes compatibles avec l’objet.

 

1.1.   Le corpus.

Nous mettons en parallèle d’une part un harcèlement criminel dans une famille, conclu par des tentatives d’assassinat plus directes, d’autre part deux autres parricides réussis et publiés.

Le corpus d’études est composé de deux livres :

1.      Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère. Un cas de parricide au 19e siècle, présenté par Michel Foucault. Gallimard 1973.

2.      Françoise Hamel. IDA, histoire d’une parricide. Flammarion 1994.

et d’un gros volume de messages sur des forums Internet, et de courriers papier, ainsi que de dépositions pénales, donc confidentielles mais consultables (en principe, en principe, mais la réalité de la pratique d'avocate est toute autre) par la Partie Civile.

Son premier nom de plume est « (Jules) » dans ses mémoires écrites et diffusées de 1998 à juin 2000, « Synapse » sur plusieurs forums Internet, surtout ReseauContact.com de 1999 à 2001, et « Genevrier » sur Rezoville.com. Le volume 1 des mémoires est une monographie titrée « Ta mission est de liquider ce témoin gênant, ton père. Un harcèlement en famille et les dénis qui le protègent », et a circulé à une trentaine d’exemplaires jusqu’à la version 0.4a. La version 0.5 n’a pas encore circulé. Le volume 2 est rarement pertinent ici, sauf qu’il contient plusieurs des contes à la manière de Jacques Salomé, qui ont été publiés sur ReseauContact.com. Les discussions sur les forums ont permis d’avoir une idée claire des théâtralisations et des attentes de divers publics, qui leur font filtrer, déformer, occulter ou renverser les informations.


 

 

1.2.   Urgences méprisées et problématiques indésirables.

Les quelques cas étudiés ici de parricide (ou pour le dernier, de tentatives à répétition, où il faudra consacrer du temps d’étude à la commandite de parricide) ont en d’abord en commun l'indifférence et l'impuissance de toute la société devant les martyres subis par des familles sous la maladie mentale et la perversité d'un d'entre eux. Voilà des urgences qui n'intéressaient personne - ou pas grand monde dans le cas de Jean-Claude Beaussard.

 

On ne prendra pas ici pour prétexte de l'existence d'une partie de la réalité, pour dénier d'autres parties. On n'utilisera pas une partie du système de violence pour en innocenter d'autres parties, toutes aussi indispensables. On s'intéressera aux théâtralisations sociales, et aux réseaux de préjugés qui supplantent complaisamment la prise en compte des faits. La mauvaise foi qui suscite des dénis ou des faux témoignages selon la place préalable de chacun dans la guerre des sexes en cours, a-t-elle une structure ? Quel est le groupe d’appartenance qui justifie la violence familiale dans les cas concrets étudiés ici ?

 

1.3.   Les dénis du lecteur sont au centre de l’image.

Trente cinq ans plus tard, une carence n'a pas changé dans l'Université française : le remue-méninge et la créativité indispensables font l'objet d'une ignorance sourcilleuse. Il est toujours aussi difficile à une connaissance d'origine praticienne, d'être admise dans le cercle fermé des cooptés. L'arrogance du postulat tacite "Nous, les initiés, on sait ! Et vous les profanes, vous ne savez pas " monte la garde et surveille les frontières de leur concession extraterritoriale, héritière de la fondation ecclésiastique des premières Universités.

 

Au contraire de ce que présente l’hagiographie officielle et triomphaliste, l’histoire des sciences réelle est pleine de bruit et de fureur, voire pire, et de squelettes dans la plupart des placards. Un de ces squelettes mal enterrés est Pierre Curie, relégué sous un escalier, et qui ne put jamais occuper de poste à sa mesure, ni jamais correctement payé, car il ne sortait pas d’une Grande Ecole et n’était donc soutenu par aucune mafia. On hésite entre Max Planck et Wolfgang Pauli, comme auteur à qui attribuer ce mot désabusé : « En sciences la vérité ne triomphe jamais, mais les imbéciles finissent par mourir ». Je sais plusieurs scandales scientifiques qui ne sont toujours pas résolus, pas encore venus à la surface, un en chimie des polymères, un en mathématisation de la physique (justement, voir Pierre Curie sous son escalier), un aux fondements de la quantique, et d’autres en mathématiques, d’âge variant entre trente ans et plusieurs siècles. Cela n’a donc rien d’étonnant si en psychologie aussi, on constate des blocages d’informations et des disqualifications abusives d’informateurs dérangeants, ou mal en cour : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Beaucoup d’efforts réels sont consacrés à ce qu’il y ait des vainqueurs et des vaincus, mais le résultat ne correspond pas forcément à la définition de principe de la science : « le seul système de transmission de connaissances qui soit piloté en exactitude et non en traditions ni en suzerainetés ». Rappelons la formulation de Richard Feynman (Nobel 1964)), sur l’irrespect fondateur des sciences : « La science se distingue de tous les autres modes de transmission des con­nais­sances, par une croyance de base : nous croyons que les experts sont faillibles, que les con­naissances transmises peuvent contenir toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut prendre la peine de vérifier, par des expé­riences. » (le résumé est de moi). Cet irrespect fondateur envers l’infaillibilité des experts pose de grands pro­blèmes dans la relation d’enseigne­ment, qui est très souvent, trop souvent, une relation de domination et de supériorité, inapte à transmettre l’esprit scientifique. Par son orgueil, l’esprit de l’enseignement est difficilement compatible avec l’esprit scienti­fique. La principale déformation professionnelle de l’enseignant reste l’addiction à sa position supérieure, dans une relation inégale : « Moi, je sais ! Et vous, vous ne savez pas ! ».

 

Cette addiction à la relation inégale de juge-et-partie permet aussi de nier les dépendances : on n’a plus de dettes envers le contribuable qui paie nos salaires, et plus jamais de comptes à lui rendre. On se contente de défendre sa forteresse et sa morgue.

 

On sait par la correspondance de Karl Friedrich Gauss (1777-1855) qu’il avait gardé pas mal de travaux sous le coude sans les publier, par crainte de la bêtise et de la férocité de ses contemporains, hostiles aux idées trop nouvelles. Tout artiste dépend plus ou moins du talent de son public. L’écrivain scientifique aussi. L’inimitié et la mauvaise foi de son public institutionnel sont un risque pour son moral et sa liberté d’écrire vrai, s’il les connaît, et s’il n’envisage de trouver un meilleur soutien auprès d’un lectorat de rechange. En psychologie aussi.

 

Les dénis du lecteur s’inscrivent socialement dans des idéologies et des relation de pouvoir, d’intimidation, de soutien ou de complicité, dans une histoire personnelle plus ou moins résolue, dans la présence ou l’absence d’une éthique pour contrôler le bruit et la fureur des passions.

 

Pour le survivant d’un mobbing, d’un harcèlement criminel pour le dire en français, quel est le plus traumatisant au fil des années ? La violence sournoise qui s’est organisée au sein d’un groupuscule malade du syndrome d’Attaque-Fuite ? Ou l’ensemble des dénis, des complicités et des couardises qui protègent le harcèlement criminel ? Concernant l’auteur, c’est la seconde hypothèse qui s’est vérifiée au fil des années. Reprenant notre souci scientifique, nous devons constater la totale impossibilité d’une coupure épistémologique entre le savant et son objet d’études, et cela tout autant chez l’écrivain que chez son lecteur. L’implication de chacun passe au beau milieu de ses tripes, au milieu de ses propres appartenances : à sa famille d’origine, à sa famille actuelle, et au milieu de sa position sociale.

 

L’auteur est rompu depuis quelques vingt-trois ans à l’exercice de la réflexivité : le nombre de fois que l’observateur-logicien s’inclut comme objet dans son observation et son raisonnement. C’est par un exemple d’exercices de réflexivité qu’il avait ouvert son mémoire de Maîtrise de Physique de 1998. De nombreux problèmes restent insolubles si on n’en remanie pas les frontières, et tant qu’on refuse de s’élever d’au moins un degré de réflexivité. Mais le lecteur ? Bénéficie-t-il d’un tel exercice du recul et du doute sur sa position épistémologique ? Quelle est la fragilité de son narcissisme ?

 

En tant qu’ingénieur, l’auteur est surpris et peiné par un discours justifiant son irresponsabilité et sa passivité, qui prend soin de ne déboucher sur aucune action concrète auprès de gens concrets, à la freudienne en somme. Il semble bien qu’il n’y ait rien dans ce département de Psychologie de Lyon 2 qui puisse déboucher sur le management et la psychologie des fonctions de direction. Le Département se fait l’écho de la souffrance de psychologues dans des institutions (de santé surtout), mais accepte comme un fait définitif que la psychologie est une fonction sans mains, hors hiérarchie, juste experte, et jamais décisionnelle. C’est vrai qu’à diriger on risque de se salir les mains, voire de se les brûler en cas d’erreur, et c’est là une épreuve de réalité qu’on s’est mis d’accord pour fuir.

 

En particulier, on se maintient de la sorte en totale incompétence pour agir efficacement contre les pratiques de mobbing, ou harcèlement criminel, qu’elles soient au travail ou dans la famille, incompétence pour élaborer des politiques de prévention, incompétence pour agir comme consultant de direction en entreprise ou en institution, pour en amender le fonctionnement et les faire progresser dans leurs choix anthropophage/anthropogène. Vu par un ingénieur comme moi, c’est pousser vraiment loin le culte de l’irresponsabilité planante.

 Génogramme Beaussart

 

2.     Affaire Beaussart


Post-scriptum du 19 septembre 2009 : une partie des conclusions est fausse, puisque Jacqueline s'est accusée en 2008 d'avoir tiré sur son mari, meurtre que Ida a pris en charge. Ida a été acquittée en 1992.

2.1.   Résumé de l’affaire Beaussart :

Le 18 juillet 1989, Ida Beaussart a abattu son père d’une balle de 22 LR. Le jury d’assises l’a acquittée au titre de l’article 328 du Code Pénal sur la légitime défense. La gendarmerie avait trouvé des brassées et des brassées d’armes dans la petite maison, jusque dans la niche du chien. Jean-Claude Beaussart était sur le point d’abattre sa fille Christine qui lui avait échappé pour vivre sa vie, puis de rassembler le reste de sa famille dans la voiture pour les suicider collectivement d’une grenade.

Source : Françoise Hamel. IDA, histoire d’une parricide. Flammarion 1994.   Il n'y a hélas pas de contre-source pour recoupements.

2.2.   Le génogramme

Au matin du meurtre, Ida a 17 ans, sa mère a 39 ans et un jour, Christine a 19 ans, Mathilde environ 18, Edwige 13, et Erika un an : naissances en 1970, 1971, 1972, 1976, et 1988.

Jean-Claude avait deux frères. Paul était l’aîné, et a été tué en Indochine. Pierrot est mort de cirrhose, vers 1982.

La planche génogramme Beaussart est insérée en hors-texte.

Le cadrage par la famille étendue est disparu. Seul reste en vie le cousin Pié-Pierre. La tante sa mère n’est jamais mentionnée. Les décès probables des deux mémés ne sont pas mentionnés. La famille n’est plus entourée que par le parti nazi, PNFE.

2.3.   Les théâtralisations en jeu.

Le livre est écrit à la première personne, mais la langue est celle de la romancière. La plupart des questions sous-jacentes sont visiblement originées chez elle.

La génétique de la violence et de la perversité chez Jean-Claude Beaussart n’intéresse pas Françoise Hamel. Ce qui l’intéresse est d’utiliser Ida et sa mère en porte-drapeau de l’oppression des femmes sous la violence masculine.

Nous verrons que cette théâtralisation bien en place permettra d’installer le troisième cas dans une mythologie au dessus de tout soupçon.

2.4.   Les soutiens à la violence établie.

L’écrivain et la narratrice ne nous laissent pas le choix de constater ni de penser autre chose que la symbiose entre le père, Jean-Claude Beaussart, et le parti fasciste PNF, puis PNFE. Tout est pour la haine et la violence. La littérature de sadisme et de violence, surtout le « livre des torturations » qui le fascine, sert de bible à JCB, particulièrement à la fin lorsqu’il planifie toutes les tortures qu’il va faire subir à sa fille Christine lorsqu’il l’aura recapturée. Le parti nazi est une église de la violence.

2.5.   Inquiétante, parfois la Justice pénale.

Meurtre du jeune Karim ben Hamida, à Haubourdin, août 1984. Menaces et tabassage des témoins. En octobre 1986, le TGI de Lille condamne Jean-Claude Beaussart à 12 mois ferme, pour incitation à la haine raciale. Son copain qui a tiré sur le jeune Karim, a entre temps pris dix ans ferme aux assises. Le 21 janvier 1987, la cour d’appel, de Douai, malgré l’aveu complet du coïnculpé qui accuse Beaussart, le 18 février, Beaussart est relaxé : on est entre PNF, au moins quant à l’avocat. Il faut attendre que Beaussart prenne 4 mois ferme pour une autre affaire, pour que la cour de cassation annule en novembre 1987 la relance de Douai. En février 1988, le tribunal de Rouen prononce huit mois ferme.

2.6.   L’échec total du contrôle social.

Pages 30-31 : L’amitié, c’est très rare pour moi. Il me manque l’autorisation de mon père pour avoir des copines. Alors c’est en cachette. Mais elle m’abandonnent vite.

Les parents de son unique amie en classe, Véronique : Je me confie un peu. Je leur montre les traces de coups sur mes bras et mes jambes. Ils me plaignent. Ils me disent : « On est tristes que tu sois malheureuse ! » Mais ils disent qu’ils ne peuvent rien faire. Ils doivent avoir raison. Ils ne peuvent rien faire.

Pages 36-37 : Si mon père savait ce que j’ai fait un jour, il me tuerait.

L’an dernier, j’avais huit ans, je suis allée, toute seule, parler à une assistante sociale. Je lui ai dit que je voulais être placée dans un foyer pour enfants malheureux. J’y croyais très fort, mais j’ai vu que l’assistante sociale faisait une drôle de tête. Jusque là, elle m’avait écoutée, mais voilà que j’avais l’air de la déranger.

Elle m’a dit ; « On connaît ton père. On sait comment il est. Mais on ne peut rien faire. Tu es mineure. Tu es obligée de vivre avec lui. »

Tout s’est effondré. On veut que je reste dans le malheur. On veut me laisser tuer par lui. Il me crie dans les oreilles : « Ton cœur lâchera. Ton cœur lâchera. » Mon cœur, il tient. Parfois, je le sens partir. Mais il revient, petit à petit.

Page 68 : Un jour un voisin avait appelé le docteur pour qu’il vienne voir ce qui se passait à la maison. Eh bien le voisin a reçu un coup de poing. Comme il est tout maigrichon (le père mesure 1,90 m et pèse 130 kg), il ne s’est plus mêlé de rien.

Page 71, Ida regrette : S’il trouvait un travail de menuisier, changerait-il ses idées tout d’un coup ? Alors qui pourrait lui trouver du travail ? Ou bien si c’est la dépression qui le rend fou, pourquoi on ne le soigne pas ?

Page 85 : Papa ne supporte pas qu’on fasse des bêtises, mais lui, il en fait de plus en plus. Les gendarmes le convoquent sans arrêt, pour menaces à voisins, coups et blessures, refus d’obtempérer, agressions, menaces de mort, vol de bicyclette, propos racistes, agressions racistes… Il a décidé de mettre tout le monde à sa botte. …

Un jour, il monte un commando avec nous, ses quatre filles. But : mettre le feu à la collecte des vêtements destinés à des pays du tiers monde. On y est allées. Le maire de Salomé a fait cesser nos incendies.

Page 86, meurtre du jeune Karim ben Hamida, à Haubourdin, août 1984. Menaces et tabassage des témoins.

Page 87 : A la sortie du lycée d’Armentières Christine sort un couteau et en donne un bon coup à une élève qui s’appelait Fatima. … Christine est renvoyée. Elle passe au tribunal. On la condamne à dix jours de prison avec sursis. Elle est mise à l’épreuve et doit être suivie par un éducateur.

Page 95 : Elle a dit qu’elle allait divorcer. … Fou furieux, il l’a tabassée. Le soir il remet ça. Il veut qu’elle crève. Il prend un couteau dans le tiroir et le lui jette en visant le cœur. Raté. Alors il en lance un autre et la touche au front. Maman appelle « Au secours ». Personne ne vient. Les voisins doivent avoir l’habitude. Ou plutôt ils ont peur et restent chez eux.

Pages 123 –124 : A la maison, il y a de plus en plus d’armes. Des grenades sont cachées, à la cave, dans des bouteilles de gaz trafiquées. Il y a des fusils à pompe, des revolvers, des poignards, des ampoules explosantes. Mon père en échange et en revend. Certaines armes sont interdites, il faut bien les cacher. Mon père s’amuse sans arrêt avec ces armes. Il nous en explique le maniement. Facile ! … Les gendarmes ferment un peu les yeux sur tout ça. Mais j’en connais un seul qui a les idées de mon père.

… Il attaque même les marchands de tapis arabes. Dès qu’il en voit un venir, il tire vers lui. … Le maire de Salomé est venu. Mon père a juré qu’il n’avait pas tiré et que c’étaient des racontars de voisin. Mais ça n’a pas pris.

Le maire plaint maman. Il lui fait porter des colis. Il a compris que nous manquons de beaucoup de choses, même à manger.

Pages 147 à 151, les procès pour le meurtre du jeune Karim, appel et cassation, enfin Tribunal de Rouen, qui prononce huit mois ferme en 1988. Entre temps, quatre mois ferme pour une autre agression. Papa est un abonné du tribunal. On n’en finirait pas d’énumérer ses condamnations. On dit : « Cet individu est dangereux » mais on le laisse recommencer.

Page 169 : Le lendemain, il me fait descendre l’escalier avec un pistolet sur la nuque. Il crie : « Tu n’es qu’une vermine. Je vais t’abattre »…

Je me confie à l’assistante sociale. Elle m’écoute et me plaint. Il a été question de me mettre à l’abri dans un foyer ou que je parte en lycée climatique pour ma santé. Finalement maman a dit non. Elle devait avoir peur.

Pages  170 –172 :

Un jour, il cuit des saucisses au barbecue. Brusque­ment, il se retourne vers moi avec une arme bizarre. C’est un bâton avec une boule de plomb qui pend à un fil de fer. Comme une arme de poing, ancienne. Il m’en balance un coup dans les jambes. C’est atroce. La douleur me fait tomber par terre. Je pleure. Il hurle :

- Je t’interdis de pleurer.

Plus fort que moi, je sanglote sans pouvoir m’arrêter. Je suis la plus malheureuse de la terre.

Le soir, maman me met, en cachette, de la pommade sur mes gros bleus. Je n’oublierai jamais l’odeur de cette pommade qui pue. Qu’est-ce qu’on en a usé ! Avec tous les coups qu’on reçoit, on en a des bleus ! Il faut les cacher pour aller à l’école. Mon père pourrait être inquiété.

Quelques jours plus tard, c’est mon coccyx qui prend. Maman le croit cassé. Elle me tartine de pommade et j’apporte un coussin en classe pour m’asseoir dessus. Le siège dur me ferait trop mal. La prof a compris. Elle m’a regardée en souriant tristement.

Je me demande pourquoi les professeurs, les assis­tantes sociales ou les policiers n’empêchent pas mon père d’être si méchant et de faire tant de bêtises. Ils nous écoutent. Ils sont gentils avec nous, mais ils ont peur. Ils connaissent trop le « bourreau de Salomé ». Ils savent de quoi il est capable.

Mon père s’ennuie en prison, mais il ne craint pas les gendarmes. Par exemple, la Légion, pour lui, c’est bien trop doux. Il compte de plus en plus sur le parti pour mettre de l’ordre en France. Le PNFE pourra, enfin, appliquer toutes ses théories.

Moi, je n’y crois pas. C’est trop méchant et meurtrier. C’est mal d’habituer les gens à des idées racistes et violentes.

Une autre fois, mon père s’énerve subitement contre moi. Il prend un pot en bronze sur le meuble et me le jette au visage. Je suis blessée à la bouche. Il me traite de maladroite, d’imbécile et de raclure.

Maman m’enroule une écharpe autour du visage pour aller à l’école. Je dis au prof que je suis très enrhumée. On m’emmène chez le médecin. Je commence par dire ce que m’a ordonné mon père.

-Docteur, j’ai glissé sur des crottes de poule en allant chercher du bois. Puis, je craque. Je me mets à pleurer.

- Docteur, c’est mon père... On me fait raconter les détails. Ça me fait du bien de me confier. Le docteur me promet de m’aider. Je rentre à la maison, un peu rassurée.

Dans l’après-midi, un car de police intrigue mon père. Il m’envoie me cacher chez les voisins. J’obéis. Puis il vient me rechercher et m’envoie une gifle et des coups de poing.

- Avoue, tu as tout répété au docteur! Mongo­lienne !

- Non, papa, je n’ai rien dit. Encore un coup de poing.

- À cause de toi, je retournerai en prison. C’est ce que tu veux ?

- Non, papa.

Je lui jure encore que je n’ai rien dit. Il me tape. Ma blessure me fait mal. Non, je ne voulais pas l’envoyer en prison, mais j’ai eu besoin de me confier. J’ai pensé que le docteur me protégerait.

Le soir, alors que je reviens de faire des courses au magasin Codec, le car de police s’arrête près de moi. Ils me disent gentiment de monter pour aller chez le juge. Je monte dans le car. Un juge ne me fait pas peur. Au contraire, on peut lui parler franchement. On ne se fait pas engueuler. Il écoute. Une fois, j’ai parlé chez un juge aveugle. D’abord, je n’avais pas remarqué qu’il ne voyait pas. Puis, j’ai vu ses drôles de lunettes et sa canne blanche, près du bureau. J’ai compris. Eh bien ! Cet aveugle comprenait tout, encore mieux que les voyants ! Il était formidable.

Si j’étais aveugle, est-ce que mon père m’aurait battue pour ça ?

Dans le bureau du juge, pour ma blessure à la bouche, je me confie. Mais voilà que, par la porte ouverte, je vois mon père dans le couloir. Je m’affole. Je fais des signes au juge. Je lui demande tout bas de me mettre dans un foyer.

Hélas ! ce juge non plus ne peut rien faire. Seulement un sermon à mon père pour le raisonner. Mon père l’écoute. Il prend un air penaud. Il sort sans rien dire.

Le retour se passe bien. Mais, une fois à la maison, il ferme la porte à clé et me donne des coups de pied. Il me bat si fort qu’au bout d’un moment je ne sens plus rien. Je suis K.O.

Depuis cette histoire de pot en bronze, mon père me déteste encore plus. Il trouve tous les jours de nouvelles brimades.

Page 174 : Je ne suis pas seule à trouver mon père dangereux. Au tribunal, un rapport l’a déclaré « potentiellement dangereux ».

Page 200, la sœur Christine, majeure, a quitté la maison et se cache avec son ami dans Lille. Pour forcer la police à la rechercher, le père Beaussart force Ida à signer une fausse déclaration au commissariat de Lille, 14 juillet 1989, pour coups et blessures.

Tout un plan de tortures est prêt pour quand elle sera retrouvée et ramenée ligotée à la maison, puis exécution, puis suicide collectif de la famille, à la grenade.

Le 18 juillet à 7 h, Ida tue son père.

A la gendarmerie (page 211) :  Je le dis à un gendarme.

- Mais monsieur, ce n’est pas moi qui aurait dû le faire, c’est vous.

Il me regarde. Il hoche la tête. Il me dit :

- Tu sais bien qu’on ne pouvait pas.

2.7.   L’enfant parentifié, parent de sa mère.

Page 50 : (Après description des expéditions de vol, et passages au tribunal)

- Ida, il ne faudra pas m’en vouloir, plus tard, d’avoir eu cette enfance, me dit maman.

Je la prends dans mes bras.

Ma petite maman, ce ne sera pas à toi que j’en voudrai, mais à lui. Il devient trop dur. Pour mes dix-huit ans, je partirai et je reviendrai te voir en secret. Elle se met à pleure. Je regrette mes paroles. Elle, elle est bloqué ici, pour toujours. Elle n’aura plus jamais dix-huit ans et sa liberté.

Page 55 : le lendemain matin, dès que papa s’en va à la pêche au canal, je vais consoler maman pendant qu’elle fait la vaisselle. Ses yeux sont rougis. Je vois qu’elle se retient de ne pas pleurer. Mais c’est plus fort qu’elle, elle se confie à moi. Ma pauvre maman n’a pas d’amie à qui parler. Elle me dit que papa l’a forcée aux relations sexuelles.

2.7.1. Parentifications et instrumentalisations des enfants.

Mathilde est placée en position supérieure à sa mère, chargée de l’espionner et de la rouer de coups. Elle est donc en supplétive, dans la guerre de son père contre sa mère et ses sœurs.

Christine prend la responsabilité de chef de la résistance au père, et prend Ida sous sa protection, souvent plus efficace et bien plus courageuse que la mère.

Le meurtre intervient quand Ida se découvre seule capable d’empêcher le meurtre de Christine, précédé ou non de son supplice longuement préparé, suivi de l’exécution collective de la famille.

Il n’y a pas d’instrumentalisation d’Ida par sa mère, ni par aucune sœur, alors qu’il y avait exploitation sadique de sa peur et de son irréductible volonté de vivre. Pas une phrase qui indique à Ida sa mission, alors que Muhammad savait si bien en distiller à ses fidèles, pour ses assassinats politiques. A moins que Françoise Hamel et Ida Beaussart aient dissimulé ?

Post-scriptum du 19 septembre 2009 : une partie des conclusions est fausse, puisque Jacqueline s'est accusée en 2008 d'avoir tiré sur son mari, meurtre que Ida a pris en charge. Ida a été acquittée en 1992. Est fausse l'affirmation selon laquelle Ida ne serait pas instrumentalisée par sa mère.





 


2.8.   Comment fabrique-t-on un tortionnaire ?

Le récit est bien lacunaire au sujet des débuts, alors qu’il est prolixe sur l’environnement fasciste :

Page 19 : Ils avaient vingt ans. Elle était bobineuse et lui menuisier-poseur. Puis très vite, il n’a plus jamais eu de travail fixe.

Page 41 : Il est devenu méchant, petit à petit. Je crois que c’est après son renvoi d’une usine où il se plaisait bien. I lest adroit de ses mains, la menuiserie lui convenait. Il a voulu entrer comme poubelleur, celui qui ramasse les poubelles mais à la mairie, on lui a dit qu’on ne prenait que des Noirs. C’est ce que mon père raconte. Moi, à Salomé et à la Bassée, j’ai vu des poubelleurs qui étaient blancs comme nous.

Pages 20 et 21 :

« J’ai deux grands-mères, Mémé blanche et Mémé noire. Mémé noire, la mère de maman, s’habille en sombre. Mémé blanche, la mère de papa, a les cheveux blancs. Je vais chez elle, à Haubourdin, pas loin de Salomé. Elle m’attend à la porte de sa petite maison. Elle me fait signe de loin et sourit. Ses deux chiens blancs, très doux, et le chat jouent dans la cour.

Comme c’est calme ici ! A peine arrivée, je veux rester pour toujours.

Mémé blanche me prend sur ses genoux et me dit : « Ma petite Ida, pour guérir il faut manger des yaourts. Rien qu’à la fraise. »

Puis elle me chante des cantiques. Je ne suis pas baptisée, mais je comprends. Si papa savait ce que m’apprend Mémé, ça irait mal! Il déteste la religion, Dieu, Jésus et toute sa bande de Juifs. Mémé m’apprend à réciter « Je vous salue Marie ». C’est comme une poésie très calme. On dirait qu’elle parle de Mémé et de moi. J’aime aussi quand même me raconte sa vie. Son mari péchait la morue et restait longtemps en mer. Il est mort quand mon père avait dix ans. Lui et son frère ont eu une enfance très pauvre. Ils ont eu faim. C’était pire que chez nous. Pour nourrir sa famille, mon père ramassait dans les poubelles. Leur voisine l’avait compris. Sans rien dire, elle mettait en douce des épluchures dans un papier journal. Pour que mon père les mange. Je pense que cette voisine n’avait pas les moyens de mettre les légumes entiers, sinon elle l’aurait fait. Mais à Haubour­din, personne n’était riche.

On peut dire que papa n’a pas été gâté dans sa jeunesse. Mais lui, il n’avait pas peur de son père. Il n’était pas battu. S’il manquait l’école, c’était pour aller pêcher dans le canal et rapporter du poisson à manger pour midi. Il se souvient d’une grande frayeur et nous la raconte souvent : son frère l’avait saisi par les pieds, l’avait balancé dans l’air et avait cassé des pots de fleurs avec sa tête. Ce truc-là l’a marqué.

Quand le soir arrive, je dois quitter Mémé. C’est trop triste.

- Mémé, garde-moi.

- Il est tard, ma petite Ida.

- Je pourrais vivre ici. Kiki viendrait. Peut-être maman ?

Mémé me dit que ce n’est pas possible et que je dois vite rentrer, sinon il ne me laissera plus venir. Elle vient me reconduire, mais je vois bien qu’elle a envie de me garder. Moi aussi, je sais pêcher. Je pourrais attraper du poisson dans le canal et nourrir tout le monde. C’est si calme ici. ».

Et page 28 ces deux lignes « En plus, ma Mémé croit en des gens qui n’existent pas et que personne n’a jamais vus. Elle croit au Bon Dieu, et à la Sainte Vierge en robe longue, et aux saints. »

Il est un peu étrange d’habiter Haubourdin, banlieue sud ouest de Lille, pour travailler à la grande pêche, donc embarquement à Boulogne, Calais ou Dunkerque. Mémé blanche dit-elle la vérité ? Ida relève elle-même que sa mémé blanche est en déni de réalité, et vit dans un monde fictif.

L’enquête objective tourne donc court : nous n’avons que la grande pauvreté, et la brutalité d’un frère aîné. La question de la genèse du tortionnaire n’intéressait pas l’écrivain, à qui le parti fasciste suffisait. Il ne nous reste que les mises en scènes du père, à tenter d’interpréter comme la répétition des traumatismes d’enfance : faire parler les symptômes sans contrôle, c’est universellement pratiqué depuis Sigmund Freud, alors que méthodologiquement, c’est des plus contestables.

Est-il possible que le parti fasciste soit presque à lui seul le responsable de la restructuration  de Jean-Claude Beaussart en tortionnaire familial, en extension de la formation reçue à être un parfait fasciste dans la société ?

Comme soutien de famille tandis que son frère Paul était en Indochine, Jean-Claude a échappé au service militaire. Il déteste l’armée, mais il la singe, en peignant tout en kaki, et habillant ses filles en kaki.

2.8.1. Les symptômes à faire parler :

Page 74 : « Le lendemain, il faut encore voler. « Pour votre survie, répète papa, après, vous me remercierez parce que vous pourrez vous débrouiller n’importe où. »

Je suis obligée de l’accompagner à la chasse et de tirer au fusil. (…)

A la chasse comme à la pêche, mon père est moins méchant. Il se tait. Il espère faire une bonne prise. La chasse et la pêche nous entraînent à la survie.  Ce que je déteste le plus dans notre entraînement : les coups de poing à l’improviste et sans raison. Et les réveils par surprise en pleine nuit. Il faut que nous soyons prêtes à tout, tout le temps. Si l’ennemi nous attaque, nous saurons lui répondre »

Page 76, parcours du combattant, avec espoir que le cœur d’Ida lâche : « Cours ! Cours plus vite ! Ton cœur va lâcher ! Cours ! ».

Pages 77 à 79, l’ordre de creuser sa tombe, le soir.

Pages 67 et 68 : première tentative d’assassinat, en précipitant Ida du haut de l’escalier de la cave.

Pages 69 et 70, dépression et hospitalisation : chômage. Le père pleure. Parfois maman le plaint. Elle dit que le chômage l’a rendu fou.

Pages 100 et 101 : - Tu sais que je pourrais te jeter du pont ? Puis il attend longuement le passage d’une péniche qui broierait sa fille tombée à l’eau. Pas de péniche, pas d’assassinat pour ce soir.

Insensibilité physique : « Mon père, lui, n’a jamais froid. Même s’il gèle, il se balade en chemise ouverte. »

Page 154 : expéditions contre les homosexuels autour des pissotières.

Page 54 : (Papa regarde le carnet de notes) Il le regarde. Et puis, subitement, il le jette par terre. …Il veut que je travaille bien, mais il ne supporte pas que je fasse des progrès. Déjà au CP, j’avais eu des bons points, il me les avait arrachés.

Page 89 et 90 : les deux bergers allemands Wolf et Eva Braun, sont dressés à la méchanceté, et sautent à la gorge sur le cri de « bougnoule ». Wolf se jette sur moi au cri de « bougnoule ». … Mon père lâche la laisse, juste ce qu’il faut, pour qu’il ne me dévore pas. Il est très calculateur Il aime faire monter le drame et s’arrêter juste à temps. C’est vicieux.

Il aime me rabaisser. Pour sortir les chiens sous la pluie, il me met son grand manteau kaki qui me descend au bas des pieds. Alors il m’appelle « Simplet » comme le nain de Blanche-Neige. Mon allure le fait rire, rire. Il se moque de moi. Il rit de plus en plus. Je me demande si je dois rire aussi. Mon père a un caractère tordu. Il aime me jeter le trouble. Rire ou pleurer ? Y croire ou ne pas y croire ? Pour de vrai ou pas ? Il me perturbe. Je ne sais plus qui je suis.

Page 67 : utilisation de Mathilde pour battre sa mère.

(Mathilde) Comme elle est une vraie nationaliste, elle n’est presque jamais battue. Elle nous épie. Un jour, papa lui a ordonné de taper sur maman. Taper sur sa propre mère, c’est dur. Kiki s’est ruée sur elle : « Touche pas à maman. » Elle l’a bourrée de coups de poing. Papa riait. Cette castagne lui plaisait. Il les encourageait. Moi je pleurais. Il me traitait de fille dénaturée, inapte au combat.

Page 66 : … comme Brigitte Bardot et Marilyn, les stars à belle poitrine que mon père trouve sensationnelles. Il admire aussi Sheila. Mon père est épaté par ces belles femmes, mais maman doit être plate de partout, sans formes. Il a peur qu’elle attire d’autres hommes. C’est son idée fixe. Nombreux autres détails sur la violence de sa jalousie et de sa suspicion envers sa femme.

Pages 165 à 167, description des maîtresses installées à la maison : Mon père qui rêvait d’avoir un garçon tombait de haut à chaque fois. Il s’est retrouvé avec cinq filles. En plus il a fait trois autres enfants à des maîtresses. Pas de chance : encore des filles ! Si bien qu’il se retrouve papa de huit filles. On comprend qu’il soit exaspéré.

Il s’est mis à tromper maman et elle n’a pas le droit de se plaindre. Il a amené deux maîtresses à la maison. …Cette femme avait perdu son travail, il fallait la nourrir. Le soir, elle dormait dans le lit de mon père. Maman était obligée de passer la nuit sur le canapé, en bas. Elle pleurait. On entendait de drôles bruits venant de sa chambre. Le lit grinçait. … En plus cette femme était mariée. Le mari téléphonait à la maison. Il réclamait sa femme. Mon père lui répondait : « C’est ma maîtresse et elle reste avec nous. Si vous n’êtes pas content, je vous mets un coup de poing dans la gueule. Compris ? »

On ne peut mettre sur le dos du parti nazi ces façons d’humilier et de maltraiter sa femme (et tant d’autres, non reprises ici). Au contraire : Ses copains n’appréciaient pas. Ils lui disaient : « Jean-Claude, c’est pas bien de tromper ta femme devant tes gosses. » On n’échappe pas à la nécessité de chercher du côté de la famille d’origine.

Parlante aussi l’obsession de voler et d’entraîner femme et filles à voler : pour vous apprendre à survivre n’importe où. Il ne s’agissait donc pas seulement, pour cet enfant, de pêcher dans le canal pour survivre, mais bel et bien aussi de voler dans les fermes et les petits élevages (ou simples poulaillers de particuliers) pour survivre. Peut-être de voler en bande d’enfants, dans la même misère, où seule comptait la loi du plus fort et du plus cruel. D’où pour lui la nécessité d’être le plus fort et de faire régner la loi du plus fort et du plus cruel.

A Jean-Claude Beaussart s’applique bien le schéma en trois carapaces, que j’ai proposé ailleurs comme structure d’un paranoïaque :

 

 

Ce schéma a donc valeur dans le cas plus général des pervers, à condition que leur mobile à cœur soit du genre paranoïaque. Pour qui lit le récit depuis l’intérieur de la famille, par le tandem Ida Beaussart – Françoise Hamel, la seconde carapace de respectabilité nous paraît des plus ténues et lacunaires, mais a pourtant suffi à tenir en échec tous les dispositifs de contrôle social, et notam­ment l’appareil judiciaire. La carapace de pouvoir social est à chercher évidemment dans le parti nazi, et secondairement auprès de la seconde fille, Mathilde, chargée d’espionner les autres, et de rosser sa mère. On n’ose penser à ce qui serait advenu si cette carapace de manipulation sociale avait été plus forte encore.

Il faut nuancer ici l’application du schéma, car JCB a exhibé des symptômes de dépression parfaitement nets, pour cause de chômage et du désespoir qui en découle. Page 69 : Parfois maman le plaint. Elle dit que le chômage l’a rendu fou.

Page 70 :  Ces temps-ci, il pleure pour un rien. Mais pleurer ne le rend pas plus gentil. Quand il est en pleine dépression, on dirait un gros nounours avachi. … Il marche au Tranxène. Du 25, puis du 50. Il avale cachet sur cachet, mais ça ne suffit pas. On est obligés de le faire entrer à l’hôpital de Lille. Il est si déprimé qu’il accepte d’y aller. … Maman nous emmène le voir à l’hôpital … Comme il a l’air triste ! Il est assis, au bord du lit, jambes pendantes. … C’est affreux. Mon père pleure. De grosses larmes tombent sur ses joues molles. Ça me fait mal. Pourquoi tant de chagrin ? Personne ne voudrait voir son père dans cet état.

Date non précisé, en tout cas entre 1980 et 1983, vraisemblablement vers 1980-1981.

La rationalisation nazie est donc bien une carapace autour du désespoir de chômeur, et la violence de JCB est bien une transgression d’une « loi » liée pour JCB à une société inique, mauvaise mère. JCB en rajoute sur la virilité violente, parce que le chômage au long cours l’a dépouillé de sa virilité constructive, d’habile menuisier productif.

 

2.9.   Valeur du matériel utilisé ?

Être partie civile permet d’accéder à des dépositions calomnieuses, qui ne diffèrent que fort peu de ce qu’Ida raconte de son père. Qu’est-ce qui distingue un faux témoignage, mû par la corruption et la haine, de la plainte d’une victime ? Quelle est la part du truandé dans ce livre ?

Voici les différences que je relève :

1.      Il est arrivé à JCB de faire quelque chose de bien dans sa vie, surtout avant de devenir complètement fou. Alors que jamais Genevrier n’aurait fait le moindre bien de toute sa vie, à en croire les dépositions des complices de Gazonbleu.

2.      Il n’y a pas de désorientation dans le temps. L’accès d’Ida Beaussart à sa propre biographie, avec repères chronologiques, semble en bon état. C’est le contraire dans la famille Gazonbleu, où les dates, si d’aventure elles existent, valsent de douze à quinze ans et plus, sans états d’âme.

3.      Il n’y a pas de volonté de détruire la filiation.

4.      Il n’y a pas de négation des dépendances présentes ni passées, ni des dettes, ni de l’ancienne relation d’amour. Donc le récit n’est pas dans une construction paranoïaque.

5.      Il y avait de la part d’Ida une forte demande de contrôle social, qui était défait par JCB.  Tandis que dans l’affaire Gazonbleu, les conjurées se jouent des moyens du contrôle social les moins compétents et les moins curieux, pour les utiliser en prolongement de leur violence. JCB menace sa fille et sa femme de nouvelles représailles si elles parlent. Gazonbleu menace des témoins pour les empêcher de parler.

6.      Le mobile pécuniaire d’Ida est inexistant au moment du parricide, évident pour la rédaction du livre.

7.      L’enjeu narcissique est évident pour la rédaction du livre, secondaire au moment des faits.

 

Enfin l’attente de l’éditeur est à l’évidence de satisfaire une demande du public en forme de « Nous les femmes méritantes et vertueuses contre eux les mâles violents et lubriques ». L’avantage de la pratique des forums sur le Net, est qu’il est impossible de rater l’impatience de cette demande-là, et la violence de leurs réactions chaque fois qu’on apporte des faits expérimentaux qui contrarient cette idéologie hégémonique.

 

2.10. Conclusion du cas Ida Beaussart.

Comme Michel Foucault l’a souligné au sujet du cas de Pierre Rivière que nous allons rencontrer plus loin : aussi longtemps que le meurtre n’a pas eu lieu, la détresse et la souffrance dans les corons, ou dans les campagne, ou dans les banlieues de nos villes modernes ne mobilisent pas grand monde. Très peu de prévention et de remédiation : la misère et la faim ne sont pas contagieuses aux enfants des riches. Entre le moment où elle sera libérable, et son jugement, Ida va galérer de foyer en foyer, puis vers la rue, vivra en clocharde enceinte, mendiant et volant… Faut-il donc avoir tué sin père et pi s’mère pour qu’on s’aperçoive que vous existiez ?

Post-scriptum du  19 septembre 2009 :

Il est sorti en 2008 un film consacré à la dernière semaine de Jean-Claude Beaussart avec les siens : Pleure en silence.
On lira des commentaires faits par Edwige, petite soeur d'Ida, et par Christine leur aînée, à l'adresse : http://www.lepost.fr/article/2008/10/07/1282422_drame-famillial-un-mere-s-accuse-du-meurtre-pour-lequel-sa-fille-mineur-avait-ete-relaxee.html.

Il appert que la relation du meurtre contée par Ida Beaussart et par Françoise Hamel serait mensongère : c'est en réalité l'épouse Jacqueline qui a tiré, et Ida qui a pris en charge la culpabilité. Citations :

Edwige
Salut Laetitia,
Je suis Edwige Beaussart la petite soeur d'Ida:
Ma soeur avait d'un commun accord avec maman pris la responsabilité de se dénoncer du crime pour que moi et Erika ne soyons pas mis à la DASS ou pris en charge par les services sociaux comme tout le monde sait, ou ne sait pas ou ça peut finir ça!
Je remercie ma soeur Ida de nous avoir protégées, mais le fait certain est que maman a tiré pour mettre fin à la vie de notre papa.
Je connaissais bien ton frère Louis et j'ai beaucoup pleuré à sa mort.

Que les chiens des médias nous lâchent, ils savent ôh que trop tuer en direct:
Laissez nous porter le deuil dignement de notre papa et ne salissez pas svp sa figure, il était comme il était mais devons nous être aussi intolérants que les fachos?
J'ai reçu avec toutes mes soeurs l'amour paternel et le film ce n'est que du cinéma de fiction pour faire pleurer dans les chaumière et faire du pognon sur le dos d'un mort...
Edwige

Et par l'aînée Christine :
kiki
ma mère n'a pas voulu qu'ida porte le chapeau, mais ida voulait le porter elle même pour que sa mère puisse s'occuper de ses 2 autre filles mineur en restant en liberté. de plus ida était mineur a cette époque et elle savait trés bien qu'elle n'aurait pas été en prison bien longtemp. Ida n'a fait que 10 jours de prison c'est tout !
J'ai reçu ainsi que toutes mes soeurs l'amour paternel !
le film ce n'est que du cinéma de fiction pour faire pleurer dans les chaumière et faire du pognon sur le dos d'un mort...

Christine

3.     Pierre Rivière, 1815-1840.

Génogramme Rivière


3.1.   Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère. Un cas de parricide au 19e siècle, présenté par Michel Foucault. Gallimard 1973.

 

3.2.   Le génogramme

La planche est insérée en hors-texte.

3.2.1. CHRONOLOGIE DE LA FAMILLE RIVIÈRE

 

1813    mariage des parents

1815    naissance de Pierre ; la mère est malade six mois ; l’enfant reste chez le père

1816    naissance de Marie Françoise Victoire ; la mère est malade trois mois

vers 1817-1818  Pierre est repris par sa mère

1820    naissance d’Aimée

1821    Pierre retourne définitivement chez son père ; il a six ans

1822    naissance de Prosper

1824    naissance de Jean

1825    mort de l’oncle, frère du père

1826    mort du grand-père maternel

1826-1827       procès pour une pièce de terre et une maison achetées par la mère à Courvaudon ; le père s’endette pour payer les frais

1828    naissance de Jules. Aimée et Prosper sont venus habiter chez le père ; puis Jean

1833    mort de la grand-mère maternelle

1833    Début des grands conflits d’argent entre le père et la mère : bail contesté avec Pierre Le Compte ; dettes systématiques de la mère.

Juillet 1834    maladie et mort de Jean.

 

Au moment du meurtre, le 3 juin 1835, Pierre Rivière a 20 ans. Sa mère Victoire (ou Marie Anne officiellement ?) née  Brion, a 40 ans, sa grand mère Marie Rivière 74 ans, sa sœur Victoire (ou Marguerite officiellement ?) en a 18, sa sœur Aimée ?, et son frère Jules 8 ans. Son père Pierre-Margrin, fils de Pierre, environ 42 ou 43 ans.

3.3.   Les théâtralisations en jeu.

3.3.1. Théâtralisations modernes.

Michel Foucault s’intéresse particulièrement aux magistrats, aux témoins voisins villageois, et aux aliénistes qui disputent alors aux magistrats un nouveau territoire : le droit de qualifier et commenter les criminels difficiles à comprendre. Disqualifier plutôt. Foucault insiste sur la dureté de la vie paysanne, et explique que ces crimes sont les seules irruptions à travers le silence social, que tout fait mal tout le temps à en hurler, dans ces vies privées d’aucun avenir, privées de toute chance. Quotidiennement endurer l’invivable. …l’horrible est quotidien. Dans les campagnes c’est depuis toujours le lot de tous.

Michel Foucault relève dans les témoignages de Louis Hamel, de Marguerite Colleville, mais c’est surtout Alexandre Fontana qui relève le plus le témoignage du journalier Pierre Binet : Pierre Rivière se contraint, et contraint ses chevaux, à des exploits surhumains pour sortir de sa condition invivable.

Mais ces auteurs échouent à inscrire les symptômes de Pierre, et notamment sa phobie et sa crainte des femmes, dans une dynamique familiale, et dans une dynamique de l’attachement insécure à une mère insécure dans son identité et dans sa féminité, une mère qui ne se sent exister que dans la persécution de ses proches.

Jean-Pierre Peter et Jeanne Fauvet s’intéressent à l’époque, saignée par les guerres de la Révolution puis de Napoléon, à cette paysannerie qui depuis une génération commençait de pouvoir acheter des terres. A ces silencieux qui se manifestent par le sang. A la disqualification constante, voire raciste, que les notables opposent aux actes existentiels du petit peuple.

3.3.2. Les théâtralisations de l’époque.

Le procureur du roi, 20 juillet 1835 :

Rivière n’est pas un monomane religieux ainsi qu’il a d’abord essayé de le faire croire ; et ce n’est pas non plus un idiot, ainsi que quelques témoins ont paru le supposer ; aussi la Justice ne peut voir en lui qu’un être cruel qui a suivi l’impulsion du mal, parce que comme tous les grands criminels, il a étouffé le cri de sa conscience, et n’a pas assez combattu les penchants de sa mauvaise nature.

Le juge d’instruction Legrain, 9 juillet 1835  (D: demandes du juge, R: réponses de Rivière ) :

D. Vous venez de dire que Dieu vous avait commandé les trois assassinats qui vous sont reprochés, vous saviez pourtant que Dieu ne commande jamais le crime.

R. Dieu a commandé à Moïse d’égorger les adorateurs du veau d’or, sans épargner ni amis ni père ni fils.

Quelques répliques plus loin, le diagnostic d’idiotie ou de folie peut être écarté une bonne fois pour toutes, par sa réponse à une question sur ses doutes envers la religion localement en usage :

R. J’avais lu dans les almanachs et la géographie que la Terre est divisée en plusieurs parties et je doutais qu’Adam créé sur l’une de ces parties il eût été possible à sa postérité de peupler les autres.

Toutes ces théâtralisations manquent invariablement leur cible cognitive : les catégories disponibles à l’époque sont avant tout religieuses, et invoquent une « nature » individuelle, une lutte mythique du bien et du mal. Il est à cette époque inimaginable de s’intéresser au développement d’un enfant, à son environnement, aux interactions entre les gens, à la dynamique familiale, à la dynamique du développement.

Dans le contexte de l’étude de l’œuvre de Charles Lyell (1797-1875), écossais parmi les fondateurs de la géologie, et premier avocat de l’actualisme, ou théorie des causes actuelles, d’après ses observations de sédimentation lacustre, puis marine autour de la Sicile, Pierre Thuillier, historien des sciences qui publiait ses études ponctuelles dans La Recherche, cita Thomas Henry Huxley (1825-1895) : au début de ma carrière de biologiste, il n’existait alors aucune science naturelle qui ne vit Noé et son Arche se profiler menaçants au bout de chacune des allées qu’il explorait. (Citation de mémoire).

Autre théâtralisation intéressante, le pamphlet avec complainte, qui commence par le titre : Arrêt de la cour d’assises de Caen, du 5 décembre 1836, qui condamne à la peine de mort le nommé Pierre Rivière… Il a été exécuté le 15 février 1837. … Le mercredi 3 octobre, Pierre Rivière se saisit d’un couperet… Le 4 octobre 1836, le cortège funèbre…

Or ces faits et ces dates sont faux : Pierre Rivière n’a pas été exécuté du tout, mais détenu à perpétuité, s’est suicidé le 20 octobre 1840. Le meurtre est du 3 juin 1835, soit seize mois d’erreur. L’audience d’assises et la condamnation sont du 12 novembre 1835, soit presque treize mois d’erreur. On imprime donc n’importe quoi, de la légende.

 

3.4.   Les symptômes qui furent relevés.

Signes particuliers donnés au signalement :

Regard oblique,

Tête inclinée, démarche saccadée.

Ici le texte est ambigu : « tête inclinée », vers l’avant vers le sol, ou sur le côté en sollicitation ?

Dans le dossier du procureur du roi à Vire :

Pierre Rivière a été depuis son enfance un sujet d’affliction pour sa famille, il était opiniâtre et taciturne ; la société même de ses parents lui était à charge. Jamais il ne montra pour son père et pour sa mère l’affection d’un fils. Sa mère surtout lui était odieuse. Il éprouvait parfois, en s’approchant d’elle, comme un mouvement de répulsion et de frénésie.

… Sa tête est constamment penché à terre, et son regard oblique semble craindre de rencontrer un autre regard, comme dans la peur de trahir sa pensée ; sa démarche est saccadée et par bonds, il saute plutôt qu’il ne marche.

Concernant ce regard évitant, à rapprocher d’une observation de Boris Cyrulnik (Les vilains petits canards, Ed. Odile Jacob 2001) :

« Tout comportement de « petit » inhibe l’agressivité des adultes. L’enfant réduit l’espace qu’il occupe, diminue l’intensité de ses vocalises, arrondit les angles en inclinant la tête, en faisant la moue, en souriant avec les yeux. Regarder sur le côté pour n’avoir ni à affronter le regard comme un effronté, ni à l’éviter comme un fourbe, ces manifestations comportementales de quête affective sont celles d’un enfant imprégné par un attachement insécure. »

Concernant les mouvements saccadés, la pauvreté du schéma corporel ? La fuite terrifiée lorsqu’une fille l’embrassa ?

Mais le mystère demeure toujours : pourquoi Rivière, dès l’adolescence, et l’impossible passage à l’état adulte, se sent-il obligé de jouer l’idiot, le bizarre, le provocateur, le presque-fou ? Car de nombreux traits montrent qu’il n’est pas dupe de son personnage, il en est seulement prisonnier.

3.5.   Décevante, la Justice civile…

Pierre Rivière est profondément déçu par les registres pratiqués par la Justice Civile. Il détaille ce qui lui semble des insuffisances dans les prises de renseignements, et le croisement des assertions faites par sa mère devant le juge. Il n’était pas présent, mais recueillait les amertumes de son père.

Nous verrons dans la troisième étude de cas, la même déception devant la même indigence des schèmes cognitifs du juge civil. Déception devant son peu de combativité à aller chercher l’information contradictoire, pour démonter une construction fourbe. Aussi bien Rivière que Genevrier se plaignent des primes accordés par le juge civil à la partie fourbe.

Automatismes sommaires faciles à prévoir et à exploiter par le fourbe, qui en montant son trucage a toujours un coup d’avance sur le juge. Ici Victoire s’entend à faire des dettes, pour les mettre sur le dos de son mari. On exploite le fait que le juge est un notable au loin, qui s’abstrait des informations disponibles sur place, ici sur l’acharnement à nuire (par exemple à coup de calomnies auprès des voisins), le harcèlement à coup de dettes. Il suffit donc d’éviter tous témoins qui connaissent les querelles cherchées à l’époux, et d’exhiber de faux témoins de dettes intentionnelles ou imaginaires…

On peut se poser la question de la formation intellectuelle (et morale donc ?) des juristes, et aussi celle de la présélection : qui choisit cette profession ? Un souvenir inoubliable, pour qui a passé une année scolaire en DESS de droit à Paris 2 - Assas : tous ces appels au meurtre raciste affichés sur tant de murs, et dans toutes les pissotières… J’en ai pris des photos.

3.6.   Les soutiens à la violence à venir.

Citations de La Roche-Jacquelein, si pleine de panache, et des martyrs, de personnages bibliques (Jaël, Judith), et de Charlotte Corday, héros de libération du petit contre le grand. Rappel des guerres napoléoniennes : Cet homme a fait périr des milliers de personnes pour satisfaire de vains caprices. Idiot, Pierre Rivière ?

3.7.   Les thèmes dominants dans le harcèlement conjugal.

La revendication de Victoire porte avant tout sur du linge : elle veut de beaux habits.

Sinon, elle passait déjà sa vie à se disputer avec sa mère :

Année 1815, après l’accouchement de Pierre. Ma mère dans sa maladie montrait du mépris et de la dureté surtout à l’égard de sa mère, elle ne la trouvait pas capable de lui faire aucune chose ; c’était ma grand-mère paternelle qu’elle trouvait alors capable de la soigner. Comme on lui demandait pourquoi elle ne voulait pas que ce fut sa mère, elle répondait : et puisque qu’elle est si bête.

Vers 1822 ? Je dirai ici la vie que ma mère menait avec ses parents, tous les jours elle se disputait avec sa mère, elle ne lui disait pas une parole que cela ne fut pour la mortifier, s’entre­reprochaient continuellement cinquante-milles choses, témoin tous ceux qui les ont entendues parler ensemble. … Je demeurais à Courvaudon mes six premières années, j’étais témoin de toutes ces disputes, je puis dire que je n’ai pas grand attachement pour ma mère, j’aimais bien mieux mon grand-père et ma g-m, surtout mon g-p ; … il travaillait encore à sa boutique, et là il était tranquille, elle était assez éloignée pour ne pas entendre que faiblement le claquet qui régnait dans la maison.

1826 : Elle s’habilla comme une mendiante, et vint à Aunay, elle entra chez mon père, elle lui reprocha qu’il était un mangeard et un lubrique qu’il entretenait des putains… Elle fut trouver feu Mr Grellay, qui était alors vicaire à Aunay. Elle lui dit que son mari la faisait périr, qu’elle manquait de tout, qu’il avait d’autres femmes qu’elle, enfin tout ce qu’elle put trouver pour le diffamer…

3.8.   Parentisations et instrumentalisations des enfants.

Témoignage de Pierre Fortin, 50 ans, charpentier :

"Rivière père est le plus doux des hommes ; dans les contestations qui ont eu lieu entre lui et sa femme, cette dernière avait les torts. Je n’ai point entendu dire avant le 3 juin, que Rivière en voulut à sa mère. Toutefois, son père m’avait dit un jour que l’inculpé serait plus méchant que lui, à l’égard de sa femme, et que, s’il avait le caractère de Pierre, son fils, Victoire Brion ne serait pas aussi tranquille."

Le rôle de Pierre ne lui aurait-il été transmis que par inconscient ? Toutefois, les deux premières lignes que nous citons plus loin montrent que père et fils se sentaient solidaires dans la guerre conjugale. Le passage à l’état adulte semble impossible à Pierre (les témoins ne manquent pas sur son immaturité quant à son rôle sexuel, sur sa peur des femmes), tant qu’il n’aura pas su protéger son père contre la suite du harcèlement maternel, et contre la naissance adultérine imminente.

Le rôle de complice (plutôt que vraiment supplétive : elle ne déclenche pas de violences autonomes) de sa sœur Victoire est patent par le récit de Pierre Rivière.

Nous fûmes écouter mon père et moi par un endroit du plancher les discours que ma mère et ma sœur disaient ensemble. J’y allai le plus souvent mais on ne les entendait que lorsqu’ils parlaient un peu haut. Un jour que mon père avait dit a ma sœur Victoire, que ma g-m. ne pourrait mais guère plus travailler, qu’il faudrait aider à soigner les vaches, et aller à la mengeaille chacun a son tour, mon autre sœur et elle; lorsque que ma mère fut revenue elle lui dit en répétant les paroles de mon père d’un ton moqueur : ah il a dit qu’il faudrait aller à la mengeaille, que sa mère ne serait plus capable de travailler, ma mère en faisant la cuisine faisait du plus mal qu’elle pouvait elle mettait des herbes à la soupe qu’elle savait que mon père n’aimait pas et les mettait avec d’autres qu’il aimait.

(Grossesse annoncée par Victoire) Cependant craignant qu’il ne se trompât je résolut de m’éclaircir de cette affaire en écoutant; une fois j’entendis que ma mère et ma sœur calculaient le temps qu’elle serait dans cette couche en examinant le temps qu’elle avait été dans les autres. Ma sœur dit en outre : il ne faut pas lui faire aucun habit, au moins mais qu’il soit fait, et qu’il vienne a demander le bonnet, que les gens soient là tu diras : ma foi, il n’y en a pas, m’as-tu donné de l’argent pour en avoir. C’est là, ajoutait ma sœur, qu’il y aura a rire; ensuite elle supposa et dit d’un ton de moquerie les paroles que mon père pourrait dire alors : ah, continua-t-elle, il te dira, ah tu as encore fait cela pour me faire honte, tu est toujours de même, si c’eût été pour autre chose tu en aurais bien trouvé; ma mère se méfiant des écoutes lui dit : tais-toi donc. Ma sœur dit d’un ton plus bas : n’en fais pas toujours.

 

3.9.   La grossesse instrumentalisée.

Il est remarquable qu’aucun des commentateurs réunis autour de Michel Foucault, n’ait remarqué cette grossesse, présentée comme adultérine, et autant instrumentalisée par Victoire.

"Ma mère alla consulter Mr Blain à Beauquay, elle lui débita ses calomnies contre mon père, elle lui dit aussi qu’elle était grosse. Il y avait d’autres personnes chez Mr Blain, cela fut bientôt répandu dans Aunay, et un homme parlant a un de nos voisins dit : il paraît que vous avez un voisin qu’il faut qu’il maltraite étrangement sa femme, car elle en dit de belles choses. Mon père sachant qu’elle avait dit qu’elle était grosse, ne put croire qu’elle le fût car, disait-il, comme elle sait ce qui en est avec moi, elle se pense, il tient à l’honneur, mais qu’il voie une pareille affaire, il dira : comment est-il possible, il ne pourra se contretenir, il me battra et je pourrai obtenir une séparation. Je suis sûr, continuait-il, quelle se met de quoi sur le ventre pour se le faire grossir, il faudra que j’y regarde; il tint ce raisonnement devant quantité de personnes entre autres, Hébert et sa femme, la veuve Quesnel, Victor domestique chez Mr Grellai, une de cousine de ma mère de Courvaudon Guerin garde-champêtre, un rémouleur qui est a Aunay, Mr le curé d’Aunay; Mr le curé lui dit de n’y pas regarder. Mon père disait encore : elle dit que j’ai fait périr l’autre, mais je lui dirai qu’il faudra qu’elle me rende compte de celui qu’elle a dans le corps.

… quoique ma mère fut grosse elle pensa qu’elle pourrait cependant commencer a intenter un procès pour avoir une séparation, alors elle ne voulut plus faire de cuisine que pour les deux enfants qui étaient avec elle. "

Devant le président pour paraître en conciliation : 

"Mon père lui dit : je te rendrai tout on demanda a qui seraient confiés les enfants, Mr le prt dit qu’ils iraient ou ils voudraient. Mon père dit : mais Mr elle se dit grosse, à qui sera confié cet enfant ? Il répondit ce sera plutôt à votre femme qu’a vous, c’est elle qui l’allaitera. Mais ce n’était pas là ce qui arrangeait ma mère qui comme on la vu avait l’intention de faire cet enfant et de ne pas y mettre les doigts en aucune manière que ce fût. Arrange-t-en comme tu voudras. Elle ne dit rien a ce que Mr le président disait là dessus. Ce juge dit aussi que si elle voulait plaider qu’il ne refusait pas de l’autoriser mais que ce serait une affaire a dépenser bien de l’argent. C’était bien là ce qui contentait ma mère qui savait que mon père serait obligé de lui en fournir pour plaider contre lui."

 

3.10. Comment fabrique-t-on un parricide ?

Seul Pierre Rivière est disert à ce sujet, alors que c’est une catégorie complètement absente des autres acteurs.

Michel Foucault a relevé les témoignages de Louis Hamel, de Marguerite Colleville. Alexandre Fontana relève le témoignage du journalier Pierre Binet : Pierre Rivière se contraint, et contraint ses chevaux, à des exploits surhumains pour sortir de sa condition invivable. A force de forcer l’impossible dans l’effort paysan, Pierre est acculé à changer de dimension dans l’exploit, à passer par l’écrit et le meurtre mêlés.

Le passage à l’état adulte semble impossible à Pierre (les témoins ne manquent pas sur son immaturité quant à son rôle sexuel, sur sa peur des femmes), tant qu’il n’aura pas su protéger son père contre la suite du harcèlement maternel, et contre la naissance adultérine imminente. Pierre endosse un rôle sacrificiel : qu’il tue les deux Victoire, mère et fille complices dans le harcèlement, cela a encore une certaine logique, mais qu’il tue aussi son petit frère Jules est d’une logique bien plus étrange. Lisons-le dans son mémoire : je me déterminai à les tuer tous les trois ; les deux premières parce qu’elles s’accordaient pour faire souffrir mon père, pour le petit j’avais deux raisons, l’une parce qu’il aimait ma mère et ma sœur, l’autre parce que je craignais qu’en ne tuant que les deux autres, que mon père quoique en ayant une grande horreur ne me regrettât encore lorsqu’il saurait que je mourut pour lui, je savais qu’il aimait cet enfant qui avait de l’intelligence, je me pensai il aura une telle horreur de moi qu’il se réjouira de ma mort, et par là vivant exempt de regrets il vivra plus heureux.

Rivière est manifestement au dessus de son rôle d’idiot, il n’en est pas dupe, mais en reste prisonnier. Son excellente mémoire scolaire ne suffit pas à lui offrir une possibilité d’ascension sociale hors de sa condition paysanne, interne à sa famille d’origine. Son intelligence, sa capacité de réflexion et son imagination sont évidentes, mais sont sans grand emploi constructif, sans reconnaissance sociale.

Sa première séductrice, sa mère, lui est odieuse et insalubre, et non seulement il reste prisonnier à la fois de son attachement insécure envers elle, mais de plus père et fils restent prisonniers de la persécution maternelle. Pierre Rivière ne peut se concevoir un avenir d’homme mûr, fondateur de famille, exploitant agricole : tout avenir lui est bouché.

Dans son Art de la guerre, Sun Tzu recommande bien de toujours laisser une issue de fuite à l’adversaire, sans jamais l’acculer dans une position sans issue, afin que jamais le désespoir ne le contraigne à se battre férocement jusqu’à la mort. Manifestement Victoire Brion, épouse Rivière, ignorait cette directive de Sun Tzu : elle a acculé son fils à une action désespérée et héroïque, qu’elle n’avait jamais prévue.

 

3.11. Valeur du matériel utilisé ?

Comparons le témoignage de Pierre Rivière aux deux autres cas :

1.      Victoire n’a jamais rien fait de bien dans sa vie. Pierre est irrémédiablement dans un camp, opposé à sa mère.

2.      Il n’y a aucune désorientation dans le temps. Pierre est fort précis.

3.      Il n’y a pas de volonté de détruire la filiation.

4.      Il n’y a pas de négation des dépendances. Ici non plus on n’est donc pas dans une situation de construction paranoïaque.

5.      L’idée de contrôle social qui fut secourable et pas seulement répressif, était quasi impensable dans la paysannerie en 1815-1835. Pourtant Pierre Rivière en était demandeur dans les limites de ce pensable. Pierre n’est pas dans la dissimulation, ni dans le cloisonnement des versions différentes selon les publics.

6.      Pierre a un mobile pécuniaire : sa mère s’endette par joie de nuire à son mari, et menace de les spolier encore plus. Ce mobile est secon­daire, car Pierre sait qu’il sera condamné à mort.

7.      L’enjeu narcissique est évident. En s’offrant comme sacrifice humain, condamné à mort d’avance, Pierre pense compenser l’endommagement qui lui fut imposé, en portant parole au loin par son acte.

 

La représentation que Pierre Rivière se faisait de son public était erronée, et tout son plan de témoignage public échoua. Il ne soupçonna rien de l’idéologie raciste en usage chez les notables qui allaient désormais le soupeser et le disqualifier (juger), soit en magistrats, soit en aliénistes débutants, idéologie qui ne lui laissait aucune chance.

 

4.     Cadre légal de la maltraitance familiale sournoise.

4.1.   Les tentatives d’homicide volontaire.

4.1.1. Article 221-3 NCP (Nouveau Code Pénal) : du meurtre avec préméditation.

Le meurtre commis avec préméditation constitue un assassinat. Il est puni de la réclusion criminelle à perpétuité.

4.1.2. Article 223-1 NCP : de la mise en danger d’autrui.

Le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement est puni d’un an d’emprisonnement et de 100 000 F d’amende.

4.1.3. Article 121-4 et 121-5 NCP : de la tentative de crime.

Art. 121-4 : Est auteur de l’infraction la personne qui :

1)      Commet les faits incriminés

2)      Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit.

Art. 121-5 : La tentative est constituée dès lors que, manifestée par un commencement d’exécution, elle n’a été suspendue ou n’a manqué son effet qu’en raison de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur.

4.1.4. Article 121-7 NCP : de la complicité.

Est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.

Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre.

 

4.2.   L’assignation à un enfant des missions de harcèlement et de violence contre son parent.

Depuis très peu de temps (loi votée le 24 décembre 2001, mais encore sans décret d’application), donc très largement après les faits incriminés, le harcèlement moral est devenu illégal dans le domaine du droit du travail. Toutefois deux domaines de harcèlement restent totalement impunis : d’une part la fonction publique, qui reste exorbitante du droit du travail, et la famille.

La législation se limite en pratique au point 3 de l’article 16 de la déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948 : La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’état.

Sinon, les quelques articles du Code Civil, sont en pratique lettre morte :

Art 371. L’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses père et mère.

Art. 371-1. Il reste sous leur autorité jusqu’à sa majorité ou son émancipation.

Art. 371-2. L’autorité appartient aux père et mère pour protéger l’enfant dans sa sécurité, sa santé et sa moralité. Ils ont à son égard droit et devoir de garde, de surveillance et d’éducation.

Art. 371-4. Les père et mère ne peuvent, sauf motifs graves, faire obstacle aux relations personnelles de l’enfant avec ses grands-parents. A défaut d’accord entre les parties, les modalités de ces relations sont réglées par le « Juge aux affaires familiales ». En considération de situations exceptionnelles, le « juge aux affaires familiales » peut accorder un droit de correspondance ou de visite à d’autres personnes, parents ou non.

Art. 372. L’autorité parentale est exercée en commun par les deux parents s’ils sont mariés. Elle est également exercée en commun si les parents d’un enfant naturel l’ayant tous deux reconnu avant qu’il ait l’âge d’un an, vivent en commun au moment de la reconnaissance concomitante ou de la seconde reconnaissance.

Une nouvelle loi est en discussion, votée en première lecture à l’assemblée le 14 juin 2001, qui ne sera pas applicable avant loin dans l’année 2002, voire 2003. Pour la première fois, elle proclamerait (en son état actuel), que l’enfant a le droit d’entretenir des relations personnelles avec les membres de chacune de ses lignées.

 

4.3.   Un secret bien gardé.

La justice est rendue au nom du Peuple Français, mais un secret bien gardé envers le justiciable et contribuable, ce sont les cadences d’abattage imposées par l’administration au juge, et leurs grandes conséquences : un minimum de mille dossiers à évacuer par juge et par an. Alors que l’année comporte nettement moins de deux mille heures ouvrables. Sous réserve de confirmation, à Valence la cadence monte à plus de deux mille dossiers par juge aux affaires familiales.

Dans ces conditions, un jeu de jeunes avocats consiste à disposer certaines pièces à l’envers dans le dossier qu’ils remettent au juge, pour voir si elles reviendront à l’endroit. Dans presque tous les cas, elles reviennent dans l’état initial, à l’envers : le juge n’a jamais ouvert le dossier, et s’est fié à ses préjugés et à ses impressions d’audience, pour trancher dans la vie des justiciables.

La pression sur les avocats est forte pour qu’ils ne révèlent jamais les impostures institutionnelles. Vous justiciable, ignoriez que quand les avocats écrivent (dans leurs conclusions) que dans telle pièce, il y a telle affirmation ou tel fait, ils ne joignent PAS ladite pièce, que du reste le juge n’aurait jamais vérifié. Des pièces finiront bien par être jointes, tout à fait à la fin de la procédure, plusieurs années après, mais depuis des années déjà, le juge a pris des dispositions provisoires-définitives, se basant juste sur la rumeur d’avocat qu’il y aurait ceci ou cela dans telle pièce, soit annoncée au dossier, soit délibérément écartée du dossier pour éviter que le juge vérifie jamais.

Pour moi chercheur professionnel, ce serait autant de fautes lourdes, que de pratiquer ce genre de crédulités. Mais le juge n’a pas ma formation professionnelle, et n’a pas pu apprendre à prendre conscience de ses lacunes cognitives. Et d’ailleurs il n’a pas le choix, il doit se soumettre aux cadences d’abattage, en toute irresponsabilité, ou se démettre.

C’est comme cela, au nom du Peuple Français.

Au nom du Peuple Français, j’en rougis de honte.

 

A ce niveau d’imposture administrative, on comprend que l’industrie du divorce soit si lucrative pour les auxiliaires de Justice, qui peuvent se permettre tous les coups sans jamais prendre le risque d’une sanction : le juge est le premier à cacher qu’il ne lit pas les dossiers. L’imposture est fort bien protégée par le huis-clos des Affaires Familiales : nul journaliste curieux, nul Georges Courteline ne sont autorisés à surprendre les incohérences (voire les monstruosités) de la farce. Alors qu’au contraire les audiences pénales, sauf celles jugeant des mineurs, sont toutes publiques. Un journaliste qui assiste une fois aux audiences des flagrants délits du mois d’août, n’en revient pas de la brutalité et de la désinvolture avec lesquelles fonctionne la Justice de classe. Du moins a-t-il pu y assister, et en témoigner : les audiences des flags ne sont pas secrètes, même au mois d’août ; tandis que les audiences des Affaires Familiales sont secrètes, échappent à toute supervision et à toute responsabilité.

 

Les divorces conflictuels avec enfants à déchirer sont une urgence psychiatrique, qui devraient mobiliser les meilleurs thérapeutes et médiateurs. Au lieu de cela, on abandonne les familles en dysfonctionnement aux dysfonctionnement du complexe justice-juristes, qui en font aussitôt autant de champs de bataille sanglants.

 

4.4.   On ne métacommunique pas !

On ne choisit pas par hasard le métier de dépositaire du monopole de la violence légale, avec son apparat royal, ses cours, ses chambres, son parquet, son lit de justice, avec les formules courtisanes et obséquieuses en « Plaise au Tribunal… ». Dans tous les cas, le juge fait bien savoir que c’est lui/elle qui a le flingue, et qui peut s’en servir. Or la totalité des cas pathologiques de double-contrainte répertoriés par les systémistes exigent que les métacommunications sur l’absurdité de l’injonction paradoxale, soient interdites. Par exemple le cas mettant précisément en scène un juge, qui interroge ainsi son prévenu : « Avez-vous cessé de battre votre femme ? Répondez par oui ou par non ! ». Cette absurdité ne peut s’épanouir que par la position de supériorité absolutiste : le juge a les moyens d’interdire et réprimer impitoyablement la réponse : « Comment pourrais-je cesser, alors que je ne l’ai jamais battue ? », en prétextant que cette métacommunication outrage la Justice royale. Là où ce serait une faute professionnelle pour un thérapeute familial (ne pas métacommuniquer sur les injonctions paradoxales en exercice), le juge exerce son privilège de demeurer bloqué en position supérieure. Il bloque le justiciable en position inférieure. L’avocat le flagorne et le manipule dans sa position supérieure.

 

On ne choisit pas par hasard le métier de dépositaire du monopole de la violence légale. Dans le meilleur des cas, on le choisit par motivation justicière, dans le but de rendre vraiment service à la société et aux victimes. Dans le cas moyen, on choisit ce métier pour la garantie de l’emploi, dans un monde dangereux où l’emploi est si rare et si aléatoire. Dans les pires cas, on choisit ce métier par sadisme, pour pouvoir exercer la violence sans risques. Guy de Maupassant a donné quelques détails supplémentaires (Un fou ?). En Justice aux affaires familiales, dans la juridiction de notre ville, comme en d’autres juridictions, on en sait quelques exemples particulièrement malfaisants, par leur fanatisme et leur sadisme.

 

Au Pénal contre un prévenu (on l’a vu avec l’affaire Rivière), au Civil contre un des divorçants, le juge (et/ou le procureur au pénal) a toute latitude pour exercer toute sa ruse et son acharnement pour faire entrer sa proie dans son scénario préétabli. Et lui, il est garanti contre toute métacommunication qui mette en évidence le caractère projectif de son exercice sadique au mépris de l’instruction méthodique des faits. Nous verrons dans le cas Genevrier/Gazonbleu/Frédégonde que le groupe comprenant le juge est constitué autour du préjugé de base Attaque-Fuite, et qu’il se choisit pour leader l’avocat le plus paranoïaque, qui fournit le plus de « raisons » de trouver un ennemi à attaquer-fuir.

 

4.5.   Les théâtralisations en usage délimitent le champ d’application réel du droit.

Une plongée dans la littérature mentionnée sur le Net est édifiante : « Violences familiales » implique que dans un couple hétérosexuel, l’auteur de la violence est le mâle adulte, que les victimes de la violence sont la femelle adulte, éventuellement les enfants. En particulier sur le site canadien hc-sc.gc.ca/hppb/ violence_familiale, la lutte contre les violences familiales est une chasse gardée féministe, et ses critères de sélection d’un sujet sont ouvertement sexistes. La seule exception possible concerne les violences entre homosexuels.

Dans les débats sur le Net, leurs arguments sont que la force physique suffit à faire la totalité de la différence. Ils/elles oublient les raisons culturelles : il est des cultures qui valorisent la violence physique et la transgression des lois, comme nécessités pour être reconnu comme une personne, et au Québec par exemple, pour être reconnu pour un vrai adulte mâle. Il semblerait que ce fait culturel soit prudemment passé sous silence… Comme si ne plus le taire ouvrait la voie à investiguer d’autres faits culturels à ne pas ébruiter, tels que la pratique de la violence conjugale sournoise comme voie de passage obligée pour être reconnue par ses paires comme une vraie féministe, par exemple. Ou l’entr’obligation de faux témoignages contre leurs conjoints mâles respectifs, entre bonnes copines. Des faits culturels simplement maffieux.

5.     Ta mission est de liquider ce témoin gênant : ton père.

5.1.   Le génogramme (Planche jointe).

 Génogramme famille Gazonbleu

Une chronologie trimestre par trimestre existe.                     

Il s’agit d’une famille où les barrières générationnelles sont incertaines, les coalitions transgénérationnelles sont dominantes. Il est intéressant que le modèle de la coalition mère-fille contre le mari ou contre le gendre, afin de vider de toute signification le lien conjugal, ne se reproduit que faiblement en ligne directe, mais surtout de belle-mère à bru, de Marimarg à Gazonbleu, puisque tels sont leurs pseudonymes.

Remarquable est la répétition de la parthénogenèse de mère à fille. Frédégonde a caché la conception du jeune Eudes au père prétendu. Ce père prétendu n’a peut-être rien à voir avec le père biologique réel. Eudes est énergiquement privé de grand-père (depuis l’âge de quatre mois et demi) comme de père (depuis toujours).

La question de la conception adultérine de Frédégonde n’a curieusement été mise sur le tapis que par elle-même, au printemps 1991. En principe, à seize ans, il est trop tard pour commencer à se confectionner un roman familial ; plus couramment, on fait cela vers sept ans. Selon Genevrier, le but de la manip était de l’humilier, ce n’était qu’une nouvelle variante des violences physiques et verbales commanditées par la mère. Déçues qu’au lieu d’être déstabilisé, Genevrier fut plutôt puérilement soulagé à la perspective de n’être génétiquement pour rien dans la genèse d’un pareil monstre (moralement s’entend, pas physiquement), les deux femmes basculèrent de thèmes, pour des thèmes politically plus correct, plus larmoyants : accusations publiques d’avoir le SIDA, d’incestes, etc.

Vraie ou fantasmée, la conception adultérine de Frédégonde fait en tout cas partie du roman familial transmis de mère à fille : Ce serait chouette que le père de ma fille ne soit pas mon mari, mais mon papa. Ou si ce ne peut être lui, qu’au moins ce soit un anonyme mâle de passage, incapable de concurrencer mon papa !

 

5.2.   Des billets à la manière de Swift, des contes à la manière de Jacques Salomé.

5.2.1. Erotisme torride

J’ai relevé cette petite annonce dans le canard local de hum, « Nagoumari », là où habitaient mes enfants, aux dernières nouvelles.

« Ouvrier à tout faire. Il devra entretenir une propriété de 5250 m², sarcler, bûcheronner, faire les travaux de maçonnerie, plomberie, électricité, et couverture. Réparer les huisseries. Il devra payer mes factures et mes impôts, ne jamais ouvrir un livre, ne jamais ouvrir la bouche. Il devra gardienner la maison quand nous partons en vacances. Il ne sera autorisé à pénétrer aux deux étages d’habitation que s’il en a reçu l’ordre, et en aucun cas il ne pénétrera dans la chambre à coucher.

Il devra exécuter mes ordres avant que j’aie dû trouver mes mots pour les énoncer.

En cas de grève des travaux, même partielle, le licenciement sera immédiat.

Pedigree exigé. Bref, il devra remplacer mon mari en tous points.

Présentez votre candidature à la châtelaine de Château La Haine, tel 04 75.... »

Un érotisme aussi torride, cela m’a rappelé si fort ma vingt-sixième année de mariage, que j’ai eu envie de vous en faire part, chers lecteurs.

Paru au printemps 2000, sur ReseauContact.com, dans le forum : Sexualité. Le narrateur utilisait alors le nom de plume de « Synapse ».

5.2.2. Pour l’abattage préventif des papas.

Vous avez remarqué : on n’hésite pas à procéder à l’abattage préventif des ovins et des bovins qui sont voisins d’un animal ayant contracté la fièvre aphteuse. Hop ! Tout le monde à l’abattage et au crématoire ! Comme cela, notre réputation commerciale de pays d’élevage sain, reste immaculée.

On devrait suivre ce salutaire exemple, et procéder de même à l’abattage préventif des papas dès que leur rendement baisse. Dès qu’ils ne sont plus capables de travailler quinze heures par jour, hop ! A la trappe ! Sinon, c’est la porte ouverte à la gabegie, et à l’anarchie. Rendez-vous compte, ils réclament qu’on leur adresse la parole comme à une personne humaine, ils réclament qu’au lieu de tout simplement inspecter les travaux, nous rendions aussi visite au travailleur ! Et en plus, ils ont toujours mal à au moins deux articulations : quand ce ne sont pas les coudes, ce sont les épaules, et toujours les lombes, absolument scandaleux !

Et en plus, ils réclament à voir leurs petits-enfants, ces salopards de papas ! Non mais pour qui ils se prennent ? Les seuls parents autorisés, ce sont nous, les mères ! Les seuls grands-parents autorisés, ce sont nous, les grands-mères. Les mâles ne sont que des usurpateurs de fonctions parentales, des sapeurs de notre absolutisme. Ce qui est atroce à vivre, c’est qu’ils réclament à ce que je garde quelques apparences d’hétérosexualité, et à garder une activité sexuelle commune au couple au delà de leur rôle de reproducteur ! Ça c’est le pire des scandales. Et en plus vous allez voir qu’ils iront jusqu’à faire grève des gros travaux, ces salopards de papas vieillissants. Le pire encore, c’est qu’ils vont se mettre à écrire la chronique de la vie de famille, et trahir partout les secrets du duummatronat.

Je ne doute pas que vous voterez toutes pour l’abattage et l’éradication des papas. D’ailleurs ce sont tous des gniaââh misogynes ! Et des témoins gênants...

De toute urgence, il faut procéder à l’abattage systématique des témoins gênants.

 

C’était ma façon de célébrer ces trente ans de mariage. En traitant de la paranoïa en général, et de celle que j’ai côtoyé vingt-sept ans en particulier. Du harcèlement au long cours, et des tentatives d’homicide aggravé en particulier (“homicide aggravé”, ce sont les mots du Code Pénal. Le langage courant utilise les mots suivants : assassinat avec préméditation).

 

Genevrier : trente ans de mariage, et un jour.

(paru sur Rezoville.com, 18 décembre 2001).

 

5.2.3.          Le conte de la petite fille qui voulait échapper à une maman-hydre à nombreuses têtes. Septembre 2000.

D’abord parut un conte de Jaques Salomé : Le conte de la petite fille qui voyait sa mère comme un monstre à neuf têtes.

Il était une fois une petite fille appelée Ellaelle, qui voyait sa mère comme un monstre horrible à neuf têtes. Bien sûr, sa mère était une mère normale, comme beaucoup d’autres, mais Ellaelle la voyait vraiment comme un monstre à tête changeante. Chacune de ces têtes représentait une violence, une menace et un danger pour la petite fille.

Voici la description succincte de chacune des neuf têtes :

1 - Une des ces têtes, par exemple, disait toujours le contraire de ce que disait la petite fille.

« T’es pas folle de dire ça. ». « Décidément, on ne peut rien te laisser faire, tu fais toujours des bêtises. ». « Tu veux toujours me contredire ! ».

2 - Une autre tête poussait des cris horribles chaque fois qu’elle faisait quelque chose pour elle-même. Elle devait faire pour les autres, seulement pour les autres, jamais pour elle-même !

3 - Une autre tête donnait des coups. Elle tapait violemment sur le dos, sur les fesses, sur le ventre et même sur la tête de la petite fille chaque fois que la mère était contrariée, ce qui arrivait souvent.

« Ah ! Tu n’es bonne à rien, tu es capable de tout. Je devrais te corriger plus souvent ! ».

4 - Une autre tête n’arrêtait pas de critiquer, de disqualifier, d’accuser et surtout la petite fille.

« C’est à cause de toi que ça ne va pas avec ton père. », « Si je suis malheureuse, c’est parce que tu n’en fais qu’à ta tête ! », « Tu n’arriveras jamais à rien, avec le caractère que tu as, personne ne voudras de toi. »

5 - Une autre tête parlait, parlait sans arrêt. Des centaines de mots envahissants occupaient tout l’espace, des choses mille fois dites et redites, répétées. Et la fille, qui se forçait à écouter, se perdait dans les paroles de sa mère.

« Personne ne me comprend, disait cette tête-là, c’est toujours moi qui dois comprendre, je passe ma vie à faire pour les autres et l’on voudrait que je sois heureuse. Un jour je me tuerais si ça continue, mais ça leur ferait trop plaisir. Je leur ferai voir, moi, de quoi je suis capable... »

6 - Une autre tête avait toujours un regard très sévère, plein de jugements. Quoi que la fille fasse, ce n’était jamais ce qu’elle aurait dû faire !

« Ah ! On ne peut jamais te faire confiance, c’est terrible, tu aurais pu mettre la table plutôt que de faire tes devoirs. Va plus loin, plutôt que de rester dans mes jupes, mais ne t’éloigne pas, car je peux avoir besoin de toi. »

7 - Une autre de ces têtes comparait toujours avec sa sœur !

« Ta sœur, elle ne m’aurait pas fait de la peine, elle... On n’a pas besoin de lui dire toujours la même chose, elle comprend vite, elle, je me demande vraiment de qui tu tiens ? »

8 - Une autre tête se plaignait de sa condition de mère.

« Je ne suis pas heureuse, j’aurais pu avoir une autre vie. Si tu n’étais pas là, j’aurais refait ma vie...! »

9 - Une autre tête traitait le père de menteur, de pauvre type, de faible d’esprit.

« On ne peut rien lui demander, il laisse tout faire. », « Mais qu’est-ce qui m’a pris le jour où je l’ai rencontré ? Je devais être aveugle, ce n’est pas possible. », « Qu’est-ce qui m’oblige à rester avec un homme qui n’en est pas un ? »

Cette petite fille était vraiment en difficulté, car elle ne savait pas à quelle tête obéir. Quand elle choisissait de satisfaire la première tête, c’était la troisième et le cinquième qui n’étaient pas contentes. Quand elle faisait son possible pour satisfaire la quatrième ou la sixième, c’était la septième et la neuvième qui se manifestaient.

Cette petite fille avait imaginé devenir folle pour échapper  à toutes ces têtes. Elle avait rêvé de devenir nulle, inintelligente, inexistante. Oui c’est ça : « Ne plus exister pour ne plus souffrir. »

 

Ensuite, toujours en septembre 2000, arriva le « conte » rédigé par Genevrier, qui nous explique la fabrication d’une tueuse :

Le conte de la petite fille qui voulait échapper à une maman-hydre à nombreuses têtes.

Il était une fois une autre petite fille qui était harcelée par une autre maman, qui se comportait elle aussi comme un monstre à plusieurs têtes, elle aussi en réalité une misérable petite fille pleine de peurs, dans un corps de femme adulte.

Combien de têtes avait-elle ?

Une tête reprochait à la fillette de ne pas être affectueuse, et de ne pas être spontanée.

Une tête de ménagère fébrile et anxieuse considérait la fillette comme un obstacle à l’accomplisse­ment des corvées ménagères. La fillette trouvait qu’on la posait sur le buffet pour épousseter la table, puis sur la table pour épousseter le buffet. Plus tard, la tête de ménagère anxieuse utilisa la fillette comme auxiliaire ménagère. Et les reproches volaient.

Une tête exigeait que la fillette n’allât pas jouer avec d’autres enfants, et restât là, à la regarder coudre ou repasser. A l’écouter aussi.

Une tête ne tolérait jamais que la fillette refermât la porte de sa chambre. Elle surgissait aussitôt furieuse :  « Enfin ! Qu’est-ce qu’une fille a à cacher à sa mère ! Qu’est-ce que ces cachotteries ? »

Une tête pleine d’orgueil faisait valoir à la fillette combien « Nous » sommes supérieurs aux voisins, car notre terrain est au coin de deux rues. La fillette enviait ses camarades d’école, qui pouvaient inviter des camarades, jouer avec elles, les faire goûter à la maison, avoir des jeux et des livres, et qui n’était pas tant surveillées et harcelées par leurs mamans.

Une tête ne tolérait aucune indépendance d’idées des enfants. Si un garçon exprimait une idée non standard, le sarcasme volait bas :  « Oh ! Tu as l’air bête ! Tu as l’air bête ! ».

Une tête savait sourire et se faire flatteuse et solliciteuse. Adulte, l’ancienne fillette me montrait avec dégoût les photos du mariage de sa mère, sa façon de se tortiller et presque se coller à un oncle, et non au marié.

Une tête était violemment jalouse du sexe de sa fille. A l’adolescence, la fille se voûta, comme pour cacher ses seins naissants. Cela alla jusqu’au port du corset : les médecins pensaient qu’ainsi ils libéreraient la croissance d’une adolescente à qui l’épanouissement et la féminité étaient justement interdites.

Nous voilà avec environ huit têtes...

Et plus tard, une tête exigea que la fille éprouvât plein d’amour, et aucune jalousie envers les petits frères, nés quand les conditions matérielles étaient bien moins dures, et qui furent bien mieux traités qu’elle ne le fut elle-même. Et en plus, eux furent des garçons, et fêtés comme tels. Alors que la maman-hydre lui reprochait d’être une fille, et de n’avoir pas pu remplacer le frère aîné décédé à un an.

Contrairement à la petite fille contée par Jacques Salomé, celle-ci ne tenta pas de devenir schizophrène, mais prit l’habitude de dissimuler. Elle devint une jalouse obsessionnelle et sournoise. Plus tard, devenue femme, elle ricanait en détaillant comment elle faisait accuser sa maman par son papa, d’avoir collé ses crottes de nez sous le fauteuil...

Une tête d’emprunt (nous voilà à la dixième tête !), l’infirmière Smr, avait bien perçu la part de dissimulation chez cette fille, mais elle en fit des généralisations hasardeuses. Tombée d’un mur, chez des voisins, la fille se releva dans une autre personnalité, tint des propos jugés incohérents, ne reconnaissait personne, riait beaucoup. Puis elle s’endormit sous les quolibets de sa mère et de madame Smr. Le soir, elle se réveilla fortement abrutie, demanda où elle était, quel jour on était. La mère continua de se moquer d’elle et de « ses comédies ». Rentré du travail, le père ne sut pas poser de questions.

Et son papa ? Il n’avait qu’une seule tête, heureusement. Mais il a eu des ulcères d’estomac. Oui bien sûr il prenait gros sur lui, pour étouffer les conflits et les rancœurs avec son employeur, qui profita lourdement de l’habileté et de la débrouillardise du mécanicien. La fillette admirait beaucoup le courage, l’habileté, et la ténacité paysanne de son papa, qui construisit la maison seul. Elle trouvait cela très très dur, de rentrer à pied le soir de Bois des Sarcasmes jusqu’à Versailles, après que son père et sa mère aient passé des heures jusqu’à la nuit sur le chantier. Une nuit, elle se coucha de tout son long sur le bitume. Son papa dût revenir en arrière, pour la prendre et la porter pour le restant du trajet. Et les ulcères ? Je lui ai posé la question, et il n’a pas répondu encore. J’en conclus qu’ils étaient bien dus aux conflits conjugaux étouffés. La fillette se souvenait des propos très durs prononcés par le père, sur le sang menstruel de la mère. Bien plus tard, alors que la mère commençait à mourir sous le harnais, rongée de métastases, épuisée entre sa cuisine et la salle à manger, le père marquait toujours durement son agacement pour l’imperfection des choix ménagers menés par son épouse et sa belle-mère.

Oh la violence des rires et des sarcasmes des garçons envers leur grand-mère ! La joie du dernier quand « Mémère » tombait en sortant de la voiture, et se blessait douloureusement ! Cruel Bois des Sarcasmes.

Spectaculaire fut la transformation de ton grand-père par le veuvage. Certes, il souffrit de la solitude. Nous trouvions qu’il ne méritait pas une solitude si dure, si stricte. Mais il semble n’avoir jamais su imaginer un autre sort. Et il devint doux, doux ! Fini l’agacement perpétuel, finie la hargne qui tente de se discipliner et de se rationaliser. Une crème d’homme, que tu adorais, et qui te le rendait bien. Un homme au narcisse fragile, que tu as souvent blessé, dans ton inconscience d’enfant.

Ah ! ce couple mère-fille ! Sans violence envers le gendre pourtant, juste imperméable, buté, borné. Un couple mère-fille sans mots, tout dans les gestes ménagers. Et de la buée, de la buée à gros bouillons ! Le père protestait qu’il était obligé de refaire les peintures trop souvent, qu’on faisait trop de buée ici. Comme tant d’autres, elles n’avaient jamais réussi à admettre que l’eau bout à 100 °C, et que laisser un feu de gaz d’enfer sous les marmites évapore davantage d’eau, consomme davantage de gaz, mais ne fait pas davantage monter la température à l’intérieur des marmites. A faire bouillir fort, ces femmes se sentaient exister.

Le père et la fille attendaient beaucoup l’un de l’autre. La fille voulait de la magie. Le père lui posait longuement les données d’un problème mécanique, concernant tel outil de jardin (la tondeuse à bras ?), et attendait que sa fille fit des efforts intellectuels d’adulte, pour analyser rationnellement le problème, et fournir la solution rationnelle. Elle aurait voulu de la solution presse-bouton, elle, et surtout bien moins dure pour ses bras ! La fille compris assez vite que pour acheter l’estime de son père, il lui fallait des succès scolaires. Un jour elle promit avec enthousiasme : « Papa ! Tu seras fier de moi ! ».

Tu ne l’as pas connue, ta grand-hydre à huit têtes, mon garçon. Elle est morte quand tu t’agitais dans le ventre. Personne ne t’en a parlé, personne ne t’a expliqué par quel prodige, vingt-deux ans après sa mort, c’est toujours elle qui détient le plus gros du pouvoir dans ta famille. Je ne sais pas pourquoi ta maman a choisi de poursuivre en faculté, alors qu’elle avait déjà un métier d’institutrice assuré. Je sais pourquoi elle a choisi l’escalade : cela se déroulait le dimanche, elle disposait donc d’une bonne raison pour échapper au moins un dimanche sur deux à ses parents. J’ai fini par comprendre pourquoi elle a jeté son dévolu sur son moniteur d’escalade : elle avait besoin d’un allié contre sa mère, un allié empathique et d’une patience inépuisable, qui lui permette de grandir. Et puis, elle analysait mon avenir comme la promesse pour elle d’échapper à son origine ouvrière.

En ce temps là, le monde était simple : sa mère (ta grand-mère) était toute mauvaise. Dès que les deux femmes étaient en présence depuis dix minutes, elles étaient à se chamailler comme chien et chat, impossibles à calmer. Une demi-heure après la rupture, la tête flatteuse et solliciteuse cherchait à faire oublier les horreurs qu’elle venait d’expectorer, et se faisait mielleuse : « Dis ! Fifille ! ». Nous les avons reçus tous les quatre à la fin du printemps, quand nous eûmes fabriqué les meubles les plus essentiels à la vie en appartement. Ta grand-hydre fit une moue de plus en plus sévère et dure, puis aboya à ta mère :

« Pourquoi tu ne ranges pas ton fouillis ?

- Je suis chez moi ! » lui répondit froidement la fille grandie, qui en avait assez de l’hydre à huit têtes, et ta grand-mère se le tint pour dit.

 

Bien que j’aie souffert de sa jalousie maladive, et des débuts de sa terrible loi du silence, j’ai pu donner à cette jalouse obsessionnelle quinze ans d’un épanouissement improbable et inespéré, je lui ai donné confiance en elle. Longuement j’avais décliné cette fille qui me convenait aussi peu, qui était si visiblement un nid à problèmes insolubles. Et puis j’ai fait face, et assumé la situation créée. Si tu existes, garçon, c’est parce que ton papa ne tire pas la chasse d’eau sur les gens. Etre amoureuse et ne pas être bafouée, à mes yeux, cela faisait partie de ses droits, et un contrat est un contrat. Longtemps après, elle confia à ce sujet, avec un sourire de triomphe « Et puis tu sais comment je suis quand je veux quelque chose ! ». Quinze années d’un épanouissement inespéré; j’aurais voulu que cela durât trente-cinq ans de plus. Quoique morte, ta grand-hydre à huit têtes en décida autrement, à titre d’introject dans la tête de sa fille. Entre temps, l’épanouissement était spectaculaire, et les petits frères s’amusèrent bien chez nous, que ce soit en peinture, ou en comédies de Courteline montées à l’italienne, et dictions de Prévert.

Après toutes ces chamailleries de ces deux femmes, je m’étais habitué à cette vision simpliste de la belle-hydre toute mauvaise. Je fus bien surpris de l’émotion de sa fille, devant le visage calmé dans le cercueil. A l’époque j’ignorais tout du travail de préparation des cadavres, pour qu’ils aient une tête présentable aux familles. Les choix que nous fîmes pour les obsèques montrèrent que tous nous percevions comment avec toutes ses violences et ses sarcasmes, ses malédictions inexcusables, cette femme avait été une aimante pleine de maladresse et de bêtise, mais une aimante tout de même. La couturière si heureuse de nous monter un peignoir de bébé, et des accessoires d’aide à la gymnastique du bébé...

Mais jamais sa fille ne sut percevoir clairement que sa mère (et sa grand-mère aussi du reste) était avant tout une petite fille pleine de peurs. C’est pourquoi cette histoire évolue bien plus tristement que celle contée par Jacques Salomé. Ce fut un des deuils les plus mal conduits, les plus inachevés de l’histoire des pathologies familiales, qui hélas en est pourtant si riche.

Te souviens-tu de ces trois ou quatre semaines passées chez grand-père, quand tu approchais quatre ans ? Au moins tu te souviens que durant tout le retour en train vers (hem !) « Sottenville », vous m’avez apostrophé ainsi « Dis grand-père ! Heu maman ! Heu papa ! », avant d’éclater tous deux de rire ? C’est comme cela que vous m’avez fait comprendre que pour des enfants, nous les parents, ne sommes pas vraiment des individualités encore, nous sommes des fonctions : la fonction prendre-soin-de-moi. Pendant le séjour, la fonction était tenu par votre grand-père; durant l’après-midi, vous aviez eu votre maman; et maintenant, c’est moi qui vous ramenais à heure décente à la maison.

Durant cette soirée, votre mère était à l’Institut Primal. Je ne soupçonnais pas encore que l’avidité du fric, et un fonctionnement en cour et en secte, pussent faire de tels escrocs d’A.J. et de sa cour, mais je n’allais pas tarder à l’apprendre. Ni votre mère ni personne n’a jamais su pourquoi elle a voulu faire une thérapie primale. La seule chose que j’ai pu apprendre, est qu’elle tenait par dessus tout à passer avant moi, sans savoir ce que c’était. Elle passa donc avant. Je lui ai dactylographié son autobiographie : un long réquisitoire contre ses parents, contre sa mère surtout. Je fus surpris et alarmé que l’autobiographie s’arrêtât avant le mariage, déjà vieux de dix ans et demi : le dernier tiers de sa vie qui passait au trou de mémoire ! Elle reprit contact avec de bons aspects de sa relation filiale, quand l’animalité et la symbiose de la relation mère-bébé n’était pas encore obérées par l’intolérance envers une personnalité distincte. Mais elle ne mit pas de mots, ou si peu, là dessus. Décourager et gêner la mise en mots des sensations, faisait partie de la stratégie commerciale de cette secte, à titre de démarcation contre les autres fautes professionnelles des sectes concurrentes (notamment les lacaniens, très puissants alors à Paris, qui calembourdaient et jacassaient comme corneilles abattant noix).

Là dessus, la secte Primale abandonna froidement ta mère au début du gué. Elle réagit en refermant le couvercle avec une brutalité définitive. Elle ne parla plus jamais de sa mère, refusa de se souvenir de quoi que ce soit. Tout le passé devint interdit. A compter de ce jour, l’hydre aux huit ou neuf têtes commença de se réincarner, avec sa brutalité et sa sottise, dans sa fille. A compter de ce jour, presque la totalité de la vie devint niée, à l’exception de la vie ménagère, qui se vit survalorisée, et devint progressivement exclusive de tout le reste.

De son côté, quoique douloureux de la truandise de la secte, ton papa n’abandonna jamais le travail sur soi et ses sentiments. Jamais.

D’autres livres du même Jacques Salomé détaillent les « amours de réparation », qui prennent une cible de sa génération, comme substitut pour réparer les défaillances de la génération précédente. De tels gestes de réparations et de démonstrations, ta famille en fut pleine, mon garçon.

Une évidence : nous avons élevé nos enfants avec un soin « de démonstration »; voilà comment on peut prendre soin d’enfants. Alors pourquoi nous, nous n’avions obtenu que tant de négligences (à nos yeux) ?

Un secret jalousement gardé : ton papa a aimé, entouré et développé ta mère en réparation de la désinvolture avec laquelle son père à lui, traitait - voire brimait - son épouse (ta grand-mère paternelle). Il réparait la faute paternelle. Il réparait la désinvolture de son oncle aussi : ton père n’a jamais oublié ce que fit à sa jeune cousine Do, la perpétuelle quête de la femme idéale, par son plus jeune oncle. Encore une démonstration donc : Voilà comment vous auriez bien pu vous conduire, la génération précédente !

Un secret non prouvé, mais probable : les cinq premières années, ta mère a aimé ton père en démonstration de la façon dont elle, elle aurait su aimer son père bien mieux que sa mère ne le faisait. Symboliquement, elle éliminait et remplaçait sa mère dans le lit de son père, lui rendant ainsi la monnaie de sa jalousie de sexe.

Justement, nous voici en 1983 : le couvercle sur le passé est refermé pour toujours. Ça peut fermenter sans contrôle, là dessous. Durant ce mois de juillet si chaud que les plastiques ondulés de la véranda se sont gondolés et disloqués au point de plus être étanches, nous voici chez ton grand-père, près de Granville. Là ta maman a commencé de démontrer de façon particulièrement insistante et pénible, que le seul homme de sa vie, c’était bien son papa; et tu vois comment je le traite mon mari, alors tu vois bien que je suis ta fifille à toi, ton seul vrai amour !

Progressivement, elle a réincarné un à un les défauts de son hydre à huit têtes, la même façon de pincer les lèvres, de fulgurer du regard son mépris à l’égard de tout ce qui la dépasse et qu’elle ne comprend pas. La même sottise péremptoire, les mêmes sarcasmes si expéditifs, qui volent si bas, la même interdiction des conversations qu’elle ne dominerait pas à 100%... Le même activisme ménager, hermétique à toute hiérarchisation des priorités, et hermétique à toute concertation. Ce qu’elle n’a jamais, jamais su imiter, c’est que ta grand-hydre avait le courage d’essayer de se rabibocher après avoir lancé des horreurs. Cela, la fille de l’hydre ne le sut jamais. Le défaut nouveau qu’elle apportait, c’était de disqualifier le lien conjugal et le mari par tous moyens, au profit des couples transgénérationnels disponibles : fille-père avec son père, bru-belle-mère, mère-fils avec toi, mère-fille avec les deux autres.

Elle s’identifia à sa persécutrice, et recopia de plus en plus de conduites de persécutrice. Ayant perdu la mémoire consciente de sa persécutrice, elle ne perdit pas pour autant l’habitude de se méfier, et d’anticiper de perverses intentions. Pendant plusieurs années, ton père ne sut pas s’alarmer suffisamment, car cela restait encore l’employeur seul qui était la cible des vengeances de la fillette terrifiée par son hydre à huit têtes. Ce fut l’époque des nombreux larcins dans les collèges où ta maman enseignait. Elle resta sourde à toutes remontrances, refusa de restituer aucun des larcins, et continuait...

Puis, à la naissance de cette petite dernière que tu as jalousée si férocement, si odieusement, la tragédie de la fille de l’hydre se referma sans issue. Un peu comme une psychose puerpérale qui serait définitive, et qui s’est déroulée sur le mode paranoïaque (ce qui est rare en la matière). Tu n’as sans doute pas gardé mémoire de ces mois de juin et juillet, où ta mère batailla contre toute l’Inspection Primaire et l’Inspection Académique, pour te faire sauter une classe, et t’envoyer dans une école bien trop lointaine. Depuis sa victoire, tu as régressé de la tête vers les fonds de classe, constamment dépassé par les événements, excepté en mathématiques pendant plusieurs années. Je n’ai pas eu les forces suffisantes pour la raisonner et la calmer : qui peut calmer une telle bête de guerre ? Mes objections et mes questions n’avaient aucune prise sur la furie. J’aurais dû chercher des aides extérieures, pour empêcher cette connerie majuscule. Je n’ai pas su les chercher.

Pris sous les aboiement et les ordres de la furie, je n’étais pas volontaire pour recommencer à me laisser brimer et humilier, en sacrifice à son amour filial incestueux envers ton grand-père. Là encore, je n’ai pas réussi à lui faire expliciter les raisons de sa fureur perpétuelle, ni à lui faire entendre mes plaintes sur sa conduite.

A la rentrée, elle répudia le nom marital, et repris le nom de son père. En deux ans ce fut achevé : c’était désormais ton papa qui était chargé d’être la mauvaise personne désignée, le galeux d’où venaient tous les maux, et les autres aussi (aussi ceux qui n’existèrent jamais).

La suite, je sais que tu refuses de t’en souvenir, mon garçon. Tu sais que dans mes courriers à André et Suzanne, je détaillais tes efforts désordonnés pour tirer le maximum de ton père pendant qu’il existait encore, pendant que tu avais encore deux parents. Ces courrier furent écrits durant les prémisses d’une accalmie de trois ans dans la guerre contre ton père : la déléguée à la violence conjugale était partie à Amiens puis près de Lille, faire semblant de commencer des études supérieures. Privée de sa déléguée à la violence conjugale, ta maman commença bientôt à négocier un renversement d’alliance tactique, et à s’appuyer sur son mari, pour pouvoir tenir tête à sa créature de plus en plus corrompue, de plus en plus odieuse.

Curieusement, ta sœur aînée continua d’osciller entre les violences, les rodomontades, et les provocations incestueuses, entre leur caractère naïf de survalorisation d’elle même, et l’usage plus pervers : « et si je pouvais en tirer un chantage pécuniaire ? »

J’aurais de beaucoup préféré que ce conte finit aussi bien que celui de Jacques Salomé. Le sort nous a bien autrement éprouvés. Chaque année, j’ai vu la paranoïa se blinder plus épais, plus perfectionné, plus hermétique... Tous ces drames à cause d’une petite fille pleine de peurs, qui était restée si peureuse dans un corps de femme adulte, qui avait tant et tant persécuté ta maman. Tous ces drames pour une amnésie si violente envers cette malheureuse travailleuse, décédée voici plus de vingt-deux ans, si intrusive, si abusive. Et réincarnée avec une si désolante fidélité, voire des amplifications.

Et quand la fille de l’hydre eut 48 ans, l’âge qu’avait sa mère quand elle lui tourna le dos pour se tourner vers l’escalade et le moniteur d’escalade, elle fit un sacrifice humain. Elle « démontra » que son couple à elle ne saurait survivre en âge à son couple parental encore tout-puissant...

Ton papa qui a tout vu depuis plus de trente ans. Le témoin de trop qu’il faut absolument éliminer. Ton papa qui a appris que les secrets de famille continuent de nuire pendant plusieurs générations, quand plus personne de vivant n’a plus la moindre idée du contenu du secret, mais que tous restent prisonniers des conduites rituelles de garde du secret, et s’interdisent toute lumière, toute clarté, toute communication franche ni honnête.

Genevrier.

5.2.4. Le conte du papa qui mourait de solitude, à petit froid.

Il était une fois un papa à qui on avait tout pris. On lui avait pris d’abord ses enfants, sa femme, puis sa maison, ses livres, sa flûte, ses partitions, ses meubles, les objets d’art, tous ses souvenirs, toutes les photos des enfants et de sa famille, même son piolet et ses crampons, même ses dossiers médicaux. On lui prenait aussi une rançon tous les mois.

Il était le seul père qu’eussent ces enfants là. Plus de papa, confisqué pour les besoins de la guerre.

C’étaient les seuls enfants qu’eût ce papa-là. Plus d’enfants, confisqués pour les besoins de la guerre.

Il était le seul grand-père qu’eût ce petit-là. Plus de grand-père, confisqué pour les besoins de la guerre. C’était le seul petit-fils qu’eût ce grand-père-là. Plus de petit-fils, confisqué pour les besoins de la guerre.

Elle était la seule grand-mère vivante qu’eussent ces enfants-là, la seule arrière-grand-mère de ce petit-là. Confisquée elle aussi, pour les besoins de la guerre. Confisquée la tante, confisqués les cousins... pour les besoins de la guerre.

On le harcelait depuis des années par un interminable procès en sorcellerie, pour prouver combien on avait raison de le haïr et de le dépouiller (et pour retarder le plus possible la liquidation de la communauté). Elle l’avait acheté à l’Université, comme un investissement qui garantissait un changement de classe sociale. Et comme un allié à la patience inépuisable, qui lui permette enfin de grandir face à sa mère. Et comme un reproducteur, qui lui donnerait des enfants. Avant d’être une femme, elle avait été une petite fille harcelée par une maman-hydre à huit têtes. Une petite fille ? Pas si vite ! Il fallait d’abord qu’elle remplaçât un frère aîné mort avant sa naissance...

Avant d’être un papa, il avait été un garçon qui cherchait à se protéger les oreilles contre le jacassin envahissant de sa maman. Et un petit garçon à qui son père interdisait toute autodéfense contre les violences alentour : trop viril, et toute virilisation faisait ombrage au papa du petit garçon. Un garçon à qui n’était laissé que le lycée et la scolarité comme lieu d’épanouissement partiel. Il fut condamné à l’isolement total, et une tentative de suicide lui laissa les deux mains handicapées.

Le job du papa n’était jamais sécurisé. Certaines années furent confortables, d’autres furent d’une dure misère. Les enfants furent la lumière du couple; ils adoraient leurs deux parents, qui le leur rendaient bien. L’épouse du papa perdit sa mère. Elle n’eut donc plus besoin de son mari comme allié contre sa mère; tandis que la voie était libre pour repartir à la conquête incestueuse de son papa à elle. Elle ne manqua plus une occasion de dévaloriser son mari en comparaison de son père.

Mais elle avait encore besoin de lui comme reproducteur. Enfin un troisième bébé naquit. Du coup, elle marqua clairement qu’elle n’avait plus besoin d’un mâle dans son lit, et que l’inaction coite et l’impuissance seraient désormais exigées. La nuit, le mari eut désormais l’obligation de se cantonner au rôle du cadavre chauffant. Les enfants restèrent le foyer de lumière dans les ténèbres, la promesse des fleurs sous une banquise de glace.

Un voisine quelque peu jeteuse de sorts, perverse narcissique, intervint alors. Elle avait besoin de l’aînée, Frédégonde, pour se valoriser. Elle excita donc son mépris contre ses deux parents. La mère réagit en redirigeant le mépris de Frédégonde contre son seul papa. En une année, Frédégonde se coula dans le rôle de déléguée à la violence conjugale. Quand Frédégonde partit en stage de kayak, son papa poussa un grand soupir de soulagement : « Douze jours sans Frédégonde, c’est toujours bon à prendre ! ». Elle s’appelait comme cela, Frédégonde, chez les barbares mérovingiens, et elle fut la plus sanguinaire.

Les deux plus jeunes enfants louvoyèrent quelques années entre les injonction de la jalousie maternelle, et leur besoin d’avoir deux parents pour quelques années encore, et mirent les bouchées doubles pour tirer le maximum de leur papa, pendant qu’il existait encore. Leur aînée partit ne rien faire en Maths Sup-Biologie, puis en fac, puis en IUT, puis sur les marchés et brocantes, continua de donner à tout le monde des leçons péremptoires, mais à crédit, continua d’accuser tout le monde. Pour conclure sa dérive, elle attrapa un spermatozoïde qui passait, ce qui lui permit de reprendre le statut social d’une assistée.

Son papa et sa maman la reprirent à l’abri dans leur nouvelle maison, et le petit-fils poussa à merveille, d’une énergie admirable. Jusqu’à ce qu’on lui interdise de faire fête à son grand-père (et qu’on l’en prive totalement), dont la disparition (de préférence par « suicide », ou par « accident »), ou au moins l’expulsion et la spoliation, était programmées. Le petit-fils cassa son développement. Condamné à l’isolement total, le papa pleurait seul, et tenait bon. Il prévint sa famille d’origine, du crime parfait en cours. Il sauvait sa vie par l’écriture.

La valise ou le cercueil ! Un cafouillage de l’employeur fournit la valise, et le père lassé de faire face à une guérilla féroce dans un huis clos isolé, un luxueux huis clos mortel, saisit la valise, et repris des études dans la plus proche grande ville. Les neuf premiers mois furent une résurrection; il mincit de neuf kilos, recouvra une santé inespérée, parvint même parfois à briser sa solitude. Pendant ce temps-là, les deux tueuses affûtaient leur dispositif. Le procès est la continuation de la même guerre, avec d’autres méthodes, d’autres dissimulations. Toute à sa joie de nuire, la jeteuse de sorts ajouta le plus ahurissant des faux témoignages.

Il resta encore quelque temps à ce papa sa petite dernière, sa dernière fille. Pas bien longtemps. Dans la Mafia sicilienne, pour y entrer, il faut faire la preuve qu’on sait tuer. On désigne au candidat la cible à tuer :  « A fatte multo malo a tutti ! ». La maman et sa nouvelle compagne désignèrent à l’adolescente quels mensonges il fallait raconter sur son papa. Afin que les deux femmes restassent ses seules parents, sans que plus rien ne filtre. Le juge resta dans l’inaction, et le coup de force accompli resta établi. La jeune fille ne revit plus son papa, et ne lui parla plus jamais au téléphone.

Dans son HLM de pauvre, le papa vit passer les samedis et les dimanches, qu’il avait réservés à sa fille, et qu’il passait seul, sa fille ne venant pas. Dans son HLM de pauvre, le papa cherchait à rompre une solitude qui durait depuis la naissance d’Audowere (elle s’appelait comme cela, chez les barbares mérovingiens).

Il en entendit de belles, aux quatre vents de l’opinion des femmes...

L’une lui reprocha d’être trop vieux, l’autre trop jeune, mais toutes deux d’être bien trop pauvre, trop spolié, trop rançonné, pour être un homme intéressant.

L’une lui reprocha d’être nerveux, l’autre d’être calme et froid, mais toutes deux d’être bien trop pauvre, trop spolié, trop rançonné, pour être un homme intéressant.

L’une lui reprocha d’être trop intellectuel, l’autre trop bricoleur, mais toutes deux d’être bien trop pauvre, trop spolié, trop rançonné, pour être un homme intéressant.

L’une lui reprocha d’être trop sportif, l’autre d’être trop fragile d’épaules, et sans voiture, mais toutes deux d’être bien trop pauvre, trop spolié, trop rançonné, pour être un homme intéressant.

L’une trop gai, trop humoriste, l’autre trop sérieux, pas assez fêtard, etc. etc.

Et ce qu’elles se gardèrent bien de dire, mais qu’elles manifestèrent de façon assourdissante : « Ho ! Mais s’il est si trempé et autonome, comment vais-je le tenir à 100% sous mon commandement ? »

L’écriture lui servit de passe-murailles, le maintint en vie. Le papa écrivit d’abord ses mémoires. Puis il écrivit des billets sur des forums publics. Quelques poèmes non rimés. Des essais. Surtout du rire. Il n’écrivait plus assez d’articles scientifiques : il n’y croyait plus. Les billets, les essais et les poèmes n’étaient pas conformes aux principes du National-Féminisme, et les Sections d’Assaut se livrèrent à quelques autodafés. Les calomnies reprirent quelque temps, jusqu’à ce que les National-Féministes se ridiculisent, et se fissent oublier un temps.

Le papa traversa la France, pour joindre sa solitude à la solitude d’une maman encore plus durement maltraitée par la vie que lui. Ils se donnèrent de la tendresse et de la douceur le temps qu’ils purent. Le papa endossa les chantiers et les soucis de sa nouvelle amie. Puis ils laissèrent un peu d’eux mêmes derrière eux dans un doux souvenir. Ils n’avaient pas les moyens de refaire la géographie.

L’année universitaire reprit. Nous ignorons la suite du conte du papa qui mourait de solitude à petit froid. Je crois qu’il s’occupera d’autres enfants maltraités, autour de lui, et d’autres familles qui commencent à délirer, comme la sienne a déliré, et qu’il veut mettre fin à cette non-assistance à personnes en danger. Le plus dur, c’est de réussir à franchir les périodes de vacances, quand tout s’arrête, même le club de kayak.

Genevrier, septembre 2000.

P.S. Nous sommes en octobre !

5.3.   Deux volumes de mémoires.

Nous joignons en annexe les pages 91 à 99 du volume 1, contenant l’attestation d’Alie Boron, qui fait actuellement l’objet d’une procédure pénale, et contenant la table des matières. Et la table des matières du volume 2.

5.4.   Là où la haine est récompensée : la Juridiction Civile de la famille.

L’auteur a été très surpris par le sujet d’examen de psychopathologie de l’adolescent, ce récent mois de mai 2002 : pas seulement parce que la pathologie de l’adolescent faisant l’objet du cas était légère (alors qu’au long du semestre, nous avons étudié des évolutions pathologiques lourdes), mais surtout par la phrase suivante : « Tout au long de l’entretien (la mère) a beaucoup de mal à ne pas laisser transparaître à l’égard de son ex-mari une haine très vive ». Or les propos rapportés ne sont en rien plus haineux que ceux qui vont être cités plus loin, qui sont des actes de Justice. Le narrateur aussi est surpris : c’est la première fois qu’il voit la haine à l’intérieur de la famille qualifiée de haine. Jusqu’à présent, il avait vécu sous une haine compacte depuis que son rôle de reproducteur fut terminé, à la naissance de leur dernier enfant, il y a seize ans de cela. Fils et petit-fils de féministes, le narrateur a été élevé dans un monde où toute haine est justifiée et sainte, du moment qu’elle est féminine et qu’elle vise des mâles.

 

Si j’étais magistrat, je m’estimerais outragé qu’on me croit assez incapable pour avaler et de récompenser les outrances qui vont suivre. Seulement je ne suis pas magistrat, et encore moins magistrate. Et si l’avocate a écrit les conclusions qu’elle a écrites, c’est qu’elle la connaît bien, sa juge, et qu’elle est sûre de gagner. Elle sait qu’il lui suffit d’être la plus haineuse pour remporter le leadership sur la juge, et sur l’autre avocate. Telle qu’on l’a vue fonctionner à cette occasion, la Chambre des Affaires Familiales est donc un théâtre de violation de l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’état ».

 

La répudiation pour convenance personnelle n’existant pas en droit français, elle est déguisée en divorce pour faute. Cela donne ceci :

La suite fait fond sur le faux témoignage actuellement en attente d’instruction au Pénal. On se condamne à ne rien comprendre, tant qu’on ignore que jamais au grand jamais, le juge n’ira confronter les pièces invoquées, avec ce que l’avocat dit qu’on y trouve.

« …

Madame BORON, qui connaît le ménage Genevrier/GAZONBLEU depuis 1980, donne

une description très précise du mari. Elle expose quà cette époque, âgé de 37 ans,

le mari ne travaillait pas et poursuivait des études : lépouse et les enfants étaient

dans la misère, ils manquaient de tout, même de nourriture convenable, alors que

les ordinateurs commençaient à apparaître dans le bureau du mari. Ce dernier,

quelque soit le moment de la Journée, expliquait se distraire dans son bureau,

paraît-il épuisé par son travail intellectuel que représentaient ses recherches...

cependant, madame BORON indique quhabitant à une centaine de mètres du

domicile GENEVRIER, elle est passée chez eux des centaines de fois et na jamais vu

monsieur GENEVRIER que se distraire !

Elle a vu monsieur GENEVRIER frapper sa fille Frédégonde, alors âgée de 8 ans, pour une peccadille, la rouant de coups alors quelle était au sol où il lavait fait tomber, elle la vu refuser à Frédégonde de porter une robe offerte par sa grand-mère car il sagissait selon lui dune robe « pour courir les garçons » alors que Frédégonde avait 9 ans.

Il na pas échappé à madame BORON que chaque fois que le mari s’absentait, les enfants se trouvaient soudain détendus, rieurs et heureux. Au retour du père, un vent de panique soufflait sur la maison.

Madame BORON précise que tout ce qui ne se rapporte pas à LUI est secondaire.

En parlant de lui, le mari se nomme « le savant ».

Monsieur GENEVRIER écrivait à son épouse en septembre 1997 quelle est paranoïaque

Lorsque madame GAZONBLEU a déposé sa requête en divorce, il a écrit à son fils Sigbert le 17 mai 1998 : « Donc ça y est : HITLER a envahi la Pologne. » et de tenter de mettre Sigbert dans son jeu et de le monter contre sa mère.(pièce 22)

Sigbert, plus raisonnable que son père, à fait suivre ce courrier à la concluante en précisant que «jai décidé de ne pas répondre, de ne pas me mêler dune séparation qui ne me concerne pas. (pièce 23)

Le silence de Sigbert n’empêchera pas monsieur GENEVRIER de lui écrire à plusieurs

reprises et notamment le 13/08/1998: «j’ai commencé ici de consigner mes

mémoires. Ma motivation de départ était de questionner une seule des répétitions :

comment se fait-il que par deux fois la fille la plus complexée, la plus névrosée et la

plus maladroite s’amourachât de son moniteur de sport ? «

Le 20 novembre 1998, monsieur GENEVRIER écrit à son fils et lui demande expressément de prendre partie : « En régime de violence, la passivité nest pas neutre, mais complice de la violence. Cest la mauvaise nouvelle du jour pour toi. Tu rêves dêtre neutre, après avoir été longtemps complice actif de la violence de ta mère et de ta sœur. » II nomme le domicile conjugal le Château la Haine où règne une atmosphère pathologique. Il prétend que sa femme volait régulièrement dans les supermarchés.

Il indique écrire ses mémoires, ouvrage intitulé « Georgette et Frédégonde : la naufrage dune famille par la haine - chronique dun parricide presque parfait quelle espéraient bien réussir », Georgette est sa femme GAZONBLEU et Frédégonde, sa fille Frédégonde à laquelle il voue une haine incompréhensible.

Monsieur GENEVRIER a commencé à diffuser ce document dans lequel il précise quil a épousé la concluante par pitié et par charité... et dans lequel on relèvera, si le Tribunal a la courage de lire ces élucubrations. une haine pour sa femme et pour sa fille aînée particulièrement rare.

On apprend également dans ce document, que monsieur GENEVRIER a eu des aventures amoureuses avec dautres femmes au cours du mariage...

Lensemble des écrits de monsieur GENEVRIER démontre que face à chaque difficulté, lui seul détient la vérité, les autres sont des ignorants, des névrosés, des incapables, des menteurs. De façon un peu familière, on peut dire que monsieur GENEVRIER a un ego sur- dimensionné.

Même dans le cadre de son travail, il na pas admis quun inspecteur puisse émettre un avis contraire au sien sur sa façon de travailler avec les élèves.

Monsieur GENEVRIER écrit beaucoup, et ces écrits permettent de ce convaincre de sa violence verbale et de sa volonté de placer les autres en état dinfériorité.

Il a fait subir cette attitude pendant de longues années à la famille. Lorsque son épouse pliait devant toutes ses volontés et tous ses caprices, il la complimentait, lorsquelle na plus voulu se laisser faire et se laisser insulter, il a commencé à lui vouer une haine tenace, laffublant de tous les défauts.

 »

5.5.   Un témoignage actuellement en cours d’instruction au Pénal.

Si l’on en croit ce témoignage, Genevrier serait un bonhomme fort peu net, à la fois fou dangereux et simulateur, violent et paresseux, simultanément prude et lubrique. Du jour où Genevrier a lu le livre étudié en première partie, il a déclaré avoir compris quelle source avait été utilisée pour confectionner ce pantin à usage de manipulation judiciaire : tous les maris disgrâciés sont des Jean-Claude Beaussart !

Hors dossier judiciaire civil (courrier du 16 avril 1999), ladite Alie Boron fait état de ses plaisanteries sur la conception prétendue incestueuse du petit-fils de Genevrier. Elle laisse aussi comprendre que c’est bien elle qui a instigué Frédégonde contre ses deux parents, pour la joie de nuire : sans équivoque est son exultation triomphaliste de bien meilleures réussites scolaires finales et sociales de ses propres enfants, comparées aux évolutions lamentables des enfants de la famille Genevrier-Gazonbleu, dévorés par le rôle de supplétifs dans la guerre contre leur père. Enfin elle se réjouit à l’idée que l’accusation uxorale soit fondée, selon laquelle le mari aurait le SIDA.

Ce courrier n’est pas joint.

Ce qui devrait attirer l’attention du lecteur, est que si 30% de ces fantaisies sont spécifiques à Alie Boron, 70% reviennent à Frédégonde. Ce qui en dit pas mal sur l’endommagement psychologique fait à cette fille par douze ans de recrutement par sa mère comme déléguée à la violence conjugale. Recruter des alliés contre son conjoint, ne serait-ce qu’en vue de la théâtralisation judiciaire finale, puisque le suicide espéré et planifié ne s’est jamais produit.

5.6.   Les parentisations, et les dégâts aux enfants :

Le plus simple est de commencer par reprendre un billet de Genevrier, du 6 septembre 2000.

5.6.1. Guerres familiales, et corruption des enfants.

Une jeune fille s’est jetée par la portière, à quarante à l’heure. Elle ne supportait plus le pis-que-pendre que sa mère et sa grand-mère déblatéraient contre son père. La voiture aurait pu rouler plus vite, elle se serait jetée quand même; elle n’en pouvait plus, de leur violence verbale. Ces deux femmes refusaient de voir leur responsabilité d’avoir poussé le père dehors par tous moyens de guérilla, et s’estimaient odieusement trahies, quand il est bien parti, nu comme un ver.

Moi aussi, j’ai toujours entendu les violences verbales de ces deux femmes, collées l’une à l’autre, contre notre père. Trop collée à sa mère pour être capable de qualifier le lien conjugal avant le lien filial, ou au moins le préserver. Même la quatrième et la cinquième génération continuent de payer le prix fort, pour la guerre impitoyable que ma grand-mère fit à mon grand-père. Jamais je n’ai entendu ma grand-mère cesser de guerroyer contre les mâles... Alors contre son gendre, puis contre son petit-fils (alors âgé d’à peine douze ans), elle s’en donna à coeur joie : pouvoir enfin reprendre contre les générations suivantes, sa guerre conjugale interrompue par la séparation définitive (vers 1937) !

Un peu comme les vichyssois profitèrent de toutes les occasions, telles que le temps de la Guerre Froide, puis du retour de De Gaulle au pouvoir, pour reprendre sourdement leur guerre civile interrompue une première fois par la découverte du complot de la Cagoule, une seconde fois par l’arrivée des armées alliées, et la Libération. En pratique, j’ai dû attendre le septennat de Giscard (puis les suivants), pour voir la pluralité cesser d’être traitée en « illégale par nature » en France.

 

J’ai vu recruter deux filles contre leur père, depuis le début de leur adolescence, jusqu’à son expulsion, puis sa mort trois ans après. Il ne faut pas s’ébahir si elles ont accumulé les échecs, ni si par leur muflerie, elles se sont fait une réputation atroce partout où elles sont passées. C’est cela l’habitude de la corruption, d’avoir tous les droits, du moment qu’on fait bloc avec sa mère pour isoler et piller complètement son père; c’est cela l’habitude que leur mère prenne toujours leur parti, à chaque réprimande par un professeur ou un surveillant. J’en ai entendu une exiger : « Oui, mais les 49 000 F d’assurance-vie, je les ai dépensés dans un trekking au Népal, alors j’ai besoin de ton appartement en urgence pour le vendre ! »

J’avais admiré la diction et la précision du vocabulaire d’un petit garçon. A quatre ans, il était capable de ne jamais faire semblant de comprendre, mais de demander systématiquement le sens de chaque mot nouveau pour lui. J’ai vu sa régression spectaculaire de la tête de classe, vers les fonds de classe. Pardi ! Il fallait bien qu’il collât à sa mère, et à sa loi du « On parle pas à table ! ». Je l’ai entendu s’installer dans le bredouillement à mi-voix de propos non-construits et incompréhensibles. Il fallait bien aussi qu’il collât à la double injonction :

1)  « Seules les études pénibles sont valides. Il n’est pas question de s’amuser à apprendre, comme tu le fais avec ton père ! Ça me fait de l’ombrage ! »

2)  « Tu vois qu’avec toutes ses études, ton père a subi des périodes de chômage effroyables. Donc les études sont de la merde. Seul compte le pognon, et peu importe par quel moyen ».

Aussi, je l’ai vu voler, trafiquer du shit, et ne pas franchir en 4 ans une première année de DEUG. Depuis, je ne le vois plus : il a trop de choses à cacher, probablement.

J’ai vu une fille qui promettait énormément, suivre une évolution bien pire encore, s’adonner au vol et au chantage, s’installer confortablement aux frontières de la prostitution, taxant systématiquement les garçons. On lui a commandité le parricide, et jusqu’à présent, elle y a échoué. J’apprécie ma baraka. Elle recrute les voisins à coups de calomnies, « Qu’attendez-vous pour nous aider à le lyncher ? »...

J’ai vu une mère poursuivre au long des années son recrutement incestueux, réclamant toujours un des enfants pour l’assister dans son bain, et lui faire la lecture, entrant aussi dans la baignoire des enfants qui protestaient en vain. Etc. etc. Je n’ai jamais vu traduire au Pénal les cas d’attentats à la pudeur ou d’incestes, quand ils sont menés par la mère. Opinion personnelle à ce sujet : vu la fréquence des cas réels, la Justice est sans intérêt; non seulement elle est incompétente à bien enquêter, mais surtout totalement incompétente à réparer les victimes; de plus, les mieux intentionnées des lois pénales sont si facilement exploitées par les maîtres-chanteurs. Quant à la prévention, à l’éducation, et aux moyens curatifs, de loin le plus gros reste à faire, alors qu’ils sont les seuls à être efficaces.

Franchement, de retour de chez mes cousins landais, de retour de chez mon amie Veuve Triste, je préfère cette autre planète si lointaine, où ni la guerre des sexes, ni l’individualisme forsené n’ont pris le pouvoir. Toute guerre corrompt, pour longtemps. Que ce soit en guerre civile ou en guerre familiale, utiliser et corrompre les enfants est un crime durable, très très durable. Et si facile !

Fin de citation du message.

5.6.2. L’adolescente en position supérieure simultanément supérieure à son père et à sa mère.

D’une part, par cachotteries partagées, et par complot commun, Frédégonde se ressent comme  transmetteuse de l’autorité de sa mère, supérieure à son père :

 

 

 

D’autre part, instiguée par la voisine Alie Boron et ses filles, la même Frédégonde entreprend bientôt de faire l’éducation de sa mère, qui visiblement n’entend rien à la façon de gouverner le monde par l’attrait sexuel. Et de taxer les mâles pour se faire acheter les plus coûteux des parfums.

 

 

Il ne faut pas autrement s’ébahir si à vingt-sept ans, elle traîne toujours à bac plus zéro. Il paraît qu’elle devient une commerçante. Et Genevrier n’a aucune nouvelle de son petit-fils depuis déjà quatre ans et demi. La mère et la fille restent prisonnières de leurs chantages réciproques et de leur complicité pour cogner sur le bouc émissaire, sans doute pour se cacher leurs luttes à mort pour le pouvoir dans le riche bunker. Et nul ne se soucie de les aider à sortir de ce silence de meurtrières qui ont raté leur coup, et qui sont obsédées de ne jamais avouer, jamais se trahir.

 

Les dégâts sur les autres enfants sont ou étaient moindres, quoique déjà très au delà de l’acceptable.

 

5.7.   Les théâtralisations en jeu.

Les forums internet permettent à l’apprenti écrivain d’avoir rapidement des réactions de lecteurs, et de s’entraîner à réagir aussi vite qu’un journaliste, quoique ici ce soit de la littérature plutôt épistolière. Genevrier a donc pu découvrir sur ces trois sites, un lyonnais et deux québécois, combien la grammaire et l’orthographe sont relâchés chez l’immense majorité des lecteurs-auteurs, et combien ils lisent de façon hâtive et imprécise. Sa propre précision de langage, de scientifique scrupuleux, a assez souvent été perçue comme une injure suprême par des lecteurs-auteurs plus débraillés. Selon lui, plusieurs querelles ont eu pour motif : « Je t’ai reconnu ! Tu es tous les gniagniagniah que j’ai toujours rêvé d’abattre ! »

C’est dans ce contexte qu’il faut relativiser certains écrits extrêmement haineux. En juillet 2000, commentant le sabotage de frein de juillet 1998, auquel Genevrier avait eu la chance d’échapper indemne, une suissesse déclara :  « Moi ! Je ne t’aurais pas loupé ! Sur ta photo ton regard me fait peur ! Tu as l’air de quelqu’un qui veut contrôler mon cerveau. » Une alsacienne, alors meneuse de la guerre hystérique contre ce bouc émissaire du jour, revint à la charge en décembre 2000, préconisant l’émasculation de Genevrier.

Sur le forum lyonnais, ça avait été en permanence pire encore, mais là c’était de la responsabilité directe des ouebmaistresses, que d’encourager les multiples identités pourvu qu’elles fussent féminines, de protéger les violences verbales pourvu qu’elles fussent féminines, etc. pour des raisons commerciales à courte vue. Les mœurs sur leur site restèrent très longtemps innommables, cloacales.

 

Au final, les comportements mafieux, Nazional-Féministes, ne forment pas, ou plus, la masse des réactions aux billets très dérangeants de Genevrier. Actuellement, sur Rezoville.com, les réactions sont plus calmes et nuancées.

Ce qui lui reste sur le cœur à long terme, ce sont les très longues et tenaces réactions de déni dans ce qui lui reste de famille d’origine, sa mère et sa sœur. Personne semble-t-il n’est assez au clair avec ses propres divorces, ou avec ceux de ses parents, pour étudier le nouveau cas comme un cas nouveau, dont les réalités sont à découvrir. Presque tous et surtout presque toutes exigent que le nouveau ne soit que la projection de leur ancien, et pressent le narrateur d’avouer que leur théâtralisation personnelle rend compte de tout et a réponse à tout. Avoue que mon idéologie a raison ! Avoue que dans toute séparation, les torts sont partagés, surtout sur l’homme. Et Genevrier répondit : Avoue que dans tout génocide, le génocidé partage cinquante pour cent des responsabilités ! Avoue que seule l’opposition est responsable de la cruauté des dictatures chilienne et argentine ! Avoue que les arméniens sont les vrais responsables de leur massacre par l’armée turque !

Genevrier ne se console toujours pas que les pressions de sa sœur aient été à ce point dirigées pour le dissuader de porter plainte pour le sabotage de freins, pendant que les traces matérielles étaient encore constatables. Il ne faut jamais passer l’éponge sur des tentatives d’homicide aggravé. Le déni est irresponsable, au long terme.

 

 

5.8.   Valeur du matériel utilisé ?

Comparons les témoignages contre Genevrier aux deux autres cas :

1.      Genevrier n’a jamais rien fait de bien dans sa vie. C’est lui qui interdit tout rire et toute manifestation de désaccord ou d’indépendance. C’est lui qui rejette toutes responsabilités sur les autres, c’est lui qui est addict de la position supérieure et de la relation méprisante.

2.      La désorientation dans le temps est totale. Trente ans d’écart ne leur pose aucun problème.

3.      Il y a volonté de détruire toute filiation autre que maternelle.

4.      Il y a négation des dépendances et des dettes, de l’ancienne relation d’amour. Ce que nous avions repéré comme un des symptômes de la paranoïa selon la définition restreinte[1]. Il est remarquable qu’ici les enfants sont exécuteurs de la paranoïa de leur mère, seule persécutée durant son enfance.

5.      L’important est de tromper et esquiver tout contrôle social. La JAF convient à merveille dans ce rôle d’auxiliaire bien pratique à manipuler : avec deux mille dossiers à évacuer par an, dans un préjugé de base d’attaque-fuite, n’a jamais le temps d’ouvrir une seule des pièces qu’elle cite pourtant, faisant aveuglément confiance à l’avocate la plus paranoïaque.

6.      Ces enfants ont un mobile pécuniaire. Ils sont intéressés et corrompus comme receleurs.

7.      L’enjeu narcissique est contradictoire pour eux : pour flatter le narcissisme défaillant de leur mère, ils se fauchent eux-mêmes, et en paient un prix psychique élevé.

 

L’idéologie « Nous les femmes méritantes et vertueuses contre les mâles violents et lubriques » est utilisée à pleine puissance. Elle sert notamment à dissimuler l’addiction à la toute-puissance.

 

Appliquons la même grille critique sur le récit de Genevrier :

·        Gazonbleu a fait du bien dans sa vie, et a des qualités. L’existence de l’amour entre eux n’est pas niée. Nombreux récits détaillant l’adoration réciproque entre enfants et parents, avant que la guerre antimaritale prenne tous les pouvoirs.

·        La désorientation dans le temps semble nulle. L’individu est même obsessionnel de l’exactitude.

·        Il y a volonté de restaurer toutes filiations, y inclus les filiations maternelles, scotomisées, telle que la filiation de Gazonbleu à sa mère, maltraitante.

·        Il n’y a pas de négation des dépendances ni des dettes, ni de l’ancienne relation d’amour.

·        La demande de contrôle social, d’expertise, de médiation et de soins est constante.

·        Genevrier a un mobile pécuniaire. Exactement comme les réfugiés survivants de l’épuration ethnique de l’ex-Yougoslavie.

·        L’enjeu narcissique est certain. Etre père de charognards corrompus, en plein délire sectaire pour les besoins de la guerre, et qui se fauchent eux-mêmes, lui est une grande douleur.

 

Pas d’idéologie disponible, ni même acceptée par le narrateur. Ce scientifique a toute sa vie ramé contre le courant. Alors que la majorité des gens cherchent un consensus pour s’y cacher, Genevrier va jusqu’à se méfier de lui même si un consensus le rejoint là où il était. Il se met aussitôt à chercher la faute de raisonnement qui fonde le consensus. Son proverbe est simple : le majoritaire est dispensé de vérifier, le minoritaire est contraint de tout vérifier avant d’être mis en pièces par les majoritaires. Donc le minoritaire travaille et vérifie plus. C’est là un proverbe de personne qui vit en contre-étayage.

 

5.9.   Conclusion du cas Gazonbleu : une urgence psychiatrique négligée et massacrée.

Je conclus comme j’ai commencé :

Les divorces conflictuels avec enfants à déchirer sont une urgence psychiatrique, qui devrait mobiliser les meilleurs thérapeutes et médiateurs. Une urgence psychiatrique bien trop grave pour qu’on l’abandonne aux seuls juristes, qui vous amplifient le carnage au delà de l’irréparable.

En 1999, j’ai fait un mémoire de DEUG sur l’accueil des tentatives de suicides dans les hôpitaux. Dans l’ensemble, j’y ai trouvé des améliorations, mais fort inégales. Ma motivation était un arriéré de colère de quarante ans, pour la désinvolture et l’incompétence professionnelle ahurissantes, au temps, à l’âge de seize ans, où je revenais estropié et paralysé du récent coma toxique, vers une très lente guérison. Par inculture psychologique et par préjugés, on y loupait toutes les occasions de diagnostic et de prévention dans les drames de l’adolescent. Et que fait-on du symptôme criant qu’est un divorce conflictuel ? La société et ses moyens de contrôle social continuent de s’en laver les mains.

 

En 2002, je constate que quelques progrès législatifs se profilent à l’horizon du droit familial, qui me laissent très insatisfait (projet de loi en annexe). J’ai les plus grands doutes sur l’ampleur de la formation professionnelle des médiateurs familiaux qu’un décret mettra en place vers 2004 au mieux. A Lyon notamment, l’Université me semble prendre un gros retard pour appréhender la dynamique familiale et la formation professionnelle des thérapeutes familiaux, surtout ceux (les plus nombreux, selon les besoins sociaux) qui devront agir sous mandat. L’idéologie d’irresponsabilité, de paresse et de passivité, d’ésotérisme élitiste, qui sont cultivés par fidélité au culte de Notre Freud, sont des handicaps écrasants pour apprendre à saisir et agir dans l’urgence des violences familiales, qu’elles soient sournoises ou ouvertes. Lorsqu’une partie de la famille prépare un meurtre, il est irresponsable pour la thérapeute familiale d’obédience psychanalytique, de rester incurieuse et paresseuse en questions, de se contenter de parler argent à une avare, et de la renvoyer dans la nature continuer de préparer son meurtre en toute discrétion.

 

A l’heure actuelle, telle qu’est l’industrie du divorce pathologique et conflictuel, voire crapuleux, bien assise sur l’incapacité des magistrats à faire face à des responsabilités qui les dépassent professionnellement, là où plus c’est gros mieux ça passe, certaines personnes préparent un tribunal longtemps à l’avance, et modèlent leurs enfants pour leurs besoins conflictuels, comme alliés et faux témoins pour leur futur divorce. Le paysage serait autrement structuré si l’on sortait du mariage par passage obligé devant des thérapeutes familiaux fort expérimentés, à qui on ne la fait pas. Des années à l’avance, au lieu de préparer son gang mafieux, on prendrait conscience qu’en se mariant sous cette législation là, on a contracté une obligation morale de santé mentale. Que cette santé mentale là, elle sera évaluée, et la perversion éventuelle aussi.

 

Le seul risque, la retombée perverse possible, soit que désespérant de manipuler aussi facilement que maintenant le système judiciaire de façon à dépouiller et rançonner le conjoint, les personnes les plus perverses ne se tournent directement vers les tueurs à gage, pour éliminer l’homme ou la femme qu’on ne considère que pour ses biens. En Amérique Centrale, les prix d’un pistolero sont depuis longtemps incroyablement bas : cent dollars, voire localement dix fois moins. Ici, Genevrier ne doit la vie qu’au prix trop élevé des bons pistoleros pour son avare d’épouse. Pour combien de temps encore ?

 

6.     Conclusion générale.

Les trois cas rassemblés ici ont en commun de crier contre les défaillances du contrôle social, contre ces refus d’assistance à personnes en danger.

Pourtant le défaut contraire est aussi évident d’après d’autres sources. Aussi bien le juge Jean-Pierre Rosenczveig que des praticiens cliniciens dénoncent régulièrement des abus de pouvoir, des disqualifications des familles au profit d’une toute-puissance d’un des intervenants en position de pouvoir.

Je suis frappé combien l’orientation freudienne à outrance dans cette Université de Lyon 2 met en position d’incompétence et d’irresponsabilité devant la complexité, parfois la brutalité des dynamiques familiales.

 

Je ne vois pas comment des progrès pourraient advenir, tant que l’enseignement de la psychologie restera cantonné sur une idéologie de passivité et d’irresponsabilité, se contentant de se cacher derrière une phraséologie volontairement embrouillée. Il faut travailler activement la question du pouvoir et du management, travailler la question de l’éthique et de la loi dans les relations familiales et dans les relations d’éducation. Se contenter du culte de l’impuissance – oh mais recouverte de mots savants – serait éthiquement inadmissible, devant des familles et des institutions en proie à la corruption, au mépris, et au harcèlement.

 

 

 

 

Suivent seize pages d’annexes avant bibliographie.

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LAVAU, Jacques, n° étudiant 9927876. 1

TD de M. J.-P. Durif-Varembont, Licence de Psychologie. 1

Parricides et enfants instrumentalisés pour les besoins de l’adulte, soit comme exécuteurs de ses exécutions capitales, soit comme persécutés ou co-persécutés.1

1.     Les méthodes compatibles avec l’objet. 1

1.1.      Le corpus. 1

1.2.      Urgences méprisées et problématiques indésirables. 2

1.3.      Les dénis du lecteur sont au centre de l’image. 2

2.     Affaire Beaussart 4

2.1.      Résumé de l’affaire Beaussart : 4

2.2.      Le génogramme4

2.3.      Les théâtralisations en jeu. 4

2.4.      Les soutiens à la violence établie. 4

2.5.      Inquiétante, parfois la Justice pénale. 4

2.6.      L’échec total du contrôle social. 4

2.7.      L’enfant parentifié, parent de sa mère. 7

2.7.1.       Parentifications et instrumentalisations des enfants. 7

2.8.      Comment fabrique-t-on un tortionnaire ?8

2.8.1.       Les symptômes à faire parler : 9

2.9.      Valeur du matériel utilisé ?11

2.10.        Conclusion du cas Ida Beaussart. 12

3.     Pierre Rivière, 1815-1840. 13

3.1.      Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère. Un cas de parricide au 19e siècle, présenté par Michel Foucault. Gallimard 1973. 13

3.2.      Le génogramme13

3.2.1.       CHRONOLOGIE DE LA FAMILLE RIVIÈRE13

3.3.      Les théâtralisations en jeu. 13

3.3.1.       Théâtralisations modernes. 13

3.3.2.       Les théâtralisations de l’époque. 14

3.4.      Les symptômes qui furent relevés. 14

3.5.      Décevante, la Justice civile…... 15

3.6.      Les soutiens à la violence à venir. 15

3.7.      Les thèmes dominants dans le harcèlement conjugal. 15

3.8.      Parentisations et instrumentalisations des enfants. 16

3.9.      La grossesse instrumentalisée. 17

3.10.        Comment fabrique-t-on un parricide ?17

3.11.        Valeur du matériel utilisé ?18

4.     Cadre légal de la maltraitance familiale sournoise. 19

4.1.      Les tentatives d’homicide volontaire. 19

4.1.1.       Article 221-3 NCP (Nouveau Code Pénal) : du meurtre avec préméditation. 19

4.1.2.       Article 223-1 NCP : de la mise en danger d’autrui. 19

4.1.3.       Article 121-4 et 121-5 NCP : de la tentative de crime. 19

4.1.4.       Article 121-7 NCP : de la complicité. 19

4.2.      L’assignation à un enfant des missions de harcèlement et de violence contre son parent. 19

4.3.      Un secret bien gardé. 20

4.4.      On ne métacommunique pas ! 1

4.5.      Les théâtralisations en usage délimitent le champ d’application réel du droit. 21

5.     Ta mission est de liquider ce témoin gênant : ton père. 22

5.1.      Le génogramme (Planche jointe). 22

5.2.      Des billets à la manière de Swift, des contes à la manière de Jacques Salomé. 22

5.2.1.       Erotisme torride22

5.2.2.       Pour l’abattage préventif des papas. 23

5.2.3.       Le conte de la petite fille qui voulait échapper à une maman-hydre à nombreuses têtes. Septembre 2000. 23

5.2.4.       Le conte du papa qui mourait de solitude, à petit froid. 29

5.3.      Deux volumes de mémoires. 31

5.4.      Là où la haine est récompensée : la Juridiction Civile de la famille. 31

5.5.      Un témoignage actuellement en cours d’instruction au Pénal. 33

5.6.      Les parentisations, et les dégâts aux enfants : 34

5.6.1.       Guerres familiales, et corruption des enfants. 34

5.6.2.       L’adolescente en position supérieure simultanément supérieure à son père et à sa mère. 35

5.7.      Les théâtralisations en jeu. 36

5.8.      Valeur du matériel utilisé ?37

5.9.      Conclusion du cas Gazonbleu : une urgence psychiatrique négligée et massacrée. 38

6.     Conclusion générale. 39

Suivent seize pages d’annexes avant bibliographie. 39

Bibliographie sommaire : 40

 




[1] Lavau, J. Trois carapaces sur un cœur de confusion. : étiologie et structure d’une paranoïa. En circulation dans le département de Psychologie pour critique.