Année 2001-2002. Module TMC2, n° 38121
Sujet :
Quel cadre
pour l’assignation des missions de
l’enfant ?
Application au cas
particulier des assignations au parricide. Le cadre de sa
théâtralisation
sociale ? Identifier le groupe et la
théâtralisation
justificateurs de la
violence. Les enfants comme exécuteurs des perversions
parentales ou
grand-parentales, et les complicités d’aveuglement
sur les
mandats dont ils ont
été chargés.
Nous mettons en parallèle d’une part un harcèlement criminel dans une famille, conclu par des tentatives d’assassinat plus directes, d’autre part deux autres parricides réussis et publiés.
Le
corpus d’études
est composé de deux livres :
1. Moi,
Pierre Rivière, ayant
égorgé ma mère, ma sœur et
mon frère. Un cas de parricide
au 19e
siècle, présenté par Michel Foucault.
Gallimard
1973.
2. Françoise
Hamel. IDA,
histoire d’une parricide.
Flammarion 1994.
et d’un
gros volume de
messages sur des forums Internet, et de courriers papier, ainsi que de
dépositions
pénales, donc confidentielles mais consultables (en
principe, en
principe, mais la réalité de la pratique
d'avocate est
toute autre) par la
Partie
Civile.
Son premier nom de plume est « (Jules) » dans ses mémoires écrites et diffusées de 1998 à juin 2000, « Synapse » sur plusieurs forums Internet, surtout ReseauContact.com de 1999 à 2001, et « Genevrier » sur Rezoville.com. Le volume 1 des mémoires est une monographie titrée « Ta mission est de liquider ce témoin gênant, ton père. Un harcèlement en famille et les dénis qui le protègent », et a circulé à une trentaine d’exemplaires jusqu’à la version 0.4a. La version 0.5 n’a pas encore circulé. Le volume 2 est rarement pertinent ici, sauf qu’il contient plusieurs des contes à la manière de Jacques Salomé, qui ont été publiés sur ReseauContact.com. Les discussions sur les forums ont permis d’avoir une idée claire des théâtralisations et des attentes de divers publics, qui leur font filtrer, déformer, occulter ou renverser les informations.
Les quelques cas étudiés ici de parricide (ou pour le dernier, de tentatives à répétition, où il faudra consacrer du temps d’étude à la commandite de parricide) ont en d’abord en commun l'indifférence et l'impuissance de toute la société devant les martyres subis par des familles sous la maladie mentale et la perversité d'un d'entre eux. Voilà des urgences qui n'intéressaient personne - ou pas grand monde dans le cas de Jean-Claude Beaussard.
On ne prendra pas ici pour prétexte de l'existence d'une partie de la réalité, pour dénier d'autres parties. On n'utilisera pas une partie du système de violence pour en innocenter d'autres parties, toutes aussi indispensables. On s'intéressera aux théâtralisations sociales, et aux réseaux de préjugés qui supplantent complaisamment la prise en compte des faits. La mauvaise foi qui suscite des dénis ou des faux témoignages selon la place préalable de chacun dans la guerre des sexes en cours, a-t-elle une structure ? Quel est le groupe d’appartenance qui justifie la violence familiale dans les cas concrets étudiés ici ?
Trente cinq ans plus tard, une carence n'a pas changé dans l'Université française : le remue-méninge et la créativité indispensables font l'objet d'une ignorance sourcilleuse. Il est toujours aussi difficile à une connaissance d'origine praticienne, d'être admise dans le cercle fermé des cooptés. L'arrogance du postulat tacite "Nous, les initiés, on sait ! Et vous les profanes, vous ne savez pas " monte la garde et surveille les frontières de leur concession extraterritoriale, héritière de la fondation ecclésiastique des premières Universités.
Au contraire de ce que présente l’hagiographie officielle et triomphaliste, l’histoire des sciences réelle est pleine de bruit et de fureur, voire pire, et de squelettes dans la plupart des placards. Un de ces squelettes mal enterrés est Pierre Curie, relégué sous un escalier, et qui ne put jamais occuper de poste à sa mesure, ni jamais correctement payé, car il ne sortait pas d’une Grande Ecole et n’était donc soutenu par aucune mafia. On hésite entre Max Planck et Wolfgang Pauli, comme auteur à qui attribuer ce mot désabusé : « En sciences la vérité ne triomphe jamais, mais les imbéciles finissent par mourir ». Je sais plusieurs scandales scientifiques qui ne sont toujours pas résolus, pas encore venus à la surface, un en chimie des polymères, un en mathématisation de la physique (justement, voir Pierre Curie sous son escalier), un aux fondements de la quantique, et d’autres en mathématiques, d’âge variant entre trente ans et plusieurs siècles. Cela n’a donc rien d’étonnant si en psychologie aussi, on constate des blocages d’informations et des disqualifications abusives d’informateurs dérangeants, ou mal en cour : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Beaucoup d’efforts réels sont consacrés à ce qu’il y ait des vainqueurs et des vaincus, mais le résultat ne correspond pas forcément à la définition de principe de la science : « le seul système de transmission de connaissances qui soit piloté en exactitude et non en traditions ni en suzerainetés ». Rappelons la formulation de Richard Feynman (Nobel 1964)), sur l’irrespect fondateur des sciences : « La science se distingue de tous les autres modes de transmission des connaissances, par une croyance de base : nous croyons que les experts sont faillibles, que les connaissances transmises peuvent contenir toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut prendre la peine de vérifier, par des expériences. » (le résumé est de moi). Cet irrespect fondateur envers l’infaillibilité des experts pose de grands problèmes dans la relation d’enseignement, qui est très souvent, trop souvent, une relation de domination et de supériorité, inapte à transmettre l’esprit scientifique. Par son orgueil, l’esprit de l’enseignement est difficilement compatible avec l’esprit scientifique. La principale déformation professionnelle de l’enseignant reste l’addiction à sa position supérieure, dans une relation inégale : « Moi, je sais ! Et vous, vous ne savez pas ! ».
Cette addiction à la relation inégale de juge-et-partie permet aussi de nier les dépendances : on n’a plus de dettes envers le contribuable qui paie nos salaires, et plus jamais de comptes à lui rendre. On se contente de défendre sa forteresse et sa morgue.
On sait par la correspondance de Karl Friedrich Gauss (1777-1855) qu’il avait gardé pas mal de travaux sous le coude sans les publier, par crainte de la bêtise et de la férocité de ses contemporains, hostiles aux idées trop nouvelles. Tout artiste dépend plus ou moins du talent de son public. L’écrivain scientifique aussi. L’inimitié et la mauvaise foi de son public institutionnel sont un risque pour son moral et sa liberté d’écrire vrai, s’il les connaît, et s’il n’envisage de trouver un meilleur soutien auprès d’un lectorat de rechange. En psychologie aussi.
Les dénis du lecteur s’inscrivent socialement dans des idéologies et des relation de pouvoir, d’intimidation, de soutien ou de complicité, dans une histoire personnelle plus ou moins résolue, dans la présence ou l’absence d’une éthique pour contrôler le bruit et la fureur des passions.
Pour le survivant d’un mobbing, d’un harcèlement criminel pour le dire en français, quel est le plus traumatisant au fil des années ? La violence sournoise qui s’est organisée au sein d’un groupuscule malade du syndrome d’Attaque-Fuite ? Ou l’ensemble des dénis, des complicités et des couardises qui protègent le harcèlement criminel ? Concernant l’auteur, c’est la seconde hypothèse qui s’est vérifiée au fil des années. Reprenant notre souci scientifique, nous devons constater la totale impossibilité d’une coupure épistémologique entre le savant et son objet d’études, et cela tout autant chez l’écrivain que chez son lecteur. L’implication de chacun passe au beau milieu de ses tripes, au milieu de ses propres appartenances : à sa famille d’origine, à sa famille actuelle, et au milieu de sa position sociale.
L’auteur est rompu depuis quelques vingt-trois ans à l’exercice de la réflexivité : le nombre de fois que l’observateur-logicien s’inclut comme objet dans son observation et son raisonnement. C’est par un exemple d’exercices de réflexivité qu’il avait ouvert son mémoire de Maîtrise de Physique de 1998. De nombreux problèmes restent insolubles si on n’en remanie pas les frontières, et tant qu’on refuse de s’élever d’au moins un degré de réflexivité. Mais le lecteur ? Bénéficie-t-il d’un tel exercice du recul et du doute sur sa position épistémologique ? Quelle est la fragilité de son narcissisme ?
En tant qu’ingénieur, l’auteur est surpris et peiné par un discours justifiant son irresponsabilité et sa passivité, qui prend soin de ne déboucher sur aucune action concrète auprès de gens concrets, à la freudienne en somme. Il semble bien qu’il n’y ait rien dans ce département de Psychologie de Lyon 2 qui puisse déboucher sur le management et la psychologie des fonctions de direction. Le Département se fait l’écho de la souffrance de psychologues dans des institutions (de santé surtout), mais accepte comme un fait définitif que la psychologie est une fonction sans mains, hors hiérarchie, juste experte, et jamais décisionnelle. C’est vrai qu’à diriger on risque de se salir les mains, voire de se les brûler en cas d’erreur, et c’est là une épreuve de réalité qu’on s’est mis d’accord pour fuir.
En particulier, on se maintient de la sorte en totale incompétence pour agir efficacement contre les pratiques de mobbing, ou harcèlement criminel, qu’elles soient au travail ou dans la famille, incompétence pour élaborer des politiques de prévention, incompétence pour agir comme consultant de direction en entreprise ou en institution, pour en amender le fonctionnement et les faire progresser dans leurs choix anthropophage/anthropogène. Vu par un ingénieur comme moi, c’est pousser vraiment loin le culte de l’irresponsabilité planante.
Post-scriptum
du 19
septembre 2009 : une partie
des conclusions est fausse, puisque Jacqueline s'est accusée
en 2008
d'avoir tiré sur son mari, meurtre que Ida a pris en charge.
Ida a été
acquittée en 1992.
Le 18 juillet
1989, Ida
Beaussart a abattu son père d’une balle de 22 LR.
Le jury
d’assises l’a acquittée
au titre de l’article 328 du Code Pénal sur la
légitime défense. La gendarmerie
avait trouvé des brassées et des
brassées
d’armes dans la petite maison, jusque
dans la niche du chien. Jean-Claude Beaussart était sur le
point
d’abattre sa
fille Christine qui lui avait échappé pour vivre
sa vie,
puis de rassembler le
reste de sa famille dans la voiture pour les suicider collectivement
d’une
grenade.
Source :
Françoise
Hamel. IDA,
histoire d’une
parricide. Flammarion 1994. Il n'y a
hélas pas de contre-source pour recoupements.
Au matin du
meurtre, Ida a
17 ans, sa mère a 39 ans et un jour, Christine a 19 ans,
Mathilde environ 18,
Edwige 13, et Erika un an : naissances en 1970, 1971, 1972,
1976,
et 1988.
Jean-Claude
avait deux
frères. Paul était
l’aîné, et a
été tué en Indochine. Pierrot est mort
de
cirrhose,
vers 1982.
La planche
génogramme
Beaussart est insérée en hors-texte.
Le cadrage par
la famille
étendue est disparu. Seul reste en vie le cousin
Pié-Pierre. La tante sa mère
n’est jamais mentionnée. Les
décès probables
des deux mémés ne sont pas
mentionnés. La famille n’est plus
entourée que par
le parti nazi, PNFE.
Le livre est
écrit à la
première personne, mais la langue est celle de la
romancière. La plupart des
questions sous-jacentes sont visiblement originées chez elle.
La
génétique de la
violence et de la perversité chez Jean-Claude Beaussart
n’intéresse pas Françoise
Hamel. Ce qui l’intéresse est d’utiliser
Ida et sa
mère en porte-drapeau de
l’oppression des femmes sous la violence masculine.
Nous verrons
que cette
théâtralisation bien en place permettra
d’installer
le troisième cas dans une
mythologie au dessus de tout soupçon.
L’écrivain
et la
narratrice ne nous laissent pas le choix de constater ni de penser
autre chose
que la symbiose entre le père, Jean-Claude Beaussart, et le
parti fasciste PNF,
puis PNFE. Tout est pour la haine et la violence. La
littérature
de sadisme et
de violence, surtout le « livre des
torturations » qui le fascine,
sert de bible à JCB, particulièrement
à la fin
lorsqu’il planifie toutes les
tortures qu’il va faire subir à sa fille Christine
lorsqu’il l’aura recapturée.
Le parti nazi est une église de la violence.
Meurtre du
jeune Karim ben
Hamida, à Haubourdin, août 1984. Menaces et
tabassage des
témoins. En octobre
1986, le TGI de Lille condamne Jean-Claude Beaussart à 12
mois
ferme, pour incitation
à la haine raciale. Son copain qui a tiré sur le
jeune
Karim, a entre temps
pris dix ans ferme aux assises. Le 21 janvier 1987, la cour
d’appel, de Douai,
malgré l’aveu complet du
coïnculpé qui accuse
Beaussart, le 18 février,
Beaussart est relaxé : on est entre PNF, au moins
quant
à l’avocat. Il
faut attendre que Beaussart prenne 4 mois ferme pour une autre affaire,
pour
que la cour de cassation annule en novembre 1987 la relance de Douai.
En
février 1988, le tribunal de Rouen prononce huit mois ferme.
Pages
30-31 :
L’amitié, c’est très rare
pour moi. Il me
manque l’autorisation de mon père
pour avoir des copines. Alors c’est en cachette. Mais elle
m’abandonnent vite.
Les parents de
son unique
amie en classe, Véronique : Je me confie un peu. Je
leur
montre les traces
de coups sur mes bras et mes jambes. Ils me plaignent. Ils me
disent :
« On est
tristes que tu sois malheureuse ! »
Mais ils disent qu’ils
ne peuvent rien faire.
Ils doivent avoir raison. Ils ne peuvent rien faire.
Pages
36-37 : Si mon
père savait ce que j’ai fait un jour, il me
tuerait.
L’an
dernier, j’avais huit
ans, je suis allée, toute seule, parler à une
assistante
sociale. Je lui ai dit
que je voulais être placée dans un foyer pour
enfants
malheureux. J’y croyais
très fort, mais j’ai vu que l’assistante
sociale
faisait une drôle de tête.
Jusque là, elle m’avait
écoutée, mais
voilà que j’avais l’air de la
déranger.
Elle m’a
dit ;
« On
connaît ton père. On sait comment
il est. Mais on ne peut rien
faire. Tu es mineure. Tu es obligée de vivre avec lui. »
Tout
s’est effondré. On
veut que je reste dans le malheur. On veut me laisser tuer par lui. Il
me crie
dans les oreilles : « Ton
cœur
lâchera. Ton cœur lâchera. » Mon
cœur, il tient.
Parfois, je le sens partir.
Mais il revient, petit à petit.
Page 68 :
Un jour un
voisin avait appelé le docteur pour qu’il vienne
voir ce
qui se passait à la maison.
Eh bien le voisin a reçu un coup de poing. Comme il est tout
maigrichon (le
père mesure 1,90 m et pèse 130 kg), il ne
s’est
plus mêlé de rien.
Page 71, Ida
regrette : S’il trouvait un travail de menuisier,
changerait-il ses idées
tout d’un coup ? Alors qui pourrait lui trouver du
travail ? Ou bien
si c’est la dépression qui le rend fou, pourquoi
on ne le
soigne pas ?
Page 85 :
Papa ne
supporte pas qu’on fasse des bêtises, mais lui, il
en fait
de plus en plus. Les
gendarmes le convoquent sans arrêt, pour menaces à
voisins, coups et blessures,
refus d’obtempérer, agressions, menaces de mort,
vol de
bicyclette, propos
racistes, agressions racistes… Il a
décidé de
mettre tout le monde à sa botte.
…
Un jour, il
monte un
commando avec nous, ses quatre filles. But : mettre le feu
à la collecte
des vêtements destinés à des pays du
tiers monde.
On y est allées. Le maire de
Salomé a fait cesser nos incendies.
Page 86,
meurtre du jeune
Karim ben Hamida, à Haubourdin, août 1984. Menaces
et
tabassage des témoins.
Page 87 :
A la sortie
du lycée d’Armentières Christine sort
un couteau et
en donne un bon coup à une élève
qui s’appelait Fatima. … Christine est
renvoyée.
Elle passe au tribunal. On la
condamne à dix jours de prison avec sursis. Elle est mise
à l’épreuve et doit
être suivie par un éducateur.
Page 95 :
Elle a dit
qu’elle allait divorcer. … Fou furieux, il
l’a
tabassée. Le soir il remet ça.
Il veut qu’elle crève. Il prend un couteau dans le
tiroir
et le lui jette en
visant le cœur. Raté. Alors il en lance un autre
et la
touche au front. Maman
appelle « Au secours ». Personne
ne vient. Les
voisins doivent avoir
l’habitude. Ou plutôt ils ont peur et restent chez
eux.
Pages 123
–124 : A la
maison, il y a de plus en plus d’armes. Des grenades sont
cachées, à la cave,
dans des bouteilles de gaz trafiquées. Il y a des fusils
à pompe, des
revolvers, des poignards, des ampoules explosantes. Mon père
en
échange et en
revend. Certaines armes sont interdites, il faut bien les cacher. Mon
père
s’amuse sans arrêt avec ces armes. Il nous en
explique le
maniement.
Facile ! … Les
gendarmes ferment un
peu les yeux sur tout ça.
Mais j’en connais un seul
qui a les idées de mon
père.
… Il
attaque même les
marchands de tapis arabes. Dès qu’il en voit un
venir, il
tire vers lui. … Le
maire de Salomé est venu. Mon père a
juré
qu’il n’avait pas tiré et que
c’étaient des racontars de voisin. Mais
ça
n’a pas pris.
Le maire
plaint maman. Il
lui fait porter des colis. Il a compris que nous manquons de beaucoup
de
choses, même à manger.
Pages 147
à 151, les
procès pour le meurtre du jeune Karim, appel et cassation,
enfin
Tribunal de
Rouen, qui prononce huit mois ferme en 1988. Entre temps, quatre mois
ferme
pour une autre agression. Papa est un abonné du tribunal. On
n’en finirait pas
d’énumérer ses condamnations. On
dit :
« Cet individu est
dangereux » mais on le laisse recommencer.
Page
169 : Le
lendemain, il me fait descendre l’escalier avec un pistolet
sur
la nuque. Il
crie : « Tu
n’es qu’une vermine. Je
vais t’abattre »…
Je me confie
à
l’assistante sociale. Elle m’écoute et
me plaint. Il
a été question de me
mettre à l’abri dans un foyer ou que je parte en
lycée climatique pour ma
santé. Finalement maman a dit non. Elle devait avoir peur.
Pages 170
–172 :
Un jour, il
cuit des
saucisses au barbecue. Brusquement, il se retourne vers moi
avec
une arme bizarre.
C’est un bâton avec une boule de plomb qui pend
à un
fil de fer. Comme une arme
de poing, ancienne. Il m’en balance un coup dans les jambes.
C’est atroce. La
douleur me fait tomber par terre. Je pleure. Il hurle :
- Je t’interdis de pleurer.
Plus fort que moi, je sanglote sans pouvoir m’arrêter. Je suis la plus malheureuse de la terre.
Le soir, maman
me met, en
cachette, de la pommade sur mes gros bleus. Je n’oublierai
jamais
l’odeur de
cette pommade qui pue. Qu’est-ce qu’on en a
usé !
Avec tous les coups qu’on
reçoit, on en a des bleus ! Il faut les cacher pour aller
à l’école. Mon père
pourrait être inquiété.
Quelques jours
plus tard,
c’est mon coccyx qui prend. Maman le croit cassé.
Elle me
tartine de pommade et
j’apporte un coussin en classe pour m’asseoir
dessus. Le
siège dur me ferait
trop mal. La prof a compris. Elle m’a regardée en
souriant
tristement.
Je me demande
pourquoi les
professeurs, les assistantes sociales ou les policiers
n’empêchent pas mon
père d’être si méchant et de
faire tant de
bêtises. Ils nous écoutent. Ils sont
gentils avec nous, mais ils ont peur. Ils connaissent trop le
«
bourreau de
Salomé ». Ils savent de quoi il est capable.
Mon
père s’ennuie en
prison, mais il ne craint pas les gendarmes. Par exemple, la
Légion, pour lui,
c’est bien trop doux. Il compte de plus en plus sur le parti
pour
mettre de
l’ordre en France. Le PNFE pourra, enfin, appliquer toutes
ses
théories.
Moi, je
n’y crois pas.
C’est trop méchant et meurtrier. C’est
mal
d’habituer les gens à des idées
racistes
et violentes.
Une autre
fois, mon père
s’énerve subitement contre moi. Il prend un pot en
bronze
sur le meuble et me
le jette au visage. Je suis blessée à la bouche.
Il me
traite de maladroite,
d’imbécile et de raclure.
Maman
m’enroule une
écharpe autour du visage pour aller à
l’école. Je dis au prof que je suis
très
enrhumée. On m’emmène chez le
médecin. Je
commence par dire ce que m’a ordonné
mon père.
-Docteur,
j’ai glissé sur des
crottes de poule en allant
chercher du bois. Puis, je craque. Je
me mets à
pleurer.
-
Docteur, c’est mon père... On
me fait raconter les détails. Ça me fait du bien
de me
confier. Le docteur me
promet de m’aider. Je rentre à la maison, un peu
rassurée.
Dans
l’après-midi,
un car de police intrigue mon père. Il m’envoie me
cacher
chez les voisins.
J’obéis. Puis il vient me rechercher et
m’envoie une
gifle et des coups de
poing.
-
Avoue, tu as tout
répété au docteur!
Mongolienne !
- Non, papa, je n’ai rien dit. Encore un coup de poing.
-
À
cause de toi, je
retournerai en prison. C’est ce que tu veux ?
-
Non, papa.
Je lui jure
encore que je
n’ai rien dit. Il me tape. Ma blessure me fait mal. Non, je
ne
voulais pas
l’envoyer en prison, mais j’ai eu besoin de me
confier. J’ai
pensé que le docteur me protégerait.
Le soir, alors
que je
reviens de faire des courses au magasin Codec, le car de police
s’arrête près
de moi. Ils me disent gentiment de monter pour aller chez le juge. Je
monte
dans le car. Un juge ne me fait pas peur. Au contraire, on peut lui
parler
franchement. On ne se fait pas engueuler. Il écoute. Une
fois,
j’ai parlé chez
un juge aveugle. D’abord, je n’avais pas
remarqué
qu’il ne voyait pas. Puis,
j’ai vu ses drôles de lunettes et sa canne blanche,
près du bureau. J’ai compris.
Eh bien ! Cet aveugle comprenait tout, encore mieux que les voyants !
Il était
formidable.
Si
j’étais aveugle, est-ce
que mon père m’aurait battue pour ça ?
Dans le bureau
du juge,
pour ma blessure à la bouche, je me confie. Mais
voilà
que, par la porte ouverte,
je vois mon père dans le couloir. Je m’affole. Je
fais des
signes au juge. Je
lui demande tout bas de me mettre dans un foyer.
Hélas !
ce juge non plus
ne peut rien faire. Seulement un sermon à mon
père pour
le raisonner. Mon père
l’écoute. Il prend un air penaud. Il sort sans
rien dire.
Le retour se
passe bien.
Mais, une fois à la maison, il ferme la porte à
clé et me donne des coups de
pied. Il me bat si fort qu’au bout d’un moment je
ne sens
plus rien. Je suis
K.O.
Depuis cette
histoire de
pot en bronze, mon père me déteste encore plus.
Il trouve
tous les jours de nouvelles
brimades.
Page
174 : Je ne suis
pas seule à trouver mon père dangereux. Au
tribunal, un
rapport l’a déclaré
« potentiellement dangereux ».
Page 200, la
sœur
Christine, majeure, a quitté la maison et se cache avec son
ami
dans Lille.
Pour forcer la police à la rechercher, le père
Beaussart
force Ida à signer une
fausse déclaration au commissariat de Lille, 14 juillet
1989,
pour coups et
blessures.
Tout un plan
de tortures
est prêt pour quand elle sera retrouvée et
ramenée
ligotée à la maison, puis exécution,
puis suicide collectif de la famille, à la grenade.
Le 18 juillet à 7 h, Ida tue son père.
A la gendarmerie (page 211) : Je le dis à un gendarme.
- Mais monsieur, ce n’est pas moi qui aurait dû le faire, c’est vous.
Il me regarde.
Il hoche la
tête. Il me dit :
- Tu
sais bien qu’on ne pouvait pas.
Page 50 :
(Après
description des expéditions de vol, et passages au tribunal)
- Ida, il ne faudra pas m’en vouloir, plus tard, d’avoir eu cette enfance, me dit maman.
Je la prends
dans mes
bras.
Ma petite
maman, ce ne
sera pas à toi que j’en voudrai, mais à
lui. Il
devient trop dur. Pour mes
dix-huit ans, je partirai et je reviendrai te voir en secret. Elle se
met à
pleure. Je regrette mes paroles. Elle, elle est bloqué ici,
pour
toujours. Elle
n’aura plus jamais dix-huit ans et sa liberté.
Page 55 :
le
lendemain matin, dès que papa s’en va à
la
pêche au canal, je vais consoler
maman pendant qu’elle fait la vaisselle. Ses yeux sont
rougis. Je
vois qu’elle
se retient de ne pas pleurer. Mais c’est plus fort
qu’elle,
elle se confie à
moi. Ma pauvre maman n’a pas d’amie à
qui parler.
Elle me dit que papa l’a
forcée aux relations sexuelles.
Mathilde est
placée en
position supérieure à sa mère,
chargée de
l’espionner et de la rouer de coups.
Elle est donc en supplétive,
dans la
guerre de son père contre sa mère et ses
sœurs.
Christine
prend la
responsabilité de chef de la résistance au
père,
et prend Ida sous sa protection,
souvent plus efficace et bien plus courageuse que la mère.
Le meurtre
intervient
quand Ida se découvre seule capable
d’empêcher le
meurtre de Christine, précédé
ou non de son supplice longuement préparé, suivi
de
l’exécution collective de
la famille.
Il n’y a
pas
d’instrumentalisation d’Ida par sa mère,
ni par
aucune sœur, alors qu’il y
avait exploitation sadique de sa peur et de son irréductible
volonté de vivre.
Pas une phrase qui indique à Ida sa mission, alors que
Muhammad
savait si bien
en distiller à ses fidèles, pour ses assassinats
politiques. A moins que
Françoise Hamel et Ida Beaussart aient
dissimulé ?
Post-scriptum
du 19
septembre 2009 : une partie
des conclusions est fausse, puisque Jacqueline s'est
accusée en 2008
d'avoir tiré sur son mari, meurtre que Ida a pris en charge.
Ida a été
acquittée en 1992. Est fausse l'affirmation selon laquelle
Ida ne serait pas
instrumentalisée par sa mère.
Le
récit est bien
lacunaire au sujet des débuts, alors qu’il est
prolixe sur
l’environnement fasciste :
Page 19 :
Ils
avaient
vingt ans. Elle était bobineuse et lui menuisier-poseur.
Puis
très vite, il n’a
plus jamais eu de travail fixe.
Page 41 :
Il
est
devenu méchant, petit à petit. Je crois que
c’est
après son renvoi d’une usine
où il se plaisait bien. I lest adroit de ses mains, la
menuiserie lui
convenait. Il a voulu entrer comme poubelleur, celui qui ramasse les
poubelles
mais à la mairie, on lui a dit qu’on ne prenait
que des
Noirs. C’est ce que mon
père raconte. Moi, à Salomé et
à la
Bassée, j’ai vu des poubelleurs qui
étaient
blancs comme nous.
Pages 20 et
21 :
« J’ai
deux
grands-mères, Mémé blanche et
Mémé
noire. Mémé noire, la mère de maman,
s’habille en sombre. Mémé blanche, la
mère
de papa, a les cheveux blancs. Je
vais chez elle, à Haubourdin, pas loin de Salomé.
Elle
m’attend à la porte de
sa petite maison. Elle me fait signe de loin et sourit. Ses deux chiens
blancs,
très doux, et le chat jouent dans la cour.
Comme c’est
calme ici ! A peine
arrivée, je veux rester pour
toujours.
Mémé
blanche me prend sur
ses genoux et me dit : « Ma
petite Ida, pour
guérir il faut manger des
yaourts. Rien qu’à la fraise. »
Puis elle me
chante des
cantiques. Je ne suis pas baptisée, mais je comprends. Si
papa
savait ce que
m’apprend Mémé, ça irait
mal! Il
déteste la religion, Dieu, Jésus et toute sa
bande de Juifs. Mémé m’apprend
à
réciter « Je vous salue Marie ».
C’est comme
une poésie très calme. On dirait
qu’elle parle de
Mémé et de moi. J’aime aussi
quand même me raconte sa vie. Son mari péchait la
morue et
restait longtemps en
mer. Il est mort quand mon père avait dix ans. Lui et son
frère ont eu une enfance
très pauvre. Ils ont eu faim. C’était
pire que chez
nous. Pour nourrir sa
famille, mon père ramassait dans les poubelles. Leur voisine
l’avait compris.
Sans rien dire, elle mettait en douce des épluchures dans un
papier journal.
Pour que mon père les mange. Je pense que cette voisine
n’avait pas les moyens
de mettre les légumes entiers, sinon elle l’aurait
fait.
Mais à Haubourdin,
personne n’était riche.
On peut dire
que papa n’a
pas été gâté dans sa
jeunesse. Mais lui, il
n’avait pas peur de son père. Il
n’était pas battu. S’il manquait
l’école, c’était pour aller
pêcher dans
le
canal et rapporter du poisson à manger pour midi. Il se
souvient
d’une grande
frayeur et nous la raconte souvent : son frère
l’avait
saisi par les pieds,
l’avait balancé dans l’air et avait
cassé des
pots de fleurs avec sa tête. Ce
truc-là l’a marqué.
Quand le soir
arrive, je
dois quitter Mémé. C’est trop triste.
- Mémé, garde-moi.
- Il est tard, ma petite Ida.
-
Je pourrais vivre ici. Kiki viendrait. Peut-être maman ?
Mémé
me dit que ce n’est
pas possible et que je dois vite rentrer, sinon il ne me laissera plus
venir.
Elle vient me reconduire, mais je vois bien qu’elle a envie
de me
garder. Moi
aussi, je sais pêcher. Je pourrais attraper du poisson dans
le
canal et nourrir
tout le monde. C’est si calme ici. ».
Et page 28 ces
deux lignes
« En plus, ma Mémé croit en
des gens qui
n’existent pas et que personne
n’a jamais vus. Elle croit au Bon Dieu, et à la
Sainte
Vierge en robe longue,
et aux saints. »
Il est un peu
étrange
d’habiter Haubourdin, banlieue sud ouest de Lille, pour
travailler à la grande
pêche, donc embarquement à Boulogne, Calais ou
Dunkerque.
Mémé blanche dit-elle
la vérité ? Ida relève
elle-même que sa
mémé blanche est en déni de
réalité, et vit dans un monde fictif.
L’enquête
objective tourne
donc court : nous n’avons que la grande
pauvreté, et
la brutalité d’un
frère aîné. La question de la
genèse du
tortionnaire n’intéressait pas
l’écrivain, à qui le parti fasciste
suffisait. Il
ne nous reste que les mises
en scènes du père, à tenter
d’interpréter comme la
répétition des
traumatismes
d’enfance : faire parler les symptômes
sans
contrôle, c’est
universellement pratiqué depuis Sigmund Freud, alors que
méthodologiquement,
c’est des plus contestables.
Est-il
possible que le
parti fasciste soit presque à lui seul le responsable de la
restructuration
de Jean-Claude
Beaussart en tortionnaire familial, en extension de la formation
reçue à être
un parfait fasciste dans la société ?
Comme soutien de famille tandis que son frère Paul était en Indochine, Jean-Claude a échappé au service militaire. Il déteste l’armée, mais il la singe, en peignant tout en kaki, et habillant ses filles en kaki.
Page 74 :
« Le
lendemain, il faut encore voler. « Pour
votre survie,
répète
papa, après,
vous me remercierez parce
que vous pourrez vous débrouiller n’importe
où. »
Je suis
obligée de
l’accompagner à la chasse et de tirer au fusil.
(…)
A la chasse
comme à la
pêche, mon père est moins méchant. Il
se tait. Il
espère faire une bonne prise.
La chasse et la pêche nous entraînent à
la survie.
Ce que je déteste
le plus dans notre
entraînement : les
coups de poing à l’improviste et sans raison. Et
les
réveils par surprise en
pleine nuit. Il faut que nous soyons prêtes à
tout, tout
le temps. Si l’ennemi
nous attaque, nous saurons lui répondre »
Page 76,
parcours du
combattant, avec espoir que le cœur d’Ida
lâche : « Cours !
Cours plus vite ! Ton cœur va
lâcher !
Cours ! ».
Pages 77
à 79, l’ordre de
creuser sa tombe, le soir.
Pages 67 et
68 :
première tentative d’assassinat, en
précipitant Ida
du haut de l’escalier de la
cave.
Pages 69 et
70, dépression
et hospitalisation : chômage. Le père
pleure. Parfois
maman le plaint.
Elle dit que le chômage l’a rendu fou.
Pages 100 et
101 : - Tu
sais que je pourrais te jeter du pont ?
Puis il attend longuement le passage d’une péniche
qui
broierait sa fille
tombée à l’eau. Pas de
péniche, pas
d’assassinat pour ce soir.
Insensibilité
physique : « Mon
père, lui,
n’a jamais
froid. Même s’il gèle, il se
balade en chemise ouverte. »
Page
154 :
expéditions contre les homosexuels autour des
pissotières.
Page 54 :
(Papa
regarde le carnet de notes) Il le regarde. Et puis, subitement, il le
jette par
terre. …Il veut que je travaille bien, mais il ne supporte
pas
que je fasse des
progrès. Déjà au CP, j’avais
eu des bons
points, il me les avait arrachés.
Page 89 et
90 : les
deux bergers allemands Wolf et Eva Braun, sont dressés
à
la méchanceté, et sautent
à la gorge sur le cri de
« bougnoule ».
Wolf se jette sur moi au cri
de « bougnoule ». …
Mon
père
lâche la laisse, juste ce qu’il faut, pour
qu’il ne me dévore pas. Il est très
calculateur Il
aime faire monter le drame
et s’arrêter juste à temps.
C’est vicieux.
Il aime me
rabaisser. Pour
sortir les chiens sous la pluie, il me met son grand manteau kaki qui
me
descend au bas des pieds. Alors il m’appelle
« Simplet » comme le
nain de Blanche-Neige. Mon allure le fait rire, rire. Il se moque de
moi. Il
rit de plus en plus. Je me demande si je dois rire aussi. Mon
père a un
caractère tordu. Il aime me jeter le trouble. Rire ou
pleurer ? Y croire
ou ne pas y croire ? Pour de vrai ou pas ? Il me
perturbe. Je
ne sais
plus qui je suis.
Page 67 :
utilisation
de Mathilde pour battre sa mère.
(Mathilde)
Comme
elle est
une vraie nationaliste, elle n’est presque jamais battue.
Elle
nous épie. Un
jour, papa lui a ordonné de taper sur maman. Taper sur sa
propre
mère, c’est
dur. Kiki s’est ruée sur elle :
« Touche
pas à maman. »
Elle
l’a bourrée de coups de poing. Papa
riait. Cette castagne lui plaisait. Il les encourageait. Moi je
pleurais. Il me
traitait de fille dénaturée, inapte au combat.
Page 66 :
… comme
Brigitte Bardot et Marilyn, les stars à belle poitrine que
mon
père trouve sensationnelles.
Il admire aussi Sheila. Mon père est
épaté par ces
belles femmes, mais maman
doit être plate de partout, sans formes. Il a peur
qu’elle
attire d’autres
hommes. C’est son idée fixe. Nombreux autres
détails sur la violence de sa
jalousie et de sa suspicion envers sa femme.
Pages 165
à 167,
description des maîtresses installées à
la
maison : Mon père qui
rêvait
d’avoir un garçon tombait de haut à
chaque fois. Il
s’est retrouvé avec cinq
filles. En plus il a fait trois autres enfants à des
maîtresses. Pas de
chance : encore des filles ! Si bien qu’il
se retrouve
papa de huit
filles. On comprend qu’il soit
exaspéré.
Il s’est
mis à tromper
maman et elle n’a pas le droit de se plaindre. Il a
amené
deux maîtresses à la
maison. …Cette femme avait perdu son travail, il fallait la
nourrir. Le soir,
elle dormait dans le lit de mon père. Maman était
obligée de passer la nuit sur
le canapé, en bas. Elle pleurait. On entendait de
drôles
bruits venant de sa
chambre. Le lit grinçait. … En plus cette femme
était mariée. Le mari
téléphonait
à la maison. Il réclamait sa femme. Mon
père lui
répondait : « C’est
ma maîtresse et elle reste avec nous. Si vous
n’êtes
pas content, je vous mets
un coup de poing dans la gueule. Compris ? »
On ne peut
mettre sur le
dos du parti nazi ces façons d’humilier et de
maltraiter
sa femme (et tant
d’autres, non reprises ici). Au contraire : Ses
copains
n’appréciaient
pas. Ils lui disaient : « Jean-Claude,
c’est pas bien de
tromper ta femme devant tes gosses. »
On
n’échappe pas à la
nécessité de
chercher du côté de la famille d’origine.
Parlante aussi
l’obsession
de voler et d’entraîner femme et filles
à
voler : pour vous apprendre à survivre
n’importe où. Il ne s’agissait donc pas
seulement,
pour cet enfant, de pêcher
dans le canal pour survivre, mais bel et bien aussi de voler dans les
fermes et
les petits élevages (ou simples poulaillers de particuliers)
pour survivre.
Peut-être de voler en bande d’enfants, dans la
même
misère, où seule comptait
la loi du plus fort et du plus cruel. D’où pour
lui la
nécessité d’être le plus
fort et de faire régner la loi du plus fort et du plus
cruel.
A Jean-Claude
Beaussart
s’applique bien le schéma en trois carapaces, que
j’ai proposé ailleurs comme
structure d’un paranoïaque :
Ce
schéma a donc valeur
dans le cas plus général des pervers,
à condition
que leur mobile à cœur soit
du genre paranoïaque. Pour qui lit le récit depuis
l’intérieur de la famille,
par le tandem Ida Beaussart – Françoise Hamel, la
seconde
carapace de
respectabilité nous paraît des plus
ténues et
lacunaires, mais a pourtant suffi
à tenir en échec tous les dispositifs de
contrôle
social, et notamment
l’appareil judiciaire. La carapace de pouvoir social est
à
chercher évidemment
dans le parti nazi, et secondairement auprès de la seconde
fille, Mathilde,
chargée d’espionner les autres, et de rosser sa
mère. On n’ose penser à ce qui
serait advenu si cette carapace de manipulation sociale avait
été plus forte encore.
Il faut
nuancer ici
l’application du schéma, car JCB a
exhibé des
symptômes de dépression parfaitement
nets, pour cause de chômage et du désespoir qui en
découle. Page 69 :
Parfois maman le plaint. Elle dit que le chômage
l’a rendu
fou.
Page 70 : Ces
temps-ci, il pleure pour un rien. Mais
pleurer ne le rend pas plus gentil. Quand il est en pleine
dépression, on
dirait un gros nounours avachi. … Il marche au
Tranxène.
Du 25, puis du 50. Il
avale cachet sur cachet, mais ça ne suffit pas. On est
obligés de le faire
entrer à l’hôpital de Lille. Il est si
déprimé qu’il accepte d’y
aller. …
Maman
nous emmène le voir à
l’hôpital …
Comme il a l’air triste ! Il est assis,
au bord du lit, jambes pendantes. … C’est affreux.
Mon
père pleure. De grosses
larmes tombent sur ses joues molles. Ça me fait mal.
Pourquoi
tant de
chagrin ? Personne ne voudrait voir son père dans
cet
état.
Date non précisé, en tout cas entre 1980 et 1983, vraisemblablement vers 1980-1981.
La
rationalisation nazie
est donc bien une carapace autour du désespoir de
chômeur,
et la violence de
JCB est bien une transgression d’une
« loi » liée pour JCB
à une
société inique, mauvaise mère. JCB en
rajoute sur
la virilité violente, parce
que le chômage au long cours l’a
dépouillé de
sa virilité constructive,
d’habile menuisier productif.
Être partie civile permet d’accéder à des dépositions calomnieuses, qui ne diffèrent que fort peu de ce qu’Ida raconte de son père. Qu’est-ce qui distingue un faux témoignage, mû par la corruption et la haine, de la plainte d’une victime ? Quelle est la part du truandé dans ce livre ?
Voici les différences que je relève :
1. Il est arrivé à JCB de faire quelque chose de bien dans sa vie, surtout avant de devenir complètement fou. Alors que jamais Genevrier n’aurait fait le moindre bien de toute sa vie, à en croire les dépositions des complices de Gazonbleu.
2. Il n’y a pas de désorientation dans le temps. L’accès d’Ida Beaussart à sa propre biographie, avec repères chronologiques, semble en bon état. C’est le contraire dans la famille Gazonbleu, où les dates, si d’aventure elles existent, valsent de douze à quinze ans et plus, sans états d’âme.
3. Il n’y a pas de volonté de détruire la filiation.
4. Il n’y a pas de négation des dépendances présentes ni passées, ni des dettes, ni de l’ancienne relation d’amour. Donc le récit n’est pas dans une construction paranoïaque.
5. Il y avait de la part d’Ida une forte demande de contrôle social, qui était défait par JCB. Tandis que dans l’affaire Gazonbleu, les conjurées se jouent des moyens du contrôle social les moins compétents et les moins curieux, pour les utiliser en prolongement de leur violence. JCB menace sa fille et sa femme de nouvelles représailles si elles parlent. Gazonbleu menace des témoins pour les empêcher de parler.
6. Le mobile pécuniaire d’Ida est inexistant au moment du parricide, évident pour la rédaction du livre.
7. L’enjeu narcissique est évident pour la rédaction du livre, secondaire au moment des faits.
Enfin l’attente de l’éditeur est à l’évidence de satisfaire une demande du public en forme de « Nous les femmes méritantes et vertueuses contre eux les mâles violents et lubriques ». L’avantage de la pratique des forums sur le Net, est qu’il est impossible de rater l’impatience de cette demande-là, et la violence de leurs réactions chaque fois qu’on apporte des faits expérimentaux qui contrarient cette idéologie hégémonique.
Comme Michel Foucault l’a souligné au sujet du cas de Pierre Rivière que nous allons rencontrer plus loin : aussi longtemps que le meurtre n’a pas eu lieu, la détresse et la souffrance dans les corons, ou dans les campagne, ou dans les banlieues de nos villes modernes ne mobilisent pas grand monde. Très peu de prévention et de remédiation : la misère et la faim ne sont pas contagieuses aux enfants des riches. Entre le moment où elle sera libérable, et son jugement, Ida va galérer de foyer en foyer, puis vers la rue, vivra en clocharde enceinte, mendiant et volant… Faut-il donc avoir tué sin père et pi s’mère pour qu’on s’aperçoive que vous existiez ?
Il appert que la relation du meurtre contée par Ida Beaussart et par Françoise Hamel serait mensongère : c'est en réalité l'épouse Jacqueline qui a tiré, et Ida qui a pris en charge la culpabilité. Citations :
La planche est insérée en hors-texte.
1813 mariage des parents
1815 naissance de Pierre ; la mère est malade six mois ; l’enfant reste chez le père
1816 naissance de Marie Françoise Victoire ; la mère est malade trois mois
vers 1817-1818 Pierre est repris par sa mère
1820 naissance d’Aimée
1821 Pierre retourne définitivement chez son père ; il a six ans
1822 naissance de Prosper
1824 naissance de Jean
1825 mort de l’oncle, frère du père
1826 mort du grand-père maternel
1826-1827 procès pour une pièce de terre et une maison achetées par la mère à Courvaudon ; le père s’endette pour payer les frais
1828 naissance de Jules. Aimée et Prosper sont venus habiter chez le père ; puis Jean
1833 mort de la grand-mère maternelle
1833 Début des grands conflits d’argent entre le père et la mère : bail contesté avec Pierre Le Compte ; dettes systématiques de la mère.
Juillet 1834 maladie et mort de Jean.
Au moment du
meurtre, le 3
juin 1835, Pierre Rivière a 20 ans. Sa mère
Victoire (ou
Marie Anne
officiellement ?) née Brion,
a
40
ans, sa grand mère Marie Rivière 74 ans, sa
sœur
Victoire (ou Marguerite
officiellement ?) en a 18, sa sœur
Aimée ?, et
son frère Jules 8 ans.
Son père Pierre-Margrin, fils de Pierre, environ 42 ou 43
ans.
Michel Foucault s’intéresse particulièrement aux magistrats, aux témoins voisins villageois, et aux aliénistes qui disputent alors aux magistrats un nouveau territoire : le droit de qualifier et commenter les criminels difficiles à comprendre. Disqualifier plutôt. Foucault insiste sur la dureté de la vie paysanne, et explique que ces crimes sont les seules irruptions à travers le silence social, que tout fait mal tout le temps à en hurler, dans ces vies privées d’aucun avenir, privées de toute chance. Quotidiennement endurer l’invivable. …l’horrible est quotidien. Dans les campagnes c’est depuis toujours le lot de tous.
Michel
Foucault relève
dans les témoignages de Louis Hamel, de Marguerite
Colleville,
mais c’est surtout
Alexandre Fontana qui relève le plus le
témoignage du
journalier Pierre
Binet : Pierre Rivière se contraint, et contraint
ses
chevaux, à des
exploits surhumains pour sortir de sa condition invivable.
Mais ces
auteurs échouent
à inscrire les symptômes de Pierre, et notamment
sa phobie
et sa crainte des
femmes, dans une dynamique familiale, et dans une dynamique de
l’attachement insécure
à une mère insécure dans son
identité et
dans sa féminité, une mère qui ne se
sent exister que dans la persécution de ses proches.
Jean-Pierre
Peter et
Jeanne Fauvet s’intéressent à
l’époque, saignée par les guerres de la
Révolution
puis de Napoléon, à cette paysannerie qui depuis
une
génération commençait de
pouvoir acheter des terres. A ces silencieux qui se manifestent par le
sang. A
la disqualification constante, voire raciste, que les notables opposent
aux
actes existentiels du petit peuple.
Le procureur
du roi, 20
juillet 1835 :
Rivière n’est pas un monomane religieux ainsi qu’il a d’abord essayé de le faire croire ; et ce n’est pas non plus un idiot, ainsi que quelques témoins ont paru le supposer ; aussi la Justice ne peut voir en lui qu’un être cruel qui a suivi l’impulsion du mal, parce que comme tous les grands criminels, il a étouffé le cri de sa conscience, et n’a pas assez combattu les penchants de sa mauvaise nature.
Le juge d’instruction Legrain, 9 juillet 1835 (D: demandes du juge, R: réponses de Rivière ) :
D.
Vous venez de dire que Dieu
vous avait commandé les trois assassinats qui vous sont
reprochés, vous saviez
pourtant que Dieu ne commande jamais le crime.
R. Dieu a commandé à Moïse d’égorger les adorateurs du veau d’or, sans épargner ni amis ni père ni fils.
Quelques répliques plus loin, le diagnostic d’idiotie ou de folie peut être écarté une bonne fois pour toutes, par sa réponse à une question sur ses doutes envers la religion localement en usage :
R.
J’avais lu dans les
almanachs
et la géographie que la Terre est divisée en
plusieurs
parties et je doutais
qu’Adam créé sur l’une de ces
parties il
eût été possible à sa
postérité de
peupler les autres.
Toutes ces théâtralisations manquent invariablement leur cible cognitive : les catégories disponibles à l’époque sont avant tout religieuses, et invoquent une « nature » individuelle, une lutte mythique du bien et du mal. Il est à cette époque inimaginable de s’intéresser au développement d’un enfant, à son environnement, aux interactions entre les gens, à la dynamique familiale, à la dynamique du développement.
Dans le contexte de l’étude de l’œuvre de Charles Lyell (1797-1875), écossais parmi les fondateurs de la géologie, et premier avocat de l’actualisme, ou théorie des causes actuelles, d’après ses observations de sédimentation lacustre, puis marine autour de la Sicile, Pierre Thuillier, historien des sciences qui publiait ses études ponctuelles dans La Recherche, cita Thomas Henry Huxley (1825-1895) : au début de ma carrière de biologiste, il n’existait alors aucune science naturelle qui ne vit Noé et son Arche se profiler menaçants au bout de chacune des allées qu’il explorait. (Citation de mémoire).
Autre
théâtralisation
intéressante,
le pamphlet avec complainte, qui commence par le titre : Arrêt de la cour
d’assises de Caen, du 5
décembre 1836, qui
condamne à la
peine de mort le nommé Pierre Rivière…
Il
a été exécuté le 15
février 1837.
… Le mercredi
3 octobre, Pierre
Rivière se saisit d’un
couperet… Le
4 octobre 1836, le
cortège funèbre…
Or ces faits et ces dates sont faux : Pierre Rivière n’a pas été exécuté du tout, mais détenu à perpétuité, s’est suicidé le 20 octobre 1840. Le meurtre est du 3 juin 1835, soit seize mois d’erreur. L’audience d’assises et la condamnation sont du 12 novembre 1835, soit presque treize mois d’erreur. On imprime donc n’importe quoi, de la légende.
Signes
particuliers donnés
au signalement :
Regard oblique,
Tête inclinée, démarche saccadée.
Ici le texte est ambigu : « tête inclinée », vers l’avant vers le sol, ou sur le côté en sollicitation ?
Dans le
dossier du
procureur du roi à Vire :
Pierre Rivière a été depuis son enfance un sujet d’affliction pour sa famille, il était opiniâtre et taciturne ; la société même de ses parents lui était à charge. Jamais il ne montra pour son père et pour sa mère l’affection d’un fils. Sa mère surtout lui était odieuse. Il éprouvait parfois, en s’approchant d’elle, comme un mouvement de répulsion et de frénésie.
… Sa tête est constamment penché à terre, et son regard oblique semble craindre de rencontrer un autre regard, comme dans la peur de trahir sa pensée ; sa démarche est saccadée et par bonds, il saute plutôt qu’il ne marche.
Concernant ce
regard
évitant, à rapprocher d’une observation
de Boris
Cyrulnik (Les vilains petits
canards, Ed. Odile Jacob 2001) :
« Tout
comportement
de « petit » inhibe
l’agressivité
des adultes. L’enfant réduit
l’espace qu’il occupe, diminue
l’intensité de
ses vocalises, arrondit les
angles en inclinant la tête, en faisant la moue, en souriant
avec
les yeux. Regarder
sur le côté pour
n’avoir ni à
affronter le regard comme un effronté, ni à
l’éviter comme un fourbe, ces
manifestations comportementales de quête affective sont
celles
d’un enfant
imprégné par un attachement
insécure. »
Concernant les
mouvements
saccadés, la pauvreté du schéma
corporel ? La
fuite terrifiée lorsqu’une
fille l’embrassa ?
Mais le mystère demeure toujours : pourquoi Rivière, dès l’adolescence, et l’impossible passage à l’état adulte, se sent-il obligé de jouer l’idiot, le bizarre, le provocateur, le presque-fou ? Car de nombreux traits montrent qu’il n’est pas dupe de son personnage, il en est seulement prisonnier.
Pierre
Rivière est
profondément déçu par les registres
pratiqués par la Justice Civile. Il
détaille ce qui lui semble des insuffisances dans les prises
de
renseignements,
et le croisement des assertions faites par sa mère devant le
juge. Il n’était
pas présent, mais recueillait les amertumes de son
père.
Nous verrons
dans la troisième
étude de cas, la même déception devant
la
même indigence des schèmes cognitifs
du juge civil. Déception devant son peu de
combativité
à aller chercher
l’information contradictoire, pour démonter une
construction fourbe. Aussi bien
Rivière que Genevrier se plaignent des primes
accordés
par le juge civil à la
partie fourbe.
Automatismes
sommaires
faciles à prévoir et à exploiter par
le fourbe,
qui en montant son trucage a
toujours un coup d’avance sur le juge. Ici Victoire
s’entend à faire des
dettes, pour les mettre sur le dos de son mari. On exploite le fait que
le juge
est un notable au loin, qui s’abstrait des informations
disponibles sur place,
ici sur l’acharnement à nuire (par exemple
à coup
de calomnies auprès des
voisins), le harcèlement à coup de dettes. Il
suffit donc
d’éviter tous témoins
qui connaissent les querelles cherchées à
l’époux, et d’exhiber de faux
témoins
de dettes intentionnelles ou imaginaires…
On peut se poser la question de la formation intellectuelle (et morale donc ?) des juristes, et aussi celle de la présélection : qui choisit cette profession ? Un souvenir inoubliable, pour qui a passé une année scolaire en DESS de droit à Paris 2 - Assas : tous ces appels au meurtre raciste affichés sur tant de murs, et dans toutes les pissotières… J’en ai pris des photos.
Citations de La Roche-Jacquelein, si pleine de panache, et des martyrs, de personnages bibliques (Jaël, Judith), et de Charlotte Corday, héros de libération du petit contre le grand. Rappel des guerres napoléoniennes : Cet homme a fait périr des milliers de personnes pour satisfaire de vains caprices. Idiot, Pierre Rivière ?
La
revendication de
Victoire porte avant tout sur du linge : elle veut de beaux
habits.
Sinon, elle
passait déjà
sa vie à se disputer avec sa mère :
Année 1815, après l’accouchement de Pierre. Ma mère dans sa maladie montrait du mépris et de la dureté surtout à l’égard de sa mère, elle ne la trouvait pas capable de lui faire aucune chose ; c’était ma grand-mère paternelle qu’elle trouvait alors capable de la soigner. Comme on lui demandait pourquoi elle ne voulait pas que ce fut sa mère, elle répondait : et puisque qu’elle est si bête.
Vers 1822 ? Je dirai ici la vie que ma mère menait avec ses parents, tous les jours elle se disputait avec sa mère, elle ne lui disait pas une parole que cela ne fut pour la mortifier, s’entrereprochaient continuellement cinquante-milles choses, témoin tous ceux qui les ont entendues parler ensemble. … Je demeurais à Courvaudon mes six premières années, j’étais témoin de toutes ces disputes, je puis dire que je n’ai pas grand attachement pour ma mère, j’aimais bien mieux mon grand-père et ma g-m, surtout mon g-p ; … il travaillait encore à sa boutique, et là il était tranquille, elle était assez éloignée pour ne pas entendre que faiblement le claquet qui régnait dans la maison.
1826 : Elle s’habilla comme une mendiante, et vint à Aunay, elle entra chez mon père, elle lui reprocha qu’il était un mangeard et un lubrique qu’il entretenait des putains… Elle fut trouver feu Mr Grellay, qui était alors vicaire à Aunay. Elle lui dit que son mari la faisait périr, qu’elle manquait de tout, qu’il avait d’autres femmes qu’elle, enfin tout ce qu’elle put trouver pour le diffamer…
Témoignage
de Pierre
Fortin, 50 ans, charpentier :
"Rivière père est le plus doux des hommes ; dans les contestations qui ont eu lieu entre lui et sa femme, cette dernière avait les torts. Je n’ai point entendu dire avant le 3 juin, que Rivière en voulut à sa mère. Toutefois, son père m’avait dit un jour que l’inculpé serait plus méchant que lui, à l’égard de sa femme, et que, s’il avait le caractère de Pierre, son fils, Victoire Brion ne serait pas aussi tranquille."
Le rôle
de Pierre ne lui
aurait-il été transmis que par
inconscient ?
Toutefois, les deux premières
lignes que nous citons plus loin montrent que père et fils
se
sentaient
solidaires dans la guerre conjugale. Le passage à
l’état adulte semble
impossible à Pierre (les témoins ne manquent pas
sur son
immaturité quant à son
rôle sexuel, sur sa peur des femmes), tant qu’il
n’aura pas su protéger son
père contre la suite du harcèlement maternel, et
contre
la naissance adultérine
imminente.
Le rôle
de complice
(plutôt que vraiment supplétive : elle ne
déclenche pas de violences autonomes)
de sa sœur Victoire est patent par le récit de
Pierre
Rivière.
(Grossesse annoncée par Victoire) Cependant craignant qu’il ne se trompât je résolut de m’éclaircir de cette affaire en écoutant; une fois j’entendis que ma mère et ma sœur calculaient le temps qu’elle serait dans cette couche en examinant le temps qu’elle avait été dans les autres. Ma sœur dit en outre : il ne faut pas lui faire aucun habit, au moins mais qu’il soit fait, et qu’il vienne a demander le bonnet, que les gens soient là tu diras : ma foi, il n’y en a pas, m’as-tu donné de l’argent pour en avoir. C’est là, ajoutait ma sœur, qu’il y aura a rire; ensuite elle supposa et dit d’un ton de moquerie les paroles que mon père pourrait dire alors : ah, continua-t-elle, il te dira, ah tu as encore fait cela pour me faire honte, tu est toujours de même, si c’eût été pour autre chose tu en aurais bien trouvé; ma mère se méfiant des écoutes lui dit : tais-toi donc. Ma sœur dit d’un ton plus bas : n’en fais pas toujours.
Il est
remarquable
qu’aucun des commentateurs réunis autour de Michel
Foucault, n’ait remarqué
cette grossesse, présentée comme
adultérine, et
autant instrumentalisée par
Victoire.
"Ma mère alla consulter Mr Blain à Beauquay, elle lui débita ses calomnies contre mon père, elle lui dit aussi qu’elle était grosse. Il y avait d’autres personnes chez Mr Blain, cela fut bientôt répandu dans Aunay, et un homme parlant a un de nos voisins dit : il paraît que vous avez un voisin qu’il faut qu’il maltraite étrangement sa femme, car elle en dit de belles choses. Mon père sachant qu’elle avait dit qu’elle était grosse, ne put croire qu’elle le fût car, disait-il, comme elle sait ce qui en est avec moi, elle se pense, il tient à l’honneur, mais qu’il voie une pareille affaire, il dira : comment est-il possible, il ne pourra se contretenir, il me battra et je pourrai obtenir une séparation. Je suis sûr, continuait-il, quelle se met de quoi sur le ventre pour se le faire grossir, il faudra que j’y regarde; il tint ce raisonnement devant quantité de personnes entre autres, Hébert et sa femme, la veuve Quesnel, Victor domestique chez Mr Grellai, une de cousine de ma mère de Courvaudon Guerin garde-champêtre, un rémouleur qui est a Aunay, Mr le curé d’Aunay; Mr le curé lui dit de n’y pas regarder. Mon père disait encore : elle dit que j’ai fait périr l’autre, mais je lui dirai qu’il faudra qu’elle me rende compte de celui qu’elle a dans le corps.
… quoique ma mère fut grosse elle pensa qu’elle pourrait cependant commencer a intenter un procès pour avoir une séparation, alors elle ne voulut plus faire de cuisine que pour les deux enfants qui étaient avec elle. "
Devant le
président pour
paraître en conciliation :
"Mon père lui dit : je te rendrai tout on demanda a qui seraient confiés les enfants, Mr le prt dit qu’ils iraient ou ils voudraient. Mon père dit : mais Mr elle se dit grosse, à qui sera confié cet enfant ? Il répondit ce sera plutôt à votre femme qu’a vous, c’est elle qui l’allaitera. Mais ce n’était pas là ce qui arrangeait ma mère qui comme on la vu avait l’intention de faire cet enfant et de ne pas y mettre les doigts en aucune manière que ce fût. Arrange-t-en comme tu voudras. Elle ne dit rien a ce que Mr le président disait là dessus. Ce juge dit aussi que si elle voulait plaider qu’il ne refusait pas de l’autoriser mais que ce serait une affaire a dépenser bien de l’argent. C’était bien là ce qui contentait ma mère qui savait que mon père serait obligé de lui en fournir pour plaider contre lui."
Seul Pierre
Rivière est
disert à ce sujet, alors que c’est une
catégorie
complètement absente des autres
acteurs.
Michel
Foucault a relevé
les témoignages de Louis Hamel, de Marguerite Colleville.
Alexandre Fontana
relève le témoignage du journalier Pierre
Binet :
Pierre Rivière se
contraint, et contraint ses chevaux, à des exploits
surhumains
pour sortir de
sa condition invivable. A force de forcer l’impossible dans
l’effort paysan,
Pierre est acculé à changer de dimension dans
l’exploit, à passer par
l’écrit
et le meurtre mêlés.
Le passage
à l’état adulte
semble impossible à Pierre (les témoins ne
manquent pas
sur son immaturité
quant à son rôle sexuel, sur sa peur des femmes),
tant
qu’il n’aura pas su
protéger son père contre la suite du
harcèlement
maternel, et contre la
naissance adultérine imminente. Pierre endosse un
rôle
sacrificiel : qu’il
tue les deux Victoire, mère et fille complices dans le
harcèlement, cela a
encore une certaine logique, mais qu’il tue aussi son petit
frère Jules est
d’une logique bien plus étrange. Lisons-le dans
son
mémoire : je me déterminai
à les tuer tous les
trois ; les deux premières parce qu’elles
s’accordaient pour faire
souffrir mon père, pour le petit j’avais deux
raisons,
l’une parce qu’il aimait
ma mère et ma sœur, l’autre parce que je
craignais
qu’en ne tuant que les deux
autres, que
mon père quoique en
ayant une grande horreur ne
me regrettât
encore lorsqu’il saurait que je mourut pour lui,
je savais
qu’il aimait cet
enfant qui avait de l’intelligence, je me pensai il aura une
telle horreur de
moi qu’il se réjouira de ma mort, et par
là vivant exempt de regrets il vivra plus heureux.
Rivière
est manifestement
au dessus de son rôle d’idiot, il n’en
est pas dupe,
mais en reste prisonnier.
Son excellente mémoire scolaire ne suffit pas à
lui
offrir une possibilité
d’ascension sociale hors de sa condition paysanne, interne
à sa famille
d’origine. Son intelligence, sa capacité de
réflexion et son imagination sont
évidentes, mais sont sans grand emploi constructif, sans
reconnaissance sociale.
Sa
première séductrice, sa
mère, lui est odieuse et insalubre, et non seulement il
reste
prisonnier à la
fois de son attachement insécure envers elle, mais de plus
père et fils restent
prisonniers de la persécution maternelle. Pierre
Rivière
ne peut se concevoir
un avenir d’homme mûr, fondateur de famille,
exploitant agricole : tout
avenir lui est bouché.
Dans son Art de la guerre,
Sun Tzu recommande
bien de toujours laisser une issue de fuite à
l’adversaire, sans jamais
l’acculer dans une position sans issue, afin que jamais le
désespoir ne le
contraigne à se battre férocement
jusqu’à la
mort. Manifestement Victoire
Brion, épouse Rivière, ignorait cette directive
de Sun
Tzu : elle a acculé
son fils à une action
désespérée et
héroïque, qu’elle n’avait
jamais prévue.
Comparons le témoignage de Pierre Rivière aux deux autres cas :
1. Victoire n’a jamais rien fait de bien dans sa vie. Pierre est irrémédiablement dans un camp, opposé à sa mère.
2. Il n’y a aucune désorientation dans le temps. Pierre est fort précis.
3. Il n’y a pas de volonté de détruire la filiation.
4. Il n’y a pas de négation des dépendances. Ici non plus on n’est donc pas dans une situation de construction paranoïaque.
5. L’idée de contrôle social qui fut secourable et pas seulement répressif, était quasi impensable dans la paysannerie en 1815-1835. Pourtant Pierre Rivière en était demandeur dans les limites de ce pensable. Pierre n’est pas dans la dissimulation, ni dans le cloisonnement des versions différentes selon les publics.
6. Pierre a un mobile pécuniaire : sa mère s’endette par joie de nuire à son mari, et menace de les spolier encore plus. Ce mobile est secondaire, car Pierre sait qu’il sera condamné à mort.
7. L’enjeu narcissique est évident. En s’offrant comme sacrifice humain, condamné à mort d’avance, Pierre pense compenser l’endommagement qui lui fut imposé, en portant parole au loin par son acte.
La représentation que Pierre Rivière se faisait de son public était erronée, et tout son plan de témoignage public échoua. Il ne soupçonna rien de l’idéologie raciste en usage chez les notables qui allaient désormais le soupeser et le disqualifier (juger), soit en magistrats, soit en aliénistes débutants, idéologie qui ne lui laissait aucune chance.
Le meurtre commis avec préméditation constitue un assassinat. Il est puni de la réclusion criminelle à perpétuité.
Le fait
d’exposer
directement autrui à un risque immédiat de mort
ou de
blessures de nature à
entraîner une mutilation ou une infirmité
permanente par
la violation
manifestement délibérée
d’une obligation
particulière de sécurité ou de
prudence imposée par la loi ou le règlement est
puni
d’un an d’emprisonnement
et de 100 000 F d’amende.
Art.
121-4 : Est
auteur de l’infraction la personne qui :
1) Commet les faits incriminés
2) Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit.
Art.
121-5 : La
tentative est constituée dès lors que,
manifestée
par un commencement
d’exécution, elle n’a
été suspendue ou
n’a manqué son effet qu’en raison de
circonstances indépendantes de la volonté de son
auteur.
Est complice
d’un crime ou
d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou
assistance, en a facilité la
préparation ou la consommation.
Est
également complice la
personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus
d’autorité ou de pouvoir
aura provoqué à une infraction ou
donné des
instructions pour la commettre.
Depuis
très peu de temps
(loi votée le 24 décembre 2001, mais encore sans
décret d’application), donc
très largement après les faits
incriminés, le
harcèlement moral est devenu
illégal dans le domaine du droit du travail. Toutefois deux
domaines de
harcèlement restent totalement impunis :
d’une part
la fonction publique,
qui reste exorbitante du droit du travail, et la famille.
La
législation se limite
en pratique au point 3 de l’article 16 de la
déclaration
universelle des droits
de l’homme, adoptée le 10 décembre
1948 : La
famille est l’élément
naturel et fondamental de la société et a droit
à
la protection de la société
et de l’état.
Sinon, les
quelques
articles du Code Civil, sont en pratique lettre morte :
Art 371.
L’enfant, à tout
âge, doit honneur et respect à ses père
et
mère.
Art. 371-1. Il
reste sous
leur autorité jusqu’à sa
majorité ou son
émancipation.
Art. 371-2.
L’autorité
appartient aux père et mère pour
protéger
l’enfant dans sa sécurité, sa
santé
et sa moralité. Ils ont à son égard
droit et
devoir de garde, de surveillance
et d’éducation.
Art. 371-4.
Les père et
mère ne peuvent, sauf motifs graves, faire obstacle aux
relations personnelles
de l’enfant avec ses grands-parents. A défaut
d’accord entre les parties, les
modalités de ces relations sont
réglées par le
« Juge aux affaires
familiales ». En considération de
situations
exceptionnelles, le
« juge aux affaires familiales »
peut accorder un
droit de
correspondance ou de visite à d’autres personnes,
parents
ou non.
Art. 372.
L’autorité
parentale est exercée en commun par les deux parents
s’ils
sont mariés. Elle
est également exercée en commun si les parents
d’un
enfant naturel l’ayant tous
deux reconnu avant qu’il ait l’âge
d’un an,
vivent en commun au moment de la
reconnaissance concomitante ou de la seconde reconnaissance.
Une nouvelle
loi est en
discussion, votée en première lecture
à
l’assemblée le 14 juin 2001, qui ne
sera pas applicable avant loin dans l’année 2002,
voire
2003. Pour la première
fois, elle proclamerait (en son état actuel), que
l’enfant
a le droit
d’entretenir des relations personnelles avec les membres de
chacune de ses
lignées.
La justice est
rendue au
nom du Peuple Français, mais un secret bien gardé
envers
le justiciable et
contribuable, ce sont les cadences d’abattage
imposées par
l’administration au
juge, et leurs grandes conséquences : un minimum de
mille
dossiers à
évacuer par juge et par an. Alors que
l’année
comporte nettement moins de deux
mille heures ouvrables. Sous réserve de confirmation,
à
Valence la cadence
monte à plus de deux mille dossiers par juge aux affaires
familiales.
Dans ces
conditions, un
jeu de jeunes avocats consiste à disposer certaines
pièces à l’envers dans le
dossier qu’ils remettent au juge, pour voir si elles
reviendront
à l’endroit.
Dans presque tous les cas, elles reviennent dans
l’état
initial, à
l’envers : le juge n’a jamais ouvert le
dossier, et
s’est fié à ses
préjugés et à ses impressions
d’audience,
pour trancher dans la vie des justiciables.
La pression
sur les
avocats est forte pour qu’ils ne
révèlent jamais
les impostures institutionnelles.
Vous justiciable, ignoriez que quand les avocats écrivent
(dans
leurs
conclusions) que dans telle pièce, il y a telle affirmation
ou
tel fait, ils ne
joignent PAS ladite pièce, que du reste le juge
n’aurait
jamais vérifié. Des
pièces finiront bien par être jointes, tout
à fait
à la fin de la procédure,
plusieurs années après, mais depuis des
années
déjà, le juge a pris des
dispositions provisoires-définitives, se basant juste sur la
rumeur d’avocat
qu’il y aurait ceci ou cela dans telle pièce, soit
annoncée au dossier, soit
délibérément
écartée du dossier pour
éviter que le juge vérifie jamais.
Pour moi
chercheur
professionnel, ce serait autant de fautes lourdes, que de pratiquer ce
genre de
crédulités. Mais le juge n’a pas ma
formation
professionnelle, et n’a pas pu
apprendre à prendre conscience de ses lacunes cognitives. Et
d’ailleurs il n’a
pas le choix, il doit se soumettre aux cadences d’abattage,
en
toute
irresponsabilité, ou se démettre.
C’est comme cela, au nom du Peuple Français.
Au nom du Peuple Français, j’en rougis de honte.
A ce niveau
d’imposture
administrative, on comprend que l’industrie du divorce soit
si
lucrative pour
les auxiliaires de Justice, qui peuvent se permettre tous les coups
sans jamais
prendre le risque d’une sanction : le juge est le
premier
à cacher qu’il ne
lit pas les dossiers. L’imposture est fort bien
protégée par le huis-clos des
Affaires Familiales : nul journaliste curieux, nul Georges
Courteline ne
sont autorisés à surprendre les
incohérences
(voire les monstruosités) de la
farce. Alors qu’au contraire les audiences
pénales, sauf
celles jugeant des
mineurs, sont toutes publiques. Un journaliste qui assiste une fois aux
audiences des flagrants délits du mois
d’août,
n’en revient pas de la brutalité
et de la désinvolture avec lesquelles fonctionne la Justice
de
classe. Du moins
a-t-il pu y assister, et en témoigner : les
audiences des
flags ne sont
pas secrètes, même au mois
d’août ;
tandis que les audiences des Affaires
Familiales sont secrètes, échappent à
toute
supervision et à toute
responsabilité.
Les divorces
conflictuels
avec enfants à déchirer sont une urgence
psychiatrique,
qui devraient mobiliser
les meilleurs thérapeutes et médiateurs. Au lieu
de cela,
on abandonne les
familles en dysfonctionnement aux dysfonctionnement du complexe
justice-juristes, qui en font aussitôt autant de champs de
bataille sanglants.
On ne choisit pas par hasard le métier de dépositaire du monopole de la violence légale, avec son apparat royal, ses cours, ses chambres, son parquet, son lit de justice, avec les formules courtisanes et obséquieuses en « Plaise au Tribunal… ». Dans tous les cas, le juge fait bien savoir que c’est lui/elle qui a le flingue, et qui peut s’en servir. Or la totalité des cas pathologiques de double-contrainte répertoriés par les systémistes exigent que les métacommunications sur l’absurdité de l’injonction paradoxale, soient interdites. Par exemple le cas mettant précisément en scène un juge, qui interroge ainsi son prévenu : « Avez-vous cessé de battre votre femme ? Répondez par oui ou par non ! ». Cette absurdité ne peut s’épanouir que par la position de supériorité absolutiste : le juge a les moyens d’interdire et réprimer impitoyablement la réponse : « Comment pourrais-je cesser, alors que je ne l’ai jamais battue ? », en prétextant que cette métacommunication outrage la Justice royale. Là où ce serait une faute professionnelle pour un thérapeute familial (ne pas métacommuniquer sur les injonctions paradoxales en exercice), le juge exerce son privilège de demeurer bloqué en position supérieure. Il bloque le justiciable en position inférieure. L’avocat le flagorne et le manipule dans sa position supérieure.
On ne choisit pas par hasard le métier de dépositaire du monopole de la violence légale. Dans le meilleur des cas, on le choisit par motivation justicière, dans le but de rendre vraiment service à la société et aux victimes. Dans le cas moyen, on choisit ce métier pour la garantie de l’emploi, dans un monde dangereux où l’emploi est si rare et si aléatoire. Dans les pires cas, on choisit ce métier par sadisme, pour pouvoir exercer la violence sans risques. Guy de Maupassant a donné quelques détails supplémentaires (Un fou ?). En Justice aux affaires familiales, dans la juridiction de notre ville, comme en d’autres juridictions, on en sait quelques exemples particulièrement malfaisants, par leur fanatisme et leur sadisme.
Au Pénal contre un
prévenu (on l’a vu avec l’affaire
Rivière),
au Civil contre un des divorçants,
le juge (et/ou le procureur au pénal) a toute latitude pour
exercer toute sa
ruse et son acharnement pour faire entrer sa proie dans son
scénario préétabli.
Et lui, il est garanti contre toute métacommunication qui
mette
en évidence le
caractère projectif de son exercice sadique au
mépris de
l’instruction méthodique
des faits. Nous verrons dans le cas
Genevrier/Gazonbleu/Frédégonde que le
groupe comprenant le juge est constitué autour du
préjugé de base Attaque-Fuite,
et qu’il se choisit pour leader l’avocat le plus
paranoïaque, qui fournit le
plus de « raisons »
de trouver un ennemi
à attaquer-fuir.
Une
plongée dans la
littérature mentionnée sur le Net est
édifiante : « Violences
familiales » implique que dans un couple
hétérosexuel, l’auteur de la
violence est le mâle adulte, que les victimes de la violence
sont
la femelle
adulte, éventuellement les enfants. En particulier sur le
site
canadien
hc-sc.gc.ca/hppb/ violence_familiale, la lutte contre les violences
familiales
est une chasse gardée féministe, et ses
critères
de sélection d’un sujet sont
ouvertement sexistes. La seule exception possible concerne les
violences entre
homosexuels.
Dans les débats sur le Net, leurs arguments sont que la force physique suffit à faire la totalité de la différence. Ils/elles oublient les raisons culturelles : il est des cultures qui valorisent la violence physique et la transgression des lois, comme nécessités pour être reconnu comme une personne, et au Québec par exemple, pour être reconnu pour un vrai adulte mâle. Il semblerait que ce fait culturel soit prudemment passé sous silence… Comme si ne plus le taire ouvrait la voie à investiguer d’autres faits culturels à ne pas ébruiter, tels que la pratique de la violence conjugale sournoise comme voie de passage obligée pour être reconnue par ses paires comme une vraie féministe, par exemple. Ou l’entr’obligation de faux témoignages contre leurs conjoints mâles respectifs, entre bonnes copines. Des faits culturels simplement maffieux.
Une
chronologie trimestre
par trimestre existe.
Il
s’agit d’une famille où
les barrières générationnelles sont
incertaines,
les coalitions transgénérationnelles
sont dominantes. Il est intéressant que le modèle
de la
coalition mère-fille
contre le mari ou contre le gendre, afin de vider de toute
signification le
lien conjugal, ne se reproduit que faiblement en ligne directe, mais
surtout de
belle-mère à bru, de Marimarg à
Gazonbleu, puisque
tels sont leurs pseudonymes.
Remarquable
est la
répétition de la
parthénogenèse de
mère à fille. Frédégonde a
caché la
conception du jeune Eudes au père prétendu. Ce
père prétendu n’a peut-être
rien
à voir avec le père biologique réel.
Eudes est
énergiquement privé de
grand-père (depuis l’âge de quatre mois
et demi)
comme de père (depuis
toujours).
La question de
la
conception adultérine de Frédégonde
n’a
curieusement été mise sur le tapis que
par elle-même, au printemps 1991. En principe, à
seize
ans, il est trop tard
pour commencer à se confectionner un roman
familial ; plus
couramment, on
fait cela vers sept ans. Selon Genevrier, le but de la manip
était de
l’humilier, ce n’était qu’une
nouvelle
variante des violences physiques et
verbales commanditées par la mère.
Déçues
qu’au lieu d’être
déstabilisé,
Genevrier fut plutôt puérilement
soulagé à
la perspective de n’être
génétiquement pour rien dans la genèse
d’un
pareil monstre (moralement
s’entend, pas physiquement), les deux femmes
basculèrent
de thèmes, pour des
thèmes politically
plus correct, plus
larmoyants : accusations publiques
d’avoir le SIDA, d’incestes, etc.
Vraie ou
fantasmée, la conception
adultérine de Frédégonde
fait en tout cas partie du roman familial transmis de mère
à fille : Ce
serait chouette que le père de ma fille ne soit pas mon
mari,
mais mon papa. Ou
si ce ne peut être lui, qu’au moins ce soit un
anonyme
mâle de passage,
incapable de concurrencer mon papa !
J’ai
relevé
cette petite annonce dans le canard local de
hum, « Nagoumari »,
là où
habitaient mes enfants, aux dernières
nouvelles.
« Ouvrier
à tout faire. Il devra entretenir une
propriété de 5250 m², sarcler,
bûcheronner,
faire les travaux de maçonnerie,
plomberie, électricité, et couverture.
Réparer les
huisseries. Il devra payer
mes factures et mes impôts, ne jamais ouvrir un livre, ne
jamais
ouvrir la
bouche. Il devra gardienner la maison quand nous partons en vacances.
Il ne
sera autorisé à pénétrer
aux deux
étages d’habitation que s’il en a
reçu
l’ordre, et en aucun cas il ne
pénétrera dans la
chambre à coucher.
Il devra
exécuter mes ordres avant que j’aie dû
trouver mes
mots pour les énoncer.
En cas
de
grève des travaux, même partielle, le licenciement
sera
immédiat.
Pedigree
exigé. Bref, il devra remplacer mon mari en tous points.
Présentez
votre candidature à la châtelaine de
Château La
Haine, tel 04 75.... »
Un
érotisme aussi
torride, cela m’a rappelé si fort ma
vingt-sixième année de mariage, que
j’ai eu envie
de vous en faire part, chers
lecteurs.
Paru au printemps 2000, sur ReseauContact.com, dans le forum : Sexualité. Le narrateur utilisait alors le nom de plume de « Synapse ».
Vous
avez remarqué
: on n’hésite pas à procéder
à
l’abattage
préventif des ovins et des bovins qui sont voisins
d’un
animal ayant contracté
la fièvre aphteuse. Hop ! Tout le monde à
l’abattage et au crématoire ! Comme
cela, notre réputation commerciale de pays
d’élevage sain, reste immaculée.
On
devrait suivre ce
salutaire exemple, et procéder de même
à l’abattage préventif des papas
dès que
leur rendement baisse. Dès qu’ils ne
sont plus capables de travailler quinze heures par jour, hop !
A
la trappe
! Sinon, c’est la porte ouverte à la gabegie, et
à
l’anarchie. Rendez-vous
compte, ils réclament qu’on leur adresse la parole
comme
à une personne
humaine, ils réclament qu’au lieu de tout
simplement
inspecter les travaux,
nous rendions aussi visite au travailleur ! Et en plus, ils ont
toujours mal à
au moins deux articulations : quand ce ne sont pas les coudes, ce sont
les épaules,
et toujours les lombes, absolument scandaleux !
Et en
plus, ils
réclament à voir leurs petits-enfants, ces
salopards de papas ! Non mais pour qui ils se prennent ? Les seuls
parents
autorisés, ce sont nous, les mères ! Les seuls
grands-parents autorisés, ce
sont nous, les grands-mères. Les mâles ne sont que
des
usurpateurs de fonctions
parentales, des sapeurs de notre absolutisme. Ce qui est atroce
à vivre, c’est
qu’ils réclament à ce que je garde
quelques
apparences
d’hétérosexualité, et
à
garder une activité sexuelle commune au couple au
delà de
leur rôle de
reproducteur ! Ça c’est le pire des scandales. Et
en plus
vous allez voir
qu’ils iront jusqu’à faire
grève des gros
travaux, ces salopards de papas
vieillissants. Le pire encore, c’est qu’ils vont se
mettre
à écrire la
chronique de la vie de famille, et trahir partout les secrets du
duummatronat.
Je ne
doute pas que vous
voterez toutes pour l’abattage et
l’éradication des papas. D’ailleurs ce
sont tous des
gniaââh misogynes ! Et des
témoins gênants...
De toute
urgence, il faut
procéder à l’abattage
systématique
des témoins gênants.
C’était
ma façon de célébrer ces trente
ans de mariage. En traitant de la paranoïa en
général, et de celle que j’ai
côtoyé vingt-sept ans en particulier. Du
harcèlement au long cours, et des tentatives
d’homicide aggravé en particulier
(“homicide
aggravé”, ce sont les mots du Code
Pénal. Le langage courant utilise les mots suivants :
assassinat
avec
préméditation).
Genevrier
: trente ans de mariage, et un
jour.
(paru sur
Rezoville.com,
18 décembre 2001).
Il était une fois une petite fille appelée Ellaelle, qui voyait sa mère comme un monstre horrible à neuf têtes. Bien sûr, sa mère était une mère normale, comme beaucoup d’autres, mais Ellaelle la voyait vraiment comme un monstre à tête changeante. Chacune de ces têtes représentait une violence, une menace et un danger pour la petite fille.
Voici la description succincte de chacune des neuf têtes :
1 - Une des ces têtes, par exemple, disait toujours le contraire de ce que disait la petite fille.
« T’es pas folle de dire ça. ». « Décidément, on ne peut rien te laisser faire, tu fais toujours des bêtises. ». « Tu veux toujours me contredire ! ».
2 - Une autre tête poussait des cris horribles chaque fois qu’elle faisait quelque chose pour elle-même. Elle devait faire pour les autres, seulement pour les autres, jamais pour elle-même !
3 - Une autre tête donnait des coups. Elle tapait violemment sur le dos, sur les fesses, sur le ventre et même sur la tête de la petite fille chaque fois que la mère était contrariée, ce qui arrivait souvent.
« Ah ! Tu n’es bonne à rien, tu es capable de tout. Je devrais te corriger plus souvent ! ».
4 - Une autre tête n’arrêtait pas de critiquer, de disqualifier, d’accuser et surtout la petite fille.
« C’est à cause de toi que ça ne va pas avec ton père. », « Si je suis malheureuse, c’est parce que tu n’en fais qu’à ta tête ! », « Tu n’arriveras jamais à rien, avec le caractère que tu as, personne ne voudras de toi. »
5 - Une autre tête parlait, parlait sans arrêt. Des centaines de mots envahissants occupaient tout l’espace, des choses mille fois dites et redites, répétées. Et la fille, qui se forçait à écouter, se perdait dans les paroles de sa mère.
« Personne ne me comprend, disait cette tête-là, c’est toujours moi qui dois comprendre, je passe ma vie à faire pour les autres et l’on voudrait que je sois heureuse. Un jour je me tuerais si ça continue, mais ça leur ferait trop plaisir. Je leur ferai voir, moi, de quoi je suis capable... »
6 - Une autre tête avait toujours un regard très sévère, plein de jugements. Quoi que la fille fasse, ce n’était jamais ce qu’elle aurait dû faire !
« Ah ! On ne peut jamais te faire confiance, c’est terrible, tu aurais pu mettre la table plutôt que de faire tes devoirs. Va plus loin, plutôt que de rester dans mes jupes, mais ne t’éloigne pas, car je peux avoir besoin de toi. »
7 - Une autre de ces têtes comparait toujours avec sa sœur !
« Ta sœur, elle ne m’aurait pas fait de la peine, elle... On n’a pas besoin de lui dire toujours la même chose, elle comprend vite, elle, je me demande vraiment de qui tu tiens ? »
8 - Une autre tête se plaignait de sa condition de mère.
« Je ne suis pas heureuse, j’aurais pu avoir une autre vie. Si tu n’étais pas là, j’aurais refait ma vie...! »
9 - Une autre tête traitait le père de menteur, de pauvre type, de faible d’esprit.
« On ne peut rien lui demander, il laisse tout faire. », « Mais qu’est-ce qui m’a pris le jour où je l’ai rencontré ? Je devais être aveugle, ce n’est pas possible. », « Qu’est-ce qui m’oblige à rester avec un homme qui n’en est pas un ? »
Cette petite fille était vraiment en difficulté, car elle ne savait pas à quelle tête obéir. Quand elle choisissait de satisfaire la première tête, c’était la troisième et le cinquième qui n’étaient pas contentes. Quand elle faisait son possible pour satisfaire la quatrième ou la sixième, c’était la septième et la neuvième qui se manifestaient.
Cette petite fille avait imaginé devenir folle pour échapper à toutes ces têtes. Elle avait rêvé de devenir nulle, inintelligente, inexistante. Oui c’est ça : « Ne plus exister pour ne plus souffrir. »
…
Il
était une fois une
autre petite fille qui était harcelée par une
autre
maman, qui se comportait
elle aussi comme un monstre à plusieurs têtes,
elle aussi
en réalité une
misérable petite fille pleine de peurs, dans un corps de
femme
adulte.
Combien de
têtes
avait-elle ?
Une tête
reprochait à la
fillette de ne pas être affectueuse, et de ne pas
être
spontanée.
Une tête
de ménagère
fébrile et anxieuse considérait la fillette comme
un
obstacle à l’accomplissement
des corvées ménagères. La fillette
trouvait
qu’on la posait sur le buffet pour
épousseter la table, puis sur la table pour
épousseter le
buffet. Plus tard, la
tête de ménagère anxieuse utilisa la
fillette comme
auxiliaire ménagère. Et les
reproches volaient.
Une tête
exigeait que la
fillette n’allât pas jouer avec d’autres
enfants, et
restât là, à la regarder
coudre ou repasser. A l’écouter aussi.
Une tête
ne tolérait
jamais que la fillette refermât la porte de sa chambre. Elle
surgissait
aussitôt furieuse :
« Enfin
! Qu’est-ce qu’une fille a à cacher
à sa
mère ! Qu’est-ce que ces cachotteries
? »
Une tête
pleine d’orgueil
faisait valoir à la fillette combien « Nous » sommes
supérieurs aux voisins, car notre terrain est au
coin de deux rues. La fillette
enviait ses
camarades d’école, qui pouvaient inviter des
camarades,
jouer avec elles, les
faire goûter à la maison, avoir des jeux et des
livres, et
qui n’était pas tant
surveillées et harcelées par leurs mamans.
Une tête
ne tolérait
aucune indépendance d’idées des
enfants. Si un
garçon exprimait une idée non
standard, le sarcasme volait bas : « Oh
! Tu as
l’air bête
! Tu as l’air bête ! ».
Une tête
savait sourire et
se faire flatteuse et solliciteuse. Adulte, l’ancienne
fillette
me montrait
avec dégoût les photos du mariage de sa
mère, sa
façon de se tortiller et
presque se coller à un oncle, et non au marié.
Une tête
était violemment
jalouse du sexe de sa fille. A l’adolescence, la fille se
voûta, comme pour
cacher ses seins naissants. Cela alla jusqu’au port du corset
:
les médecins
pensaient qu’ainsi ils libéreraient la croissance
d’une adolescente à qui
l’épanouissement et la
féminité
étaient justement interdites.
Nous
voilà avec environ
huit têtes...
Et plus tard,
une tête
exigea que la fille éprouvât plein
d’amour, et
aucune jalousie envers les
petits frères, nés quand les conditions
matérielles étaient bien moins dures,
et qui furent bien mieux traités qu’elle ne le fut
elle-même. Et en plus, eux
furent des garçons, et fêtés comme
tels. Alors que
la maman-hydre lui
reprochait d’être une fille, et de
n’avoir pas pu
remplacer le frère aîné
décédé à un an.
Contrairement
à la petite
fille contée par Jacques Salomé, celle-ci ne
tenta pas de
devenir schizophrène,
mais prit l’habitude de dissimuler. Elle devint une jalouse
obsessionnelle et
sournoise. Plus tard, devenue femme, elle ricanait en
détaillant
comment elle
faisait accuser sa maman par son papa, d’avoir
collé ses
crottes de nez sous le
fauteuil...
Une tête
d’emprunt (nous
voilà à la dixième tête !),
l’infirmière Smr, avait bien perçu la
part de
dissimulation
chez cette fille, mais elle en fit des
généralisations
hasardeuses. Tombée d’un
mur, chez des voisins, la fille se releva dans une autre
personnalité, tint des
propos jugés incohérents, ne reconnaissait
personne,
riait beaucoup. Puis elle
s’endormit sous les quolibets de sa mère et de
madame Smr.
Le soir, elle se
réveilla fortement abrutie, demanda où elle
était,
quel jour on était. La mère
continua de se moquer d’elle et de « ses
comédies ».
Rentré du travail, le père ne sut pas poser
de questions.
Et son papa ?
Il n’avait
qu’une seule tête, heureusement. Mais il a eu des
ulcères d’estomac. Oui bien
sûr il prenait gros sur lui, pour étouffer les
conflits et
les rancœurs avec
son employeur, qui profita lourdement de
l’habileté et de
la débrouillardise du
mécanicien. La fillette admirait beaucoup le courage,
l’habileté, et la
ténacité paysanne de son papa, qui construisit la
maison
seul. Elle trouvait
cela très très dur, de rentrer à pied
le soir de
Bois des Sarcasmes jusqu’à Versailles,
après que son père et sa mère aient
passé
des heures jusqu’à la nuit sur le
chantier. Une nuit, elle se coucha de tout son long sur le bitume. Son
papa dût
revenir en arrière, pour la prendre et la porter pour le
restant
du trajet. Et
les ulcères ? Je lui ai posé la question, et il
n’a
pas répondu encore. J’en
conclus qu’ils étaient bien dus aux conflits
conjugaux
étouffés. La fillette se
souvenait des propos très durs prononcés par le
père, sur le sang menstruel de
la mère. Bien plus tard, alors que la mère
commençait à mourir sous le harnais,
rongée de métastases,
épuisée entre sa
cuisine et la salle à manger, le père
marquait toujours durement son agacement pour l’imperfection
des
choix ménagers
menés par son épouse et sa belle-mère.
Oh la violence
des rires
et des sarcasmes des garçons envers leur
grand-mère ! La
joie du dernier quand
« Mémère »
tombait en sortant de la
voiture, et se blessait
douloureusement ! Cruel Bois des Sarcasmes.
Spectaculaire
fut la transformation
de ton grand-père par le veuvage. Certes, il souffrit de la
solitude. Nous
trouvions qu’il ne méritait pas une solitude si
dure, si
stricte. Mais il
semble n’avoir jamais su imaginer un autre sort. Et il devint
doux, doux ! Fini
l’agacement perpétuel, finie la hargne qui tente
de se
discipliner et de se
rationaliser. Une crème d’homme, que tu adorais,
et qui te
le rendait bien. Un
homme au narcisse fragile, que tu as souvent blessé, dans
ton
inconscience
d’enfant.
Ah ! ce couple
mère-fille
! Sans violence envers le gendre pourtant, juste
imperméable,
buté, borné. Un
couple mère-fille sans mots, tout dans les gestes
ménagers. Et de la buée, de
la buée à gros bouillons ! Le père
protestait
qu’il était obligé de refaire les
peintures trop souvent, qu’on faisait trop de buée
ici.
Comme tant d’autres,
elles n’avaient jamais réussi à
admettre que
l’eau bout à 100 °C, et que
laisser un feu de gaz d’enfer sous les marmites
évapore
davantage d’eau,
consomme davantage de gaz, mais ne fait pas davantage monter la
température à
l’intérieur des marmites. A faire bouillir fort,
ces
femmes se sentaient
exister.
Le père
et la fille
attendaient beaucoup l’un de l’autre. La fille
voulait de
la magie. Le père lui
posait longuement les données d’un
problème
mécanique, concernant tel outil de
jardin (la tondeuse à bras ?), et attendait que sa
fille
fit des efforts
intellectuels d’adulte, pour analyser rationnellement le
problème, et fournir
la solution rationnelle. Elle aurait voulu de la solution
presse-bouton, elle,
et surtout bien moins dure pour ses bras ! La fille compris assez vite
que pour
acheter l’estime de son père, il lui fallait des
succès scolaires. Un jour elle
promit avec enthousiasme : « Papa
! Tu seras fier de
moi ! ».
Tu ne
l’as pas connue, ta
grand-hydre à huit têtes, mon garçon.
Elle est
morte quand tu t’agitais dans le
ventre. Personne ne t’en a parlé, personne ne
t’a
expliqué par quel prodige,
vingt-deux ans après sa mort, c’est toujours elle
qui
détient le plus gros du
pouvoir dans ta famille. Je ne sais pas pourquoi ta maman a choisi de
poursuivre en faculté, alors qu’elle avait
déjà un métier
d’institutrice
assuré. Je sais pourquoi elle a choisi l’escalade
: cela
se déroulait le
dimanche, elle disposait donc d’une bonne raison pour
échapper au moins un
dimanche sur deux à ses parents. J’ai fini par
comprendre
pourquoi elle a jeté
son dévolu sur son moniteur d’escalade : elle
avait besoin
d’un allié contre sa
mère, un allié empathique et d’une
patience
inépuisable, qui lui permette de
grandir. Et puis, elle analysait mon avenir comme la promesse pour elle
d’échapper à son origine
ouvrière.
En ce temps
là, le monde
était simple : sa mère (ta grand-mère)
était toute mauvaise. Dès que les deux
femmes étaient en présence depuis dix minutes,
elles
étaient à se chamailler
comme chien et chat, impossibles à calmer. Une demi-heure
après la rupture, la
tête flatteuse et solliciteuse cherchait à faire
oublier
les horreurs qu’elle
venait d’expectorer, et se faisait mielleuse :
« Dis !
Fifille ! ».
Nous les avons reçus tous les quatre à la fin du
printemps, quand nous eûmes
fabriqué les meubles les plus essentiels à la vie
en
appartement. Ta
grand-hydre fit une moue de plus en plus sévère
et dure,
puis aboya à ta mère :
« Pourquoi tu ne ranges pas ton fouillis ?
- Je suis chez moi ! » lui répondit froidement la fille grandie, qui en avait assez de l’hydre à huit têtes, et ta grand-mère se le tint pour dit.
Bien que
j’aie souffert de
sa jalousie maladive, et des débuts de sa terrible loi du
silence, j’ai pu donner
à cette jalouse obsessionnelle quinze ans d’un
épanouissement improbable et
inespéré, je lui ai donné confiance en
elle.
Longuement j’avais décliné cette
fille qui me convenait aussi peu, qui était si visiblement
un
nid à problèmes
insolubles. Et puis j’ai fait face, et assumé la
situation
créée. Si tu
existes, garçon, c’est parce que ton papa ne tire
pas la
chasse d’eau sur les
gens. Etre amoureuse et ne pas être bafouée,
à mes
yeux, cela faisait partie de
ses droits, et un contrat est un contrat. Longtemps après,
elle
confia à ce
sujet, avec un sourire de triomphe « Et
puis tu sais
comment je
suis quand je veux quelque chose ! ».
Quinze années d’un épanouissement
inespéré; j’aurais voulu que cela
durât
trente-cinq ans de plus. Quoique morte, ta grand-hydre à
huit
têtes en décida
autrement, à titre d’introject dans la
tête de sa
fille. Entre temps,
l’épanouissement était spectaculaire,
et les petits
frères s’amusèrent bien
chez nous, que ce soit en peinture, ou en comédies de
Courteline
montées à
l’italienne, et dictions de Prévert.
Après
toutes ces
chamailleries de ces deux femmes, je m’étais
habitué à cette vision simpliste
de la belle-hydre toute mauvaise. Je fus bien surpris de
l’émotion de sa fille,
devant le visage calmé dans le cercueil. A
l’époque
j’ignorais tout du travail
de préparation des cadavres, pour qu’ils aient une
tête présentable aux
familles. Les choix que nous fîmes pour les
obsèques
montrèrent que tous nous
percevions comment avec toutes ses violences et ses sarcasmes, ses
malédictions
inexcusables, cette femme avait été une aimante
pleine de
maladresse et de
bêtise, mais une aimante tout de même. La
couturière
si heureuse de nous monter
un peignoir de bébé, et des accessoires
d’aide
à la gymnastique du bébé...
Mais jamais sa
fille ne
sut percevoir clairement que sa mère (et sa
grand-mère
aussi du reste) était
avant tout une petite fille pleine de peurs. C’est pourquoi
cette
histoire
évolue bien plus tristement que celle contée par
Jacques
Salomé. Ce fut un des
deuils les plus mal conduits, les plus inachevés de
l’histoire des pathologies
familiales, qui hélas en est pourtant si riche.
Te souviens-tu
de ces
trois ou quatre semaines passées chez grand-père,
quand
tu approchais quatre
ans ? Au moins tu te souviens que durant tout le retour en train vers
(hem !)
« Sottenville », vous
m’avez
apostrophé ainsi « Dis
grand-père ! Heu maman ! Heu papa ! »,
avant d’éclater tous deux de rire ?
C’est comme cela
que vous m’avez fait
comprendre que pour des enfants, nous les parents, ne sommes pas
vraiment des
individualités encore, nous sommes des fonctions : la
fonction
prendre-soin-de-moi. Pendant le séjour, la fonction
était
tenu par votre
grand-père; durant l’après-midi, vous
aviez eu
votre maman; et maintenant,
c’est moi qui vous ramenais à heure
décente
à la maison.
Durant cette
soirée, votre
mère était à l’Institut
Primal. Je ne
soupçonnais pas encore que l’avidité du
fric, et un fonctionnement en cour et en secte, pussent faire de tels
escrocs
d’A.J. et de sa cour, mais je n’allais pas tarder
à
l’apprendre. Ni votre mère
ni personne n’a jamais su pourquoi elle a voulu faire une
thérapie primale. La
seule chose que j’ai pu apprendre, est qu’elle
tenait par
dessus tout à passer
avant moi, sans savoir ce que c’était. Elle passa
donc
avant. Je lui ai dactylographié
son autobiographie : un long réquisitoire contre ses
parents,
contre sa mère
surtout. Je fus surpris et alarmé que
l’autobiographie
s’arrêtât avant le
mariage, déjà vieux de dix ans et demi : le
dernier tiers
de sa vie qui passait
au trou de mémoire ! Elle reprit contact avec de bons
aspects de
sa relation
filiale, quand l’animalité et la symbiose de la
relation
mère-bébé n’était
pas
encore obérées par
l’intolérance envers une
personnalité distincte. Mais elle
ne mit pas de mots, ou si peu, là dessus.
Décourager et
gêner la mise en mots
des sensations, faisait partie de la stratégie commerciale
de
cette secte, à
titre de démarcation contre les autres fautes
professionnelles
des sectes
concurrentes (notamment les lacaniens, très puissants alors
à Paris, qui
calembourdaient et jacassaient comme corneilles abattant noix).
Là
dessus, la secte
Primale abandonna froidement ta mère au début du
gué. Elle réagit en refermant
le couvercle avec une brutalité définitive. Elle
ne parla
plus jamais de sa
mère, refusa de se souvenir de quoi que ce soit. Tout le
passé devint interdit.
A compter de ce jour, l’hydre aux huit ou neuf
têtes
commença de se réincarner,
avec sa brutalité et sa sottise, dans sa fille. A compter de
ce
jour, presque
la totalité de la vie devint niée, à
l’exception de la vie ménagère, qui se
vit
survalorisée, et devint progressivement exclusive de tout le
reste.
De son
côté, quoique
douloureux de la truandise de la secte, ton papa n’abandonna
jamais le travail
sur soi et ses sentiments. Jamais.
D’autres
livres du même
Jacques Salomé détaillent les
« amours de
réparation », qui prennent
une cible de sa génération, comme substitut pour
réparer les défaillances de la
génération précédente. De
tels gestes de
réparations et de démonstrations, ta
famille en fut pleine, mon garçon.
Une
évidence : nous avons
élevé nos enfants avec un soin
« de
démonstration »; voilà comment
on
peut prendre soin d’enfants. Alors pourquoi nous, nous
n’avions obtenu que tant
de négligences (à nos yeux) ?
Un secret
jalousement
gardé : ton papa a aimé, entouré et
développé ta mère en
réparation de la
désinvolture
avec laquelle son père à lui, traitait - voire
brimait -
son épouse (ta
grand-mère paternelle). Il réparait la faute
paternelle.
Il réparait la
désinvolture de son oncle aussi : ton père
n’a
jamais oublié ce que fit à sa
jeune cousine Do, la perpétuelle quête de la femme
idéale, par son plus jeune
oncle. Encore une démonstration donc : Voilà
comment vous
auriez bien pu vous
conduire, la génération
précédente !
Un secret non
prouvé, mais
probable : les cinq premières années, ta
mère a
aimé ton père en démonstration
de la façon dont elle, elle aurait su aimer son
père bien
mieux que sa mère ne
le faisait. Symboliquement, elle éliminait et
remplaçait
sa mère dans le lit de
son père, lui rendant ainsi la monnaie de sa jalousie de
sexe.
Justement,
nous voici en
1983 : le couvercle sur le passé est refermé pour
toujours. Ça peut fermenter
sans contrôle, là dessous. Durant ce mois de
juillet si
chaud que les
plastiques ondulés de la véranda se sont
gondolés
et disloqués au point de plus
être étanches, nous voici chez ton
grand-père,
près de Granville. Là ta maman a
commencé de démontrer de façon
particulièrement insistante et pénible, que le
seul homme de sa vie, c’était bien son papa; et tu
vois
comment je le traite
mon mari, alors tu vois bien que je suis ta fifille à toi,
ton
seul vrai amour
!
Progressivement,
elle a
réincarné un à un les
défauts de son hydre
à huit têtes, la même façon
de pincer
les lèvres, de fulgurer du regard son mépris
à
l’égard de tout ce qui la
dépasse et qu’elle ne comprend pas. La
même sottise
péremptoire, les mêmes
sarcasmes si expéditifs, qui volent si bas, la
même
interdiction des
conversations qu’elle ne dominerait pas à 100%...
Le
même activisme ménager,
hermétique à toute hiérarchisation des
priorités, et hermétique à toute
concertation.
Ce qu’elle n’a jamais, jamais su imiter,
c’est que ta
grand-hydre avait le
courage d’essayer de se rabibocher après avoir
lancé des horreurs. Cela, la
fille de l’hydre ne le sut jamais. Le défaut
nouveau
qu’elle apportait, c’était
de disqualifier le lien conjugal et le mari par tous moyens, au profit
des
couples transgénérationnels disponibles :
fille-père avec son père,
bru-belle-mère, mère-fils avec toi,
mère-fille
avec les deux autres.
Elle
s’identifia à sa
persécutrice, et recopia de plus en plus de conduites de
persécutrice. Ayant
perdu la mémoire consciente de sa persécutrice,
elle ne
perdit pas pour autant
l’habitude de se méfier, et d’anticiper
de perverses
intentions. Pendant
plusieurs années, ton père ne sut pas
s’alarmer
suffisamment, car cela restait
encore l’employeur seul qui était la cible des
vengeances
de la fillette terrifiée
par son hydre à huit têtes. Ce fut
l’époque
des nombreux larcins dans les
collèges où ta maman enseignait. Elle resta
sourde
à toutes remontrances,
refusa de restituer aucun des larcins, et continuait...
Puis, à
la naissance de
cette petite dernière que tu as jalousée si
férocement, si odieusement, la tragédie
de la fille de l’hydre se referma sans issue. Un peu comme
une
psychose
puerpérale qui serait définitive, et qui
s’est
déroulée sur le mode paranoïaque
(ce qui est rare en la matière). Tu n’as sans
doute pas
gardé mémoire de ces
mois de juin et juillet, où ta mère batailla
contre toute
l’Inspection Primaire
et l’Inspection Académique, pour te faire sauter
une
classe, et t’envoyer dans
une école bien trop lointaine. Depuis sa victoire, tu as
régressé de la tête
vers les fonds de classe, constamment dépassé par
les
événements, excepté en
mathématiques pendant plusieurs années. Je
n’ai pas
eu les forces suffisantes
pour la raisonner et la calmer : qui peut calmer une telle
bête
de guerre ? Mes
objections et mes questions n’avaient aucune prise sur la
furie.
J’aurais dû
chercher des aides extérieures, pour empêcher
cette
connerie majuscule. Je n’ai
pas su les chercher.
Pris sous les
aboiement et
les ordres de la furie, je n’étais pas volontaire
pour
recommencer à me laisser
brimer et humilier, en sacrifice à son amour filial
incestueux
envers ton
grand-père. Là encore, je n’ai pas
réussi
à lui faire expliciter les raisons de
sa fureur perpétuelle, ni à lui faire entendre
mes
plaintes sur sa conduite.
A la
rentrée, elle répudia
le nom marital, et repris le nom de son père. En deux ans ce
fut
achevé :
c’était désormais ton papa qui
était
chargé d’être la mauvaise personne
désignée, le galeux d’où
venaient tous les
maux, et les autres aussi (aussi
ceux qui n’existèrent jamais).
La suite, je
sais que tu
refuses de t’en souvenir, mon garçon. Tu sais que
dans mes
courriers à André et
Suzanne, je détaillais tes efforts
désordonnés
pour tirer le maximum de ton
père pendant qu’il existait encore, pendant que tu
avais
encore deux parents.
Ces courrier furent écrits durant les prémisses
d’une accalmie de trois ans
dans la guerre contre ton père : la
déléguée à la violence
conjugale
était
partie à Amiens puis près de Lille, faire
semblant de
commencer des études
supérieures. Privée de sa
déléguée
à la violence conjugale, ta maman commença
bientôt à négocier un renversement
d’alliance
tactique, et à s’appuyer sur son
mari, pour pouvoir tenir tête à sa
créature de plus
en plus corrompue, de plus
en plus odieuse.
Curieusement,
ta sœur
aînée continua d’osciller entre les
violences, les
rodomontades, et les provocations
incestueuses, entre leur caractère naïf de
survalorisation
d’elle même, et
l’usage plus pervers : « et si je pouvais
en tirer un
chantage pécuniaire
? »
J’aurais
de beaucoup
préféré que ce conte finit aussi bien
que celui de
Jacques Salomé. Le sort nous
a bien autrement éprouvés. Chaque
année,
j’ai vu la paranoïa se blinder plus
épais, plus perfectionné, plus
hermétique... Tous
ces drames à cause d’une
petite fille pleine de peurs, qui était restée si
peureuse dans un corps de
femme adulte, qui avait tant et tant persécuté ta
maman.
Tous ces drames pour
une amnésie si violente envers cette malheureuse
travailleuse,
décédée voici
plus de vingt-deux ans, si intrusive, si abusive. Et
réincarnée avec une si
désolante fidélité, voire des
amplifications.
Et quand la
fille de
l’hydre eut 48 ans, l’âge
qu’avait sa
mère quand elle lui tourna le dos pour se
tourner vers l’escalade et le moniteur d’escalade,
elle fit
un sacrifice
humain. Elle
« démontra » que son
couple
à elle ne saurait survivre en
âge à son couple parental encore tout-puissant...
Ton papa qui a
tout vu
depuis plus de trente ans. Le témoin de trop qu’il
faut
absolument éliminer.
Ton papa qui a appris que les secrets de famille continuent de nuire
pendant
plusieurs générations, quand plus personne de
vivant
n’a plus la moindre idée
du contenu du secret, mais que tous restent prisonniers des conduites
rituelles
de garde du secret, et s’interdisent toute
lumière, toute
clarté, toute
communication franche ni honnête.
Genevrier.
Il
était une fois un papa
à qui on avait tout pris. On lui avait pris
d’abord ses
enfants, sa femme, puis
sa maison, ses livres, sa flûte, ses partitions, ses meubles,
les
objets d’art,
tous ses souvenirs, toutes les photos des enfants et de sa famille,
même son
piolet et ses crampons, même ses dossiers
médicaux. On lui
prenait aussi une
rançon tous les mois.
Il
était le seul père
qu’eussent ces enfants là. Plus de papa,
confisqué
pour les besoins de la
guerre.
C’étaient
les seuls
enfants qu’eût ce papa-là. Plus
d’enfants,
confisqués pour les besoins de la
guerre.
Il
était le seul
grand-père qu’eût ce
petit-là. Plus de
grand-père, confisqué pour les besoins
de la guerre. C’était le seul petit-fils
qu’eût ce grand-père-là. Plus
de
petit-fils, confisqué pour les besoins de la guerre.
Elle
était la seule
grand-mère vivante qu’eussent ces
enfants-là, la
seule arrière-grand-mère de ce
petit-là. Confisquée elle aussi, pour les besoins
de la
guerre. Confisquée la
tante, confisqués les cousins... pour les besoins de la
guerre.
On le
harcelait depuis des
années par un interminable procès en sorcellerie,
pour
prouver combien on avait
raison de le haïr et de le dépouiller (et pour
retarder le
plus possible la
liquidation de la communauté). Elle l’avait
acheté
à l’Université, comme un
investissement qui garantissait un changement de classe sociale. Et
comme un
allié à
la
patience inépuisable,
qui lui permette
enfin de grandir face à sa mère. Et comme un
reproducteur, qui lui donnerait
des enfants. Avant d’être une femme, elle avait
été une petite fille harcelée
par une maman-hydre à huit têtes. Une petite fille
? Pas
si vite ! Il fallait
d’abord qu’elle remplaçât un
frère
aîné mort avant sa naissance...
Avant
d’être un papa, il
avait été un garçon qui cherchait
à se
protéger les oreilles contre le jacassin
envahissant de sa maman. Et un petit garçon à qui
son
père interdisait toute
autodéfense contre les violences alentour : trop viril, et
toute
virilisation
faisait ombrage au papa du petit garçon. Un
garçon
à qui n’était laissé que le
lycée et la scolarité comme lieu
d’épanouissement partiel. Il fut
condamné à
l’isolement total, et une tentative de suicide lui laissa les
deux mains handicapées.
Le job du papa
n’était
jamais sécurisé. Certaines années
furent
confortables, d’autres furent d’une
dure misère. Les enfants furent la lumière du
couple; ils
adoraient leurs deux
parents, qui le leur rendaient bien. L’épouse du
papa
perdit sa mère. Elle
n’eut donc plus besoin de son mari comme allié
contre sa
mère; tandis que la
voie était libre pour repartir à la
conquête
incestueuse de son papa à elle.
Elle ne manqua plus une occasion de dévaloriser son mari en
comparaison de son
père.
Mais elle
avait encore
besoin de lui comme reproducteur. Enfin un troisième
bébé naquit. Du coup, elle
marqua clairement qu’elle n’avait plus besoin
d’un
mâle dans son lit, et que
l’inaction coite et l’impuissance seraient
désormais
exigées. La nuit, le mari
eut désormais l’obligation de se cantonner au
rôle
du cadavre chauffant. Les
enfants restèrent le foyer de lumière dans les
ténèbres, la promesse des fleurs
sous une banquise de glace.
Un voisine
quelque peu
jeteuse de sorts, perverse narcissique, intervint alors. Elle avait
besoin de
l’aînée,
Frédégonde, pour se
valoriser. Elle excita donc son mépris contre ses
deux parents. La mère réagit en redirigeant le
mépris de Frédégonde contre son
seul papa. En une année, Frédégonde se
coula dans
le rôle de déléguée
à la
violence conjugale. Quand Frédégonde partit en
stage de
kayak, son papa poussa
un grand soupir de soulagement : « Douze
jours sans
Frédégonde,
c’est toujours bon à prendre ! ».
Elle
s’appelait comme cela, Frédégonde, chez
les
barbares mérovingiens, et elle fut
la plus sanguinaire.
Les deux plus
jeunes
enfants louvoyèrent quelques années entre les
injonction
de la jalousie maternelle,
et leur besoin d’avoir deux parents pour quelques
années
encore, et mirent les
bouchées doubles pour tirer le maximum de leur papa, pendant
qu’il existait
encore. Leur aînée partit ne rien faire en Maths
Sup-Biologie, puis en fac,
puis en IUT, puis sur les marchés et brocantes, continua de
donner à tout le
monde des leçons péremptoires, mais à
crédit, continua d’accuser tout le monde.
Pour conclure sa dérive, elle attrapa un
spermatozoïde qui
passait, ce qui lui
permit de reprendre le statut social d’une
assistée.
Son papa et sa
maman la
reprirent à l’abri dans leur nouvelle maison, et
le
petit-fils poussa à merveille,
d’une énergie admirable.
Jusqu’à ce
qu’on lui interdise de faire fête à son
grand-père (et qu’on l’en prive
totalement), dont la
disparition (de préférence
par « suicide », ou par
« accident »), ou au moins
l’expulsion et la spoliation, était
programmées. Le
petit-fils cassa son
développement. Condamné à
l’isolement total,
le papa pleurait seul, et tenait
bon. Il prévint sa famille d’origine, du crime
parfait en
cours. Il sauvait sa
vie par l’écriture.
La valise ou
le cercueil !
Un cafouillage de l’employeur fournit la valise, et le
père lassé de faire face
à une guérilla féroce dans un huis
clos
isolé, un luxueux huis clos mortel,
saisit la valise, et repris des études dans la plus proche
grande ville. Les
neuf premiers mois furent une résurrection; il mincit de
neuf
kilos, recouvra
une santé inespérée, parvint
même parfois
à briser sa solitude. Pendant ce
temps-là, les deux tueuses affûtaient leur
dispositif. Le
procès est la continuation
de la même guerre, avec d’autres
méthodes,
d’autres dissimulations. Toute à sa
joie de nuire, la jeteuse de sorts ajouta le plus ahurissant des faux
témoignages.
Il resta
encore quelque
temps à ce papa sa petite dernière, sa
dernière
fille. Pas bien longtemps. Dans
la Mafia sicilienne, pour y entrer, il faut faire la preuve
qu’on
sait tuer. On
désigne au candidat la cible à tuer :
« A fatte
multo malo a tutti ! ».
La
maman et sa nouvelle
compagne désignèrent
à l’adolescente quels mensonges il fallait
raconter sur
son papa. Afin que les
deux femmes restassent ses seules parents, sans que plus rien ne
filtre. Le
juge resta dans l’inaction, et le coup de force accompli
resta
établi. La jeune
fille ne revit plus son papa, et ne lui parla plus jamais au
téléphone.
Dans son HLM
de pauvre, le
papa vit passer les samedis et les dimanches, qu’il avait
réservés à sa fille,
et qu’il passait seul, sa fille ne venant pas. Dans son HLM
de
pauvre, le papa
cherchait à rompre une solitude qui durait depuis la
naissance
d’Audowere (elle
s’appelait comme cela, chez les barbares
mérovingiens).
Il en entendit
de belles,
aux quatre vents de l’opinion des femmes...
L’une
lui reprocha d’être
trop vieux, l’autre trop jeune, mais toutes deux
d’être bien trop pauvre, trop
spolié, trop rançonné, pour
être un homme
intéressant.
L’une
lui reprocha d’être
nerveux, l’autre d’être calme et froid,
mais toutes
deux d’être bien trop
pauvre, trop spolié, trop rançonné,
pour
être un homme intéressant.
L’une
lui reprocha d’être
trop intellectuel, l’autre trop bricoleur, mais toutes deux
d’être bien trop
pauvre, trop spolié, trop rançonné,
pour
être un homme intéressant.
L’une
lui reprocha d’être
trop sportif, l’autre d’être trop fragile
d’épaules, et sans voiture, mais
toutes deux d’être bien trop pauvre, trop
spolié,
trop rançonné, pour être un
homme intéressant.
L’une
trop gai, trop
humoriste, l’autre trop sérieux, pas assez
fêtard,
etc. etc.
Et ce
qu’elles se
gardèrent bien de dire, mais qu’elles
manifestèrent
de façon assourdissante :
« Ho !
Mais s’il est si trempé et
autonome, comment vais-je le
tenir à 100% sous mon commandement ? »
L’écriture
lui servit de
passe-murailles, le maintint en vie. Le papa écrivit
d’abord ses mémoires. Puis
il écrivit des billets sur des forums publics. Quelques
poèmes non rimés. Des
essais. Surtout du rire. Il n’écrivait plus assez
d’articles scientifiques : il
n’y croyait plus. Les billets, les essais et les
poèmes
n’étaient pas conformes
aux principes du National-Féminisme, et les Sections
d’Assaut se livrèrent à
quelques autodafés. Les calomnies reprirent quelque temps,
jusqu’à ce que les
National-Féministes se ridiculisent, et se fissent oublier
un
temps.
Le papa
traversa la
France, pour joindre sa solitude à la solitude
d’une maman
encore plus durement
maltraitée par la vie que lui. Ils se donnèrent
de la
tendresse et de la
douceur le temps qu’ils purent. Le papa endossa les chantiers
et
les soucis de
sa nouvelle amie. Puis ils laissèrent un peu d’eux
mêmes derrière eux dans un
doux souvenir. Ils n’avaient pas les moyens de refaire la
géographie.
L’année
universitaire
reprit. Nous ignorons la suite du conte du papa qui mourait de solitude
à petit
froid. Je crois qu’il s’occupera d’autres
enfants
maltraités, autour de lui, et
d’autres familles qui commencent à
délirer, comme
la sienne a déliré, et qu’il
veut mettre fin à cette non-assistance à
personnes en
danger. Le plus dur,
c’est de réussir à franchir les
périodes de
vacances, quand tout s’arrête, même
le club de kayak.
Genevrier,
septembre 2000.
P.S. Nous sommes en octobre !
Nous joignons en annexe les pages 91 à 99 du volume 1, contenant l’attestation d’Alie Boron, qui fait actuellement l’objet d’une procédure pénale, et contenant la table des matières. Et la table des matières du volume 2.
L’auteur a été très surpris par le sujet d’examen de psychopathologie de l’adolescent, ce récent mois de mai 2002 : pas seulement parce que la pathologie de l’adolescent faisant l’objet du cas était légère (alors qu’au long du semestre, nous avons étudié des évolutions pathologiques lourdes), mais surtout par la phrase suivante : « Tout au long de l’entretien (la mère) a beaucoup de mal à ne pas laisser transparaître à l’égard de son ex-mari une haine très vive ». Or les propos rapportés ne sont en rien plus haineux que ceux qui vont être cités plus loin, qui sont des actes de Justice. Le narrateur aussi est surpris : c’est la première fois qu’il voit la haine à l’intérieur de la famille qualifiée de haine. Jusqu’à présent, il avait vécu sous une haine compacte depuis que son rôle de reproducteur fut terminé, à la naissance de leur dernier enfant, il y a seize ans de cela. Fils et petit-fils de féministes, le narrateur a été élevé dans un monde où toute haine est justifiée et sainte, du moment qu’elle est féminine et qu’elle vise des mâles.
Si
j’étais magistrat, je
m’estimerais outragé qu’on me croit
assez incapable pour avaler et de récompenser les outrances
qui
vont suivre.
Seulement je ne suis pas magistrat, et encore moins magistrate. Et si
l’avocate
a écrit les conclusions qu’elle a
écrites,
c’est qu’elle la connaît bien, sa
juge, et qu’elle est sûre de gagner. Elle sait
qu’il
lui suffit d’être la plus
haineuse pour remporter le leadership sur la juge, et sur
l’autre
avocate.
Telle qu’on l’a vue fonctionner à cette
occasion, la
Chambre des Affaires
Familiales est donc un théâtre de violation de
l’article 16 de la Déclaration
des Droits de l’Homme : « La
famille est
l’élément naturel et
fondamental de la société et a droit à
la
protection de la société et de
l’état ».
La
répudiation pour
convenance personnelle n’existant pas en droit
français,
elle est déguisée en divorce
pour faute. Cela donne ceci :
La suite fait
fond sur le
faux témoignage actuellement en attente
d’instruction au
Pénal. On se condamne
à ne rien comprendre, tant qu’on ignore que jamais
au
grand jamais, le juge
n’ira confronter les pièces invoquées,
avec ce que
l’avocat dit qu’on y trouve.
« …
Madame BORON, qui connaît le ménage Genevrier/GAZONBLEU depuis 1980, donne
une description très précise du mari. Elle expose qu’à cette époque, âgé de 37 ans,
le mari ne travaillait pas et poursuivait des études : l’épouse et les enfants étaient
dans la misère, ils manquaient de tout, même de nourriture convenable, alors que
les ordinateurs commençaient à apparaître dans le bureau du mari. Ce dernier,
quelque soit le moment de la Journée, expliquait se distraire dans son bureau,
paraît-il épuisé par son travail intellectuel que représentaient ses recherches...
cependant, madame BORON indique qu’habitant à une centaine de mètres du
domicile GENEVRIER, elle est passée chez eux des centaines de fois et n’a jamais vu
monsieur GENEVRIER que se distraire !
Elle a vu monsieur GENEVRIER frapper sa fille Frédégonde, alors âgée de 8 ans, pour une peccadille, la rouant de coups alors qu’elle était au sol où il l’avait fait tomber, elle l’a vu refuser à Frédégonde de porter une robe offerte par sa grand-mère car il s’agissait selon lui d’une robe « pour courir les garçons » alors que Frédégonde avait 9 ans.
Il n’a pas échappé à madame BORON que chaque fois que le mari s’absentait, les enfants se trouvaient soudain détendus, rieurs et heureux. Au retour du père, un vent de panique soufflait sur la maison.
Madame BORON précise que tout ce qui ne se rapporte pas à LUI est secondaire.
En parlant de lui, le mari se nomme « le savant ».
Monsieur GENEVRIER écrivait à son épouse en septembre 1997 qu’elle est paranoïaque
Lorsque madame GAZONBLEU a déposé sa requête en divorce, il a écrit à son fils Sigbert le 17 mai 1998 : « Donc ça y est : HITLER a envahi la Pologne. » et de tenter de mettre Sigbert dans son jeu et de le monter contre sa mère.(pièce 22)
Sigbert, plus raisonnable que son père, à fait suivre ce courrier à la concluante en précisant que «j’ai décidé de ne pas répondre, de ne pas me mêler d’une séparation qui ne me concerne pas. (pièce 23)
Le silence de Sigbert
n’empêchera pas monsieur GENEVRIER de lui
écrire
à plusieurs
reprises et notamment
le 13/08/1998: «j’ai commencé ici de
consigner mes
mémoires. Ma motivation
de départ était de questionner une seule des
répétitions :
comment se fait-il que
par deux fois la fille la plus complexée, la plus
névrosée et la
plus maladroite
s’amourachât de son moniteur de sport ? «
Le 20 novembre 1998, monsieur GENEVRIER écrit à son fils et lui demande expressément de prendre partie : « En régime de violence, la passivité n’est pas neutre, mais complice de la violence. C’est la mauvaise nouvelle du jour pour toi. Tu rêves d’être neutre, après avoir été longtemps complice actif de la violence de ta mère et de ta sœur. » II nomme le domicile conjugal le Château la Haine où règne une atmosphère pathologique. Il prétend que sa femme volait régulièrement dans les supermarchés.
Il indique écrire ses mémoires, ouvrage intitulé « Georgette et Frédégonde : la naufrage d’une famille par la haine - chronique d’un parricide presque parfait qu’elle espéraient bien réussir », Georgette est sa femme GAZONBLEU et Frédégonde, sa fille Frédégonde à laquelle il voue une haine incompréhensible.
Monsieur GENEVRIER a commencé à diffuser ce document dans lequel il précise qu’il a épousé la concluante par pitié et par charité... et dans lequel on relèvera, si le Tribunal a la courage de lire ces élucubrations. une haine pour sa femme et pour sa fille aînée particulièrement rare.
On apprend également dans ce document, que monsieur GENEVRIER a eu des aventures amoureuses avec d’autres femmes au cours du mariage...
L’ensemble des écrits de monsieur GENEVRIER démontre que face à chaque difficulté, lui seul détient la vérité, les autres sont des ignorants, des névrosés, des incapables, des menteurs. De façon un peu familière, on peut dire que monsieur GENEVRIER a un ego sur- dimensionné.
Même dans le cadre de son travail, il n’a pas admis qu’un inspecteur puisse émettre un avis contraire au sien sur sa façon de travailler avec les élèves.
Monsieur GENEVRIER écrit beaucoup, et ces écrits permettent de ce convaincre de sa violence verbale et de sa volonté de placer les autres en état d’infériorité.
Il a fait subir cette attitude pendant de longues années à la famille. Lorsque son épouse pliait devant toutes ses volontés et tous ses caprices, il la complimentait, lorsqu’elle n’a plus voulu se laisser faire et se laisser insulter, il a commencé à lui vouer une haine tenace, l’affublant de tous les défauts.
… »
Si
l’on
en croit ce
témoignage, Genevrier
serait un bonhomme fort peu net,
à
la fois fou dangereux
et simulateur, violent et paresseux, simultanément prude et
lubrique. Du jour
où Genevrier a lu le livre étudié en
première partie, il a déclaré avoir
compris quelle source avait été
utilisée pour
confectionner ce pantin à usage
de manipulation judiciaire : tous les maris
disgrâciés sont des Jean-Claude
Beaussart !
Hors dossier
judiciaire
civil (courrier
du 16 avril 1999), ladite Alie
Boron fait
état
de ses plaisanteries
sur la conception prétendue incestueuse du petit-fils de
Genevrier. Elle laisse
aussi comprendre que c’est bien elle qui a
instigué
Frédégonde contre ses deux
parents, pour la joie de nuire : sans équivoque est
son
exultation
triomphaliste de bien meilleures réussites scolaires finales
et
sociales de ses
propres enfants, comparées aux évolutions
lamentables des
enfants de la famille
Genevrier-Gazonbleu, dévorés par le
rôle de
supplétifs dans la guerre contre
leur père. Enfin elle se réjouit à
l’idée que l’accusation uxorale soit
fondée,
selon
laquelle le mari aurait le SIDA.
Ce courrier
n’est pas
joint.
Ce qui devrait attirer l’attention du lecteur, est que si 30% de ces fantaisies sont spécifiques à Alie Boron, 70% reviennent à Frédégonde. Ce qui en dit pas mal sur l’endommagement psychologique fait à cette fille par douze ans de recrutement par sa mère comme déléguée à la violence conjugale. Recruter des alliés contre son conjoint, ne serait-ce qu’en vue de la théâtralisation judiciaire finale, puisque le suicide espéré et planifié ne s’est jamais produit.
Le plus simple
est de
commencer par reprendre un billet de Genevrier, du 6 septembre 2000.
Une
jeune fille s’est jetée par la
portière, à quarante à
l’heure. Elle ne
supportait plus le pis-que-pendre que sa
mère et sa grand-mère
déblatéraient contre
son père. La voiture aurait pu
rouler plus vite, elle se serait jetée quand même;
elle
n’en pouvait plus, de
leur violence verbale. Ces deux femmes refusaient de voir leur
responsabilité
d’avoir poussé le père dehors par tous
moyens de
guérilla, et s’estimaient
odieusement trahies, quand il est bien parti, nu comme un ver.
Moi
aussi, j’ai toujours entendu les
violences verbales de ces deux femmes, collées
l’une
à l’autre, contre notre
père. Trop collée à sa mère
pour être
capable de qualifier le lien conjugal
avant le lien filial, ou au moins le préserver.
Même la
quatrième et la
cinquième génération continuent de
payer le prix
fort, pour la guerre
impitoyable que ma grand-mère fit à mon
grand-père. Jamais je n’ai entendu ma
grand-mère cesser de guerroyer contre les mâles...
Alors
contre son gendre,
puis contre son petit-fils (alors âgé
d’à
peine douze ans), elle s’en donna à
coeur joie : pouvoir enfin reprendre contre les
générations suivantes, sa
guerre conjugale interrompue par la séparation
définitive
(vers 1937) !
Un
peu comme les vichyssois profitèrent de
toutes les occasions, telles que le temps de la Guerre Froide, puis du
retour
de De Gaulle au pouvoir, pour reprendre sourdement leur guerre civile
interrompue
une première fois par la découverte du complot de
la
Cagoule, une seconde fois
par l’arrivée des armées
alliées, et la
Libération. En pratique, j’ai dû
attendre le septennat de Giscard (puis les suivants), pour voir la
pluralité
cesser d’être traitée en
« illégale par
nature » en France.
J’ai
vu recruter deux filles contre leur
père, depuis le début de leur adolescence,
jusqu’à son expulsion, puis sa mort
trois ans après. Il ne faut pas
s’ébahir si elles
ont accumulé les échecs, ni
si par leur muflerie, elles se sont fait une réputation
atroce
partout où elles
sont passées. C’est cela l’habitude de
la
corruption, d’avoir tous les droits,
du moment qu’on fait bloc avec sa mère pour isoler
et
piller complètement son
père; c’est cela l’habitude que leur
mère
prenne toujours leur parti, à chaque
réprimande par un professeur ou un surveillant.
J’en ai
entendu une exiger :
« Oui,
mais les 49 000 F d’assurance-vie, je les ai
dépensés
dans un trekking au Népal, alors j’ai besoin de
ton
appartement en urgence pour
le vendre ! »
J’avais
admiré la diction et la précision
du vocabulaire d’un petit garçon. A quatre ans, il
était capable de ne jamais
faire semblant de comprendre, mais de demander
systématiquement
le sens de chaque
mot nouveau pour lui. J’ai vu sa régression
spectaculaire
de la tête de classe,
vers les fonds de classe. Pardi ! Il fallait bien qu’il
collât à sa mère, et à
sa loi du « On parle
pas à
table ! ».
Je l’ai
entendu s’installer dans le bredouillement à
mi-voix de
propos non-construits
et incompréhensibles. Il fallait bien aussi qu’il
collât à la double injonction
:
1)
« Seules
les études
pénibles sont valides. Il n’est pas
question de s’amuser à apprendre, comme tu le fais
avec
ton père ! Ça me
fait de l’ombrage !
»
2)
« Tu
vois
qu’avec
toutes ses études, ton père a subi des
périodes de chômage effroyables. Donc les
études
sont de la merde. Seul compte
le pognon, et peu importe par quel moyen ».
Aussi,
je l’ai vu voler, trafiquer du
shit, et ne pas franchir en 4 ans une première
année de
DEUG. Depuis, je ne le
vois plus : il a trop de choses à cacher, probablement.
J’ai
vu une fille qui promettait
énormément, suivre une évolution bien
pire encore,
s’adonner au vol et au
chantage, s’installer confortablement aux
frontières de la
prostitution, taxant
systématiquement les garçons. On lui a
commandité
le parricide, et jusqu’à
présent, elle y a échoué.
J’apprécie
ma baraka. Elle recrute les voisins à
coups de calomnies, « Qu’attendez-vous
pour nous aider à le lyncher ? »...
J’ai
vu une mère poursuivre au long des
années son recrutement incestueux, réclamant
toujours un
des enfants pour
l’assister dans son bain, et lui faire la lecture, entrant
aussi
dans la baignoire
des enfants qui protestaient en vain. Etc. etc. Je n’ai
jamais vu
traduire au
Pénal les cas d’attentats à la pudeur
ou
d’incestes, quand ils sont menés par
la mère. Opinion personnelle à ce sujet : vu la
fréquence des cas réels, la
Justice est sans intérêt; non seulement elle est
incompétente à bien enquêter,
mais surtout totalement incompétente à
réparer les
victimes; de plus, les mieux
intentionnées des lois pénales sont si facilement
exploitées par les
maîtres-chanteurs. Quant à la
prévention, à
l’éducation, et aux moyens
curatifs, de loin le plus gros reste à faire, alors
qu’ils
sont les seuls à
être efficaces.
Franchement,
de retour de chez mes cousins
landais, de retour de chez mon amie Veuve Triste, je
préfère cette autre
planète si lointaine, où ni la guerre des sexes,
ni
l’individualisme forsené
n’ont pris le pouvoir. Toute guerre corrompt, pour longtemps.
Que
ce soit en
guerre civile ou en guerre familiale, utiliser et corrompre les enfants
est un
crime durable, très très durable. Et si facile !
Fin de
citation du
message.
D’une part, par cachotteries partagées, et par complot commun, Frédégonde se ressent comme transmetteuse de l’autorité de sa mère, supérieure à son père :
D’autre part, instiguée par la voisine Alie Boron et ses filles, la même Frédégonde entreprend bientôt de faire l’éducation de sa mère, qui visiblement n’entend rien à la façon de gouverner le monde par l’attrait sexuel. Et de taxer les mâles pour se faire acheter les plus coûteux des parfums.
Il ne faut pas autrement s’ébahir si à vingt-sept ans, elle traîne toujours à bac plus zéro. Il paraît qu’elle devient une commerçante. Et Genevrier n’a aucune nouvelle de son petit-fils depuis déjà quatre ans et demi. La mère et la fille restent prisonnières de leurs chantages réciproques et de leur complicité pour cogner sur le bouc émissaire, sans doute pour se cacher leurs luttes à mort pour le pouvoir dans le riche bunker. Et nul ne se soucie de les aider à sortir de ce silence de meurtrières qui ont raté leur coup, et qui sont obsédées de ne jamais avouer, jamais se trahir.
Les dégâts sur les autres enfants sont ou étaient moindres, quoique déjà très au delà de l’acceptable.
Les forums internet permettent à l’apprenti écrivain d’avoir rapidement des réactions de lecteurs, et de s’entraîner à réagir aussi vite qu’un journaliste, quoique ici ce soit de la littérature plutôt épistolière. Genevrier a donc pu découvrir sur ces trois sites, un lyonnais et deux québécois, combien la grammaire et l’orthographe sont relâchés chez l’immense majorité des lecteurs-auteurs, et combien ils lisent de façon hâtive et imprécise. Sa propre précision de langage, de scientifique scrupuleux, a assez souvent été perçue comme une injure suprême par des lecteurs-auteurs plus débraillés. Selon lui, plusieurs querelles ont eu pour motif : « Je t’ai reconnu ! Tu es tous les gniagniagniah que j’ai toujours rêvé d’abattre ! »
C’est dans ce contexte qu’il faut relativiser certains écrits extrêmement haineux. En juillet 2000, commentant le sabotage de frein de juillet 1998, auquel Genevrier avait eu la chance d’échapper indemne, une suissesse déclara : « Moi ! Je ne t’aurais pas loupé ! Sur ta photo ton regard me fait peur ! Tu as l’air de quelqu’un qui veut contrôler mon cerveau. » Une alsacienne, alors meneuse de la guerre hystérique contre ce bouc émissaire du jour, revint à la charge en décembre 2000, préconisant l’émasculation de Genevrier.
Sur le forum lyonnais, ça avait été en permanence pire encore, mais là c’était de la responsabilité directe des ouebmaistresses, que d’encourager les multiples identités pourvu qu’elles fussent féminines, de protéger les violences verbales pourvu qu’elles fussent féminines, etc. pour des raisons commerciales à courte vue. Les mœurs sur leur site restèrent très longtemps innommables, cloacales.
Au final, les comportements mafieux, Nazional-Féministes, ne forment pas, ou plus, la masse des réactions aux billets très dérangeants de Genevrier. Actuellement, sur Rezoville.com, les réactions sont plus calmes et nuancées.
Ce qui lui reste sur le cœur à long terme, ce sont les très longues et tenaces réactions de déni dans ce qui lui reste de famille d’origine, sa mère et sa sœur. Personne semble-t-il n’est assez au clair avec ses propres divorces, ou avec ceux de ses parents, pour étudier le nouveau cas comme un cas nouveau, dont les réalités sont à découvrir. Presque tous et surtout presque toutes exigent que le nouveau ne soit que la projection de leur ancien, et pressent le narrateur d’avouer que leur théâtralisation personnelle rend compte de tout et a réponse à tout. Avoue que mon idéologie a raison ! Avoue que dans toute séparation, les torts sont partagés, surtout sur l’homme. Et Genevrier répondit : Avoue que dans tout génocide, le génocidé partage cinquante pour cent des responsabilités ! Avoue que seule l’opposition est responsable de la cruauté des dictatures chilienne et argentine ! Avoue que les arméniens sont les vrais responsables de leur massacre par l’armée turque !
Genevrier ne se console toujours pas que les pressions de sa sœur aient été à ce point dirigées pour le dissuader de porter plainte pour le sabotage de freins, pendant que les traces matérielles étaient encore constatables. Il ne faut jamais passer l’éponge sur des tentatives d’homicide aggravé. Le déni est irresponsable, au long terme.
Comparons les témoignages contre Genevrier aux deux autres cas :
1. Genevrier n’a jamais rien fait de bien dans sa vie. C’est lui qui interdit tout rire et toute manifestation de désaccord ou d’indépendance. C’est lui qui rejette toutes responsabilités sur les autres, c’est lui qui est addict de la position supérieure et de la relation méprisante.
2. La désorientation dans le temps est totale. Trente ans d’écart ne leur pose aucun problème.
3. Il y a volonté de détruire toute filiation autre que maternelle.
4. Il y a négation des dépendances et des dettes, de l’ancienne relation d’amour. Ce que nous avions repéré comme un des symptômes de la paranoïa selon la définition restreinte[1]. Il est remarquable qu’ici les enfants sont exécuteurs de la paranoïa de leur mère, seule persécutée durant son enfance.
5. L’important est de tromper et esquiver tout contrôle social. La JAF convient à merveille dans ce rôle d’auxiliaire bien pratique à manipuler : avec deux mille dossiers à évacuer par an, dans un préjugé de base d’attaque-fuite, n’a jamais le temps d’ouvrir une seule des pièces qu’elle cite pourtant, faisant aveuglément confiance à l’avocate la plus paranoïaque.
6. Ces enfants ont un mobile pécuniaire. Ils sont intéressés et corrompus comme receleurs.
7. L’enjeu narcissique est contradictoire pour eux : pour flatter le narcissisme défaillant de leur mère, ils se fauchent eux-mêmes, et en paient un prix psychique élevé.
L’idéologie « Nous les femmes méritantes et vertueuses contre les mâles violents et lubriques » est utilisée à pleine puissance. Elle sert notamment à dissimuler l’addiction à la toute-puissance.
Appliquons la même grille critique sur le récit de Genevrier :
· Gazonbleu a fait du bien dans sa vie, et a des qualités. L’existence de l’amour entre eux n’est pas niée. Nombreux récits détaillant l’adoration réciproque entre enfants et parents, avant que la guerre antimaritale prenne tous les pouvoirs.
· La désorientation dans le temps semble nulle. L’individu est même obsessionnel de l’exactitude.
· Il y a volonté de restaurer toutes filiations, y inclus les filiations maternelles, scotomisées, telle que la filiation de Gazonbleu à sa mère, maltraitante.
· Il n’y a pas de négation des dépendances ni des dettes, ni de l’ancienne relation d’amour.
· La demande de contrôle social, d’expertise, de médiation et de soins est constante.
· Genevrier a un mobile pécuniaire. Exactement comme les réfugiés survivants de l’épuration ethnique de l’ex-Yougoslavie.
· L’enjeu narcissique est certain. Etre père de charognards corrompus, en plein délire sectaire pour les besoins de la guerre, et qui se fauchent eux-mêmes, lui est une grande douleur.
Pas d’idéologie disponible, ni même acceptée par le narrateur. Ce scientifique a toute sa vie ramé contre le courant. Alors que la majorité des gens cherchent un consensus pour s’y cacher, Genevrier va jusqu’à se méfier de lui même si un consensus le rejoint là où il était. Il se met aussitôt à chercher la faute de raisonnement qui fonde le consensus. Son proverbe est simple : le majoritaire est dispensé de vérifier, le minoritaire est contraint de tout vérifier avant d’être mis en pièces par les majoritaires. Donc le minoritaire travaille et vérifie plus. C’est là un proverbe de personne qui vit en contre-étayage.
Je conclus comme j’ai commencé :
Les divorces conflictuels avec enfants à déchirer sont une urgence psychiatrique, qui devrait mobiliser les meilleurs thérapeutes et médiateurs. Une urgence psychiatrique bien trop grave pour qu’on l’abandonne aux seuls juristes, qui vous amplifient le carnage au delà de l’irréparable.
En 1999, j’ai fait un mémoire de DEUG sur l’accueil des tentatives de suicides dans les hôpitaux. Dans l’ensemble, j’y ai trouvé des améliorations, mais fort inégales. Ma motivation était un arriéré de colère de quarante ans, pour la désinvolture et l’incompétence professionnelle ahurissantes, au temps, à l’âge de seize ans, où je revenais estropié et paralysé du récent coma toxique, vers une très lente guérison. Par inculture psychologique et par préjugés, on y loupait toutes les occasions de diagnostic et de prévention dans les drames de l’adolescent. Et que fait-on du symptôme criant qu’est un divorce conflictuel ? La société et ses moyens de contrôle social continuent de s’en laver les mains.
En 2002, je constate que quelques progrès législatifs se profilent à l’horizon du droit familial, qui me laissent très insatisfait (projet de loi en annexe). J’ai les plus grands doutes sur l’ampleur de la formation professionnelle des médiateurs familiaux qu’un décret mettra en place vers 2004 au mieux. A Lyon notamment, l’Université me semble prendre un gros retard pour appréhender la dynamique familiale et la formation professionnelle des thérapeutes familiaux, surtout ceux (les plus nombreux, selon les besoins sociaux) qui devront agir sous mandat. L’idéologie d’irresponsabilité, de paresse et de passivité, d’ésotérisme élitiste, qui sont cultivés par fidélité au culte de Notre Freud, sont des handicaps écrasants pour apprendre à saisir et agir dans l’urgence des violences familiales, qu’elles soient sournoises ou ouvertes. Lorsqu’une partie de la famille prépare un meurtre, il est irresponsable pour la thérapeute familiale d’obédience psychanalytique, de rester incurieuse et paresseuse en questions, de se contenter de parler argent à une avare, et de la renvoyer dans la nature continuer de préparer son meurtre en toute discrétion.
A l’heure actuelle, telle qu’est l’industrie du divorce pathologique et conflictuel, voire crapuleux, bien assise sur l’incapacité des magistrats à faire face à des responsabilités qui les dépassent professionnellement, là où plus c’est gros mieux ça passe, certaines personnes préparent un tribunal longtemps à l’avance, et modèlent leurs enfants pour leurs besoins conflictuels, comme alliés et faux témoins pour leur futur divorce. Le paysage serait autrement structuré si l’on sortait du mariage par passage obligé devant des thérapeutes familiaux fort expérimentés, à qui on ne la fait pas. Des années à l’avance, au lieu de préparer son gang mafieux, on prendrait conscience qu’en se mariant sous cette législation là, on a contracté une obligation morale de santé mentale. Que cette santé mentale là, elle sera évaluée, et la perversion éventuelle aussi.
Le seul risque, la retombée perverse possible, soit que désespérant de manipuler aussi facilement que maintenant le système judiciaire de façon à dépouiller et rançonner le conjoint, les personnes les plus perverses ne se tournent directement vers les tueurs à gage, pour éliminer l’homme ou la femme qu’on ne considère que pour ses biens. En Amérique Centrale, les prix d’un pistolero sont depuis longtemps incroyablement bas : cent dollars, voire localement dix fois moins. Ici, Genevrier ne doit la vie qu’au prix trop élevé des bons pistoleros pour son avare d’épouse. Pour combien de temps encore ?
Les trois cas rassemblés ici ont en commun de crier contre les défaillances du contrôle social, contre ces refus d’assistance à personnes en danger.
Pourtant le défaut contraire est aussi évident d’après d’autres sources. Aussi bien le juge Jean-Pierre Rosenczveig que des praticiens cliniciens dénoncent régulièrement des abus de pouvoir, des disqualifications des familles au profit d’une toute-puissance d’un des intervenants en position de pouvoir.
Je suis frappé combien l’orientation freudienne à outrance dans cette Université de Lyon 2 met en position d’incompétence et d’irresponsabilité devant la complexité, parfois la brutalité des dynamiques familiales.
Je ne vois pas comment des progrès pourraient advenir, tant que l’enseignement de la psychologie restera cantonné sur une idéologie de passivité et d’irresponsabilité, se contentant de se cacher derrière une phraséologie volontairement embrouillée. Il faut travailler activement la question du pouvoir et du management, travailler la question de l’éthique et de la loi dans les relations familiales et dans les relations d’éducation. Se contenter du culte de l’impuissance – oh mais recouverte de mots savants – serait éthiquement inadmissible, devant des familles et des institutions en proie à la corruption, au mépris, et au harcèlement.
Ackermans, Alain & Andolfi, Maurizio. La création du système thérapeutique. ESF 1987.
Andolfi, Maurizio ; Angelo, Claudio, & de Nichilo Andolfi, Marcella. Temps et mythe en thérapie familiale. ESF 1990 (1987).
Andolfi,
Maurizio. La
thérapie avec la
famille. ESF 1979.
Babu, Annie ; Biletta, Isabella; Bonnoure-Aufière, Pierrette; David-Jougneau, Maryvonne; Ditchev, Stéphane; Girot, Alain & Mariller, Noëlle. Médiation familiale, regards croisés et perspectives. Erès 1997.
Balicco, Christian. Pour en finir avec le harcèlement psychologique. Editions d’Organisation 2001.
Barudy, Jorge. La douleur invisible de l'enfance. Approche éco-systémique de la maltraitance. Erès 1997.
Benoit, Jean-Claude, Roume, Denis. La désaliénation systémique; les entretiens collectifs familiaux en institution. ESF 1986.
Berger, Maurice. Le travail thérapeutique avec la famille. Dunod 1995.
Berger,
Maurice. Entretiens
familiaux et champ transitionnel.
PUF
1986.
Berger, Maurice. L’enfant et la souffrance de la séparation. Dunod 1997.
Boscolo,
Luigi ; Cecchin, Gianfranco ;
Hoffman,
Lynn & Penn, Peggy. Le
modèle milanais de
thérapie familiale. ESF 1993
(1987 Basic Books).
Boszormenyi-Nagy,
Ivan & Framo,
. Thérapie
avec les familles.
Bowen, Murray. La différenciation du soi. les triangles et les systèmes émotifs familiaux. ESF 1984.
Caillé, Philippe. Un et un font trois. Le couple révélé à lui même. ESF 1991.
Chapelier, Jean-Bernard & Privat, Pierre. Violence, agressivité et groupe. Erès 1999.
Cirillo, Stefano & Di Blasio, Paula. La famille maltraitante. ESF 1992.
Collange, Christiane. Le divorce Boom. Fayard 1983.
Collectif. Maltraitance psychologique. Eds Fleurus psychopédagogie 1996.
Covey Stephen R. Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent. F1rst Editions 1996.
Covey, Stephen R. Les sept habitudes des familles épanouies. F1rst Editions 1998.
Delassus, Claire. Le secret ou l’intelligence interdite. Ed. Hommes et perspectives, 1993.
Dollé-Monglond, Brigitte. Introduction aux thérapies familiales. Une pensée, des pratiques. ESF 1998.
Dolto, Françoise. Quand les parents se séparent. Le Seuil, Paris 1988.
Dubertrand, Myriam (sous la direction de). Harcèlement : les réponses. Editions Liaisons 2002.
Dumesnil, François. Au cœur des psychoses précoces, le traitement relationnel. PUF, le fil rouge. Paris 1993.
Elkaïm,
Mony (sous la direction de) : Les
pratiques de
réseau. Santé mentale et contexte social.
ESF
1987. (Cités
dedans : 1- Speck R.-V., Attneave C.-L. - Family networks. New York,
Pantheon
Books, 1973. 2 - Speck R.-V., Speck J.-L.
"On networks : network
therapy, network intervention, and
networking". International Journal of Family Therapy, 1, 1979, pp 333 -
337.)
Forward, Susan. Parents toxiques. Comment échapper à leur emprise. Stock, Paris 1991.
Francke,
Linda Bird. Les enfants face
au
divorce. Leurs
réactions selon leur âge.
Laffont 1986, Paris.
« Growing up divorced »
1983.
Gavarini,
Laurence & Petitot Gavarini,
Françoise. La
fabrique de l’enfant maltraité : un
nouveau regard
sur l’enfant et la
famille.
Gerin
Paul & Vignat, Jean-P. L’identité
du
psychothérapeute. PUF 1984.
Goldstein, Joseph ; Freud, Anna & Solnit, Albert J. Avant d’invoquer l’intérêt de l’enfant. ESF Paris 1983 (1979).
Gruyer,
Françoise ; Fadier-Nisse, Martine
& Sabourin,
Pierre. La violence
impensable, inceste et maltraitance.
Nathan
1991.
Gutton, Philippe. Psychothérapie et adolescence. Presses Universitaires de France, Paris 2000.
Haley, Jay.
Changer
les couples. Entretiens avec Milton H. Erickson.
ESF,
Paris 1990 (1985).
Haley, Jay.
Nouvelles
stratégies en thérapie familiale. Le
problem-solving en psychothérapie
familiale. Jean-Pierre Delarge
éd. 1979. Jossey-Bass Inc, San
Francisco 1976.
Haley,
Jay. Tacticiens du pouvoir :
Jésus-Christ, le
psychanalyste, le schizophrène, et quelques autres.
(Chapitres
« Où
va la thérapie familiale »,
et « L’art
de la psychanalyse »).
ESF 1991
(1971 aux USA)
Haley,
Jay. Un thérapeute
hors du
commun : Milton H.
Erickson. Epi, Paris 1984
(Uncommon Therapy. W.W Norton & Comp. New York 1973).
Hamel, Françoise. Ida, histoire d'une parricide. Flammarion.
Heiremann, Magda. Du côté de chez soi, la thérapie contextuelle d’Ivan Boszormenyi-Nagy. ESF.
Hirigoyen, Marie-France. Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien. Syros 1998.
Lacroix,
Jean-Luc. L’individu,
sa
famille et son réseau.
ESF
1990.
Leahey,
Maureen & Wright, Lorraine M.. Familles
et maladies
psychosociales. MEDSI/McGraw-Hill
1991.
Leymannn Heinz. Mobbing. La persécution au travail. Seuil 1996 (1993).
Madanes,
Cloé. Stratégies
en
thérapie familiale. ESF 1991
(1981 : Strategy family
Therapy. Jossey-Bass Inc).
Madanes,
Cloé. Derrière
la glace
sans tain. L’art du
superviseur en thérapie familiale stratégique. ESF 1988. Jossey-Bass
Inc, San Francisco 1984.
Malarewicz, Jacques Antoine. Quatorze leçons de thérapie stratégique. ESF 1992.
Malarewicz, Jacques Antoine. Supervision en thérapie systémique. Le thérapeute familial et son superviseur. ESF 1999.
Malaurie, Philippe. Cours de Droit Civil. Tome III. La famille. Editions Cujas, Paris 1993.
Martin, Claude. L’après-divorce. Lien familial et vulnérabilité. Presses Universitaires de Rennes 1997.
McGoldrick, Monica & Gerson, Randy. Génogrammes et entretien familial. ESF 1990.
Miermont, Jacques. Psychose et thérapie familiale. ESF 1997.
Miller,
Alice. C’est
pour ton bien. Aubier.
Minuchin, Salvador. Familles en thérapie. Ed. France- Amérique, 1979.
Miollan, Claude. Divorce. Les enjeux psychologiques du droit de visite. PUG.
Munier, Jean Paul. L'identité virtuelle; les jeux de l'offre et de la demande dans le champ social. ESF 1993.
Napier, A. & Whitaker, Carl. Le creuset familial. Laffont 1980.
Navelet, Claude & Guérin-Carnelle, Brigitte. Psychologues au risque des institutions. Les enjeux d’un métier. Editions Frison-Roche.
Neuberger,
Robert. L’irrationnel
dans le
couple et la
famille. A propos des petits groupes et de ceux qui les inventent.
ESF
1988.
Neuberger, Robert. Le mythe familial. ESF.
Pluymaekers, Jacques (sous la direction de). Familles, institutions et approche systémique. ESF, Paris 1989.
Pourtois, Jean-Pierre & Desmet, Huguette. Relation familiale et résilience. L'Harmattan 2000.
Raoult, Patrick Ange (sous la direction de). Soufrances et violences : Psychopathologie des contextes familiaux. L'Harmattan 1999.
Rosenczveig, Jean-Pierre. Justice pour les enfants.
Rueveni U.
- Networking families in crisis. New York, Human Science Press, 1979.
Ruffiot, A. ; Eiguer, A. & Litowsky, D. ; Gear & Liendo ; Perrot. La thérapie familiale psychanalytique. Dunod, coll. inconscient et culture.
Ruffiot, A. ; Eiguer, A. ; Bérenstein, I. & Puget, Janine ; Decobert, S. & Soulé, M.. La thérapie psychanalytique du couple. Dunod, coll. inconscient et culture 1984.
Satir,
Virginia. Thérapie
du couple et
de la famille;
Thérapie familiale. épi 1971 (Conjoint
Family Therapy, Science
and Behavior
Books, 1964).
Selvini, Matteo. Mara Selvini Palazzoli, histoire d’une recherche. ESF 1987.
Selvini-Palazzoli, Mara ; Cirillo, Stefano ; Selvini, Marco & Sorrentino, Anna Maria. Les jeux psychotiques dans la famille. ESF.
Selvini-Palazzoli, Mara ; Boscolo, Luigi ; Cecchin, Gianfranco & Prata, Giuliana. Paradoxes et contre paradoxes. ESF. (1978).
Sironi,
Françoise. Bourreaux
et victimes, psychologie de la torture.
Edition
Odile Jacob 1999,
Théry,
Irène. Le
démariage.
Editions
Odile Jacob, Paris 1993.
Watzlawick, Paul & Weakland, John H. Sur l’interaction. Seuil 1981 (1977).
Whitaker,
Carl & Malone T. P. The
roots of Psychotherapy.
Brunner/Mazel, 1981.
Zeig, James. La technique d’Erickson.
LAVAU, Jacques, n°
étudiant 9927876.
TD de M. J.-P. Durif-Varembont,
Licence de Psychologie.
1.
Les
méthodes compatibles avec l’objet.
1.2.
Urgences
méprisées et problématiques
indésirables.
1.3.
Les
dénis du lecteur sont au centre de l’image.
2.1.
Résumé de
l’affaire Beaussart :
2.3.
Les
théâtralisations en jeu.
2.4.
Les
soutiens à la violence établie.
2.5.
Inquiétante,
parfois la Justice pénale.
2.6.
L’échec
total du contrôle social.
2.7.
L’enfant
parentifié, parent de sa mère.
2.7.1.
Parentifications
et instrumentalisations des enfants.
2.8.
Comment
fabrique-t-on un tortionnaire ?
2.8.1.
Les
symptômes à faire parler :
2.9.
Valeur
du matériel utilisé ?
2.10.
Conclusion
du cas Ida Beaussart.
3.2.1.
CHRONOLOGIE
DE LA FAMILLE RIVIÈRE
3.3.
Les
théâtralisations en jeu.
3.3.1.
Théâtralisations
modernes.
3.3.2.
Les
théâtralisations de l’époque.
3.4.
Les
symptômes qui furent relevés.
3.5.
Décevante,
la Justice civile…
3.6.
Les
soutiens à la violence à venir.
3.7.
Les
thèmes dominants dans le harcèlement conjugal.
3.8.
Parentisations
et instrumentalisations des enfants.
3.9.
La
grossesse instrumentalisée.
3.10.
Comment
fabrique-t-on un parricide ?
3.11.
Valeur
du matériel utilisé ?
4.
Cadre
légal de la maltraitance familiale sournoise.
4.1.
Les
tentatives d’homicide volontaire.
4.1.1.
Article
221-3 NCP (Nouveau Code Pénal) : du meurtre avec
préméditation.
4.1.2.
Article
223-1 NCP : de la mise en danger d’autrui.
4.1.3.
Article
121-4 et 121-5 NCP : de la tentative de crime.
4.1.4.
Article
121-7 NCP : de la complicité.
4.2.
L’assignation
à un enfant des missions de harcèlement et de
violence
contre son parent.
4.4.
On
ne métacommunique pas !
4.5.
Les
théâtralisations en usage délimitent le
champ
d’application réel du droit.
5.
Ta
mission est de liquider ce témoin
gênant : ton
père.
5.1.
Le
génogramme (Planche jointe).
5.2.
Des
billets à la manière de Swift, des contes
à la
manière de Jacques Salomé.
5.2.2.
Pour
l’abattage préventif des papas.
5.2.4.
Le
conte du papa qui mourait de solitude, à petit froid.
5.3.
Deux
volumes de mémoires.
5.4.
Là
où la haine est récompensée :
la Juridiction
Civile de la famille.
5.5.
Un
témoignage actuellement en cours d’instruction au
Pénal.
5.6.
Les
parentisations, et les dégâts aux
enfants :
5.6.1.
Guerres
familiales, et corruption des enfants.
5.6.2.
L’adolescente
en position supérieure simultanément
supérieure
à son père et à sa mère.
5.7.
Les
théâtralisations en jeu.
5.8.
Valeur
du matériel utilisé ?
5.9.
Conclusion du
cas Gazonbleu : une urgence psychiatrique
négligée et
massacrée.
Suivent seize pages
d’annexes avant
bibliographie.
[1] Lavau, J. Trois carapaces sur un cœur de confusion. : étiologie et structure d’une paranoïa. En circulation dans le département de Psychologie pour critique.