La route est faite dans la soirée de
mercredi 25 février. Difficile de trouver sa direction dans Pélussin :
je n'ai pas réussi à programmer le Tomtom au delà, et les indications
routières me sont cryptiques. C'est la direction du Bessat qu'il
fallait suivre.
Excepté le camping-car d'un musher avec ses traîneaux et ses six chiens - mais je ne les identifierai que le lendemain au jour -, je suis la seule voiture au collet de l'Oeillon, entre crêt de l'Oeillon et le crêt de Botte. Je commets l'erreur de me tasser tout près du muret du chasse-neige, comme si on était un dimanche d'affluence, et je le paierai cher deux jours plus tard.
L'équipement de bivouac dans la voiture est au point : matelas de mousse double épaisseur, environ 13 mm, sdc D4 0°C ultralight, avec un sac de coton de l'armée par dessus (hydrofugé à la cire liquide). Ils sont délicats à ajuster ensemble pour l'ouverture du visage. Je crois qu'à l'avenir je remplacerai cet ensemble par le seul Lafuma Mountain, dont les tissus sont plus robustes (le tissu intérieur est moins vulnérable à un ongle cassé, par exemple), et il pèse moins que la réunion des deux items.
La bouteille à pipi n'est pas à portée de main, je sortirai donc dans la nuit. Particularité : la portière arrière ne se manœuvre pas du tout de l'intérieur, il faut passer par l'avant et se chausser à l'avant.
Dans la nuit, vers 5 h, les chiens hurleront ensemble. C'est un peu trop grave pour être du loup, ça évoque aussi les amours des chats...
J'ai bien les grandes raquettes dans la voiture, mais je m'obstine à partir à skis : j'ai trop investi dans la préparation des skis, qui avaient accumulé du retard depuis 2011.
Ma cheville droite a morflé, s'échappant plusieurs fois par l'extérieur ; ça ne serait pas arrivé en raquettes.
Les Hagan de 160 cm vont bien avec des peluches étroites, mais les raquettes auraient bien mieux fait l'affaire.
A 140 cm mes cannes sont gravement trop longues, ce qui a lourdement compromis les redressements après chutes. Il y a eu confusion : en 2011 j'avais utilisé le même modèle, mais en 125 cm, et elles ont échappé à ma vue.
Ma préparation matérielle est donc très inégale, lacunaire.
Sans parler de la préparation physique, nulle : ma musculature est inadaptée, mon endurance réduite, mes articulations grognonnes
Le givre sur un épicéa :
Après ces deux photos, le bon appareil usuel, le Fuji HS 20 EXR refuse de se rallumer, sans doute le froid. Un poids mort, qui de plus sera exposé à se couvrir de glace par la suite. Le relai sera pris par le petit baroudeur étanche, celui qui me sert en kayak, ou quand j'encadre une régate, et à mon bord.
Au premier collet après le crêt de Botte, les panneaux sont givrés :
La neige sur un sapin :
Le givre sur les bourgeons d'un fayard :
Pin mugho ou pin sylvestre ?
Je croise le musher qui s'en retourne :
Une éclaircie laisse apparaître des altostratus en rides :
Autre éclaircie fugace en montant au crêt de la Perdrix :
Les skis posés sur la table d'orientation :
Au loin le Vercors, les Moucherolles, le Grand Veymont :
Zoom sur le Grand Veymont et Glandasse :
J'ai commis l'erreur de dépeauter au Crêt de la Perdrix. Dû improviser un itinéraire de descente. Voici la vue du versant Nord du massif, dans une éclaircie :
Des congères sont impossibles à ski. Contournement, au terme duquel je suis des traces fallacieuses, hors de ma route normale. Je n'avais pas encore sorti la boussole. De traces en traces (dont celles du musher qui a fait demi-tour, s'apercevant de son erreur), je me retrouve dans le flanc sud, bien trop bas.
La nuit tombe, bivouac.
Combien faut-il de palmes d'épicéa pour t'isoler correctement du froid de la neige ? Quand tu penses que tu as déjà beaucoup trop prélevé sur la nature, tu peux encore doubler, au moins. Better to be sued by twelve, than carried by six.
Une paracorde de 30 m c'est beaucoup, beaucoup trop long, 6 à 8 m auraient suffi. Ça améliore nettement la tenue du coin poussé par la réunion des cannes. Au bout de beaucoup de sorties pipi, mon gant gauche devient très dur à renfiler : plein de glace.
Le jour est revenu, il faut remonter vers la crête et les collets. Le mode survie, s'enfonçant à pieds, les skis sur le sac. Un arbre m'abrite juste assez de la neige pour que je réussisse à repeauter. Les semelles ne sont que presque sèches, mais ça collera quand même. Longs zig-zags pour remonter. En haut ça souffle à décorner les cocus, et chasser mon capuchon. Plus aucune route n'est plus lisible : le vent et la neige ont tout brouillé, il n'y a plus que des congères. Tout mon sort repose sur la boussole.
Besoin de pauser pour réarranger mon équipement, mes capuchons surtout. Impossible dans ce vent. Comme anticipé sur mon avis d'acheteur sur Amazon, le vent m'arrache l'abri des mains. Un arbuste providentiel l'arrête trente mètres plus loin.
Tentation de descendre dans la zone boisée début de face Nord, pour souffrir moins du vent. Les passages deviennent très délicats. Vingt minutes pour faire dix mètres, sur une congère exposée.
Voilà, je suis certain d'être sur la bonne voie. C'est alors que ma boussole me certifie que je fais de l'Ouest, au lieu de l'Est. Ai-je contourné à mon insu un pic qui m'aurait fait faire demi-tour ?
Non, une trouée de nuages m'a bien laissé apercevoir tout à l'heure des clôtures de pâtures et des routes qui sont bien celles sous le Crêt de la Perdrix. Je décide que c'est ma boussole qui déconne, et que je suis le moins mauvais orienteur du moment.
La petite pelle pliante en inox, à ensevelir les cacas, me rend un second service imprévisible, et cette fois vital : me dégager la rondelle de ma canne, que la neige a piégé et ne veut plus me rendre. Dans ces conditions, un skieur à qui manquerait une canne serait fort mal loti.
Un quart d'heure plus tard, une déchirure de nuages me laisse apparaître le pylône, puis j'arrive au col du Rachat, avec panneaux indicateurs. Les routes normales sont recouvertes, laquelle est la mienne ? Celle-ci va trop haut sous le crêt de Botte, et après deux gadins douloureux à la transition de poudreuse à glace noire, je déchausse et termine la descente à pieds. Arrivée à 18 h 35, nuit tombante.
Est-ce tout ?
Non, influencé par l'affluence des dimanches, je me suis garé bien trop près du muret poussé par le chasse-neige, je n'ai pas l'espace nécessaire pour chaîner la roue droite, et je suis bloqué. Ce n'est que ce samedi matin que je me suis fait aider en traction, et décoincer de mon piège de glace.
A présent tout est à peu près sec, sauf le sac à dos. Doigts douloureux, cuisses et cheville aussi.
Rendus à la maison, à présent ma boussole indique à nouveau un Nord normal. A qui se fier ?
La fermeture des capuchons est affaire vraiment délicate, dans le mauvais temps. Les gants ne doivent pas être trop ajustés.
Cette veste blanche militaro-camouflée a passé son baptême du feu avec succès : pas eu froid au tronc au bivouac, juste aux jambes, car mon surpantalon n'est pas assez thermique. http://www.toe-concept.com/veste-impermeable-fourree.html, bonne sauf le capuchon, délicat à manipuler et serrer.
Un vieux, qui n'est plus de niveau, mais qui a encore de l'expérience.
Excepté le camping-car d'un musher avec ses traîneaux et ses six chiens - mais je ne les identifierai que le lendemain au jour -, je suis la seule voiture au collet de l'Oeillon, entre crêt de l'Oeillon et le crêt de Botte. Je commets l'erreur de me tasser tout près du muret du chasse-neige, comme si on était un dimanche d'affluence, et je le paierai cher deux jours plus tard.
L'équipement de bivouac dans la voiture est au point : matelas de mousse double épaisseur, environ 13 mm, sdc D4 0°C ultralight, avec un sac de coton de l'armée par dessus (hydrofugé à la cire liquide). Ils sont délicats à ajuster ensemble pour l'ouverture du visage. Je crois qu'à l'avenir je remplacerai cet ensemble par le seul Lafuma Mountain, dont les tissus sont plus robustes (le tissu intérieur est moins vulnérable à un ongle cassé, par exemple), et il pèse moins que la réunion des deux items.
La bouteille à pipi n'est pas à portée de main, je sortirai donc dans la nuit. Particularité : la portière arrière ne se manœuvre pas du tout de l'intérieur, il faut passer par l'avant et se chausser à l'avant.
Dans la nuit, vers 5 h, les chiens hurleront ensemble. C'est un peu trop grave pour être du loup, ça évoque aussi les amours des chats...
J'ai bien les grandes raquettes dans la voiture, mais je m'obstine à partir à skis : j'ai trop investi dans la préparation des skis, qui avaient accumulé du retard depuis 2011.
Ma cheville droite a morflé, s'échappant plusieurs fois par l'extérieur ; ça ne serait pas arrivé en raquettes.
Les Hagan de 160 cm vont bien avec des peluches étroites, mais les raquettes auraient bien mieux fait l'affaire.
A 140 cm mes cannes sont gravement trop longues, ce qui a lourdement compromis les redressements après chutes. Il y a eu confusion : en 2011 j'avais utilisé le même modèle, mais en 125 cm, et elles ont échappé à ma vue.
Ma préparation matérielle est donc très inégale, lacunaire.
Sans parler de la préparation physique, nulle : ma musculature est inadaptée, mon endurance réduite, mes articulations grognonnes
Le givre sur un épicéa :
Après ces deux photos, le bon appareil usuel, le Fuji HS 20 EXR refuse de se rallumer, sans doute le froid. Un poids mort, qui de plus sera exposé à se couvrir de glace par la suite. Le relai sera pris par le petit baroudeur étanche, celui qui me sert en kayak, ou quand j'encadre une régate, et à mon bord.
Au premier collet après le crêt de Botte, les panneaux sont givrés :
La neige sur un sapin :
Le givre sur les bourgeons d'un fayard :
Pin mugho ou pin sylvestre ?
Je croise le musher qui s'en retourne :
Une éclaircie laisse apparaître des altostratus en rides :
Autre éclaircie fugace en montant au crêt de la Perdrix :
Les skis posés sur la table d'orientation :
Au loin le Vercors, les Moucherolles, le Grand Veymont :
Zoom sur le Grand Veymont et Glandasse :
J'ai commis l'erreur de dépeauter au Crêt de la Perdrix. Dû improviser un itinéraire de descente. Voici la vue du versant Nord du massif, dans une éclaircie :
Des congères sont impossibles à ski. Contournement, au terme duquel je suis des traces fallacieuses, hors de ma route normale. Je n'avais pas encore sorti la boussole. De traces en traces (dont celles du musher qui a fait demi-tour, s'apercevant de son erreur), je me retrouve dans le flanc sud, bien trop bas.
La nuit tombe, bivouac.
Combien faut-il de palmes d'épicéa pour t'isoler correctement du froid de la neige ? Quand tu penses que tu as déjà beaucoup trop prélevé sur la nature, tu peux encore doubler, au moins. Better to be sued by twelve, than carried by six.
Une paracorde de 30 m c'est beaucoup, beaucoup trop long, 6 à 8 m auraient suffi. Ça améliore nettement la tenue du coin poussé par la réunion des cannes. Au bout de beaucoup de sorties pipi, mon gant gauche devient très dur à renfiler : plein de glace.
Le jour est revenu, il faut remonter vers la crête et les collets. Le mode survie, s'enfonçant à pieds, les skis sur le sac. Un arbre m'abrite juste assez de la neige pour que je réussisse à repeauter. Les semelles ne sont que presque sèches, mais ça collera quand même. Longs zig-zags pour remonter. En haut ça souffle à décorner les cocus, et chasser mon capuchon. Plus aucune route n'est plus lisible : le vent et la neige ont tout brouillé, il n'y a plus que des congères. Tout mon sort repose sur la boussole.
Besoin de pauser pour réarranger mon équipement, mes capuchons surtout. Impossible dans ce vent. Comme anticipé sur mon avis d'acheteur sur Amazon, le vent m'arrache l'abri des mains. Un arbuste providentiel l'arrête trente mètres plus loin.
Tentation de descendre dans la zone boisée début de face Nord, pour souffrir moins du vent. Les passages deviennent très délicats. Vingt minutes pour faire dix mètres, sur une congère exposée.
Voilà, je suis certain d'être sur la bonne voie. C'est alors que ma boussole me certifie que je fais de l'Ouest, au lieu de l'Est. Ai-je contourné à mon insu un pic qui m'aurait fait faire demi-tour ?
Non, une trouée de nuages m'a bien laissé apercevoir tout à l'heure des clôtures de pâtures et des routes qui sont bien celles sous le Crêt de la Perdrix. Je décide que c'est ma boussole qui déconne, et que je suis le moins mauvais orienteur du moment.
La petite pelle pliante en inox, à ensevelir les cacas, me rend un second service imprévisible, et cette fois vital : me dégager la rondelle de ma canne, que la neige a piégé et ne veut plus me rendre. Dans ces conditions, un skieur à qui manquerait une canne serait fort mal loti.
Un quart d'heure plus tard, une déchirure de nuages me laisse apparaître le pylône, puis j'arrive au col du Rachat, avec panneaux indicateurs. Les routes normales sont recouvertes, laquelle est la mienne ? Celle-ci va trop haut sous le crêt de Botte, et après deux gadins douloureux à la transition de poudreuse à glace noire, je déchausse et termine la descente à pieds. Arrivée à 18 h 35, nuit tombante.
Est-ce tout ?
Non, influencé par l'affluence des dimanches, je me suis garé bien trop près du muret poussé par le chasse-neige, je n'ai pas l'espace nécessaire pour chaîner la roue droite, et je suis bloqué. Ce n'est que ce samedi matin que je me suis fait aider en traction, et décoincer de mon piège de glace.
A présent tout est à peu près sec, sauf le sac à dos. Doigts douloureux, cuisses et cheville aussi.
Rendus à la maison, à présent ma boussole indique à nouveau un Nord normal. A qui se fier ?
La fermeture des capuchons est affaire vraiment délicate, dans le mauvais temps. Les gants ne doivent pas être trop ajustés.
Cette veste blanche militaro-camouflée a passé son baptême du feu avec succès : pas eu froid au tronc au bivouac, juste aux jambes, car mon surpantalon n'est pas assez thermique. http://www.toe-concept.com/veste-impermeable-fourree.html, bonne sauf le capuchon, délicat à manipuler et serrer.
Un vieux, qui n'est plus de niveau, mais qui a encore de l'expérience.