Typologie des croyants à un délire
collectif.
Dans l'échelle sociale des croyants, on
distingue quatre
marches, plus des subdivisions :
1 - Les crédules naïfs, et leur
évolution
possible en crédules paresseux.
J'appartenais à cette catégorie quand j'avais
quatre ans
: le p'tit
Jésus, le
Père Noël, le dieu qui a
créé tous les zècres, je
gobais tout,
à cet
âge-là.
A cet âge-là, non seulement on n'a pas encore
été confrontés aux preuves du
caractère
contrafactuel des croyances reçues, mais surtout on n'a pas
encore l'équipement neurologique pour découdre un
tissu
de mensonges, quand vos propres parents sont vêtus de ce
tissu de
mensonges.
On me suggère d'ajouter la subdivision des
crédules
paresseux, style : "Mon père
était catholique,
mon grand-père était
catholique, donc je suis catholique, et si ca fonctionnait pour eux,
cela va fonctionner pour moi." Michel de Montaigne
s'expliquait
de même par cette phrase à
l'ambiguïté totale
: "Je suis catholique au
même
titre que périgourdin".
Cette loyauté automatique à sa famille d'origine
et aux
croyances de sa famille d'origine, ne tient la route que dans la
stricte mesure où l'on n'a pas été
maltraité par ceux-là. Bien sûr, quand
cette
famille d'origine maltraitait, ou faisait maltraiter par ses
exécuteurs des basses oeuvres, les devoirs de
loyauté
transgénérationnelle sont violés
dès
l'origine, et nous voilà délivrés de
tout devoir
de fidélité envers leurs croyances de
tortionnaires et
imposteurs.
2 - Les dévots.
avec deux sous-degrés (et tous les intergrades
possibles) :
* Les dévots naïfs mais adultes, voire
âgés, mais encore non despotiques.
A 81 ans, et mourant d'un cancer, André T.
appartenait encore et toujours à cette catégorie,
et se
cachait la tête dans le sable. Il prêchait pour que
moi
aussi je me cachasse la tête dans le sable, et son
prêche
pour l'aveuglement fit le plus grand profit des tueuses
conjurées. Promis, je ne publierai les délires
d'André qu'après la disparition de sa veuve.
Plus généralement, ils souffrent tous de graves
lacunes
à leur entendement, par entraînement aux
dénis de
réalité quotidiens. Faire le fou un jour
ça va,
tous les jours, bonjour les dégâts.
Réciproquement,
nous avons des raisons de conjecturer qu'ils sont dévots
justement parce qu'ils ont un besoin personnel à
dénier
des réalités, et que le délire externe
prêt-à-porter remplit justement cette fonction
d'aide au
déni de réalité. A leur âge,
ils ont
été confrontés à des
preuves du
caractère délirant de leurs croyances, mais ils
n'en ont
jamais tenu compte.
* Les dévots
despotiques.
Adhérer à un délire existant, qui leur
semble
puissant ou victorieux, ou prochainement victorieux, leur permet
d'exercer leur despotisme sur leurs prochains.
Exemple comique : la vieille mère bigote et tyrannique dans
le
film "Whisky à gogo". Seul le whisky
échoué sur
l'île parvient à mettre fin à sa totale
hostilité au mariage de son fils...
Le ouebmestre de forum.sceptiques.qc.ca
en donne aussi un exemple démonstratif à http://forum.sceptiques.qc.ca/viewtopic.php?f=20&t=4189.
Suite,
messages de
censure systématique.
En quoi diffèrent-ils des précédents ?
Leur
narcissisme est bien plus
insécure et excité. Leur vanité
dépasse de
si loin leurs compétences
réelles, qu'ils ont constamment peur que leurs impostures
éclatent au
grand jour. D'où leur impatience à tout
contrôler
de vous, à exercer le
contrôle total sur la relation, et sur vos
représentations.
3 - Les manipulateurs
cyniques.
Non, ils n'y croient pas vraiment, aux crédulités
qu'ils
exigent des autres, mais ils font mine d'adhérer
à un
délire prêt à porter, pour accentuer
leur emprise
sur le petit peuple. Ce sont des pervers accomplis.
Le shah Mohammed Reza Pahlavi en était un exemple.
Napoléon Bonaparte aussi. L'armée
algérienne et le
FLN aussi, qui ont appuyé le sectarisme et
l'intégrisme
musulman, pour mieux abêtir et déculturer les
masses
populaires à exploiter.
Jacasse, Reine-Mère fuie de tous, en donnait un autre
exemple
vers 1969, quand elle se plaignait que sa fille "n'ait
pas reçu d'éducation religieuse. Si Florence
avait
reçu une éducation religieuse, elle me
respecterait et
m'obéirait". Autres exemples des techniques
manipulatoires de la Reine-Mère à http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/Fam_Lavau/Delire_borderline_Reine-Mere.html
et à Les
guignols de la malveillance.
Le livre de Sandor Kopácsi, Au
nom de la classe
ouvrière,
donne plusieurs exemples saisissants de ces manipulations cyniques de
dogmes négateurs de réalité.
Numérisations
partielles à http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=322.0.
Extrait du 23 octobre 1956 :
A la
grande surprise
de tout le monde, le « nouveau camarade conseiller
soviétique » se leva sans même demander
la parole.
D'un geste bien
caractéristique de la main, il écarta du front
ses
cheveux rebelles,
fit signe à son interprète et se mit à
parler en
martelant chaque
syllabe.
- Les
fascistes et
les impérialistes font descendre dans
la rue de Budapest leurs troupes de choc, et il y a encore
des
camarades des forces armées de votre pays qui
hésitent
à employer des
armes !
L'interprète traduisit, et nous
écoutâmes bouche
bée. Nous
eûmes droit aux capitalistes
déguisés en étudiants, aux
représentants
des propriétaires terriens qui fourbissent leurs armes dans
les
rues,
et à la nécessité « d'une
leçon
à donner à la pègre fasciste
». Toute
la phraséologie agressive et éculée de
la Pravda,
tout le clairon
stalinien de la guerre froide datant de trois ans. En catimini, les
vice-ministres échangèrent des regards. Non, en
Hongrie,
en 1956, ce
style n'était plus de mise. Ces grands officiers de la
Sécurité
hongroise n'étaient assurément pas des
démocrates
: ils croyaient dur
comme fer à la nécessité d'employer la
force le
cas échéant. Mais le
sabir d'autrefois les dérangeait. Ils m'adressaient des
signes
d'encouragement pour que je réponde à cet inconnu.
- Vous
permettez, camarade ministre ? Un mot seulement. Visiblement le
camarade conseiller venant de Moscou n'a pas eu le temps de s'informer
de la situation de notre pays. Il faudrait que nous lui disions : ce ne
sont pas les « fascistes » et autres «
impérialistes » qui projettent
la manifestation, ce sont les universitaires, fils et filles de paysans
et d'ouvriers triés sur le volet, la fine fleur de
l'intelligentsia de
notre pays qui réclame ses droits et veut manifester sa
sympathie pour
les Polonais.
Rouge comme une tomate, le petit civil parla tout bas
avec le ministre. Il s'était fait traduire mes propos ; il
piquait une
colère.
Les vice-ministres prirent la parole, l'un après l'autre, et
demandèrent à tour de rôle au ministre
de se
décharger de la
responsabilité de l'interdiction au profit des instances
supérieures du
parti.
- Bien.
Le ministre décrocha le «
téléphone rouge
» une
seconde plus tard, il eut en ligne le camarade Gero à qui il
fit
part
brièvement de mon avis.
Le premier secrétaire du parti pria le ministre de patienter
sans raccrocher.
Nous
gardâmes le silence. L'inconnu en civil me fixa longuement,
puis
il se
pencha sur son bloc, gribouilla quelques lignes sur le papier.
Brusquement,
nous entendîmes le coassement de Gero au
téléphone.
L'expression du
ministre changea, la tension céda la place au soulagement et
à
l'obséquiosité.
- Oui, camarade Gero, d'accord camarade
Gero, vos
ordres seront exécutés, camarade Gero.
La
décision du bureau politique était de lever
l'interdiction. La nouvelle
fut aussitôt annoncée à la radio. Les
vice-ministres et moi-même fûmes
priés de nous rendre personnellement dans les
différentes
facultés pour
faire part aux étudiants de la décision et leur
rappeler
de veiller au
bon déroulement des choses.
Le nouveau conseiller soviétique se
leva, me jeta un dernier regard chargé de hargne puis se
détourna. Nous
quittâmes précipitamment la salle des
conférences :
l'heure prévue pour
le cortège approchait.
...
Fin de citation.
Ce "nouveau
camarade conseiller
soviétique en civil",
était le général Sérov, qui
ensuite veilla
personnellement à l'incarcération de tout ce qui
résistait à la réinvasion par
l'armée
russe, et aux exécutions. Le rôle de Youri
Andropov, alors
ambassadeur d'URSS dans la colonie hongroise, est également
très détaillé par Kopácsi :
élégant danseur galant, puis maître de
tortures,
dans la même ambassade, mais pas au même
étage. Tels
sont les cyniques manipulateurs, exploiteurs de croyances
prêtes-à-croire. Ici exploiteurs de la croyance en
le
rôle rédempteur et d'avant-garde la classe
ouvrière, ailleurs de la paysannerie (Pol Pot), ailleurs
encore
de l'Islam, ailleurs encore du catholicisme, ailleurs encore du mythe
de l'image de la femme,
etc.
etc...
4- Les gourous.
Ceux-là créent un délire qu'ils
exportent sur les
crédules, au service des besoins du gourou, ne pouvant se
satisfaire des délires déjà
présents sur le
marché.
Muhammad, de la tribu de Qoraish, est un exemple
célèbre,
et assez bien documenté.
Jim Jones, gourou de la secte au Guyana, qu'il a suicidée
au
cyanure et aux armes à feu, en est un autre exemple type.
Le lien organique entre délire et pouvoir.
Pour aller au fond des choses, il faut détailler le lien
organique entre le pouvoir et le délire.
Montesquieu avait bien proposé un mécanisme, qui
s'appliquait à merveille à son roi Louis XV, sous
le
masque de l'allusion à l'empire ottoman : "Plus
l'empire est étendu, et plus grand est le harem, et plus le
prince est ényvré de plaisirs. En sorte que plus
l'empire
est étendu, et moins on y débat des affaires de
l'empire."
En fait, cela se constate dès les plus
incarcérés
des schizophrènes, apparemment les plus dépourvus
de
pouvoirs : le délire est un moyen de reprendre le
pouvoir
sur
son prochain. Avec sa finesse d'écrivain humoriste, Jay
Haley
avait parfaitement pointé ce fait dans son livre "Tacticiens du
pouvoir,
Jésus-Christ, le psychanalyste,
le schizophrène et quelques autres".
Certains se précipitent déjà pour
circonscrire les
dégâts produits par cet incrédule de
Haley : "Oui, mais
seulement dans son chapitre VI,
L'art d'être schizophrène !"
(traduction chez ESF,
1984). Non... Dans tous les chapitres.
Et de plus, Haley avait pointé le fait
déjà dans
la famille schizophrènogène, et poursuivi en
analysant la
structure de pouvoir et de mensonge de l'hôpital
psychiatrique : "...
une sorte de tristesse vague et bizarre, qui cache, sous le vernis de
l'espérance et des bonnes intentions, une lutte à
mort
pour le pouvoir, teintée d'une note permanente
d'ambigüité."
Le pouvoir permet d'échapper à toute obligation
de
résipiscence, à tout retour les pieds sur Terre.
Une cour flatteuse, et/ou craintive, aide à se couper des
réalités externes. Ainsi Saddam Hussein
était-il
tellement puissant sur sa cour, que l'administration Bush n'a eu aucune
difficulté à le berner, à lui faire
croire,
notamment via son ambassadrice April Glaspie, qu'ils
le laisseraient envahir le Koweit sans réagir. Et il les a
crus,
cet ahuri !
* The entrapment paradigm was not theory but fact. From July 19 until
August 2 of 1990, the United States quietly allowed Iraq to build up
its forces in preparation for the invasion and never warned Iraq that
it would respond militarily should it invade Kuwait. The paradigm
acquires irrefutable certainty consequent to the meeting between
President Saddam Hussein and April Glaspie, then U.S. ambassador to
Iraq, on July 25, 1990, only seven days before the invasion (read
transcript.)
* In that meeting, Glaspie unequivocally told the Iraqi president,
“We [the United States] have no opinion on your Arab - Arab
conflicts, such as your dispute with Kuwait. Secretary [of State James]
Baker has directed me to emphasize the instruction, first given to Iraq
in the 1960s, that the Kuwait issue is not associated with
America.” [Italics added]. Having received that assurance,
Iraq
invaded Kuwait.
Dossier
rassemblé à http://deonto-famille.org/citoyens/debattre/index.php?topic=398.0.
Article encore en cours de rédaction, affaire à
suivre.