4.4. Premier voyage en Norvège, 1968.

Eté 1968 : Dovrefjeld, Romsdal, Geiranger, Nordford, Jotunheimen, Sørland, Setesdal.

4.4.1. Traversée du massif de Dovre, d'Oppdal à Sunndalsöra.
4.4.2. Vers le Romsdal, de Sunndalsöra à Åndalsnes.
4.4.3. Trollstigveien, Valldal, Geirangerfjord, Hellesylt, Stryn.
4.4.4. Stryn, Briksdal, Åmot, Balestrand.
4.4.5. Sognefjord, Årdalstangen, Jotunheimen.
4.4.6. Fagernes et Valdres.
4.4.7. Oslo.
4.4.8. Kristiansand, Setesdal, Oslo.


4.4. Eté 1968 : Dovrefjeld, Romsdal, Geiranger, Nordford, Jotunheimen, Sørland, Setesdal.

Voyage en charter par Sterling Airways, dans un DC6 B, avion obsolète avec moteurs à pistons, mais moins cher.

Une jeune norvégienne qui rentre chez elle trouve que la langue que m'enseigne le manuel écrit par Harry Persson est obsolète, et que plus personne ne parle plus ainsi.


DC6B Sterling

A l'arrivée dans la nuit à Oslo Fornebu, pas mon sac à dos, personne pour me renseigner avant le lendemain matin. Il est parti à Stockholm, et ne reviendra que le lendemain en fin d'après midi. D'abord je tâche de dormir sur un banc, et c'est bien dur. Me voici donc à explorer la ville d'Oslo bien trop couvert, avec le pantalon de montagne en corde à fouet, et les chaussures de montagne aux pieds. J'apprécie les ombrages du parc royal, ouvert à tous. Le centre d'Oslo est une ville bourgeoise, manifestement conservatrice à en juger par la qualité des matériaux (granite) et l'austérité de l'architecture.

Une nuit précaire à l'Auberge de Jeunesse, sur-remplie, puis la gare et départ en train pour Oppdal.

Je n'avais aucun appareil de photo : rien d'autre que mes yeux et quelques traits de stylo sur mes cartes.
Depuis, d'autres randonneurs furent bien mieux équipés, et ont mis des photos en ligne. Ambiance fidèle par exemple sur http://www.hacom.nl/~nico/hiking2002.htm#2002d, leurs quelques photos prises en juillet 2002 dans le Jotunheimen (Nico et Petra Vermaas sont néerlandais) ;
excellents récits de voyage par trois jeunes suédois à http://www.tilltopps.com ;
alpinisme à http://home.online.no/~slunde/album30.html (Svein Lunde) ;

Très inexpérimenté, je suis parti bien trop chargé, avec du matériel encore peu étudié : des vêtements non tous superposables, une tente-cercueil non imperméable, des baskets trop minces pour les cailloux des routes. Et je n'avais de carte que la routière Cappelens, au 1/325 000, nettement insuffisante. J'ignorais encore l'existence de cartes détaillées (il est vrai qu'alors, en 1968, l'édition norvégienne des cartes de montagne était encore insuffisante ; cela sera visiblement comblé en 1975, quand nous reviendrons en couple avec notre bébé de huit mois).

Un glossaire de mots norvégiens était prévu en fin de ce chapitre, pour aider le lecteur à déchiffrer et prononcer les noms de lieux. Voici déjà un premier viatique :
Dal : vallée,
vatn, vass : lac,
bre : glacier,
is : glace,
å, aa : rivière,
strøm : torrent,
strand : rivage, plage,
heim, hjem : maison,
gård : cour de ferme, ferme entière par extension,
hytte (hytta en dialectes de l'Ouest) : hutte, et par extension refuge, hôtel de montagne,
vik : anse, golfe,
li, lia : versant de montagne,
Sør : Sud,
fjell, berg : montagne,
tind : sommet,
skog : forêt,
stor : grand,
lille : petit,
blå, grøn, rød, gul, svart, hvit : bleu, vert, rouge, jaune, noir, blanc.

Le 'ø' (ou ö) est notre "eu".
Le 'å' (ou 'aa' en ancienne graphie danoise) est un o ouvert, semblable à celui que l'on entend dans "sotte". Le 'o' bref est ouvert aussi, par exemple dans 'slott' (château).
Tandis que leur o long fermé, est plus fermé que notre o le plus fermé, assez proche de notre 'ou'.
Sur le cycle d'aperture et de frontalité, où nous plaçons nos voyelles i - u - ou - o - ô - â - a - è - é, les nordiques placent davantage de sons-voyelles distincts.
Leur 'y' se prononce plus aigu que notre 'u', mais encore loin de notre 'i'.
'Æ, æ' plus ouvert que notre 'è', sans pour autant rejoindre notre 'a'.
Le 'p', le 'k' et le 't' sont toujours soufflés, ils éteignent une allumette devant votre bouche.
Le 's' ne durcit jamais en notre z, il reste toujours dévoisé. Notre son 'z' voisé est inconnu dans les langues scandinaves.
Le 'j' est toujours une mouillure.
La suite de consonnes finales 'rd' se prononce 'rr', donc la graphie fjord se prononce comme si nous français l'écrivions fiorr.
Le 'g' ne se palatalise pas comme chez nous, mais en Yod devant une voyelle frontale telle que 'y' et 'i', et devant certains 'ei', comme dans 'geita' (la chèvre). Il reste dur dans les autres cas.
Devant les mêmes voyelles frontales 'y' et 'i', et s'il est suivi du yod 'j', la consonne 'k' se palatalise en [ç] (en alphabet phonétique international), un souffle mouillé proche du 'ch' allemand dans 'kirche' ou dans 'ich'. Exemples : kjær, kiste, kirke, kyss, kjære, kinn, kyst.
Se prononcent comme notre 'ch' les combinaisons 'sj' comme dans 'sjø', et 'skj' comme dans 'skjære', ainsi que 'sk' devant une voyelle frontale comme i et y, et devant la diphtongue 'øy', (exemples : 'ski', 'sky', 'skøyter'). Le norvégien 'skipping' (l'armement, comme industrie de l'armateur) se prononce comme l'anglais shipping.
Des suites de consonnes comme 'rs' restent propres, à consonnes bien distinctes au Sud et à l'Ouest, mais s'assimilent en une chuintante reculée, à l'Est dès Oslo, tout comme en suédois. Certains considèrent qu'ils s'agit là d'une prononciation relâchée (les querelles linguistiques sont vives en Norvège).
L'article défini est postposé : fjell = une montagne ; fjellet = la montagne. 'et' s'il s'agit d'un neutre singulier, 'en' s'il s'agit d'un masculin ou d'un genre sexué commun (comme en danois), 'ei', voire 'a' s'il s'agit d'un féminin, encore maintenu dans les dialectes de l'Ouest, et dans leur résurrection en Nynorsk (néo-norvégien). Et au pluriel, l'articles défini postposé unique se résume à 'ne', qui se compose avec la terminaison en 'r' ou 'er' du pluriel : forme archaïque 'erne' comme dans 'piggerne' (les filles) et forme moderne sans r 'ene'; exemple : 'husene' (les maisons).
On reconnaît facilement en 'middag' le midday anglais ou l'équivalent allemand mittag : milieu du jour. Middagsfjellet est donc la montagne du Midi.

Tous les mots norvégiens se chantent selon une mélodie précise. Seuls le norvégien et le suédois possèdent cette mélodie particulière du double ton et du simple ton, deux réalisations différentes de l'accent tonique.
Vous pouvez facilement constater la musique particulière du suédois sur Sveriges Radio à http://www.sr.se/digitalradion/ où vous pourrez activer un javascript 'Webradio från Sveriges radio'.
Le seul service pour avoir une des trois langues scandinaves tonales, avec débit ralenti et vocabulaire appauvri pour étrangers, est en suédois :
http://sverigesradio.se/sida/artikel.aspx?programid=493&artikel=184871
Pour le norvégien, ça a été longtemps plus difficile, mais ça s'est amélioré, allez à http://nrk.no/nettradio ou : http://nrk.no/tjenester/nrk_nettradio/3220264.html?kanal=P1 ou autres canaux ; Alltid nyheter (http://nettradio.nrk.no/default.php?kanal=an)  n'est en norvégien que durant la journée, de 9 h à 20 h 15, et relaie la BBC World Service la nuit, en anglais, Stortinget ne fonctionne évidemment pas le dimanche : c'est le parlement...  Mais c'est de là que vous allez trouver le lien vers les services scolaires, http://www.nrk.no/skole, par exemple les différents tons du norvégien : http://www.nrk.no/skole/klippdetalj?topic=nrk:klipp/262797.
Exemple : comparer le texte du conte "Le coq et le renard", texte à http://dikt.org/Hanen_og_reven, son à http://www.nrk.no/skole/klippdetalj?topic=nrk:klipp/256055. Des adaptations du texte à l'oral, mais mineures.
Canal pour vidéos ou bandes son :  http://www.nrk.no/lyd/, puis choisissez votre émission et votre type de connexion. Votre logiciel multimédia fait le reste.
En France, le français standard n'a ni accent tonique (si, un peu sur la pénultième), ni tons, mais certains parlers régionaux ont aussi des prosodies tonales, le parler bourbonnais de bistro, par exemple. Le français de Quimper ou de Lorient aussi, celui des bretonnants...

4.4.1. Traversée du massif de Dovre, d'Oppdal à Sunndalsöra.


Pourquoi le Trollheimen ? La magie du nom ? Maison de troll : ce massif est peu connu, les sommets y sont peu spectaculaires. J'étais bien modeste dans mes objectifs.

Je suis parti d'Oppdal monstrueusement chargé, au moins vingt-cinq kilogrammes de sac. Mes cuisses flageolaient dans la montée. Je devais m'arrêter souvent.

A en croire les croix restées sur ma carte au stylo à bille rouge, mes bivouacs furent :
Le premier à la descente de Blåöret (l'oreille bleue) par les Fin Piggerne (les jolies filles ?), avant de guéer la petite rivière Vekve (Vekveåén),

Le second bivouac le long du lac Gjevil, peu après la fin de la route de terre carrossable à Gjevilvasshytta. Quand je demande mon chemin à une maison, une femme stupéfaite me pose la question centrale : « Mais enfin aimez-vous être seul ? ». Ma connaissance du norvégien est suffisante pour comprendre la question, mais insuffisante pour réfléchir à haute voix dessus.

Ce n'est que l'année suivante, que je saurai approvisionner en cartes détaillées. Voici donc la carte où j'aurais dû suivre mon premier itinéraire au départ d'Oppdal :






Gros problème pratique qu'on soupçonne mal depuis la France : les moustiques ! La lotion répulsive achetée en France, mise dans mes cheveux, a fait un gros trou rond dans l'enduction imperméable du rabat du sac... Je garde un souvenir ému, un sale souvenir, de ma seconde étape en 1968, le long du lac Gjevilvatn. Au point que mon souvenir phonétique s'était adultéré, rebaptisant ce lac en « Myggvatnet » (le lac du moustique !). Tant que je marche d'un bon pas, le théorème de Zénon d'Elée fonctionne encore assez bien : les moustiques sont toujours à bourdonner derrière moi, sans trop me rattraper. Mais bientôt, voilà une barrière à ouvrir et refermer soigneusement derrière soi. Alors là, qu'est-ce que les moustiques rattrapent le temps perdu ! Le plus affreux, c'est quand il faut bien poser le sac, et aller déculotter pour faire la grosse commission : quel supplice à abréger précipitamment !

Pour dormir, avec le frais du soir, de préférence au col (troisième bivouac entre Vassenden et Storli), là où les moustiques sont nettement moins nombreux, les spirales allumées près de ma tête, me permettront un repos bien mérité. Elles ont suffi, même en plein air.


A l'arrivée vers les zones habitées à nouveau, vers Nerdal, je campe à côté de deux frères néerlandais. Ils sont stupéfaits de la petitesse de ma tente-cercueil. Fièvre des longues et claires soirées d'été : deux filles de fort embonpoint et légèrement soûles, quittent bientôt leur feu de camp, et viennent discuter de part et d'autre de la barrière d'entrée de la pâture, nous donner des leçons d'élocution norvégienne. Leur leçon de  'hæm' en particulier était aussi boursouflée que leurs Ego et que leurs mamelles, ce qui n'est pas peu dire.

Gros repos et lavage de linge à l'auberge de jeunesse de Sunndalsöra, ville productrice d'aluminium.


4.4.2. Vers le Romsdal, de Sunndalsöra à Åndalsnes.

Première étape courte : par la route je rejoins le bout d'Öksendalen, et à la dernière ferme, je tourne à droite vers la montagne, plein W. Juste avant, je m'avise de demander l'itinéraire à un vieux. Il est très volubile, mais je ne comprends pas un mot. Sans doute son patois de l'Ouest est loin de celui d'Oslo ? Il est aussi édenté…


Impossible de planter la tente à l'étage forestier : très pentu, sol trempé, et plein de branches et souches, propres à déchirer le tapis de sol. Il faut monter plus haut pour parvenir à trouver des endroits un peu plus horizontaux.

Ma tente est bien froide en altitude (environ 1200 m). Je m'avise de la chauffer ! Gare ! Un geste maladroit, et ma gamelle fait fondre un large croissant de nylon. Fin de la carrière utile de cette tente. Je la réparerai à mon retour en France, et lui rajouterai un léger double toit. Mais même ainsi, elle restera peu utilisable, trop perméable à la pluie. Elle me servira deux fois en forêt de Fontainebleau. Elle disparaîtra mystérieusement après que je l'aie donnée à l'aîné de mes beaux-frères. Mes soupçons se portent sur leur mère, incapable de tolérer une manifestation d'indépendance des garçons, un écart trop loin de ses jupes. Et puis heureusement pour lui, mon beau-frère n'eut pas besoin d'en passer par la solitude d'homme des bois pour échapper à sa mère : d'une part parce qu'elle décéda à temps, ensuite parce que lui ne fut jamais acculé à la perte de tous les liens sociaux, mais fut bien dirigé vers une école d'ingénieurs.

En bas, d'Överås, je contourne le nord du lac de la valée de l'élan, Elkesdalsvatnet, jusqu'à Mæringdal, effectue une petite étape de moyenne montagne, et je rejoins une petite route à Grövsdalsbu, puis descente jusqu'à Isfjorden et Åndalsnes.


Inexpérimenté, je suis parti bien trop chargé. C'est à Åndalsnes que je réexpédie une partie de mon matériel en France : la mauvaise tente-cercueil, percée désormais, mes jumelles de mer, et ce qui est plus contestable, mes chaussures de montagne. Je n'ai retenu d'elles que les ampoules, et leur qualité excessive quand on doit marcher sur les routes goudronnées. Dès demain, je regretterai de m'en être séparé, car les fines baskets qui me restent sont inadaptées, bien trop minces.


4.4.3. Trollstigveien, Valldal, Geirangerfjord, Hellesylt, Stryn.

En stop jusqu'en haut de la montée de Trollstigveien, à Trollstigheimen, puis je descends à pied le long de la Meierdalen, vers Valldal et Sylte. Je prends la mesure de la stupidité de mon renvoi en France de mes chaussures de montagne : les baskets à semelle mince me laissent sentir douloureusement chaque caillou de la route.


A l'auberge de Jeunesse de Valldal, deux allemandes font part de leurs soucis avec des Velosolex, peu adaptés à la sévérité du relief norvégien, et de la stupeur du garagiste mécanicien, surpris qu'un engin aussi simplifié puisse encore fonctionner du tout. Sans doute est-ce aussi à cette AJ, que j'ai discuté avec deux étudiants norvégiens assez francophones pour me détailler les deux langues de leur pays, et m'affirmer qu'Ibsen s'est moqué du Nynorsk (néo-norvégien, plus connu sous le nom de Landsmål : langue de terroir, par opposition au Riksmål, langue du royaume, rebaptisée en suite Bokmål, langue de livres, constitué au 19e siècle d'abord par Asbjørnsen et Moe, puis par Ibsen et Bjørnson comme danois renorvégisé) dans Peer Gynt, dont ils me donnent le résumé détaillé. Vérification faite dans Peer Gynt, ce garçon a exagéré : au dernier acte, le vieux de Dovre a quitté sa couronne de roi des Trolls, pour se rendre à Oslo, faire carrière au théâtre, il paraît qu'on y cherche des types nationaux. Ibsen brocardait donc les excès du nationalisme en littérature, mais il n'y a pas dans le texte de trace qu'il brocarde directement les efforts d'Ivar Åsen pour faire renaître un mix de la langue du moyen âge, et des dialectes de l'ouest, sous le nom de Landsmål.

Pièges de notre langue pour ce garçon : La Fjordsdalen (au Sud du Sognefjord) est une région fruitière, et non pas fructueuse ! Mot de filiation populaire, désignant un commerce, et non savante.

On traverse en bac vers Eidsdal, et je prends à pied le long de la route, ou à quelque distance. Après le bivouac, au petit matin je descend en même temps que le Soleil sur Geiranger. Anthony Dyer, en 1999, a pris une vue prise d'un angle voisin de ma vue à la descente : http://cgi.mountaineer.plus.com/norway/aug99/aug99ce.jpg.

 Geirangerfjord est réputé le plus beau fjord de Norvège, et me semble bien mériter son titre. Je me rase à un sanitaire public, puis prends le bac jusque Hellesylt. Les immenses cascades sont bien au rendez-vous. La traversée le long du Geirangerfjord est bien trop courte, on la recommencerait volontiers plusieurs fois.
Vous trouverez d'excellentes images du Geirangerfjord chez Svein Lunde à http://home.online.no/~slunde/turlag36.html
et à http://home.online.no/%7Eslunde/hjelle8.html.

Patrick Millerioux aussi a pris des vues superbes du Geirangerfjord :


J'ai la surprise qu'en commençant à monter par la ville d'Hellesylt, je vois s'arrêter un minibus VW, et le chauffeur me propose un lift jusqu'à Stryn. Il est instituteur en Grande Bretagne à Leeds, et emmène chaque été des enfants en grandes randonnées de ce genre. Il a décidé de m'offrir ce lift, suite à la curiosité des garçons, qui m'ont remarqué sur le bac. Il faut que je leur raconte comment je vis quand je suis en montagne. Ceux qui vous prennent en stop, sont toujours des gens intéressants.



4.4.4. Stryn, Briksdal, Åmot, Balestrand.

A Stryn, je vais m'installer pour l'après-midi au bord du Nordfjord (plus précisément de sa branche Innvikfjord). Je suis surpris : malgré les goémons marins, l'eau est douce au goût, potable. Voici à quoi cela ressemble, un fjord en été :


Après un bref bain, j'étudie ma grammaire de norvégien, et rédige des courriers. En fin d'après-midi, je me prépare à tout ranger pour rentrer, quand cela remue dans le tas de bois à ma droite. Et une petite tête plate et noire m'observe intriguée, avec des mouvements de cou en S évoquant ceux de la vipère qui se bande pour frapper. Une loutre pensais-je, un vison en réalité. Ses affaires l'amenant à passer devant moi, il s'y résout avec beaucoup de défiance, le dos arqué en accent circonflexe, puis trop inquiet, il préfère se jeter à l'eau, et continuer à la nage. Une fine fourrure noire, superbe.

De Stryn, je me rends par la route à Olden. La route est récente, taillée à la dynamite dans les flancs abrupts du fjord. Là un goéland avise que le piéton que je suis, serait bien plus menaçant pour la rookerie qu'il garde, sur la mini-falaise qui domine la route, que ne le sont les voitures… Il me fait une dizaine de démonstrations d'attaques en piqué, et de voltige, en criant tout ce qu'il peut pour m'impressionner. Jusqu'à ce que je sois assez loin pour ne plus l'inquiéter. D'Olden je remonte la vallée de l'Oldedalen jusqu'à Briksdal. Je ne soupçonne même pas l'existence de la langue glaciaire qui attire les touristes (ce réflexe de ne pas faire ce que font les autres !), et je continue par le sentier montagneux jusqu'à Åmot.


Me voici donc sur la route de terre qui quitte Åmot, au matin. Une Citroën Dyane rouge me dépasse et s'arrête. En anglais, le chauffeur me propose un lift. C'est un jeune couple d'étudiants en sociologie, néerlandais. Ils m'expliquent : "On a vu un immense sac rouge avec des jambes, et on a voulu savoir ce qu'il y avait devant ce sac". Puis un vieux tout trapu et extraordinairement vert et vif les salue. Ils m'expliquent : c'est le guide, qui les a conduit hier sur le glacier, le Jostedalsbre. Un vieil infatigable et enthousiaste, qui tenait à leur en donner pour leur argent, alors qu'elle surtout criait mercy... Nous discutons évidemment des événements de mai 1968 à Paris, qui attire leur attention de sociologues.

Ils ont dû planifier soigneusement leur voyage : en été, on réserve sa place plusieurs jours à l'avance sur les bacs, et ils doivent tenir coûte que coûte leur horaire. Je les quitte à l'embarcadère de Dragsvik, d'où ils vont continuer sur Hella.

De mon côté, je contourne un petit fjord vexant, pour rejoindre l'AJ de Balestrand. A l'AJ de Balestrand, un groupe de jeunes anglais est endiablé en chansons. Folkloriques ? à moins qu'elles ne soient fort lestes, voire paillardes.


4.4.5. Sognefjord, Årdalstangen, Jotunheimen

Première correction du renvoi excessif de matériel en France depuis Åndalsnes : j'achète une paire de chaussures à semelles plus épaisses, genre Pataugas, mais de fabrication portugaise, et me voilà paré pour les sentiers du Jotunheimen (le séjour des géants). Pour cela prendre le bac à Balholm, qui remonte tout le Sognefjord, puis l'Årdalsfjorden. Discussion avec le steward ; c'est pour lui un travail d'été. Nous arrivons à la nuit.


A l'arrivée à Årdalstangen, tous prennent le bus qui les déposera à l'hôtel à Övre Årdal (Årdal d'en haut). Irréductible, je monte à pied dans la nuit. Je suis surpris de détailler fort bien les Pléiades dans la nuit claire. Bivouac peu avant la ville d'Övre Årdal. Il faut ultérieurement profiter de l'éclaircie et du soleil pour bien faire sécher duvet, abri et sursac, sur un grand rocher.


Je remonte la vallée de l'Utla. Exceptionnellement dans ce pays, elle est taillée en V par une rivière très active depuis la fonte des glaciers. Bivouac à la belle étoile au dessus de Vettismorki.

Pour une fois abri payant au refuge de Skogadaslböen. Je paye un supplément, parce que je n'ai pas pris de repas, juste la nuitée. Au salon, deux fillettes costumées donnent un petit concert. L'une chante, l'autre l'accompagne à la cithare. Puis je repars bientôt vers l'Est par Skogadalen, j'évite Olavsbu par le Sud, puis descente Sud-Est vers Sjogholsvatnet, puis plein Sud sans sentier vers le lac de Bygdin. Belle vue du Sjogholsvatnet par Anthony Dyer et père, prise en 1999.
 
L'oiseau dont la présence domine dans la toundra norvégienne est le pluvier doré ou heilo. Belle photo à http://fulmar.free.fr/photo_274.html par Didier et Yves Bas. Le ventre est plus visible sur cette vue : http://www.birdforum.net/pp_gallery/data/527/58goudplevier01.jpg. Ses sifflements d'alerte saluent votre passage, un peu comme ceux des marmottes dans nos Alpes. Bien entraîné, sac allégé à 18 kg, je me suis offert le plaisir de courser un lagopède dans la toundra du Jotunheimen. Dans la toundra de montagne scandinave, presque tous les oiseaux ont le plumage très similaire : du bruant lapon au pluvier doré, tous ont sur les ailes la même bande blanche entre deux bandes noires. Tous ont le même comportement pour protéger leur couvée : mimer l'oiseau blessé, pour vous inciter à le chasser, et à vous éloigner ainsi de la couvée. Mais en cette fin de saison, s'ils jouent encore cette comédie par réflexe, ils le font sans conviction, et oublient d'être de bons acteurs. Malgré ce sac allégé à dix-huit kilos, j'ai coursé ce lagopède par plaisir pendant deux cents mètres.
Bruant lapon à http://fulmar.free.fr/photo_215.html.

Voici à quoi ressemble la toundra dans le Jotunheimen :


D'autres marcheurs, après moi, ont pris d'excellentes photos. Regardez celles-ci : http://home.no.net/torztein/mountains/august01/day3.htm
Ou celles-ci : http://easyweb.easynet.co.uk/~gsoto/jotun3.htm
ou celles-ci : http://www.geocities.com/Yosemite/Rapids/6355/noorweg1/fo_gjende08.html
http://www.xs4all.nl/~hejoly/jotunheimen2001/jot2001-d24.html
Et trois jeunes suédois vous prennent en main à http://www.tilltopps.com/index.php?menu=8&page=5 : quelques photos du Jotunheimen sur leur site si riche.

Bivouac dans la montagne en vue du lac. Descente le lendemain matin sur Eidsbugarden, pour prendre le Bitihorn, bateau qui dessert le lac de Bygdin. A Eidsbugarden, un sculpteur taille dans le granite une monumentale tête. Ivar Åsen selon mes souvenirs ? Faux ! Il s'agissait en fait de Aasmund Olavsson, l'homme qui avait contruit la première maison sur ce site. Ce sont les trois mêmes randonneurs suédois qui ont levé le doute, à l'adresse http://www.tilltopps.com/index.php?menu=8&page=12.


Voici de lac de Gjende : Gjendevatnet, par beau temps, au nord de Bygdin.

Le bateau en service sur le Bygdin est le M/B Bitihorn, depuis 1912, il relie Eidsbugarden à Torfinsbu puis Bygdisheim, deux fois par jour.

M/B Bitihorn, par beau temps

A l'arrière, une famille a du mal à faire accepter son bât à un fort chien blanc.
Sur l'avant de ce Bitihorn, sous la pluie glaciale, trois jolies norvégiennes m'interrogent sur ma randonnée. On a la surprise que la plus grande vient de passer un an à Orsay comme postdoc, dans le laboratoire à cinquante mètres du mien, en métallurgie. Nous y connaissons évidemment les mêmes personnes.

Un néerlandais a photographié ce Bitihorn, qui depuis 1968 a été remotorisé (à retrouver).
Ses caractéristiques et son histoire sont résumées à http://www.jvb.no/bitihorn/biti-hist.htm.

Belle photo du lac de Bydgin et de Eisbugarden à http://www.xs4all.nl/~hejoly/jotunheimen2001/jot2001-d13.html

Autre jeu de photos par un randonneur à http://members.lycos.nl/jahennum/jotun97.html et
http://members.lycos.nl/jahennum/jotun2000.html.
La fameuse arête de Gendin par laquelle Peer Gynt effraie Åse, à l'acte 1 scène 1, est photographiée par de nombreux alpinistes et randonneurs de montagne, par exemple à http://members.lycos.nl/jahennum/images/besseggen3.jpg et http://www.xs4all.nl/~hejoly/jotunheimen2001/jot2001-d32.html.


Arrivé au bout de la traversée, à l'hôtel Bygdisheim, les passagers attendent le car qui les descendra à Fagernes. Un peu de repos, puis je remonte par la route jusqu'à l'auberge de jeunesse de Valdresflya, où m'attendent deux ou trois courriers, dont au moins un de mon père.


Ce fut aussi un temps de réflexion. J'ai reçu des courriers parentaux à la minuscule auberge de jeunesse de Valdresflya, au dessus de Bygdin. Quelques jours plus tard, dans la Valdres, par courrier, j'exposerai à Georges mes réflexions post-soixante- huitardes : je m'affirme comme définitivement social-démocrate, non par adhésion à quelque organisation ni corps de doctrine, dont je sais qu'ils m'obligeront à me boucher le nez, mais parce que c'est la seule position politique qui ne condamne pas à un immobilisme rageur et rêveux, sans prise sur les événements réels, et qui ne ruine d'emblée ses propres objectifs avoués.

De ce point de vue, la retraite solitaire en montagne, a été féconde pour mon individuation, au moins sur le plan politique, qui avait été bien plus vaseux au long des précédentes années d'Université. Mais il en restait beaucoup à faire dans les autres domaines !


4.4.6. Fagernes et Valdres.

L'auberge de jeunesse de Fagernes est un lieu agréable, qui soir et matin dresse un smørgasbord généreux : lait, céréales, confitures, beurre, fromage, knekkebrød et poissons à volonté. Un grand jeune homme endimanché de vert, à la coiffure soignée et à l'accent d'Oxford élaboré, est déstabilisé par cette générosité et s'inquiète de représailles éventuelles : s'il ose se resservir "maybe, they would object ?".

Seconde correction du renvoi excessif de matériel en France depuis Åndalsnes : à Fagernes j'achète une paire de jumelles russes, probablement des BBT, en tout cas des 6x30 sans prétention, et d'un poids plus raisonnable : le gain de champ me semble compenser largement la perte de grandissement, par rapport au grandissement plus courant de 8. Ce sont elles qui me serviront dans le Vercors, et l'année 1969 encore en Norvège et dans le parc national suédois Padjelanta.  Puis je les revendrai.


Au sud du Jotunheimen, la vallée de la Valdres est vantée par les guides touristiques : le drame national de Peer Gynt oblige ! J'ai été plutôt déçu. Sauf les fraises des bois, succulentes. Et puis, sans neige en amont, il devient franchement difficile de trouver de l'eau à boire, qui ne soit pas trop suspecte.

En montant vers une « stavkirke » (église en bois debout) que mon guide Nagel recommande, je vois le plus beau renard roux que j'aie vu de près à l'état sauvage.


La secrétaire du laboratoire affirme très fort son origine bretonne, et nous envoie souvent ses « Kor ! en breton ». Je précise donc à mes collègues de labo, par carte postale, qu'on ne sait pas très bien si, quand les lagopèdes s'envolent devant vous, ils vous caquettent « Korrrrr ! » en breton, ou « KKKKKKK ! » en français. 

Traversée à pieds jusqu'à Gol. Heureusement, il y a les fraises des bois. Je tente une fois de faire du feu à la naturelle, et je suis bientôt épouvanté de la difficulté à éteindre cette « terre », en réalité litière de bruyères, combustible. Ma réserve d'eau y passe presque entière.

Vers Furuset et Guriset, les enfants d'une dizaine d'années sont fiers de montrer qu'ils ont appris de l'anglais à l'école, la seule et unique langue étrangère, comme chacun sait, par un sonore « Good Morning ! », et sont surpris que je leur réponde d'un bon « God Dag ! ».

J'ai plaisir à les voir juchés sur les tracteurs, mêlés de près aux travaux des champs, heureux de suivre les adultes et parents.

Plus tard dans la fin d'après-midi vers Kamben, un paysan arrête son tracteur au moment où il me dépassait, pour entamer conversation, et me proposer de monter. Devenu homme des bois assez sauvage, je remercie poliment. Je bivouaquerai dans un bosquet guère plus loin, où je lutterai difficilement contre une pluie insistante. Mon équipement est quand même trop précaire, limité à cette feuille de polyéthylène armé et aluminisé, que la pluie ne traverse pas, mais sous laquelle mon duvet est mouillé de condensation.


Descente en stop, depuis Gol. Stop par un instituteur norvégien qui a un vieux Combi VW, et qui prépare un déménagement avec sa femme (je les verrai le lendemain, chargés jusqu'au toit), puis par une famille aisée et cultivée, où madame profite de ma présence pour réviser son français. Des gens extrêmement aimables.

Et enfin Hönefoss (cascade des poules), puis Oslo.


4.4.7. Oslo

21 août 1968 : invasion de la Tchécoslovaquie par les chars russes. J'étais à Oslo ce jour-là. J'ai eu la surprise de voir la police montée encadrer et protéger une manifestation d'étudiants. Je déchiffrais les panneaux : « Il y a 28 ans, c'était nous ! », leur invasion par la Wehrmacht. Les titres des journaux faisaient le même parallèle : « Ingen Quisling å finne ! » titrait l'Aftenposten : Impossible de trouver un Quisling. Plus tard, les russes trouvèrent pourtant leur Gustav Husak. Moi, français, j'étais surpris de voir des policier encadrer et protéger une manifestation d'étudiants, au lieu de leur courir sus, et de les bastonner sauvagement. La Norvège m'a paru un pays bien pacifique, en comparaison de la France.

Professeur de Français, Rolf Vige (c'est son vrai nom) me montre le feu rouge et le passage piéton, où passait l'hiver dernier une famille d'élans, en respectant bien le feu vert comme des piétons bien élevés. Rolf me montre ses difficultés à prononcer les « p » à la française, sans éteindre une allumette brûlant devant la bouche. Rolf me montre sa souffrance devant un passage de Rabelais, presque partout indéchiffrable pour lui. Je le rassure : Rabelais est fort difficile à lire pour les français, même très cultivés.

Achats : un sursac Norrøna qui sera très apprécié (il servira par exemple quand l'auberge de jeunesse d'Oslo sera complète : bivouac dans un parc à la belle étoile) ; et trois achats en soldes de fin d'été : un blouson de nylon noir de 140 g qui sera très apprécié sous le bruine à l'approche de Helagsfjället en 1970, et qui est encore visible en 2004 sur moi au sommet du Mézenc, un coupe-vent imperméable qui n'aura pas une si grande durée de vie, mais sera bien utile sous la pluie persistante entre Haukeligrend et Rjukan, et un anorak perméable de faible valeur pratique, qui me sert encore de veste d'intérieur (bleu marine).


4.4.8. Kristiansand, Setesdal, Oslo.

Puis, en stop, je suis allé à Kristiansand, ville principale du Sørland, voir de très vieux amis, le professeur Fredrik Werring et sa famille. Werring avait toujours son petit bateau bordé à clins, tout blanc, plus fin et plus léger que nos pointus méditerranéens. Toujours ce remarquable et inusable petit moteur marin SABB monocylindre, au régime incroyablement lent (240 tours par minute, si mes souvenirs et ma mesure sont exacts !). Le calme et le charme de cette côte rabotée et sculptée par les glaciers quaternaires, aux innombrables rochers et îlets, tous aux formes douces ! Werring faisait son café sur un feu de bois. Du bois ? Oui, du bois d'épaves flottées. Que sa cafetière était noire de suie !


Onze ans plus tôt, en 1957, Gunnar Høst m'abordait finement sur le ponton. Nous attendions les divers bateaux, tous traditionnels et bordés à clins, qui devaient nous amener sur une des îles. En attendant, je regardais avec envie et admiration des jeunes gens fortunés, gréer un assez gros hors-bord (c'étaient encore des moteurs rares, à cette époque, en 1957) sur un dinghy à fond plat, charger des skis nautiques, et partir très vite. Høst m'aborde alors, les yeux tout plissotés de sa bonne finesse toute philosophique, et moule avec délectation chaque mot de sa question : « Que pensez vous de cette nouvelle mode, de mettre de très gros moteurs sur des bateaux très légers ? ». Exégète de renommée internationale, en ce sens qu'il était LE spécialiste mondial de l'écrivain français André Maurois, Høst n'avait pas très bien apprécié le fait que j'avais treize ans, et aucune propension à la philosophie, aux pièges de mots, à la thèse, l'antithèse (et la fouthèse ?) : il n'a pas pu tirer un seul mot de moi ! Comme Assurancetourix, le barde du village gaulois, Høst faisait deux camps tranchés : certains français admiraient sans réserve sa technique de maïeutique, admiraient la profondeur de ladite maïeutique ; mon père était entre les deux camps : « Je n'ai pas découvert quelle est la pensée de Høst ; elle fuit toutes les fois que je crois l'approcher, mais je pense qu'il y en a une ! », et les norvégiens francophones de la rencontre - dont Jon Grieg - faisaient tous partie de l'autre camp : « Mais non Georges ! Il n'y a aucune pensée chez Høst, il n'y a qu'une technique de questionnement d'autrui, et rien d'autre ! »

Grâce aux relations de Werring à Kristiansand, je visite un chantier naval (il construit en acier), et nous discutons quelque peu des techniques de traçage.

Je quittte Kristiansand en remontant la vallée de la Setesdal. Autrefois un bout du monde, où les paysans vivaient en ne comptant que sur eux-mêmes, c'est maintenant de la campagne civilisée et moderne du haut en bas. Le Guide Nagel vante des monuments qui me déçoivent, et le château du puissant seigneur Hestakorn. Ne rêvez plus, ce nom à la sonorité belliqueuse ne signifie rien de plus noble que "grain aux chevaux", c'est à dire que cet exploiteur du labeur des paysans, était riche. De nombreuses boutiques vendent des boutons d'argent, à l'ancienne.

Dernier stop par une infirmière dans sa vieille Saab deux temps trois cylindre, avec son jeune et athlétique compagnon, jusqu'à Haukeligrend. En haut, à Haukeligrend, on rejoint la grand route qui relie Stavanger, Odda et Haugesund aux villes de l'est, par le bord sud du Hardangervidda. Sommeil dans une grange en sortie de Haukeligrend. De toutes les manières, la pluie et les sols détrempés interdisaient tout bivouac à la belle étoile. J'ai tenté de prévenir les propriétaires le soir, puis de les remercier le lendemain matin. Personne malgré la lumière. Le matin toilette à l'auberge de jeunesse de Grungedal. La Mère-Aub est une vive petite vieille, charmante dans un costume traditionnel. Selon le guide de 1969, son nom était Gunhild T. Flaaten. Merci Gunhild !

Puis je reprends à pied sous la pluie jusqu'à Rjukan, ville de l'eau lourde et de la Bataille de l'eau lourde. Bus jusqu'à Oslo. Et avion.


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Noël 1968 : Traversée du Vercors.

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