8. Un jeu qui rapporte : Au viol !
8.1. L'amok, la loi britannique, et le bénéfice.
8.2. Variante professionnelle : le jeu entre les versions forte et faible d'une perversité.
8.3. Calendrier et bénéfices.
8.3.1. Années 1985-1991.
8.3.2. Années 1992-1995.
8.4. Nouveaux bénéfices : 1997.
8.4.1. Années 1995-1996.
8.4.2. Depuis 1996 : la mise à mort. Zut ! Ratée !
8.5. « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. » : la conclusion du chapitre ?


Note : à l'époque de cette rédaction, mon nom de plume sur le forum québécois Rézoville, défunt en septembre 2003, était "Genevrier".

8. Un jeu qui rapporte : Au viol !

8.1. L'amok, la loi britannique, et le bénéfice.

Avant la colonisation britannique, l'amok était une lourde cause de mortalité en Malaisie. C'était une forme de folie traditionnelle, à la saison des pluies, que d'être pris d'amok, rage meurtrière qui consistait à sortir de sa case en hurlant sous la pluie, le kriss à la main, à courir à travers le village pour éventrer quiconque on rencontrerait, en visant de préférence les femmes enceintes.

Cela a duré comme cela jusqu'à ce que les britanniques colonisent la Malaisie, puis que lassés de ces meurtres en série, ils les traduisent en cour de justice, et les punissent de la pendaison, sans aucune circonstance atténuante. Et ô miracle ! l'amok régressa très sensiblement.

Lorsqu'exilé par l'arrivée de Hitler au pouvoir, Fritz Perls devint psychanalyste en Afrique du Sud, il découvrit aussi l'extrême plasticité des formes de démence, à la culture et à l'environnement social locaux. Pour les aliénés noirs, n'ayant d'autre culture que celle de leur ethnie tribale traditionnelle, le sorcier était de loin le psychiatre le plus efficace. Lui seul partageait un riche imaginaire et de nombreuses références avec le dément.

Depuis, l'historien Mikkel Borch-Jacobsen a consacré plusieurs articles aux diverses facettes de la folie à plusieurs, et à la co-construction des maladies mentales en fonction des attentes de la société à son sujet, et notamment en fonction des attentes des magistrats et des psychiatres.(1) Toutes les maladies mentales sont sociales et interactives ; leurs modes passent avec les époques.

Je vais donc avoir l'impertinence de tracer une ligne de démarcation entre les déments :

D'une part ceux qui sont assez organisés et cyniques pour adapter leur démence aux contraintes extérieures, sélectionner les symptômes admis par la société, pour en retirer le maximum de bénéfices, et risquer le moins de punitions. Ceux-là savent être flagellants sous Philippe II, amoks avant la colonisation britannique, SS sous Hitler. Si ce sont des femmes, elles savent être hystériques devant l'auditoire du docteur Charcot, hurler au harcèlement sexuel sous la terreur du politically correct... L'important étant de tirer des bénéfices - plus ou moins dérisoires - et de ne courir qu'un minimum de risques, pour pouvoir rejouer à nouveau sans fin.

D'autre part, les déments moins observateurs, moins organisés : les inadaptés. Ceux-là continuent bêtement à pratiquer l'amok, même quand c'est devenu une forme de meurtre trop dangereuse, au lieu de réorganiser plus subtilement leurs pulsions meurtrières. Ceux-là parlent et gesticulent tous seuls tout le restant de leur vie sans jamais en retirer un seul bénéfice extérieur. Ceux-là se laissent bêtement incarcérer en asile psychiatrique. Au contraire de celui qui les incarcère, qui lui, a su organiser sa vie pour en tirer un bénéfice : exercer le pouvoir sur plus faible que lui.

Frédégonde appartient évidemment, nous allons le voir, à la première catégorie.

8.2. Variante professionnelle : le jeu entre les versions forte et faible d'une perversité.

J'en retrouverai la référence exacte quand Gazonbleu me restituera mes archives scientifiques. La référence est un article de La Recherche, des années 70, ou premières années 80, sur le sociobiologisme de Wilson. Ce biologiste avait pris l'habitude de jouer constamment, selon les publics, entre une version faible de sa théorie sociobiologique, qui restait alors acceptable selon les critères de la communauté scientifique, et une version forte, carrément perverse et démentielle, qui plaisait énormément à un certain public raciste et fascisant. L'auteur de l'article démontrait que seule la version forte répondait aux motivations profondes du personnage, et que la version faible n'était organisée que comme couverture, pour la carrière, et pour la respectabilité.

J'ai rencontré dans la communauté scientifique un nombre stupéfiant de tels doubles jeux, entre une version officielle et une version intime, de la thématique chérie de chacun. Ce n'est pas ici le lieu pour en développer l'enquête, et j'invite le lecteur à mener ses enquêtes personnelles, pour constater ce qui se cache derrière des façades gourmées, pour constater le divorce entre le dit et le fait. Il trouvera beaucoup d'exemples.

Dans la communauté scientifique plus qu'ailleurs ? Plus exactement, dans le secteur public, plus que dans le secteur concurrentiel. Là surtout où il n'y a pas d'épreuve de réalité, pas de clients libres de se tourner ailleurs, et de vous abandonner à vos démons familiers, et à votre faillite, rien que des élèves captifs.

8.3. Calendrier et bénéfices.

8.3.1. Années 1985-1991.

La détresse de Frédégonde en CM2, sous un instituteur malade mental, que je pseudonymiserai en « Blé », déguisant son sadisme en une sévérité extrême, fut complètement sous-estimée. Nous n'apprîmes qu'après coup qu'elle avait été privée de presque toutes les récréations, punie en permanence pour sa lenteur. J'étais en formation à Lille de décembre 84 à juin 85, ne rentrant que le vendredi soir jusqu'à l'aube du lundi matin. Et les trois mois précédents, je travaillais à plein temps à la rédaction et au dépôt du brevet (brevet européen, pour ceux qui savent ce que cela représente comme travail). Frédégonde n'avait qu'un seul domaine de puissance où se faire reconnaître du maître : les mathématiques. Cela resta bien insuffisant pour en faire une fille forte. On a sous-estimé le rôle destructeur cet instituteur, sur Frédégonde. Il a directement détruit l'estime de soi : Frédégonde s'est estimée coupable d'être ainsi continuellement punie, privée de presque toutes les récréations. Cette phrase, et toute la suite, est sous réserve que le récit de cette période soit exact, et n'ait pas été contaminé par la manie de l'affabulation qui a pris le pouvoir sur Frédégonde.

Il fut indirectement coupable de la perte de confiance envers les secours des parents. Aussi bien père que mère furent incapables de prendre conscience du drame quotidien, apprécier la situation, et en protéger Frédégonde.

Quand Frédégonde a-t-elle basculé, choisi d'avoir son père pour cible à haïr, simultanément à une grande partie de ses études, et de ses professeurs ? Premier basculement au cours de l'année scolaire 1986-87, où elle était en 5e. En ce temps-là, notre ministère de l'Education Nationale avait brusquement commencé l'enseignement des sciences physiques quatre ans plus tôt, dès la classe de sixième, sans jamais avoir prévu les flux préalables de formation de professeurs de sciences indispensables. Frédégonde a ainsi bénéficié de deux PEGC d'une haute incompétence, après une simili-formation hâtive. Le pire fut en 6e, mais je n'intervenais pas encore. Depuis, j'ai appris que son enseignement se bornait à faire recopier minutieusement des schémas d'expériences, sans faire comprendre les expériences elles-mêmes. Il avait depuis longtemps la réputation d'être tout aussi calamiteux en mathématiques : « Celui-là, il est urgent qu'il prenne sa retraite ! Quand (mon aînée) était avec lui, je devais refaire toutes les leçons derrière lui, » précise Alie Boron, qui est professeur de mathématiques en collège. J'ai retenu que la fin de la phrase était « pour corriger ses erreurs permanentes ! », car le contexte de la discussion entre les deux femmes portait sur les inexactitudes enseignées, mais Alie le conteste.(2)

En 5e, Madame Vatin enseigna des rudiments de schémas électrotechniques, avec trois fautes majeures. Elle dessinait les piles avec la polarité à l'envers. Elle se trompait d'un angle droit dans les champs magnétiques et les aiguilles aimantées. Autrement dit, elle ne réalisait surtout pas l'expérience, mais prédisait sur schéma une orientation de l'aiguille aimantée, à 90 de celle qu'on observe expérimentalement. Pour prédire ainsi faux, elle confondait un bobinage à simple couche, avec le tristement fameux tire-bouchon (3). La troisième faute n'était qu'une violation des normes graphiques, et non une faute de compréhension au fond. Début novembre 1986, je corrigeai le cahier de cours, et le devoir de Frédégonde avant qu'elle le remette. Et Frédégonde en eut une mauvaise note ! Je pris alors rendez-vous avec madame Vatin, pour lui montrer un mémento professionnel d'électrotechnique, et lui rappeler les normes et les faits. Paniquée, madame Vatin appela le principal Fleury en renfort, qui se mit à me soutenir que c'était bien assez bon pour les élèves, et que c'était plus simple comme cela. Il semblerait que madame Vatin se vengea contre Frédégonde ensuite, au long du restant de l'année - mais est-ce vrai ? A quel âge Frédégonde a-t-elle commencé à mentir comme elle a continué à le faire ensuite ? Je n'ai pu vérifier. Frédégonde en conçut une haine définitive, et contre la physique, et contre son père, accusé de l'avoir fait maltraiter par sa prof.

Second basculement, définitif, en 1989, quand Frédégonde entra au lycée, celui où sont concentrés les petits bourgeois huppés de Saint-Quentin. A entendre Frédégonde, il semble que la seule valeur qu'ils lui aient communiquée soit de claquer le plus possible d'argent de poche. Frédégonde avait décidé que la seule référence valide au monde, c'étaient les petits bourgeois huppés, m'as-tu-vu claqueurs de fric (mais aucune référence concernant le travail tout court...). J'ai donc été accusé de lui voler son argent de poche : ma situation professionnelle était fort pauvre, quoique épuisante. (4)

Pour faire bon poids, Frédégonde y ajouta d'autres invectives : je n'étais « pas son vrai père » mais un usurpateur, une bouche inutile et parasitaire. On n'a jamais, jamais entendu Gazonbleu protester quant à la paternité de Frédégonde. Un silence assourdissant. Le harcèlement constant, sous le sourire enchanté de Gazonbleu. Frédégonde savait bien que le marché tacite entre elles était que Frédégonde disait tout haut ce que Gazonbleu pensait tout bas. Gazonbleu faisait de vertueuses dénégations : « Mais pas du tout ! Ce n'est qu'un mouvement de foule parfaitement spontané ! ». Le régime gazonbleu est totalement innocent des pogroms pratiqués par ses subordonnés, sur les boucs émissaires désignés par le régime. Nous verrons comment, en septembre 1991, Gazonbleu redirigea les harcèlements de Frédégonde sur un thème politiquement plus propice à l'exploitation. Entre temps, Frédégonde somatisant ses conflits, elle manqua souvent, et j'ai souvent dû aller la chercher à l'infirmerie, tordue par des spasmes coliques. L'asthme intervint ensuite.

Episode imprévu en 1990. J'ai déjà mentionné qu'inquiets des nouvelles qui leur parviennent de notre famille, le couple Tunc intervint, en nous invitant chez eux en Bretagne, à Pâques 90. Il leur fallut insister énormément pour faire entrer - très temporairement - dans cette famille l'idée, que les vacances, ça se prend à tous, et qu'ils invitent Jacques et sa famille, et non la famille sans Jacques. Ils récidivèrent pour l'été suivant. Les jours restant courts à Pâques, nous dûmes bivouaquer dans une forêt bretonne. Seuls les aînés dormirent dans la voiture : la Polo est bien petite. Audowere, âgée de presque quatre ans, eût un grand sourire de délice, à coucher à la belle étoile, couché dans le duvet biplace entre ses parents, à regarder tourner les étoiles à travers la frondaison encore maigre. Les Tunc firent des merveilles pour nous faire un séjour délicieux et gourmand, faisant peu à peu entrer des idées de générosité et d'attentions dans une famille d'avares jaloux et vengeurs. Gazonbleu fit attention à ne point se trahir. Frédégonde n'eût pas cette prudence, continuant à exhaler tout son mépris pour l'ignorance et l'incapacité de son père. André Tunc fut dans l'obligation de lui remonter gentiment les bretelles, et de lui expliquer qu'elle se faisait de son père une idée totalement inexacte. Mais, maintenant, André Tunc mourant a oublié l'épisode. On peut donc impunément prétendre que j'affabule. Nous repartîmes avec chacun un cadeau personnel des Tunc, par exemple un caban pour Frédégonde. J'affabule, sans doute...

Je n'ai découvert que le 25 novembre 1991, un des jeux pervers dans lesquels Gazonbleu recrutait Frédégonde, mineure, âgée de 16 ans. Ce 25 novembre, alors que j'avais un client dans mon bureau, au coup de téléphone, je déclenche mon enregistreur (au Tribunal de Commerce, la preuve est libre), et j'apprends qu'un magasin d'ameublement, Cuir Center, est prêt à livrer les deux canapés de cuir que Gazonbleu et Frédégonde ont commandé le 25 février 1991. Coût : 25 000 F. Seul l'acompte, de 2 500 F a été payé. Elles sont venues ensemble deux fois au magasin, choisir la couleur, puis sont revenues « environ un mois plus tard » (et non en juin, comme Gazonbleu me le fit croire), préciser le délai de mise en fabrication. Tout cela en cachette. Or nous n'avions absolument rien du budget pour nous permettre une telle folie. Nous n'avions aucun lieu pour mettre ne serait-ce qu'un seul de ces canapés.

Questionnée sur ce coup de fil surprenant, Gazonbleu a très rapidement glissé « J'ai fait une bêtise ». Ce fut la troisième et dernière fois en vingt-huit ans, que j'ai entendu une autocritique dans la bouche de Gazonbleu. Elle dit alors qu'elle s'était imaginée qu'elle revendrait un des canapés à une collègue. Et qu'elle faisait là une bonne affaire. Au cours des semaines qui suivirent, nous dûmes nous débattre dans le piège où elle s'était fourrée, en déployant une mauvaise foi à la mesure de celle du vendeur, et à la mesure de l'urgence. J'ai finalement réussi à obtenir que nous ne perdions que l'acompte. Croyez-vous qu'elle m'ait remercié de cet exploit impossible ? Gazonbleu ne remercie jamais, c'est un principe.

Tout au long de l'année scolaire 1990-1991, Frédégonde m'avait harcelé de sarcasmes et de mépris, d'insultes au delà du soutenable. C'est vers cette époque, qu'elle a pris, pour longtemps, l'identité d'une supplétive « Je suis la personne qui va débarrasser maman de papa ! ».

Voici donc l'état de la hiérarchie familiale à ce moment là :



J'ai entendu Frédégonde endoctriner Sigbert (environ dix ans alors) contre son père : « et papa ne s'intéressera jamais à tes études ! Et même s'il fait semblant de s'y intéresser, alors ne le crois pas, ce n'est que du semblant ! C'est toujours un menteur, et nous ne comptons pas pour lui ! Il se fiche pas mal de nous ! ». Elle ne savait pas que je les écoutais du couloir, et que je les entendais dans la cuisine.

8.3.2. Années 1992-1995.

A partir de quand Frédégonde a-t-elle commencé de répandre le bruit que je l'aurais violée ? A ma connaissance, vers mars 1992, plus ou moins un mois. Je n'ai pas connaissance de toutes les versions répandues selon les publics. Selon la plus jolie interprétation de la meilleure amie de Gazonbleu, Alie Boron, c'est carrément moi qui serait le père de mon petit-fils. C'est d'autant plus joli que cette femme avait sous les yeux la photo dudit petit fils, extrêmement blond, plus blond que sa mère, qui elle-même est déjà plus blonde que sa mère... Alors que peu de gens sont plus bruns, plus noirs de cheveux, que moi.

Frédégonde oscilla entre deux stratégies : contre une seule cible, ou contre deux cibles. Je l'ai d'abord entendue proférer toutes sortes de menaces contre les deux cibles : père et mère. Je cite « Vous m'avez détruite ! Je vous ferai un procès ! Ça ! vous serez obligés de payer jusqu'à la fin de vos jours ! ». Je n'arrive pas à savoir les différentes versions répandues. Il semble que chaque témoin ait entendu en moyenne deux versions, selon chaque stratégie, et qu'il ait censuré les deux, pour se protéger de ces horreurs. Gazonbleu a mis du temps à élaborer sa propre stratégie pour rediriger les chantages de Frédégonde, et sa haine propice, contre un seul bouc émissaire, au lieu de deux.

Là non plus, je n'ai jamais entendu Gazonbleu restaurer la réalité, qu'elle avait parfaitement connue, ni même l'évoquer une seule fois. Impossible ! Il lui aurait fallu se remettre en cause ! Elle se laissa submerger par la peur, sous le chantage, et resta fidèle à sa stratégie de Loi-du-Silence, laissant le champ libre aux élucubrations de Frédégonde, jusqu'à ce qu'elle reprit les choses en mains, et les instrumentalisa aux maximum, durant le printemps et l'été 1997. Pour tuer.

Frédégonde s'était déjà entraînée pendant plus d'un an à crier au viol, à la recherche de l'accusé le plus profitable. Le drame de Frédégonde, est d'avoir eu sa puberté trop tôt pour sa tête, qui manquait cruellement de maturité, pendant que le couple parental était minutieusement détruit par la haine et le mépris de la Gazonbleu dominante, pendant qu'elle était très recrutée comme engin de guerre contre son père. Dans tous les lieux que Frédégonde a fréquenté, elle a joué des jeux de provocation qui perturbaient chacun. Elle a donc quitté le club de natation en criant au viol. Elle a alors investi tout son orgueil dans le club de kayak, proclamant sa volonté d'humilier chacun, par ses prochaines performances en compétition.

Bon parents, nous sommes allés conduire Frédégonde à toutes ses sorties, l'encourager à toutes ses compétitions. Sigbert a aussi commencé à pagayer, et j'ai bien aimé sa façon de tirer sa longue langue vers son nez, pour mieux s'appliquer à virer entre les piquets du slalom. Sigbert, lui, était vraiment doué. Tandis que Frédégonde commençait à être handicapée par son asthme. Elle n'a développé l'asthme que tardivement, surtout après 17 ans, et donc déjà recrutée depuis plusieurs années comme engin de guerre anti-maritale.

En juillet 91, Frédégonde est partie douze jours en stage, avec son club de kayak. J'ai exprimé un grand soupir de soulagement : douze jours sans Frédégonde, c'est toujours bon à prendre ! Grande démonstration de désespoir au retour : on l'a maltraitée, on lui a jeté des cailloux, elle a eu l'envie de se suicider, on l'a presque violée, etc... Moi, je trouvais silencieusement que c'était un bien juste retour des choses, qu'elle ait éprouvé à son tour ce que c'est, quand d'autres cherchent à vous donner le dégoût de soi-même. Je regrettais silencieusement que ce stage salutaire n'ait pas duré aussi longtemps que l'année scolaire.

Puis ils sont tous partis en vacances. Comme d'habitude sans me demander mon avis, comme d'habitude chez ma mère, dont comme d'habitude, elles disaient pis que pendre. Comme d'habitude sans jamais m'écrire, ni téléphoner.

Là-bas, Frédégonde tira le plus grand bénéfice de son récit « au viol ! » auprès de ma mère, dont le féminisme de vengeance ne demandait qu'à se ranimer, et qui était si facile à exploiter. Elles se mirent à se monter la tête contre les beuveries du club. Elles commencèrent de rédiger un acte d'accusation contre les dirigeants du club.

Au retour de leurs vacances chez ma mère, en septembre 1991, Frédégonde et Gazonbleu ne recrutèrent pas tout de suite mes talents de rédacteur, de dactylographe, et de juriste amateur, pour rédiger une accusation en règle contre le club. Non. Gazonbleu commença par m'accuser devant les trois enfants réunis, d'avoir le SIDA (exactement comme si elle était fort dépitée de constater que je n'avais pas aussi durement souffert de la solitude que d'habitude, et que je n'étais toujours pas suicidé pour abréger ma souffrance).(5) Ça ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde, qui sut désormais dans quel domaine sa mère était demandeuse de nouvelles raisons de haïr son père.

Au bout de compte, après confrontation avec un conseil avec les dirigeants du club, il s'est révélé que Frédégonde avait menti sur plus de la moitié des points, et qu'elle avait poussé fort loin ses provocations envers beaucoup de personnes. Et qu'elle incommodait ainsi pas mal de familles.

La seule bonne nouvelle de l'année scolaire, était que Gazonbleu avait bien fait de changer Frédégonde de lycée. Sinon, en terminale, Frédégonde continua de rester en roue libre, vivant sur l'acquis comme en première, ne s'inquiétant que d'une chose : tirer tous les bénéfices sociaux - puis matériels - de son attrait sexuel. Tout en manifestant entre filles le plus profond mépris envers les garçons qu'elles s'empressaient à manipuler en tous sens.

Sa violence à mon égard continua d'empirer. Des clients m'ont demandé si c'était mon épouse qui m'avait si sauvagement griffé le visage. Non c'était Frédégonde. Je constatai vite que je n'ai pas les moyens de remplacer mes lunettes tous les quinze jours. J'ai donc finalement renoncé à l'élever moralement, et concentré mes efforts à sauver les deux autres. Renoncer à l'élever, se contenter de la nourrir et de la transporter, était la pire des sanctions possibles : laisser les autres et la vie la sanctionner au long terme, à mesure qu'elle se conduira à l'extérieur comme elle se conduit dans sa famille. Eussiez-vous eu une autre solution à l'échelle humaine ?

Si elle veut vraiment être dingue... Elle a eu les mêmes chances sportives que Sigbert : elle a eu l'accès à la natation, au judo, au kayak, à l'escalade (Sigbert a aussi pratiqué le rugby). Elle a eu plus de chances musicales qu'Audowere : chant choral, caisse claire, et piano. Mais ses engagements dans ce qu'elle faisait, furent tous instables et caractériels. Elle les a tous foutus en l'air les uns après les autres. Dans cette famille dominée par les terreurs et les haines propres à Gazonbleu, on a systématiquement refusé le travail sur soi. Pourtant, la césarienne de Frédégonde méritait travail d'insight : de là pourraient bien découler toutes ses brisures de rythme, ses brisures d'efforts. En tout cas, ça y ressemble. Mais il faudra, dans le chapitre réservé à l'enfance de Frédégonde, détailler la dissimulation de faute légère, cette falsification de dossier par la sage-femme (qui n'en était plus à une faute professionnelle près, cf. un numéro du Nouvel Observateur, décembre 1972 si mes souvenirs sont exacts, où la couverture était consacrée à ce genre de bavures, sous le titre « Les cliniques dangereuses », et l'article était justement consacré à la mort d'un bébé, et à la brutalité et aux fautes professionnelles de cette sage-femme là, à facettes et à contrastes, présentée sous son nom exact, sans pseudonyme ni initiales), qui fit croire aux obstétriciens que cette césarienne fut nécessaire, alors qu'il eût suffi de laisser Gazonbleu récupérer des forces, pour accoucher Frédégonde par les voies naturelles, et en meilleur accord avec les efforts et les forces du foetus.

En janvier 92, Frédégonde s'intoxiqua d'une surconsommation de paracétamol. Ça lui fit une certaine gueule de bois. Le médecin pris cela fort au sérieux, téléphona au centre antipoison et l'envoya à l'hôpital. Elle fut vexée de se trouver en service de pédiatrie, mais fière qu'on la plaigne d'être victime de ses parents. Plus tard, Frédégonde se trouva des motivations très apitoyantes, et mieux en rapport avec ses intérêts courtisans. Malheureusement pour la légende, mes oreilles étaient là : quand le médecin demanda « Pourquoi as-tu fait cela ? », Frédégonde répondit : « Pour embêter maman ! ». Ce qui était malhabile, et qui fut vite caché.

Au bout de toutes ces frasques et dispersions, elle eût son bac. Orientation ? Tout ce qu'elle envisageait, la dégoûtait au bout de peu de semaines. Non ! Plus dentiste ! Non ! Plus en agronomie, c'est trop gras sur les bottes !(6) Non ! Plus d'agro-alimentaire ! En biologie alors ?

Ma mère se démena pour lui trouver une scolarité en maths-sup biologie, lui trouver des lycées, un hébergement à la Légion d'honneur, etc. La paresse et le goût de l'échec chez Frédégonde opposèrent une longue résistance passive, jusqu'à ce qu'elle se résignât : « Allez ! Je serais une tête à claques, si je n'allais pas en maths-sup bio, quand j'en ai l'opportunité ! ».

En vacance chez ma mère, l'inconduite de Frédégonde continua de faire scandale. Mais maintenant, elle avait trouvé son excuse : « C'est pas de ma faute ! C'est parce que mon père m'a violée quand j'étais petite ! ». Je commence à recueillir les échos qu'elle a lancé un peu partout. En fait, nous sommes au moins trois à être ainsi accusés, selon le sens du vent.

Puis elle claqua la porte de la maths-sup bio, en criant que c'était la faute des autres. Elle partit prétendre faire une première année de DEUG à Villeneuve d'Ascq, mais en consacrant son temps à se meubler et à s'habiller, et non à étudier, etc. etc. La spirale descendit longtemps, et il serait cruel de détailler. Et toujours ce fut la faute des autres.

En 1994, désorientée par le renversement d'alliances de sa mère, Frédégonde exprimait parfois plus de haine envers mère qu'envers père. C'est à cette époque, que Frédégonde a confié à quelques témoins extérieurs éberlués, ses plans pour faire divorcer ses parents, puis envoyer son père en prison, puis éliminer sa mère à son tour, afin de devenir la véritable chef de famille. Le mode de vie mythomane se renforçait d'année en année. Frédégonde avait toujours des leçons à donner, à crédit : elle, elle saurait bien mieux que nous (les minables) gagner beaucoup d'argent, mais elle préférait invariablement aller faire la fête, aller draguer, ou s'abîmer dans son immense collection de romans de Stephen King, que d'ouvrir un seul de ses livres de cours.

Voici comment Frédégonde s'estimait parente de sa maman :



J'ai su qu'avec son oreille de médecin, Jacqueline commenta : « Frédégonde ? Elle ment mieux qu'elle ne respire ! ». Interrogée récemment, Jacqueline a été beaucoup plus précise : « Frédégonde est une pute ! Excuse-moi Jacques, mais tondre les garçons les uns après les autres à ce point, les tondre à ce point, ce n'est plus le goût du sexe, mais de la prostitution ! Et l'étalage des butins qu'elle faisait, des produits de luxe, des parfums chers, etc ! Un garçon qui est vendeur dans un magasin d'habillement dans notre ancien quartier, qui a aussi connu ta fille, en a fait le même jugement que moi. Et cela, jamais ta mère n'a accepté de s'en rendre compte, toujours à la couvrir de toute son indulgence protectrice ! »

Et Gazonbleu était enchantée : En redirigeant convenablement la haine et les calomnies de Frédégonde, elle avait un motif supplémentaire de haïr son mari ! Frédégonde comprit plus tard à quel point ce besoin de Gazonbleu, de toujours plus de prétextes pour avoir raison de haïr son mari, était un bon moyen de chantage et de parasitage. On en est vite arrivé au point où il est inextricable de démêler qui des deux manipule le plus l'autre, dans leurs jeux de barbichettes et de chantages réciproques. Je m'y suis laissé tromper un an, en gros de septembre 1997 à septembre 1998, en voulant exonérer Gazonbleu de ses responsabilités. La suite a prouvé combien cette exonération est intenable. Dans le délire à deux, la responsabilité principale appartient bien à la mère. Pour ne pas dire : à la mère de Gazonbleu.

J'ai retrouvé sur mon disque dur les courriers du 6 et du 19 juin 1995, à la Caisse Nationale d'Epargne de Chalons : Frédégonde avait volé dans le classeur le livret d'épargne de Sigbert, contenant 100 000 F économisés pour acheter la future maison. Elle s'était entendue avec Sigbert, mineur, pour se partager le butin, en vidant le livret vers son compte postal à elle, récemment majeure. Selon mes souvenirs, Sigbert n'aurait volatilisé à lui seul que 25 000 F à lui seul, en un mois, avant de décider que ce jeu là lui suffisait, et qu'il abandonnait tout le reste du butin à la seule Frédégonde. Ces deux courriers étaient une tentative pour obtenir une trace écrite de la volatilisation de la somme subtilisée. Je demandais en outre que l'enveloppe de leurs réponses ne soit pas facilement identifiable, pour ne pas inciter Frédégonde à nous les subtiliser : nous travaillions tous deux, alors que Frédégonde était à ne rien faire, à la maison.

On comprend que Frédégonde ait ensuite tant tenu à éliminer un témoin à la mémoire trop claire et trop fidèle !

8.4. Nouveaux bénéfices : 1997.

8.4.1. Années 1995-1996.

Durant l'année scolaire 1995-1996, nous laissâmes toute la maison à Frédégonde. J'avais été affecté à Montélimar. Mon premier poste. Me voici « professeur », baptême pompeux, pour faire en réalité l'instituteur-éducateur spécialisé. J'ai été accueilli en pièce de rechange. Mon prédécesseur bénéficiait de quelques mois de rémission dans le cancer qui l'emporta. « C'est vous la nouvelle pièce de rechange ? Bon ! Voici les ordres ! » A aucun moment, on ne me posa des questions sur ma vie professionnelle avant l'IUFM : L'Education Nationale sait tout, je ne sais rien, ou rien d'autre que ce qu'elle s'est efforcée de m'inculquer. Le principe du minet, justement tel que je l'avais déjà vu pratiquer par tous les escrocs que j'ai eu le douteux privilège d'approcher : donner des responsabilités qui le dépassent, à un jeune diplômé brillant et ambitieux. N'ayant aucune expérience, il est bien forcé de reproduire les errements en place. S'il innove, un ou deux échecs le remettront sur le droit chemin. Après quoi, comme il est brillant et carriériste, il saura bien les justifier et les défendre, les errements en place qu'il a recopiés... Seulement, cette fois, le minet débutant, avait cinquante et un ans. Difficile de lui faire gober n'importe quoi.

Chacun lisant selon ses préjugés et ses obsessions personnelles, certains lisent là quelque mépris social envers telle ou telle catégorie socio-professionnelle, qui ici peut être choisie comme « les instituteurs », ou « les ouvriers ». Ces lectures-là sont délirantes. Simplement chacun son métier, et m'utiliser durablement comme alphabétiseur reste un absurde gaspillage de compétences. Alphabétiseur, j'exagère ? Sur une classe de B.E.P. de frigoristes, j'ai dû faire découvrir à la moitié d'entre eux que les lettres minuscules diffèrent des lettres majuscules, et que les deux existent dans notre écriture. Sans cette distinction, il est impossible rien lire ni écrire en chimie : tout symbole d'élément commence par une majuscule; certains se limitent à une majuscule (H, B, C, N, O, F, P, S, K, V, Y, I, W), la plupart prennent une majuscule suivie d'une minuscule (He, Li, Be, Ne, Na, Mg, ...). Ils durent aussi apprendre à distinguer les gros chiffres devant un groupe de symboles, des petits chiffres en bas, après un symbole : le « 2 » de Na2O, n'est pas le « 2 » de 2 CaO. Cela leur a pris en moyenne deux semaines. Et en mathématiques, il a fallu leur apprendre à distinguer un verbe d'un nom, d'un adjectif, dans leur langue française... J'exagère ? A certains routiers ou mécaniciens de dix-huit ans, je n'ai jamais réussi à apprendre, que pour lire, il faut lire toutes les lettres d'un mot, au lieu de se contenter d'extrapoler n'importe quoi, à partir des trois premières lettres. Parce que dans notre classe de sciences, ils rencontrent des mots nouveaux, qu'ils ne peuvent deviner à partir des trois seules premières lettres. Ils ont dix-sept ans en moyenne en arrivant, vingt ans en fin de B.E.P., vingt-deux à vingt-trois ans en fin de bac pro. Et à vingt ans, ils lancent encore des boulettes. J'exagère ? J'affabule ? Nous sommes des tapis sous lesquels l'Education Nationale cache sa poussière : ses loupés du Primaire et du Secondaire. Nous sommes des tapis qui ne doivent pas faire de vagues, quel que soit le stock de loupés déscolarisés, que nous devons cacher. Pour qui a un minimum de culture managériale, il est évident qu'il faut agir en amont, préventivement, pour ne plus fabriquer des loupés en si grande masse, ni leur faire traverser tout le Primaire et tout le Secondaire à l'ancienneté, sans rien y comprendre, et en y développant des conduites d'échec invétérées, alors que l'échec commença dès le CP et le CE1, et ne fit que s'amplifier ensuite, sans remédiation : l'apprentissage de la langue et de l'écriture ont été manqués, et obèrent toute la suite.

Nous, nous n'avions eu le temps de trouver qu'un F3 en HLM, donc sans la place pour y déménager tout ce que nos névroses de fourmis-ayant-peur-de-manquer, avaient entassé dans la maison de Saint-Quentin. En juillet 1996, plus question de reculer, nous venons juste d'acheter la grande maison de nos rêves, et il faut évacuer d'urgence la maison de Saint-Quentin.

Pendant trois ans, de l'été 1993, à l'été 1996, j'avais bénéficié d'une relative accalmie dans les sévices. Toujours naïf et bénin, je m'imaginais qu'il s'agissait d'une vraie rémission dans la maladie mentale de Gazonbleu. Il n'en était rien. Ce n'était qu'un renversement d'alliance tout tactique et provisoire. En réalité, ayant semé la tempête, Gazonbleu récoltait la houle, et commençait à souffrir à son tour de l'attitude des deux aînés, Frédégonde et Sigbert, qui commençaient à se conduire envers elle de façon aussi atroce que celle dont ils avaient pris l'habitude de se conduire contre leur père, avec une violence comparable, et multipliant les larcins - jusqu'à 30 000 F en une fois en janvier 95, dont nous ne récupérâmes que 5 000 F environ. Dans un tel retour de bâton, Gazonbleu a quand même ressenti le besoin de s'appuyer quelque peu sur son mari, quand même plus stable et plus sérieux... Et ces deux aînés ont ressenti comme une trahison, un tel renversement d'alliance : ils étaient habitués à une belle unanimité vers la famille monoparentale à tout prix. J'ai cité plus haut l'épisode d'août 94, où Gazonbleu, tout en manifestant (à son insu ?) à quel point elle est impatiente de se débarrasser de son mari, invite d'autorité mon ami d'enfance et sa famille chez ma mère. Elle dispose de chacun à sa guise, et du domicile de chacun.

Durant l'année scolaire 95-96, alertée par les larcins précédents, Gazonbleu s'inquiéta enfin du comportement de parasite dilapideur de Frédégonde : « Si nous disparaissions, Frédégonde dilapiderait en moins de trois ans tout l'héritage de Sigbert et d'Audowere. Comment les protéger contre elle ? » Protéger deux enfants contre l'aînée par testament, cela, deux cents ans de Code Napoléon, nous l'interdisent, en principe. Avec ses 25% de part réservataire obligatoire, et en étant à l'époque seule majeure, Frédégonde pouvait continuer de faire énormément de dégâts, et les contraindre à vendre le bien commun. A Pâques 1996, j'ai proposé une solution : faire deux testaments qui expliquent en détail contre quels genres d'inconduite et de parasitisme nous tenions à protéger les cadets, et déshéritions ainsi l'aînée de la partie immobilière des biens. Afin qu'attaquer les testaments en justice lui soit infiniment désagréable, et qu'elle préférât boire sa rage en secret. Finalement nous n'avons rien fait en ce sens aussi longtemps que nous fûmes ensemble. Peut-être parce que l'idée venant de moi, elle en était donc inacceptable. C'est la solution que j'ai finalement rédigée, moi seul, dans mon testament du 30 juillet 1998. C'est ma provocation : je veux qu'on en discute entre juristes qui liront ces mémoires, avant que Frédégonde revendique : « C'est moi l'apprentie parricide qui a loupé son coup, et qui revendique ma part de butin ! ». En effet, Frédégonde ne peut être juridiquement indigne, tant que deux conditions ne soient réunies : qu'elle réussisse enfin ce parricide, et qu'elle soit prise et condamnée par la Justice. La loi ne laisse aucun moyen d'action aux parents persécutés par l'enfant impatient de recueillir l'héritage. 

8.4.2. Depuis 1996 : la mise à mort. Zut ! Ratée !

Depuis juillet 1996, Gazonbleu s'est à nouveau enfermée dans son despotisme sans limites ni éclairage. Elle a imposé que le très lourd déménagement final de Saint-Quentin vers Savasse, ne soit mené qu'avec des moyens d'avare, très insuffisants pour nos forces physiques, et trop tardifs, compte tenus des délais à respecter, et en a conçu à nouveau une haine plus grande que jamais envers son bouc émissaire habituel. Ma résistance à cette Marche-à-la-Mort fut inorganisée : ce n'est qu'en juillet 1997, que parut l'article d'Ed Yourdon « Surviving a Death March Project », dans Software Development. A l'époque, j'avais 52 ans, et des Marches-à-la-Mort, j'en avais déjà fait plus que mon lot.

A cette époque, Frédégonde s'est conduite de façon ignoble, partant en vacances chez ma mère, sans rien ranger ni rien évacuer du salon qu'elle occupait à Saint-Quentin, ni participer au déménagement en quoi que ce soit. Cela nous a pris trois journées pleines à deux - Gazonbleu et moi - pour ranger ses affaires, et les évacuer dans le grenier d'un ami à moi, radioamateur et père de famille nombreuse. Mais Pierrot ne témoignera pas : trop fatiguant... On peut donc prétendre que j'affabule.

Pendant ce temps-là, au bout de trois mois de vacances, dont deux chez ma mère, Frédégonde a accepté de se rendre compte qu'elle était enceinte. Elle nous a assuré qu'elle savait qui était le père, mais qu'elle ne voulait en aucun cas de ce garçon, qu'il manquait de maturité, et qu'il fallait à toute force cacher cette maternité au père prétendu. Elle a commencé par habiter en trio chez des amis à elle, puis chez ma mère à Paris, puis elle est arrivée chez nous en novembre 1996, à Savasse. Dans 400 m², on arrive à trouver de la place pour une jeune mère célibataire, qui semble enfin s'amender.

Au début, les premiers mois, toute sucre et toute miel envers moi ! Et enchantée quand les commerçants la prenaient pour ma femme ! Fière de son père quand il la conduisait chez le médecin !

L'amendement restait fort limité. Frédégonde continua de faire de sa chambre un magma répugnant, où l'on marchait sur les foulards de soie, les parfums chers, les cassettes, ou le lecteur de CD portable. Elle continua de nous imposer ses phobies ahurissantes, quant à la façon de nettoyer et désinfecter la vaisselle avec des produits fort coûteux et agressifs. Sauf qu'il fallait supporter pendant une semaine que Frédégonde daignât débarrasser la paillasse, de sa vaisselle en attente, qui moisissait. Sauf que phobique aussi, Gazonbleu avait confisqué l'égouttoir à vaisselle, et qu'on devait donc déposer la vaisselle lavée sur la vaisselle moisie, laissée en attente par Frédégonde. Et j'étais couvert d'injures, notamment traité de porc, chaque fois que lassé de n'avoir nulle place pour faire la vaisselle, je lavais aussi de la vaisselle spécifique à Frédégonde.

En janvier (ou février ?) 1997, j'avais déjà confié publiquement dans la salle des professeurs de mon lycée, que la perspective de parvenir vivant à la retraite, tout en restant à Savasse, et sous la dictature d'une femme aussi haineuse que Gazonbleu, me terrifiait. Je n'avais pas encore vu le pire, et de loin : Gazonbleu retrouvant toute l'unanimité de Frédégonde, dans le lynchage du bouc émissaire.

Au cours de l'hiver 1996-1997, Gazonbleu a progressivement repris le contrôle de Frédégonde. En février 1997, les jeux étaient faits : Gazonbleu avait refait sa vie avec Frédégonde. Elles ont décidé en cachette d'un énorme volume d'achats : lave-linge, lave-vaisselle, congélateur, table de ping-pong, nettoyeur haute-pression Kärcher, taille-haie, et tronçonneuse... Dans un premier temps après la naissance, l'agressivité et la méchanceté de Frédégonde, se tournèrent contre le chat Diavol, qui prit bon nombre de coups de pieds abusifs. Puis on en revint au bouc émissaire habituel, sous la pressante demande de Gazonbleu.

Préciser le vocabulaire : « refaire sa vie » ? Pour la plupart des gens, cela a un sens sexuel : coucher ensemble, en plus de vivre ensemble. Or, en février, les deux femmes ne couchaient pas encore ensemble. Mais le fin mot, c'est que pour Gazonbleu, « la vie », c'est la vie ménagère, et rien d'autre. Tout ce qui n'est ni l'engagement des dépenses, ni le service ménager et la répartition des corvées, est nié par Gazonbleu.

D'un peu partout, on m'a posé la question : « Mais enfin ? Ta femme ? Elle ne serait pas lesbienne ? ». Je n'en sais toujours rien. Je peux certifier qu'aussi longtemps qu'elle m'avait dans son champ de vision, et depuis la naissance d'Audowere en 1986, Gazonbleu n'était plus hétérosexuelle, et manifestait avec toujours plus de véhémence, que d'en conserver quelques vagues apparences, la révulsait. Telle que je l'ai connue, elle était nihil-sexuelle : trop paranoïde pour accepter des relations affectives ni sexuelles. Ce qu'elle est devenue après s'être débarrassée de moi, je n'en sais rien. La seule chose que je peux certifier, c'est que depuis avril 1997, et aussi longtemps que je l'ai su, donc jusque fin juin 1998, elle couchait avec l'une ou l'autre de ses filles, ou les deux.

L'habitude s'est reprise de plus belle de fonctionner en circuit fermé et secret, de ne plus jamais adresser la parole à Jacques, de lui interdire le moindre mot, de le couvrir d'injures. Début août, elles tombèrent d'accord pour priver le jeune Louis-Eudes, alors âgé de quatre mois et demi, de tout contact avec son grand-père, qu'on lui cachait activement. Ce nouveau sévice, choisi pour me faire souffrir encore davantage, eut surtout pour résultat de casser le développement relationnel et psychomoteur d'un bébé exceptionnellement ambitieux et prometteur. Encore un enfant instrumentalisé au service de la haine !

Cette fois, ma résistance fut plus organisée : j'avais lu dans l'éditorial de mai 1997 de Software Development l'écriteau pendu dans quelque bureau du Département des Ressources Humaines : « We advertised for workers, but all we have found is people ! ». Gazonbleu voulait toujours faire le chef absolu, et ses relations avec moi, depuis juillet 1996, ne quittaient toujours pas le mode patronal : venant inspecter les travaux, mais jamais, au grand jamais, voir le travailleur. Je finis donc, probablement dès avril ou mai, par annoncer que puisque quoi que je dise ou demande, je pouvais toujours attendre trente ans de plus, les travaux aussi peuvent bien attendre à leur tour trente ans de plus. Ce que je n'avais pas prévu, c'était la nouvelle union parfaite entre Gazonbleu et Frédégonde, parfaitement d'accord sur la conviction que seule une personne humaine peut avoir le droit de faire grève et d'avoir des revendications, telles que demander qu'on lui adresse la parole comme à une personne humaine, et que je pouvais en aucun cas être une personne humaine, donc évidemment pas en grève du tout, mais rien de plus qu'une bouche inutile.

Courant août 1997, le professeur André Tunc s'est inquiété d'une non-assistance à personne en danger, voyant que personne à Savasse ne s'inquiétait en rien des menaces professionnelles qui s'amoncelaient sur ma tête. Par courrier du 18 août 1997, je lui ai donné la description des faits, montrant qu'avec sa bienveillance proverbiale, il était bien en deçà des réalités innommables du huis clos mortel de Savasse. Les destinataires des deux exemplaires de ce courrier commencèrent par être totalement incrédules : cela décrivait une perversité dépassant l'entendement. Mais les preuves leur sont arrivées bientôt. Pour en avoir le coeur net, Anne s'est rendue du 3 au 9 octobre 1997 à Savasse. Frédégonde lui a interdit à l'avenir toute visite à notre maison de Savasse, "parce que vous allez prendre le parti de papa !", et a bousculé la septuagénaire dans l'escalier. André Tunc resta sur son petit nuage, d'intimes convictions lénifiantes, et continua à s'inquiéter à côté des vraies questions, et à dispenser des conseils, tout en continuant de refuser toutes les informations indispensables. Moi, j'ai mis mes cartes sur la table, exhibant à Gazonbleu les courriers par lesquels je mettais des témoins sur le crime parfait. Et ce fut le dernier « dialogue », le 30 ou 31 août :

« Moi ? Paranoïde ? Après tout ce que j'ai fait pour toi !

- Tu oublies tout ce que tu as fait contre moi. »

Point final. Depuis, le silence est total. Total quant au fond. Au reste, les calomnies et les confiscations continuent.

Depuis, Gazonbleu et Frédégonde ont repris en choeur les insinuations calomniatrices, auprès de toutes les oreilles susceptibles de les plaindre. Dans l'espoir que le public me lynchera, tandis qu'elles garderont courageusement les mains innocentes. Le 18 juillet 1998 (le jour où le sabotage de frein décrit plus haut devait normalement produire l'accident mortel planifié), j'ai vu Frédégonde aller raconter encore une fois à un voisin que « mon papa, il ne touchait jamais un outil ! » pour obtenir que le voisin termine gracieusement un gros travail sur le pilier de portail, que le mépris écrasant de Gazonbleu avait interrompu en avril 1997. Ceci pour la plus bénigne des calomnies, sans parler des autres, qui se sont faites prudemment plus subtiles, pour ne plus risquer de se couper l'une l'autre.


J'ai appris qu'auprès des voisins en exploitation, Frédégonde justifie désormais sa haine à mon égard, et mon élimination en 1997 de toutes relations familiales, par l'accusation que j'aurais laissé tomber mon petit-fils d'une table, ce qui prouverait à quel point je serais un dangereux irresponsable. Bien entendu, pas un mot des événements réels de 1997 ! Quant à Gazonbleu, elle justifie la même élimination de son mari par la formule elliptique « Il a fait quelque chose de très grave ! », en omettant de préciser que la chose la plus grave à me reprocher n'est autre que la prédiction non documentée par Gazonbleu : « et puis Jacques n'aura même pas de retraite ! ».

Dans la réalité, il y a bien eu deux chutes de bébé, qu'avec plus de méfiance, nous eussions pu éviter, mais elles ont eu lieu dans l'été 1975, et non dans l'été 1997. C'est Frédégonde, dont nous avions surestimé l'habileté à se tenir assise, qui surprit notre vigilance. Peut-être bien que dans la même inexpérience de primogéniture, Frédégonde laissa aussi échapper son bébé remuant ? Je n'en sais rien. Mais je connais assez sa mythomanie, pour la savoir bien capable d'accuser son bouc émissaire de ses propres encombrantes négligences et maladresses, toujours possibles. Gazonbleu sait parfaitement que cette version exportée dans le voisinage, est pur mensonge, mais bien entendu, elle n'a jamais rien fait pour restaurer la vérité. On est complices dans la haine, ou on ne l'est pas.

Dans cette alternative « La valise ou le cercueil ! » j'ai eu la chance inespérée qu'un cafouillage de l'employeur me donne la valise avant de devoir me faire envoyer en maison de repos pour échapper à mes deux tortionnaires à domicile, et la chance que l'Université de (Notre Ville) me permette de la poser, et de reprendre des études. Je suis vivant, en aussi bonne santé que le permet mon âge, qui se rappelle à l'attention.

Pour le reste, c'est moins réussi : dans la précipitation de cette inscription de dernière minute en fac, je n'ai pas eu le temps de recueillir un conseil judicieux. Je me suis inscrit en Maîtrise, alors qu'il eût été indispensable de refaire une Licence avant, tant les programmes avaient profondément changé depuis le temps de mes premières études. De fait, j'ignorais de combien de temps je disposais, avant que l'employeur ne me réemploie ailleurs : trois semaines ? Deux mois ? Trois mois ? Nous en sommes à dix-neuf mois (à l'époque de cette rédaction. Au final, l'Education m'aura payé cinq ans et demi à ne rien faire. C'est comme cela , l'usage de l'argent public par le Rectorat, pour protéger les malversations d'un protale prévaricateur)... Je ne prévoyais pas non plus les handicaps que m'imposeraient plusieurs aspects du vieillissement : la vue qui ne permet plus de voir et le tableau, et mon écriture, et qui m'oblige à retirer les lunettes pour pouvoir écrire presque lisiblement, la mémoire à court terme qui se rétrécit, la capacité de travail et de concentration, qui diminue durement... Et la motivation pour les abstractions non ancrées, ne reviendra plus jamais : je ne suis plus un adolescent en fuite des relations humaines. Je suis un père tendre et frustré, un grand-père tendre et frustré, un mari bafoué et répudié, et non un fuyard vers l'abstraction injustifiable.

Quant à Frédégonde, la voilà co-châtelaine d'un demi hectare. Elle fait chanter Gazonbleu tant qu'elle veut. Ça rapporte, de crier « Au viol ! ».

Gazonbleu se donne le change en prétendant « Mais Frédégonde va se marier ! Et alors ce petit aura un père ! ». Taratata ! Même si l'on fait grand succès de nos jours aux rééditions de la chanson d'Yvette Guilbert « Que c'est bête un homme ! Alors deux ! Vous pensez ! », je n'ai pas vu les garçons rester naïfs et niais très longtemps en présence des tissus de mensonges, et de la désinvolture manipulatrice de Frédégonde.

Frédégonde restera encore de longues années co-châtelaine de Château la Haine, et Louis-Eudes restera de longues années aussi privé de père qu'il est énergiquement privé de grand-père, et de toute la famille de son grand-père.


8.5. « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. » : la conclusion du chapitre ?

La conclusion constructive, je l'ai déjà répétée sur plusieurs forums internet : cherchez du secours à l'extérieur très tôt. Ne restez pas seul(e) face à une situation aussi pathologique et destructrice, comme je le suis resté bêtement, par discrétion, par respect, par amour. Sous le regard d'autrui, soit votre tortionnaire se trahira, et vous aurez des témoins, soit il se disciplinera, pour ne pas se faire prendre. J'ai beaucoup regretté que notre vie commune ne se soit pas bien davantage déroulée sous des regards extérieurs, pour que Gazonbleu mit une sourdine à ses méchancetés, ne serait-ce que pour ne pas se faire prendre en flagrant délit devant témoins. Beaucoup regretté.





Hors textes (3 pages) :

11 février 1998 : Gazonbleu rapatrie une dépense pour pouvoir accuser : « il ne prend aucune part aux dépenses du ménage ! »

6 avril 1998 : requête en divorce pour faute.

1 Borch-Jacobsen M. Folies à plusieurs, de l'hystérie à la dépression. Les empêcheurs de penser en rond. 2002.

2 Alie Boron conteste : si elle devait refaire toutes les leçons d'A. derrière lui, ce n'aurait pas été en fonctions d'erreurs, mais pour sa pédagogie inapte. Correction sous toutes réserves : Alie et moi n'avons visiblement pas la même notion du « faux », ni en mathématiques, ni en matière de faux témoignage, ni en aucun domaine. Quand doit-on la croire ? Quand elle affirme, ou quand elle dément ? Sa confusion mentale ne recouvre certainement pas tous les domaines. Mais allez-donc, à distance, déterminer les frontières exactes de sa confusion mentale !

3 Le tire-bouchon, et autres folklores indéfendables, n'est pas de la faute de madame V; voilà un siècle et demi que nous perpétuons la même bévue de pionnier. A cette époque, où je m'occupais d'ingénierie, et aucunement d'enseignement, cette bévue n'était pas dans mes préoccupations. Cette bévue de pionniers, devenue faute professionnelle collective, quoique dénoncée en 1894 par Pierre Curie, excuse en partie les fantaisies de Madame V : elle a tenté de raisonner avec les mains, alors que la mathématisation standard, enseignée partout, brime le raisonnement avec les mains, et fait parler les mains faux. La mathématisation standard confond délibérément les trucs qui tournent, tels qu'un champ magnétique, avec les trucs qui vont, tels que la vitesse d'un train, ou un qu'un champ électrique. Ça n'a rien à voir, rien , mais on vous a fait croire le contraire, pour passer votre bachot. Ce chapitre de la physique que vous avez oublié avec soulagement, tellement il est entortillé et incompréhensible, si vous saviez combien il est simple, une fois débarrassé de sa faute professionnelle systématique et obligatoire !

4 Dans ses documents non signés (un seul est daté du 16 avril 99), postés le 19 avril 99, mais dont l'origine est peu douteuse, Alie Boron prouve qu'elle, et ses filles, ont joué un rôle moteur dans l'excitation du mépris total de Frédégonde envers père et mère, père surtout, et qu'elle est disposée à continuer ainsi. A l'époque, Gazonbleu rapportait effarée les violentes explosions de mépris de l'aînée des Boron, envers tout parfum qui ne serait pas un Drakkar noir... Comportement que Frédégonde reproduit à l'identique quelques années plus tard. Gazonbleu exprimait aussi sa souffrance de n'avoir guère qu'un tel personnage pour fréquentation... Alie arrivait dans l'après-midi, pour se faire écouter déblatérer. Gazonbleu fermait ses dossiers, et éteignait son ordinateur, et lançait un thé, puis prenait un tricot ou des reprises, ou lançait une corvée d'équeutage de haricots, ou de pluches, pour ne pas perdre trop de temps. A moins qu'elle n'ait prévu le coup, et ne m'aie envoyé, à voix basse et furieuse, répondre qu'elle n'était pas là.

5 L'ennui de faire carrière dans le mensonge, c'est qu'il faut prévenir à temps TOUS les complices, que la version a changé, la précédente étant trop compromise. De nos jours Gazonbleu nie énergiquement cette accusation publique, tentant de la mettre sur le compte de mon délire bien connu. Mais devinez quel est le faux témoin, qui dans un opus déjà cité plus haut, exulte à l'idée que l'accusation ait été fondée, ce dont elle semble ne pas douter un instant : encore Alie Boron, dans son courrier posté le 19 février 1999.

6 Et ça ne va pas avec le Drakkar noir mentionné plus haut.

 

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Dimanche 21 juin 2009, cela faisait 3395 jours que je n'avais plus jamais revu ni entendu ma fille cadette : depuis dimanche 5 mars 2000. Neuf ans, trois mois, et seize jours.