Au moins un de nous deux est fou. Lequel ? Ou les deux ?

7.1.      Restriction liminaire.
7.2.      Debout.
7.3.      Au lit.
7.4.      Assis.
7.5.      Avarices féroces, surtout à sens unique.
7.5.1.        Citées dans le courrier du 5 février 1993.
7.5.2.       A Château La Haine.
7.5.3.       Le sens du partage : 30 novembre 1997 !
7.5.4.       Falsifications de l’histoire. Un exemple.
7.6.      Ne pas savoir trouver du secours à l’extérieur.
7.6.1.       Prisonnier d’un schéma janovien.
7.6.2.       Occasions manquées.
7.6.3.       Les temps de l’unanimité sur des craintes mal fondées.
7.6.4.       Ne se définir que comme « méragosse ».
7.6.5.       Le statut des courriers de 1991 à 1993 ?
7.6.6.       « Contre la paranoïa, il n’y a pas de remède. Il faut se sauver soi-même. ».
7.6.7.       25 mars 1999.
7.7.      Hep là ! Mon gaillard ! Justifiez votre premier titre ! « Parricide »? Mort ? Ou vif ?
7.8.      Agir, être proactif ? Oui, mais comment ?
7.8.1.       De toutes façons, c’est contagieux.
7.8.2.       Critère unique et universel : « Désagréable ! ».
7.8.3.       Gardez le verbe, permutez sujet et objet.
7.8.4.       Politique-fiction : Qui aurait réussi ?
7.8.5.       « Le dialogue est totalement impossible car le mari est incapable... ».
7.9.      Pourquoi ?
7.9.1.       Autonomie des rythmes de la maladie mentale : plus de 80%.
7.9.2.       Confusion des mobiles.
7.9.3.       Le pourquoi ? le mobile originel.
7.9.4.       Le pourquoi du pourquoi : les modalités originelles.


Hors textes (12 pages) :

Confidence : De la paranoïa en général, et de celle que j’ai côtoyé 27 ans en particulier.
2 photos numérisées du drap le plus usé et le plus troué que Gazonbleu ait pu trouver, le 30 novembre 1997.
Courrier du 17 novembre 1992 au ménage André Tunc.
Courrier du 5 février 1993 au ménage André Tunc.
Courrier du 9 février 1993 à Philippe L., frère de Gazonbleu.
Courrier du 11 mai 1993 au ménage André Tunc.

Les originaux, avec noms réels et non plus pseudonymes, suivent.

 

 

7.             Au moins un de nous deux est fou. Lequel ? Ou les deux ?

7.1.            Restriction liminaire

Lors de la rédaction de ce chapitre, je n’avais pas encore connaissance de la pièce n° 16 du dossier adverse, que nous discuterons plus loin. Jusqu’alors, à tout instant, j’avais sous-estimé au moins un pan de la maladie mentale de Gazonbleu. Tantôt j’avais sous-estimé l’aspect confusion mentale (durant l’été 1997, et de septembre 1998, jusqu’à lundi 3 mai 1999, à réception de ce lourd dossier adverse), tantôt j’avais sous-estimé la cohérence et la continuité de la perversité, ne voyant que les aspects folkloriques des soupçons paranoïaques, de ses procès d’intention délirants, et de son avarice maladive (jusqu’à l’été 97, puis durant mon année de résurrection : septembre 97, septembre 98) : comme les skin-heads, qui cherchent un remède à la confusion totale de leur esprit, en cognant avec cohérence sur des boucs émissaires.

Cette pièce sera discutée dans son chapitre propre : « La pièce 16 : le faux témoignage d’Alie Boron.», aussitôt après le chapitre : « Un jeu qui rapporte : Au viol ! ».

Lors de la rédaction de ce chapitre, la réouverture du dossier pénal, selon l'article 441-7 NCP réprimant les attestations mensongères, du gang dirigé par ma très charmante ex-épouse, était encore lointaine. Il n'en est plus de même à présent, fin 2014, où ce n'est plus qu'une question de semaines.
Voici donc les traductions en clair des pseudonymes :

"Genévrier" était mon nom de plume sur feu le forum québécois "rezoville.com", partiellement décrit dans un mémoire de Maîtrise, spécialité mineure psychologie clinique, à l'adresse http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/oh_loup_oiseau.pdf
"Gazonbleu", contraction de Barbe Bleue et de "Gazon maudit" est ma très charmante ex-épouse, Geneviève Letellier, chèfe de gang.
"Frédégonde" désigne sa fille aînée, Cécile, celle qui accepté à l'âge de treize ans une mission parricide pour garantir à sa maman un veuvage mains propres mains nettes, pas vue pas prise, et qui s'englua dans la corrruption qui va avec, se mit en roue libre sur le plan scolaire, et échoua à jamais terminer la moindre année d'études post-bac.
"Sigbert" est mon fils Bertrand.
Nous laisserons à "Audowere" son mystère, pour ne pas entraver sa carrière professionnelle.
"Gvr" : Dominique Givord, ami d'enfance.
"Marimarg" : ma mère, Anne de Corlieu, divorcée Lavau.
 "(NotreVille)" est la région lyonnaise, soit de décembre 1997 à juillet 98 Villeurbanne, et de septembre 1998 à mai 2012, Vaulx en Velin.
Au Mans, l'entreprise disparue depuis était Lepelletier-Drouard, et son directeur commercial M. Percot ("P.rc.t").
"Sévignan" = Savasse, près de Montélimar.
"Alie Boron" : Annie le Sénécal, épouse Beaurain, auteure d'une attestation mensongère délirante, sous la dictée de Geneviève Letellier et de Cécile Lavau.

7.2.            Debout.

Je confesse n’avoir lu la fameuse pièce de Luigi Pirandello, Chacun sa vérité, que le 15 janvier 1999 ! Je m’en faisais une idée totalement fausse. Je m’imaginais que c’était beaucoup plus proche de la biographie de Luigi et d’Antonietta, et non encore une fois une transposition dans la problématique du théâtre, avec ses tenues de rôles pour des publics. Autrement dit, dans son théâtre, Pirandello n’aborde qu’un seul aspect : l’effort pour rendre l’autre fou, fou complémentaire. J’avais bien lu quelque chose d’indirect sur le harcèlement d’une épouse qui sombre dans la paranoïa, et qui accuse son compagnon de toutes sortes de turpitudes, d’avoir des maîtresses, etc. Mais de l’indirect, dans un magazine.

Soumis à un semblable harcèlement, j’ai eu le problème pressant de comprendre au juste où l’on en est, et savoir si on n’est pas à son tour en train de sombrer dans un Mælstrøm de délires à deux. Ou si d’aventure, ce serait soi-même le principal délirant ? Quelle est la ponctuation réaliste, dans une relation devenue totalement pathologique ?

Une de mes chances, fut d’avoir un entraînement à la critique, la plus réflexive. C’est bien ce que j’ai exprimé dans le prologue. Le sens critique, plus la discipline d’expérimentation scientifique, et n’oublions pas le rire, m’ont permis de toujours garder mon identité sûre, sous les pires harcèlements, qui en auraient détruits d’autres.

Connaissant la fragilité des fondements des opinions, je me suis très peu tourné vers la recherche d’avis concordant au mien - je me défie des opinions trop concordantes, trop unanimes. Déjà à cette époque, je butais sur le problème du huis clos. Moi et les enfants étions les seuls témoins des faits. Comment trouver des témoins extérieurs, qui aient observé quelque chose ? De plus, je butais sur le contraste entre l’attitude très surveillée de Gazonbleu à l’extérieur, pour ne pas se faire prendre, et son fanatisme débridé à l’intérieur du huis clos. Presque aucun témoin extérieur, n’ayant vu que l’extérieur, ne pouvait croire les faits, tant ils étaient pathologiques. Et la suite a montré que des témoins très proches, s’étaient constamment arrangés pour biffer et oublier tous les faits qui ne cadraient pas avec leurs intimes convictions.

J’ai expérimenté. J’ai créé des situations neutres, où je pourrais observer si les procès d’intentions fuseraient. Et ils fusèrent. Je crois avoir ainsi suscité trois expériences nettes, mais je ne me souviens avec précision que d’une seule. La voici :

Une rentrée de septembre (entre 1989 et 1992; 1992 est le plus probable), Gazonbleu profite de mon voyage professionnel à Paris, pour me confier une longue liste de livres scolaires à prendre chez les éditeurs, pour elle, pour les enfants, et pour deux collègues. Il faisait très chaud et tous ces livres pesaient fort lourd en plus de mes propres bagages, à traîner à travers le quartier Latin, puis de la gare à la maison. Je rentre donc harassé, douloureux, et sentant énormément la sueur. Désireux d’en avoir le coeur net, j’ai l’inspiration de cacher un peu les sacs de livres derrière un meuble de mon bureau, et de m’asseoir pour souffler un peu, et voir arriver les événements. Gazonbleu déboule bientôt ; évidemment aucun mot concernant mon état de fatigue, ou mon odeur forte, oh non ! une seule phrase après un sévère regard inquisiteur, affirmant :

Tu n’as donc pas été chercher les livres que je t’avais demandé ?

- (Un temps de silence) Décides-en toi-même.

- Ah ! Le salaud ! Je savais bien qu’on ne pouvait jamais compter sur lui !

- Je t’ai dit d’en décider toi-même. C’est donc ça ta décision ?

Et Gazonbleu monta toujours plus haut dans sa violence verbale... Elle n’écoute jamais ce que je dis. Elle se contente de vérifier si mon obéissance est totale, ou non.

Depuis ce jour, je sais qui est quoi. Je sais qu’il serait irréaliste d’avoir de la pudeur quand vient le temps de supputer quelle sera la réaction de Gazonbleu : seule une prédiction si pessimiste et si malveillante qu’on ait grand honte d’y penser, réussira à prédire correctement, et les autres échoueront.

Avant ce genre d’expériences neutres, je n’avais que la régularité des interruptions précipitées, et de leurs raisons ahurissantes. Je les ai déjà décrites dans le chapitre de la sensorialité auditive, et de ses avaries.

L’usage de la voix comme support du langage articulé ? Pour Gazonbleu, le langage parlé, ça sert par définition, à faire la guerre, et à rien d’autre, excepté qu’elle est contrainte de trouver quelques mots pour éructer ses ordres. Pour elle, l'usage du langage parlé par autrui, joue le rôle d'une gâchette. Si Genevrier a l'audace de parler, Gazonbleu mobilise toutes ses forces pour contre-attaquer, et lui couper la parole dans chaque phrase, afin de ne jamais savoir de quoi il pouvait bien être question, excepté qu'elle a su y trouver des gâchettes. Une gâchette infaillible, consiste à prononcer une seule phrase de plus de quinze mots, au début d’une réflexion à haute voix. Interruption furieuse immédiate : « Ça veut dire que tu veux me manipuler ! ». C’est à dire en clair, que son entendement est débordé, et que comme Gazonbleu est trop obsédée de sa prestance pour avouer aucune de ses infirmités, ni pour apprendre les techniques de base de la communication verbale, elle se cramponne à un de ses procès d’intentions. Or les intentions qu’elle me prête, sont invariablement empruntées à son univers à elle, 100% paranoïde et rapace, voire pire.

Citons Harold Searles : « Le thérapeute doit par moments se plier à certaines contraintes. L’angoisse du patient et sa tendance à la confusion sont souvent telles que toute communication verbale doit être formulée en très peu de mots; c’est ainsi par exemple que l’un des patients que je traite actuellement ne peut prêter attention qu’aux trois ou quatre premiers mots d’une phrase. » Trois ou quatre mots ? Gazonbleu faisait beaucoup mieux : une dizaine de mots. Oui, mais sur une seule phrase : la première !

Pour éviter de jamais entendre une réponse, le plus sûr est d'éviter de poser même les plus simples et les plus indispensables des questions. Et éclater de rage si la personne censurée se permet de donner quand même la réponse aux questions non posées. Puis passer la totalité des énoncés de Genevrier sous le coup de la procédure d'annulation automatique : c'est faux, c'est inadmissible, c'est une manoeuvre pour me manipuler, c'est annulé, c'est déjà oublié, à vie. La bêtise artificielle par le brouillage. La maladie mentale paranoïde poussée au point où elle est débilitante.

Le contraste est saisissant, dans la perception des avaries survenues à ma voix. Aux cours des saisons de plus dure solitude imposée, et surtout à nouveau durant l’année scolaire 1996-1997, ma voix fut terriblement étranglée, privée de tout graves, et privée de tout timbre. Ça ne passait pas inaperçu dans le lycée, un tel handicap professionnel... Mais Gazonbleu n’en finissait pas de se plaindre que les avaries fussent encore très insuffisantes. A l’en croire, j’avais encore une bien trop grosse voix, bien trop mâle, bien « trop autoritaire » (sic !) pour qu’elle put la tolérer.

 

7.3.            Au lit.

Tant pis pour les sourires en coin : le lit n’est pas le pire endroit au monde, pour connaître quelqu’un. Si quelqu’un doute de l’état mental de Gazonbleu, qu’il la pratique donc au lit. Il comprendra vite sa douleur.

Au lit, impossible de cacher sa paranoïa. Le système de fermeture blindée paranoïde de Gazonbleu dirige chacun de ses comportements, depuis sa fermeture perpétuelle, avec son obsession de jouir le plus rarement possible, le moins possible, dans le noir et dans le silence le plus glacial, jusqu’à sa comptabilité mentale serrée, pour être à tout instant certaine de ne jamais donner plus de plaisir ni d’attentions qu’elle n’en reçoit. L’avarice, et le désir de vengeance envieuse contre l’existence d’autrui, jusqu’en amour.

Au lit, l’obsession d’être toujours sur ses gardes, ne peut plus passer pour une « marque de normalité ». C’est un fait clinique bien connu que l’incapacité des paranoïaques à établir des relations amoureuses normales, à baiser correctement, et à jouir normalement. Ils sont bien trop obsédés de surveiller et défendre leurs frontières, menacées par l’existence d’autrui.

Une seule fois dans toute son existence, Gazonbleu a pratiqué la réciprocité sur un point : user de la pointe de sa langue sur les mamelons de son conjoint. « Et pourquoi as-tu refusé de jamais recommencer ensuite ? ». Silence. J’insiste : « Trop bon pour moi ? ». « Oui ! », a-t-elle répondu. Toujours la confusion avec sa mère.

On pourra toujours me taxer d’affabulation. Où sont mes témoins extérieurs ?

Au lit ? Que dit Gazonbleu au juste ? « J’en ai marre de s’type-là ! ». Mais enfin, monsieur l’auteur ? Elle dit bien autre chose ? Non. Rien d’autre. Rien d’autre depuis la naissance de notre dernier enfant, depuis qu’elle a son compte d’enfants, et donc plus besoin d’un mâle dans son lit. Tout au plus d’un nounours chauffant, l’hiver.

Ai-je des torts, au lit ? Après coup, après être sorti de cette réclusion sous la loi paranoïde, il est assez facile d’être plus savant et plus malin. Mes souvenirs portent surtout sur les quinze à dix-sept dernières années. Lorsque le conflit sur la Loi-du-Silence était chaque jour plus présent pour moi, chaque jour plus nié par Gazonbleu, je ne pouvais plus guère être étendu à côté d’elle, sans avoir en travers de la gorge toutes les censures qu’elle m’avait imposé la veille, et l’avant-veille, semaine après semaine, mois après mois... Avant-hier soir, j’ai dit ceci, et depuis, tu imposes ta censure en retour. Je n’ai donc rien de plus à dire, en attendant que tu daignes tenir compte que je l’ai dit, et répondre. Tel était mon sentiment dominant, et mon propos. La censure forsenée, ça nuit drôlement au primesaut et à l’enthousiasme naïf !

Techniquement, oui, il y avait une faute : il ne faut pas attendre d’être au lit, pour évoquer les conflits, qu’ils soient liés au lit, ou au restant de la journée ou de la vie. Sinon, il ne reste plus un seul lieu heureux, pour des rencontres heureuses. Cela ne m’indique toujours pas comment j’aurais pu échapper à cette faute technique, tant le dispositif manigancé par Gazonbleu pour fermer toutes les écoutilles et toutes les manches à air, était chaque année plus perfectionné, plus hermétique. Je persiste à être convaincu que maintenir des communications avec Gazonbleu est une mission impossible, au delà des capacités humaines. Gazonbleu haïssait la nuit commune au lit, parce qu’elle ne pouvait pas y échapper totalement à tout contact, comme elle y réussissait le restant du la journée. Elle haïssait le lit parce qu’on ne peut pas y tricher et dissimuler.

Un témoin controverse : j’aurais eu entièrement tort de rappeler parfois (et toujours en vain), qu’il aurait été équitable de la part de Gazonbleu, de retourner ne serait-ce qu’un quart de réciprocité dans les attentions amoureuses. Ceci au nom de la confusion de statut entre une vérité, et un mensonge efficace. Ce mensonge efficace a pour auteur le même psychologue qui fit en 1972 le pronostic du siècle : « C’est inquiétant, quelqu’un qui refuse de parler, car on ne sait pas ce que cela cache. »; il s’exprime par la maxime : « Personne ne nous doit rien ! ». Le témoin, avec sa logique à elle de non mariée, en conclut que si j’étais maltraité en amour, c’est ma faute que de n’être pas encore parti chercher ailleurs. Elle utilise aussi la troisième maxime du même psychologue : « Il n’y a que moi qui puisse changer », pour tenter de me faire avouer que c’est à moi de m’adapter à une épouse frigide et haineuse, et à sa comptabilité serrée décrite plus haut, puisque c’est moi qui ai accepté de me laisser capturer par elle. Je soumets la question au lecteur : le mariage ne crée-t-il d’obligations qu’au mâle, et néant à la femelle ? La réciprocité est-elle à sens unique ?

 

7.4.            Assis.

J’ai tenté de faire partager à Gazonbleu les mêmes sources d’information que moi. Très précieux avait été, par exemple, le petit et fameux « Logique de la communication », de P. Watzlawick, J. Helmick Beavin, Don D. Jackson (au Seuil). Je suis revenu plusieurs fois à la charge, pour lui en faire prendre connaissance. Toujours des échappatoires. Gazonbleu lit peu, mal, et difficilement. En désespoir de cause, je lui proposai seulement les douze pages du sous-chapitre 3.6 : « Troubles pathologiques virtuels de l’interaction symétrique et complémentaire ». A la deuxième fois, elle accepta - si l’on peut dire accepter, combien à contrecoeur - de lire ces douze pages, pleine de réticence et de méfiance :

« Hein ? Comment tu veux encore me manipuler ? Qu’est-ce que tu cherches à démontrer ? ». Puis elle me rendit le livre, visage fermé : « Alors ? Que voulais-tu que j’en retienne ? ».

« Tu as lu ces exemples de couples qui se détruisaient l’un l’autre, par l’obsession de rafler la position supérieure en permanence ? Et le contre-exemple final, de gens qui tenaient avant tout à préserver leur relation chaleureuse, plutôt que de se cramponner à une position supérieure fixe et sans issue ? ».

« Oui ? Et alors ? C’est pour me coller sur le dos tous les torts ? ». Fin de la communication - si on peut dire « communication ».

 

7.5.            Avarices féroces, surtout à sens unique.

7.5.1.                  Citées dans le courrier du 5 février 1993.

On relève dans mon courrier du 5 février 1993, adressé aux amis André Tunc (avec le 9 février 1993, une copie à Philippe, le frère de Gazonbleu), les anecdotes suivantes.

Dans le courrier original, le ton de Gazonbleu est traduit par l’invective « Salaud ! », qui ne fut en réalité pas articulée. Mais cette infidélité textuelle à la citation, était parfaitement fidèle au ton général et aux mimiques de ces explosions de colère avaricieuse et contemptrice.

Début de citation (avec pseudonymes) :

Avec Gazonbleu, l’essentiel est toujours non-verbal. Et côté élaboration verbale, cela donne des gags comme ces trois-là :

Très à court de place, j’envisage enfin de donner au bureau d’études M..s. 2160 g de listings, dont le contenu lui appartient « J’espère au moins que tu vas récupérer la couverture et le lien ! Tu ne te rends pas compte ! Il y en a au moins pour 4 F ! » Génial ! toute cette essence et ce temps, pour aller déverser 470 pages en vrac sur une table... Ç’aurait été un gag propre à faire le tour de Saint-Quentin en 15 jours, et à aboutir dans la presse locale...

Vendredi dernier : « Quoi ? Tu n’as pas résilié l’abonnement à la redirection d’appel ! Tu ne te rends pas compte de tout cet argent gaspillé ! Sais-tu au moins combien ? » Exactement 45 F par an. Et il serait tellement génial de différer de 3 semaines tel déplacement en clientèle, le temps de restaurer l’abonnement à la redirection.

Un collège envisage d’acquérir cette imprimante-ci à un prix inespéré, presque le double de sa valeur résiduelle. « Quoi ! tu vas leur donner les rubans avec ? »

Fin de citation du courrier.

 

7.5.2.          A Château La Haine.

Dans le chapitre « de la solitude et de la déréliction... », j’ai cité la brimade spécifique à l’hiver 1996-1997, d’interdire au mari tout chauffage dans le bureau où il grelottait à 13°C. Ce n’était pas d’hier que nous étions particulièrement radins sur le chauffage, et nos familles respectives, en visite dans notre grande et vieille maison de Saint-Quentin, s’y sont toujours plaintes du froid. Et pas toujours en termes habiles ni élégants. Mais l’hiver 1996-1997 fut spécial : la façade nord englacée sur 1 cm d’épais, de nombreux arbres cassés ou déracinés par le poids de l’englacement, des fuites par tous les débordements de gouttières (j’ai dû acheter en catastrophe une échelle de 9,80 m, pour vider toutes les gouttières à la pelle d’horticulteur), le salon inondé par les infiltrations de terrasse (je n’avais pas encore eu le temps de lui refaire toute son étanchéité). Spécial aussi par le fait qu’en septembre 1996, Gazonbleu avait promis de refaire bureau commun, et n’a pas tenu deux mois ladite promesse. Spécial par les cris de « couvre-toi ! », pour justifier qu’elle coupe le radiateur principal du bureau, et confisque l’auxiliaire.

Mais sitôt débarrassée de son mari, miraculeusement, Gazonbleu adoucit largement la férocité de son avarice. Elle roule en Xantia, maintenant. Le 23 juin 1998, après l’audience de tentative de conciliation, et avant que Gazonbleu et Frédégonde ne changent toutes les serrures, j’ai pu accéder une dernière fois à chez moi. J’ai constaté alors qu’une puissance de 500 W, pour s’éclairer aux heures les plus lumineuses de la journée, ça n’est pas de trop pour Gazonbleu. Alors que 300 W au cœur de l’hiver, c’était bien de trop pour moi.

On peut s’interroger et discuter. Est-ce un début de guérison ? Etait-ce le mari qui inquiétait tellement Gazonbleu par ses « dépenses somptuaires », et l’obligeait en quelque sorte à sur-réagir par l’avarice la plus agressive ? André Tunc a fait comme s’il l’avait cru. On se demande alors quel est le statut des deux canapés de cuir commandés pour 25 000 F, en cachette, par Gazonbleu et Frédégonde, le 25 février 1991. Une dépense de travail est-elle somptuaire quand c’est le mari qui l’initie - il aurait bien voulu en discuter, mais on lui interdit d’ouvrir la bouche - ? Une dépense de prestance dix fois plus grande est-elle nécessaire et normale, parce que c’est l’épouse qui la lance en cachette ?

Dans mes courriers de l’automne 1998, je propose une autre explication : la dissociation de personnalité depuis l’enfance. On est surtout en contact avec la personnalité de façade de Gazonbleu, très soucieuse d’apparence et de beau rôle, soucieuse de se cacher dans des unanimités choisies à sa mesure. Donner à l’avarice une couverture d’économie, cette tâche revient à la personnalité de façade. Cette couverture souvent ne réussit à rien cacher, car cette personnalité de façade reste une bien pauvre personnalité, sans profondeur affective, ni sensorialité de quelque richesse. La couverture d’économies prétendues, coûte parfois assez cher, et la motivation de pure méchanceté, reste souvent bien mal cachée. Mais au cours de cette année scolaire 1996-1997, la personnalité de cœur archaïque, beaucoup moins recommandable, beaucoup plus brutale et cynique, et aussi beaucoup plus confuse, a pris des forces nouvelles, et a instrumentalisé l’avarice, et les habituels harcèlements à coups de procès d’intentions, et de soupçons délirants, comme autant de moyens de brimade, juste pour fixer l’attention de l’adversaire dans la mauvaise direction. Afin de lui asséner pendant ce temps d’autres coups, auxquels il ne s’attendait pas.

 

7.5.3.         Le sens du partage : 30 novembre 1997 !

J’ai trouvé une chambre d’étudiant en face du campus, pour le 1er décembre 1997. En raison de la précarité de ma situation administrative - telle qu’elle est connue fin novembre 97 - , mon bail est de un mois seulement. Avec ses 9,5 m² cela me semble un paradis, en comparaison de l’hôtel Formule 1, en lointaine banlieue. La chambre était meublée : une armoire, un lit, un large bureau, une petite étagère, une chaise.

Il me fallait donc apporter de la literie, avec la contrainte que le lit étant vendu par IKEA, mesurait 200 cm par 90 cm. Et puis de la vaisselle.

Naïvement, je commence le geste de prendre deux assiettes dans le buffet de la cuisine. Gazonbleu m’arrête aussitôt : « Non non ! Je m’en occupe ! Fais autre chose ! » Elle va à la cave, et en ressort l’assiette la plus dépareillée qu’elle ait pu trouver : grande et robuste assiette creuse en verre, mais moche. Le verre à boire sera un verre à un franc, mais de la couleur qu’elle ne veut plus voir chez elle : vert, et surtout ébréché.

Pour le drap de dessous, Gazonbleu a l’excuse de la dimension inhabituelle... Elle a choisi notre drap jersey le plus vieux, le plus usé, transparent et troué, qu’elle ait pu trouver. Déjà un peu réparé, et je m’en apercevrai bien vite, irréparable désormais, tant il est usé. Je n’aurai plus jamais d’autre draps, que ceux que j’achèterai moi-même, ce que je ferai bien évidemment dès le 19 décembre (ticket de caisse : Carrefour).

Depuis, ce drap lavé est resté dans la case du linge à repriser. Il y est resté jusqu’au 11 juillet 1998. En effet, vendredi 10 juillet, au soir, Gazonbleu m’a interdit d’arriver chez moi prendre quelques unes de mes affaires, et voir ma fille. Ses raisons étaient mensongères : « Je ne suis pas disponible ! Je ne suis pas là ! ». En réalité, elle n’avait pas encore changé toutes les serrures, et elle et Frédégonde, étaient en activité frénétique pour entasser dans le fourgon en panne, toutes celles de mes affaires dont elles avaient décidé de ne pas s’emparer, et elles tenaient à ce que ça se déroule sans témoins. Elle m’empêchait donc ainsi de récupérer plusieurs preuves de ses mensonges judiciaires. Je me trouvais alors dans un certain désespoir, et un dilemme : comment une femme aussi avaricieuse que Gazonbleu, y compris aussi avaricieuse en communications, ne laisserait aucune preuve matérielle de sa duplicité, et de son avarice à sens unique ? Je me suis alors souvenu du fameux drap, et je l’ai numérisé au scanneur (somptuaire ? un scanneur à 480 F, mort depuis, au bout de trois ans.).

Dans la version papier de cette monographie, qui a été diffusée à une trentaine d'exemplaires, le drap était plaqué sur la fenêtre du scanneur par mon plus gros livre sombre : The Physical Review. The first hundred years. On reconnaît ses caractères de dos de couverture dans les trous du drap. La numérisation datait du 11 juillet 1998. Ce fichier est perdu depuis, par cause d'erreurs disque, et la nouvelle numérisation du même drap a pour fond un classeur à 4 anneaux, bleu. Le drap n'est pas du tout tendu, comme le montre la vue la plus détaillée.

2 photos numérisées du drap le plus usé et le plus troué que Gazonbleu ait pu trouver, le 30 novembre 1997.

 

7.5.4.          Falsifications de l’histoire. Un exemple.

Depuis 1981 jusque vers 1987, j’ai construit trois caissons de graves.

Le premier sur vagues plans, à peine agrandis, mais transposés en double parois, renforcées de tasseaux, d’une rigidité irréprochable, neutre et non émissive. Malgré ses 28 à 30 centimètres, ce boomer danois est davantage un médium-grave qu’un grave. Il faisait partie d’un kit triphonique. Je n’ai jamais achevé les satellites, par ambition excessive : j’ai voulu faire du bois massif partout. Les faces avant ont été finement sculptées dans du chêne. Mais au lieu de penser à faire l’assemblage des flancs à mi bois, avec une feuillure à 90°, j’ai voulu couper à 45°, et les joints qui en ont résulté, n’ont jamais pu être dressés correctement : la résine de ce très beau pin graisse toutes les feuilles verrées, le rabot à dents est largement inefficace sur cet excellent pin dur... Entre temps, mon grand fils a chouravé les tweeters, et en a enfoncé les dômes à force de maladresses furtives... Ce caisson est d’une finition achevée, encore que très typée : roulettes, grosse poignée arrière, façade vernie à deux étages biseautés et arrêtes mouchées, grille noire, corps à arrêtes mouchées, peint en bleu ciel saturé (peinture marine). Le filtre passif d’origine est d’un calcul très surprenant, et je suis allé de surprise en surprise quand j’ai dessoudé et mesuré chaque condensateur et chaque bobine. L’été 1997, je l’ai recâblé différemment, pour être moins déçu du rendement en graves de l’ensemble.

J’ai acheté des kits d’enceintes de sono, en 120 ´ 45 ´ 30 cm. Trop minces et fragiles, déjà avariées durant le transport. A nouveau, je double l’épaisseur, par l’intérieur, et je rigidifie par un cloisonnement et des tasseaux. J’y mets deux boomers de 30 cm, des ITT de 15 W (soldés), que je branche en parallèle, chacun dans un compartiment séparé, de volume différent, pour décaler les résonances. Le rendement et la générosité du résultat sont enthousiasmants, mais moins la descente en graves sous 80 Hz. En fait, chaque haut-parleur manque un peu de volume d’enceinte derrière lui. Je laisse en l’état la première enceinte réalisée, dont le poids est déjà considérable (elle sera adoptée par mon fils), et je commence à réaliser la seconde, sur l’idée d’augmenter la profondeur d’environ 60%. Elle restera inachevée (on se demande avec inquiétude comment on l’aurait transportée en l’état et aux dimensions rêvées, et même comment on l’aurait descendue du grenier pour la mettre en service ! Des fois, ma démesure pose quelques légères questions).

Le troisième caisson de graves est réalisé autour d’un 30 cm d’Audax, à double bobine. L’ébénisterie est basée sur un kit Tandy-Realistic. J’ai encore doublé les parois, par l’intérieur. J’ai aussi jugé le volume insuffisant. L’agrandissement arrière, lui aussi en double épaisseur, est assemblé sur le fond d’origine, et communique avec lui par de nombreux trous, freinés par un tissu. Cela fait un double résonateur amorti. Pendant plusieurs années, on s’est contentés d’un double filtre passif. Durant l’été 1997, quand mon éviction hors de chez moi était chose bien acquise, j’ai quand même profité de promotions, pour acheter un amplificateur d’automobile, sous 13,8 V, et un filtre actif, passe-bas à 80 Hz, alimenté par la même alimentation de laboratoire de 13,8 V. J’ai trouvé le résultat enfin convainquant. Telle pièce de clavecin de François Couperin (la Musète de Choisi) en devient stupéfiante et inquiétante. Les premières mesures murmurées dans l’extrême grave, de A Kéksakállú herceg vára prennent enfin leur ampleur. J’aurais voulu tester aussi le Concerto pour la main gauche, de Ravel, si je l’avais eu. Si les caractéristiques acoustiques me satisfont enfin, l’aspect visuel est quelconque, voire pire : revêtement vinyle imitant vaguement le noyer, caisson arrière peint en blanc (je crois qu’on a fini par le repeindre en noir), façade noire, avec grille noire.

Eh bien ! Dimanche 21 février 1999, Gazonbleu a certifié devant témoin, que ce dernier caisson-là, « tu ne l’as pas fait, mais acheté » et que c’est donc à elle. Selon elle, je n’ai qu’à emporter celui qu’elle ne veut pas, pour le style en tant que mobilier (d’ailleurs mieux fini, mieux assemblé, plus élégant, mais à la couleur plus voyante).

A tout instant, Gazonbleu oppose de telles falsifications de l’histoire, pour nier mes réalisations, et dénigrer cet homme qu’elle a besoin de haïr, et de désigner à tous comme gibier de lynchage. J’ai détaillé un exemple, il y en a des dizaines de semblables. Mes enfants en sont les principaux auditeurs et victimes.

 

7.6.            Ne pas savoir trouver du secours à l’extérieur.

7.6.1.          Prisonnier d’un schéma janovien.

Information partielle et restrictive : pendant plusieurs années, jusque très récemment, je suis resté prisonnier d’un cadre explicatif et normatif, emprunté pour l’essentiel à Arthur Janov. Pourtant, j’avais éprouvé de près le divorce total entre le dit et le fait, chez lui. J’avais éprouvé qu’il n’avait plus guère d’honnêteté, mais surtout l’appât du gain, l’égoïsme et l’orgueil soupçonneux d’un chef de secte. J’avais eu la preuve qu’il ne suffit pas d’adresser des critiques judicieuses envers les affirmations des confrères et concurrents, pour ne pas mériter exactement les mêmes critiques d’incompétence, et de retranchement dans des bunkers de théorie anomique et romancée. Mais j’avais aussi simultanément stoppé là mes recherches documentaires, en partant travailler en Bretagne.

Je gardais dans ma tête le schéma d’une cure lourde et longue, avec une grande ouverture à son vieux ressenti. A partir des années 1986-1989 (surtout à partir de 1988), je mesurais aussi à quel point maintenir, voire accentuer l’ouverture à la Janov, aurait été suicidaire, quand à domicile, on est soumis à un tel harcèlement de haine.

Je ne sais que depuis peu, que ce schéma était impropre. Mais je n’avais aucune autre information. Une ignorance assez largement partagée, du reste ! Le savoir est partout très cloisonné, balkanisé. Chez les psys aussi ! Chez eux aussi, chacun ou presque, se place ses cloisons étanches, là où ça l’arrange pour accommoder ses phobies et ses rancœurs, sans en avoir à en amender aucune. Et d’autre part, j’avais cessé de me chercher des poux dans ma propre tête, puisqu’à l’évidence, des trois termes : la relation, Gazonbleu, et moi-même, ce n’était certainement plus moi le plus pathologique, mais bien dans l’ordre : la relation, puis Gazonbleu, et moi en dernier. Du moins cet ordre est mon appréciation de l’époque.

 

7.6.2.         Occasions manquées.

Je mets à part l’aventure de l’Institut Primal à Paris, en 1982, qui nous a dévoré de si grosses économies, et qui a marqué le début des gros problèmes conjugaux, mais par un biais imprévisible. Abandonnée au milieu du gué par les Janov mari et seconde femme (en représailles de son peu d’empressement à se séparer d’un mari excommunié par le chef de secte), Gazonbleu referma la parenthèse avec une brutalité et une amnésie stupéfiantes. Apparu dans son vocabulaire trois mois plus tôt, par adhésion à la mode, le mot « feeling » en fut désormais banni, et tous ses synonymes, même les plus approximatifs. La fermeture s’installa, et ne cessa plus jamais de progresser. Sans explications, sans mots, juste les faits accomplis. Alors que de mon côté, je n’ai de fait jamais cessé le travail sur soi-même. Comme pour faire mentir les prévisions les plus autorisées : quelle indiscipline à vivre et à continuer de ressentir à toutes forces, chez ce condamné par le chef de secte !

Le vrai problème à traiter ici est d’avoir manqué toutes les occasions de trouver à l’extérieur des aides, à ce ménage qui sombrait dans la fermeture, la suspicion, et l’autoritarisme le moins éclairé.

Sigbert a volé son grand-père, qui avait l’imprudence de transporter son argent liquide avec lui. Puis il s’est fait prendre à voler dans un magasin. Après avoir été le petit prince le plus épanoui et le plus attachant qu’on ait connu, Sigbert avait sombré dans une grande jalousie après la naissance d’Audowere, huit ans plus tard. Le psychologue de la P.M.I., fit exprimer Sigbert, qui avait plein de demandes à formuler, surtout envers son père. Je fis alors remarquer que ces demandes allaient à l’encontre des mœurs familiales dominantes, de biffer et supprimer le père le plus possible, et donc de priver Sigbert au maximum de son père.

Gazonbleu bondit de fureur, que j’osasse dire tout haut ce qui s’accomplissait en silence. Et ? Et tout en resta là. La loi du silence repris son cours. Il aurait fallu que je sortisse de ma passivité consternée. Le raisonnement « C’est lui le pro » ne sert à rien du tout. Le professionnel resta silencieux et passif, puis clôt boutique, et on n’entendit plus jamais parler de lui. Zéro assistance à personne en danger. La suite à « 25 mars 1999 ».

Deux autres occasions furent gaspillées de même. Sigbert continua d’aller mal, et de déraisonner, aussi longtemps qu’il vécut chez nous. Et les pros sont aussi des passifs, qui ne savent rien vouloir, si moi non plus ne sais rien vouloir, me contentant de dire ce qui est, quand j’en ai enfin l’occasion.

D’origine familiale autrichienne, et consultant en management, Peter F. Drucker oppose clairement tout l’appareil autoritaire de l’armée austro-hongroise, au brav’soldat Schveik. Schveik ne fait rien de provoquant contre l’armée qui occupe son pays, et l’enrôle de force, mais il sait où mettre du sable dans les rouages. Les généraux ont donné l’ordre à Schveik de décoller aux commandes de l’avion dans lequel ils s’enfuient, sans avoir pris la peine de demander à Schveik s’il est pilote, ni s’il sait piloter... Schveik a docilement obéi, puis il conclut le roman par : « Mon général, je vous signale avec obéissance, que nous nous dirigeons vers la terre avec une grande rapidité. ». Drucker épingle l’attitude de Schveik, comme celle d’un perdant, et d’un perdant à redouter. Redoutable pour celui qui veut faire le chef, en écrasant les têtes de tous les autres... Il a autour de lui des perdants qui ont appris une chose : la résistance passive.

On peut me reprocher de m’être conduit en Schveik, sous l’irrésistible montée de l’autoritarisme de Gazonbleu : « Tu veux jouer au chef ? Vas y ! Brûle-toi les mains ! On contemplera le résultat de tes ordres indiscutables ! »

 

7.6.3.         Les temps de l’unanimité sur des craintes mal fondées.

Nous sommes arrivés à Saint-Quentin sous le règne de Pompidou, peu avant l’écrasement du gouvernement de Salvador Allende sous les bombes, et du peuple chilien par les armes, sous coordination et financement par la C.I.A. C’est notre excuse. Nous ressentions vivement tout autour de nous des vieux réflexes de guerre civile froide, restés très cultivés par le régime gaulliste, puis pompidolien. Nous devinions, ce qui fut prouvé plus tard, que quelques activistes avaient déjà préparé les arrestations de tous les gens de gauche, et nos emprisonnements dans les stades, comme au Chili. La télévision ne cessa d’être une officine de propagande gaulliste éhontée, et le journal télévisé ne cessa d’être rédigé par le ministère de l’Intérieur, que sous Giscard.

Voilà. Par tout ce contexte, je plaide coupable : comme d’autres militants - mais pas tous ! - il nous est arrivé d’anticiper d’être ainsi traités en gibier de stade, et de penser nous armer autant que ceux d’en face, pour vendre chèrement nos vies. Par chance, nous n’en avons jamais rien fait. Sinon, au moins moi, voire tous les deux, nous aurions été assassinés de l’intérieur. Nous avions voulu voir à l’extérieur le plus grand danger et la plus grande folie, alors que le danger et la folie, nous l’avons élevé, puis que Gazonbleu l’a instrumentalisé en outil de guerre conjugale. Le danger venait de l’intérieur, et a été fabriqué de l’intérieur.

A ce jour, nul autre que l’engin de guerre favori de Gazonbleu, n’a levé de couteau sur moi. J’affabule ? Je n’ai pas de témoins oculaires ? Si, Audowere, âgée de six ans, est venu me confier abasourdie, l’alerte passée : « Je ne veux pas que Frédégonde te tue ! ». Pour que ça ne s’oublie pas, sous le grand effort de falsification de l’histoire familiale entrepris par Gazonbleu et Frédégonde, je l’ai consigné dans mon testament.

 

7.6.4.          Ne se définir que comme « méragosse ».

Il faut donner plus d’audience à cette trouvaille d’Hervé Bazin. Dans son Matrimoine, durant la traversée d’un square, il fait bougonner à l’oncle Tio, ciélibataire « Mais ne restons pas ici, c’est plein de méragosses»

Une digression dans ce chapitre d’horreurs, pour illustrer le concept.

Un médecin - probablement Cohen-Solal ? - remarquait qu’au contraire des mères, aucun père ne lâchait de phrases aussi pathologiques que « Et le petit vient encore de ME faire une angine ! »

C’est très utile, les pistolets chargés ! Ça vous revigore un remue-méninges, avec leurs riches stocks d’insatisfactions. Ça vous pimente une comédie, par leurs riches tirades.

C’est très utile aux pistolets chargés, les méragosses. Quelles belles tirades ça leur fournit ! Firefly avait ainsi de riches descriptions des méragosses dans les jardins d’enfants, qui entraient en compétition entre elles par enfants interposés : « et le mien, il a fait ses premières dents à tel âge ! » « Oui, mais le mien, il a parlé à tel âge ». Dans la comédie de Goldoni, « Les rustres », les autres acteurs s’écartent, pour jouir du père, qui lance sa tirade contre la complaisance des méragosses, pour qui l’enfant est un moyen de briller : « Il est si éveillé ! Le croiriez vous ? Il a une petite amie ! Chante leur ta petite chanson ! ... »

C’est hélas un classique de la pathologie des couples, que de fuir ses difficultés relationnelles, en se cramponnant sur la seule relation parentale. La seule présence des enfants, et des soucis qu’ils nous donnaient, a joué le rôle d’unique moyen de communication, tandis que Gazonbleu interdisait chaque année plus férocement tout autre moyen de communication, toute autre préoccupation - sauf le fric, bien sûr - , toute autre relation entre nous.

Et quand les enfants s’en vont ? Voilà qu’une partie du territoire de domination fiche le camp, ou s’apprête à le faire !

Gazonbleu pouvait croire avoir trouvé une solution : traiter de plus en plus son mari en immature, à gronder de haut en bas. Comme ça, elle pouvait espérer maintenir un stock suffisant de relations de domination sur autrui. A défaut d’avoir réussi à devenir un petit chef dans notre administration, à son grand regret - mais pas au mien : je sais trop à quoi mes collègues ont ainsi la chance d’échapper. On comprend un peu sa stupeur et sa rage folle, devant ma grève insurrectionnelle de l’été 1997 : je fais la grève des gros travaux, tant qu’on refuse de m’adresser la parole, et qu’on refuse de me traiter comme une personne humaine. Après tout, pourquoi ce ne serait pas maintenant le tour des travaux, d’attendre trente ans de plus ?

Cela m’a causé de grands problèmes, à moi aussi, de m’être si largement défini comme papa-poule, péragosse, en quelque sorte, à mesure que Gazonbleu m’arrachait le plus possible les enfants, pour se définir comme parent unique, pour redéfinir au long des années la famille comme monoparentale. Je vivais pour une femme qui me détestait, pour des enfants dont seuls Audowere toujours, Sigbert parfois, me reconnaissaient encore comme leur père. Heureusement, jusqu’en 1993, j’ai eu des clients comme antidote au venin bleugazonnin : eux étaient satisfaits et élogieux. Là, le bouche à oreilles était en ma faveur. Les clients satisfaits permettent de survivre au harcèlement domestique, au moins quelque temps. De là à apprendre à vivre pour soi, il y avait un gouffre, que je n’ai pas encore franchi.

 

7.6.5.          Le statut des courriers de 1991 à 1993 ?

Il est inestimable, d’avoir eu des amis de cette valeur, à qui écrire ces courriers. Ce qui fait problème, c’est la censure à la réception. André Tunc semble avoir systématiquement occulté tout ce qui discordait d’avec ses intimes convictions. Autrement dit : tout ! Par chance, je ne m’en suis pas aperçu, continuant à écrire, créant ainsi des documents incontournables.

Alors que si j’avais perçu le néant de mon lectorat immédiat, là, j’aurais été en grande détresse, et j’aurais été cloué dans le silence total imposé par Gazonbleu. Cloué aussi dans la discrétion depuis toujours par mes propres contraintes morales : on ne désavoue pas son conjoint devant les enfants, ni quand les enfants pourraient l’apprendre. On ne désavoue non plus pas la maladie mentale de son conjoint devant des tiers : cela déstabiliserait son narcisse si chatouilleux et si ombrageux ! Jusqu’à ce que je constate que discrétion ou pas, Gazonbleu est incurable. Hermétiquement verrouillée.

Je jette mon pavé dans la mare, en donnant ma propre définition de la dépression, alors qu’on adore la définir comme isolée à l’intérieur de l’organisme individuel, je la définis comme relationnelle : telle que je la connais, en moi et autour de moi, la dépression est la souffrance de percevoir qu’on ne sera jamais autorisé à dire telle souffrance que l’on ressent, de percevoir que tout ce que l’on a besoin de manifester, fait l’objet d’une féroce répression externe, et que cette répression ne lâchera jamais prise. Animal social, l’homme n’est jamais isolable. Ni la santé mentale ni son dérangement ne sont isolables, mais restent des réalités dialectiques, inséparables de l’environnement.

Par chance, j’ignore encore quelle « lecture » ahurissante, certains feront de ces présentes mémoires. Sinon, là encore, les bras m’en tomberaient d’avance, et la Loi-du-Silence remporterait une nouvelle victoire sur la vie. Là où cela devient perturbant, c’est quand la censure se pare du masque du bien, de la pure santé mentale autoproclamée, du « Eliminez le négatif ! ». Je serais muet à vie, si j’obéissais.

« Le lit est l’endroit le plus dangereux au monde. Si l’on savait le nombre de gens qui meurent dans leur lit, on n’oserait plus jamais se coucher ! ». Si l’on savait les lectures les plus extravagantes qui seront faites, on n’oserait plus jamais écrire !

J’assume le principal danger de mon métier, tel que Georges Lochak, l’a exprimé en biographe (en parlant de Louis de Broglie) « savoir n’écouter que soi », pendant une durée raisonnable, qui peut hélas durer plusieurs années. Des savants fous, il y en a dans ma bibliothèque, et c’est un bien consternant naufrage à lire. Il y en a quelques uns ici, à l’Université de Lyon 1, et c’est un bien consternant naufrage à entendre. Il y en a un dont les manuels ne contiennent aucune référence bibliographique : il a réinventé la physique à lui tout seul ! Et pourtant, je refuse de me laisser intimider. Le trait que ces savants fous, et tous les inventeurs dérangés que j’ai connus, ont tous en commun, est leur blessure narcissique, dont ils espèrent planifier la revanche. La blessure narcissique devient le mobile dominant de leur vie. Ce trait commun reste inséparable de la répression, et de la non-assistance à personne en danger, qu’ils ont subies. Chaque communauté sécrète les dingues qui lui sont propres; ils sont modelés par ses lâchetés, ses censures, ses négligences, ses violences.

Quand on subit ces censures qui semblent injustes - et qui parfois le sont - il faut savoir sortir d’un environnement étouffant, quitte à apprendre une autre culture, et se renouveler (il est vrai que le changement ne garantit rien, à lui seul. Si la malchance vous poursuit, changer, ce peut être tomber dans une secte...). Le drame pour un chercheur, c’est le monopole d’employeur, et d’autant plus gravement, qu’il est plus spécialisé. La situation est alors fermée et bloquée. La période de créativité foisonnante des débuts de la micro-électronique, des microprocesseurs, de la micro-informatique naissante , fut justement une période de grande mobilité des talents, ayant de belles opportunités d’aller voir ailleurs, créer mieux.

 

7.6.6.          « Contre la paranoïa, il n’y a pas de remède. Il faut se sauver soi-même. »

A défaut d’avoir réussi à trouver du secours à l’extérieur voici une dizaine d’années, quand ça aurait peut-être été efficace, j’ai du moins posté fin 1998 sur deux forums internet la réflexion « De la paranoïa en général, et de celle que j’ai côtoyé 27 ans en particulier » conclue par les questions : était-ce sauvable par des secours extérieurs voici plusieurs années ? et comment ? Sur le forum québécois, deux réponses m’ont fait bondir de joie et de soulagement. Vous trouverez ci-joint la pièce. 380 lecteurs environ.

Encouragé, je suis déjà intervenu en réponse à plusieurs autres confidences du même forum québécois. Après tout, si c’est moi le dingue, cela va se voir, non ? Alors je m’expose et je prends des risques, et je n’en ai encore que des récompenses. Pendant que l’avocate adverse se rengorge à coups de « Hé hé ! Il n’y a pas de preuves ! Il est le seul à en être témoin ! Il ment comme il veut ! », moi je prends le monde entier à témoin... Si je mentais, cela se verrait, je prends bien assez de risques, je suis bien assez précis pour cela.

 

7.6.7.          25 mars 1999.

Dans le demi-sommeil de l’aube, mon inconscient a fédéré les faits suivants :

1)  C’est l’anniversaire de mon petit-fils. Il a deux ans. Hého ! Lecteur ! Réveille-toi ! Anniversaire de sa naissance !

2)  Ma correspondante d’outre-mer a accumulé un vocabulaire et des précipitations à conclure hâtivement, significatives, un vocabulaire de tunnel : « et maintenant tu as vu la lumière. ... Tu as traversé l’enfer, et tu as réussi à t’en sortir. Elle aussi à un autre niveau. ». Ce « s’en sortir », surtout appliqué à contre-escient, pour Gazonbleu, c’est typiquement de la résurgence du travail de naissance, de la longue lutte pour la vie dans le canal vaginal. Quand elle en est à menacer les témoins, dans l’espoir de les forcer au silence, Gazonbleu n’en est certainement pas à « s’en sortir », mais bien à s’enfoncer dans la peur et le soupçon. Du même âge, ma correspondante est probablement née par les mêmes fautes professionnelles à la mode du temps, sous anesthésie générale. L’anoxie foetale en fut d’autant prolongée. Confirmation demandée : elle aussi était-elle une primogéniture ? Elle a contesté en partie, puis s’est tue : dans son esprit, le « Elle aussi » se rapporte à « traverser l’enfer » et non à « s’en sortir » contrairement à la lecture que j’en avais faite.

3)  Isabelle Filliozat suggère à des couples en début de difficultés, de dresser par écrit chacun son cahier de, non, pas de doléances, de demandes insatisfaites. Les dix choses douces et bonnes que je voudrais que tu fasses pour moi. On pourrait sans grand mal aller jusqu’à vingt. Le psychologue de la P.M.I. n’avait fait rédiger de telles demandes qu’à Sigbert. Puis avait baissé le rideau et fermé boutique. En 1996, un collègue de Montélimar, moins paresseux, remarqua aussitôt qu’il y avait deux souffrants, et non un seul, sous la dictature de Gazonbleu.

4)  Je me mêle des affaires des autres, comme nous devrions tous savoir le faire, si nous n’étions tous si égoïstes, si atomisés par la télévision, et par la mode de l’individualisme. Un ami, appelons-le V, a disjoncté, et brusquement quitté sa compagne, se mettant dans une vilaine situation. Il se plaint d’une relation de domination sans issue pour lui. Plein de remords pour sa brève inconduite, il organise son autopunition au long terme. Je butte sur un rude obstacle technique, pour moi, le non-pro : V est en pleine opposition infantile : il se construit en s’opposant. Il agit de préférence contre l’avis de quelqu’un. Comment l’amener à rédiger son cahier de demandes, et qu’il le fasse pour s’opposer ? Je n’ai rien trouvé pour qu’il ait l’impression de s’opposer à moi. Mais il suffit probablement que j’avoue mon échec sur ce point, et que je l’amène à le faire pour s’opposer à son ex-compagne (et surtout à sa mère, du reste). Rassurons mon lecteur : s’ils finissent par rédiger ces listes de demandes insatisfaites, je n’en serai pas le co-lecteur, ce sera un professionnel astreint au secret médical. Ami, mais pas voyeur.

Mon demi-sommeil a alors exploré l’éventualité d’un psy moins paresseux, qui eût fait rédiger des listes de demandes insatisfaites aux deux parents et époux, et pas seulement à Sigbert. Comme nos amis devraient le faire, même si c’est probablement trop tard pour eux. Le sommeil revenant, je me suis bientôt trouvé avec un de mes enfants non identifié (probablement Sigbert ?), à jouer la spéléologie dans une gaine à section oblongue, posée sur le sol, juste calibrée pour presque coincer mes épaules, à souffrir de l’anoxie alors que je n’étais coincé qu’au premier tiers du tunnel, et voir qu’il était si facile à un malveillant de boucher les deux extrémités de la gaine, et de nous y étouffer tous deux. Réveil immédiat ! Il m’est clair que durant ces années terribles, Gazonbleu m’étouffait minutieusement, et que j’y réagissais à la façon apprise durant l’interminable anoxie de naissance. En endurant très silencieusement, en durant, durant, durant, en attendant l’intervention extérieure salvatrice. Voilà sans doute la réponse à une question posée dans une engueulade que vous lirez dans le chapitre d’épilogue : « rebâtir » : « Comment avez-vous pu endurer si longtemps d’être à ce point nié et bafoué? ».

Autrement dit, 1960 fut l’exception. Les années 1986-1997 furent la règle (comme 1950-1958) : je savais d’instinct résister à l’étouffement, en réduisant mon métabolisme mental et affectif, et cela d’autant plus facilement que les intentions de tuer-sans-risque étaient visibles comme le nez au milieu de la figure, chez Gazonbleu et Frédégonde. Les tentatives de suicide des années 1960 et 1961 furent l’exception, parce que j’étais adolescent, et qu’on est adolescent qu’une seule fois. Parce que la violence de la jalousie de mon père à mon égard, ne m’était pas clairement perçue. Ma chance, ce fut l’erreur de stratégie de Gazonbleu et Frédégonde, que de croire qu’il suffisait d’augmenter toujours plus les sévices, pour obtenir mon suicide. Je voyais bien où elles voulaient en venir !

Quoiqu’elle soit l’aînée des enfants survivants, Gazonbleu n’a pas mon problème de primogéniture, de trop longue naissance épuisante : elle fut précédée d’un frère, mort en bas âge. Aussi ses rythmes d’effort et de fatigue sont très différents des miens. Cela peut faire des griefs inexpiables et mortels, pour une personne menée par son intolérance, telle que Gazonbleu. Elle conserve en revanche un grave problème d’identité niée et de sexe nié : sa mère a longtemps tenu à l’élever en garçon, à la place du garçon disparu. Mais Gazonbleu tient beaucoup à renvoyer tout cela au trou de mémoire.

Mais la panique de naissance de Gazonbleu se réveille, dès qu’elle doit enfiler ou retirer un chandail étroit. Elle panique alors, dans sa peur d’être coincée et d’étouffer. La régression est soudaine et spectaculaire. Impossible de lui faire prendre conscience calmement du phénomène : je suis sommé d’approuver sa panique, et rien d’autre.

 

7.7.            Hep là ! Mon gaillard ! Justifiez votre premier titre ! « Parricide »? Mort ? Ou vif ?

Si vous accusez les autres de tentatives d’assassinat, c’est forcément vous le paranoïaque ! Comme je l’ai rappelé le 30 août 1997 au très cher ami André Tunc (voir pièces), si l’on s’impose de n’avoir qu’une seule attitude rigide dans la vie, on s’expose à ce que cette rigidité soit inadaptée à appréhender le cas présent, même si elle a fait merveille dans d’autres cas. Entre les deux guerres mondiales, Winston Churchill a passé ainsi pour un original un peu paranoïaque : il enquêtait sur le réarmement clandestin de l’Allemagne, et écrivait des articles alertant du danger croissant. Tandis que Neville Chamberlain, par son attitude rigide et aveugle d’apaisements et de concessions, a rendu les désastres inévitables. C’est une faute professionnelle assez standard, qui a pour nom le « psychologisme », que de se dispenser de toute épreuve de réalité sur les faits, de se dispenser de tout examen des faits extérieurs, et de se limiter aux seuls jugements de valeur sur les sentiments que les faits inconnus (que l’on refuse d’examiner) inspirent à telle ou telle personne. Encore un ethnocentrisme confortable, plein de suffisance. Peut-on faire un énoncé de synthèse, et pas seulement un compromis hâtif ? Oui, en mettant en priorité l’épreuve de réalité, la recherche d’informations, d’expérimentations, et l’exploration empathique. Je propose : « A partir du moment où l’épreuve de réalité est déjà très abondante et très sûre, alors, à égalité d’épreuve de réalité, préférer le sentiment le plus bienveillant. » Ceci pour les domaines où les sentiments ne sont pas autoréalisateurs, qui sont les situations principales entre adultes. Il est bien clair qu’il reste un bon lot de situations où les sentiments sont autoréalisateurs, où une attitude bienveillante suffira à créer une relation bienveillante, par exemple en relation parentale. Je me contente d’affirmer qu’il est faux que ce soit le cas de toutes les situations, et qu’il ne faut point négliger les efforts de connaissance envers les situations, et les adversaires possibles. S’ils sont dangereux, pervers et criminels, il est rare (mais non totalement exclu) que la seule bienveillance suffira à retourner la situation. Parfois, il y faudra les armes. Parfois la seule exhibition de la force et des armes suffira.

Mort ? ou vif ? Bien sûr que Gazonbleu et Frédégonde ont eu simultanément plusieurs stratégies, chacune plusieurs à la fois, la plupart inavouées, et dont les dosages ont varié au cours des années. Bien sûr qu’à partir du moment où Gazonbleu a déposé sa requête en divorce, la stratégie « Le faire déguerpir vivant, pour en soutirer le plus d’argent possible », est devenue dominante, sans pour autant faire disparaître la stratégie initiale « Sa disparition totale, par accident ou suicide, ça serait quand même tellement plus confortable ! Et au moins, on ne partage rien du tout, avec un mort. ». Et les morts intestats ne parlent pas.

Ce n’est pas ici le chapitre pour détailler la mise en scène extrêmement directive de la semaine du 10 au 18 juillet 1998, par Frédégonde et Gazonbleu. Tous mes gestes étaient télécommandés en détail, pour que je sois contraint de prendre tard dans la nuit, après une journée de réparation harassante, après tous les arrimages à faire de leur chargement le plus saboté et le plus haineux possible, avec des mains au cambouis, le volant du fourgon dont je n’aurais pu faire vérifier aucun organe de sécurité, et surtout pas les freins... Gazonbleu était déjà très exercée à manipuler la fatigue des autres, pour pratiquer ses larcins : je l’ai toujours vue calculer la fatigue des caissières de supermarchés, pour faire passer des articles cachés dans d’autres, ou des prix maquillés, ou un imperméable négligemment replié pour cacher toutes ses étiquettes, sur la poignée du caddie. Ça a raté, car je n’avais aucune raison d’emmener tout ce chargement de vrac vers nulle part : je n’avais pas de logement sur (NotreVille). Mais elles n’avaient pas une conscience claire de la fausseté de leur affirmation vertueusement indignée « il a pris un logement sur place ».

Deux précautions valant mieux qu’une, le frein avant du vélo que Gazonbleu m’a fait prendre... hasard vrai, ou préparation ? Il n’avait plus sa vis, pour tenir l’étrier. L’étrier a sauté en bas du chemin privé, deux mètres trop tôt. J’ai donc eu le temps de terminer ma course dans le talus à gauche, au lieu de passer directement sous les voitures qui fonçaient sur la D6. C’était bien essayé, mais Caramba ! c’était encore raté ! Et toujours cette manipulation des gestes d’autrui : l’occuper assez avec les pneus fuyards, la pompe prêtée à contrecoeur, pour que le type à éliminer soit stressé et pressé, et néglige une partie des vérifications de sécurité. J’affabule ? Je suis allé en ville acheter un appareil photo jetable, et j’ai pris des photos du frein sauté. J’ai les tickets de caisse du dit appareil, et du développement; et la planche index comporte une date. J’affabule ?

Et pourquoi je me permets d’écrire « parricide » ? (Dans Hitchcock, les meurtres sont souvent entre époux, mais sans instrumentalisation des enfants. Hitchcock est moins immoral que Gazonbleu). Parce que depuis de nombreuses années, pour se préserver le beau rôle, Gazonbleu sous-traitait une large part des violences, verbales et physiques, à sa fille aînée, Frédégonde. Gazonbleu est une « courageuse ». Elle a toujours besoin de s’emmitoufler et se cacher dans une unanimité, sélectionnée sur mesure pour ses besoins. Aussi s’est-elle organisée depuis de nombreuses années pour, à coups de calomnies, inciter l’entourage au lynchage de son mari, notamment par nos deux aînés, puis au cours de l’été 1997, par Frédégonde seule, puisque Sigbert s’était enfui chez ma mère.

Voilà pourquoi ce sous-titre. Je persiste et signe. J’ai eu de la baraka, et pour la même raison que Charles de Gaulle : ses assassins de l’O.A.S. ne voulaient courir aucun risque eux-mêmes.

Le tribunal pénal appréciera peut-être la part de complicité de Frédégonde dans la dernière tentative d’assassinat, mais ne sera pas saisi des précédentes.

 

7.8.            Agir, être proactif ? Oui, mais comment ?

7.8.1.          De toutes façons, c’est contagieux

Après être sorti de Château la Haine, et à deux nouvelles reprises, je me suis durement aperçu qu’il est impossible de partager la vie d’un dément, et de lui venir en aide tout à la fois : son dérangement déborde trop dans votre propre vie, et commence à la déformer. Deux reprises : Firefly en second, précédée de ma découverte d’un cas de personnalité dissociée. On ne peut lui venir en aide efficacement qu’en se ménageant pour soi une vie familiale et une vie conjugale saines.

Aussi longtemps que je restais sous les coups de la dictature de Gazonbleu, tant que je vivais sous la haine de Gazonbleu et de ses supplétifs, je n’avais évidemment aucun des ces arrières sains, qui eussent permis de me refaire les forces et le calme.

Et c’est encore plus contagieux dans la tête des autres, dans le regard des autres. On est très vite assimilé à la dinguerie de son conjoint. Qui éventuellement ne se prive pas de vous attribuer publiquement les fautes qui n’appartiennent qu’à elle seule. Elle m’a ainsi généreusement attribué ses propres manœuvres pour éviter de rencontrer son frère Philippe, quand elle ne voulait plus le voir (printemps et été 1990).

 

7.8.2.          Critère unique et universel : « Désagréable ! »

Dans le langage codé et appauvri, à usage de la naïveté de la Justice, l’universalité du critère égocentrique « désagréable ! » (à prononcer avec une moue de dégoût, et avec un fort accent tonique sur la dernière syllabe, les trois premières syllabes jetées précipitamment, pour épanouir la moue sur le « a »), cela se code en « depuis plusieurs années, le mari se montre injurieux envers son épouse ». En effet, ce mari prétend se plaindre de la maladie mentale de son épouse, de son hostilité, de sa jalousie totale sur tous les sujets, et des brimades en augmentation constantes (alors que son seul droit est de se taire, d’obéir, et de culpabiliser).

C’est absurde ! (pense Gazonbleu) Il est évident que c’est lui qui est malade, et que c’est lui qui exprime de la haine à mon égard à moi (puisqu’il refuse de culpabiliser) ! Il prononce des tas de mots désagréables. Et en plus, il ose critiquer mon critère unique et universel : désagréable ! Quand j’enguirlande mon fils, pour ses propos désagréables !, ce pédant de mari voudrait que je les qualifie d’ “immoraux et scandaleux”. Ce salaud de mari prétend que de tout ramener à « désagréable ! », c’est égocentrique et dépourvu de discernement. Vous voyez bien qu’il est désagréable ! : il ose prononcer des mots aussi désagréables ! que « égocentrique », « dépourvu de discernement », « jalousie », « dictature », « paranoïa », « paranoïde blindée », « jalousie maladive ». Et en plus, ce salaud de mari attaque ainsi mon monopole de l’éducation de notre fils !

 

7.8.3.          Gardez le verbe, permutez sujet et objet.

Les récits des témoins des premiers temps, m’ont fait comprendre qu’une des recettes névrotiques pour brouiller toutes perceptions et communications - tels que détaillés dans le brouillon de livre, des années 80-81 - est pratiquée par Gazonbleu : garder le verbe décrivant l’action, mais permuter le sujet et l’objet du verbe. C’est du reste un procédé couramment pratiqué par les autres paranoïaques, qui ont eux aussi des actes et des sentiments à dissimuler, et à attribuer à leur prochain. Si Gazonbleu est devenue à ce point obsédée de m’accuser de ne penser qu’à l’exploiter, et à profiter d’elle, c’est l’aveu qu’elle-même avait largement dirigé sa conduite sur mon exploitation sociale. Elle avait spectaculairement manifesté sa fierté d’avoir réalisé ma conquête, sa prise de possession. Cela a frappé les témoins de l’époque, tels que mémé Cécile. Simplement, Gazonbleu fut déçue du résultat final : elle n’avait pas compté avec les duretés de la vie, qui nous ont frappés un peu plus souvent qu’à notre tour. Qu’elle ait bien exploité son mari, et bien exploité ma famille, cela paraît bien assez naturel pour qu’on ne lui fit aucun reproche sur ce point. Ce qui blesse vraiment, c’est son obsession de ne jamais dire merci, de soutirer toujours plus, en méprisant et en jalousant toujours plus, puis de jeter dès qu’on n’a plus rien à soutirer : « et puis Genevrier n’aura même pas de retraite ! ». Et cela aussi, ça a frappé les témoins.

A mots atténués, j’exprimais le 30 août 1994, aux amis Gvr (à Dominique, ami d’enfance, et à son épouse) ma surprise devant la façon qu’avait Gazonbleu de disposer à sa guise de la propriété de ma mère au Brusc, où elle invitait d’autorité les Gvr, tout en continuant de m’expulser hors de ma propre famille, et de préparer ouvertement notre divorce : « (Gazonbleu) confirme qu'elle vous invite au Brusc pendant les vacances de Pâques ou d'été, chez (Marimarg). Là, techniquement, un point m'échappe. ». Et pourtant, cet épisode se situe dans l’éclaircie partielle 1993-1996, quand Gazonbleu me faisait bénéficier d’en renversement d’alliance tactique et provisoire, et que nous redescendions du plateau du Vercors, où nous venions de faire deux très belles sorties, l’une dans la partie sud du Parc National, l’autre à la petite Moucherolle, avec le dernier de nos enfants - tandis que les deux aînés nous fuyaient au maximum, outrés et « trahis » par le renversement d’alliance. Mais même en cet épisode privilégié, l’oeuf du serpent laissait clairement deviner ses dispositions pour l’avenir. Techniquement, plus d’un point m’échappait, et voici le second : comment faire tenir autant de monde dans un cabanon aussi petit, aussi inconfortable, et aussi encombré ? Je n’ai jamais su quels étaient les plans précis de Gazonbleu à ce sujet, car elle n’a jamais daigné m’en informer.

On vient de me rappeler une autre de ses désinvoltures, cette fois en juin 1978. Gazonbleu ne parvient pas à s’entendre clairement avec ma mère, quant à leurs dates d’arrivées respectives au Brusc. Gazonbleu enceinte et Frédégonde arrivent donc là bas par le train, et trouvent le cabanon fermé. Gazonbleu refuse qu’un voisin et ami les héberge, obtient à la place qu’on l’aide à fracturer un volet. L’accueil que reçut plus tard ma mère chez elle fut assez violent. Toujours le manque d’égards généralisé envers autrui, qui ne sont à ses yeux qu’autant d’utilités à pressurer. Trois semaines après, les vrais cambrioleurs n’eurent plus qu’à agrandir la brèche dans le volet, pour pratiquer leurs désastres habituels : une plaie de cette côte varoise !

Gazonbleu ne distingue pas clairement son bien de celui des autres, parce qu’au fond d’elle-même, elle croit que tout est à elle. C’est ainsi qu’à mesure que sa confusion augmentait avec l’âge, toute notre maison est devenu son territoire exclusif. Les enfants et moi aussi, sommes devenus des pièces de son territoire.

A cette époque, et cela choquait Marimarg, Gazonbleu dirigeait ses rancoeurs contre ses parents, contre son engagement à quatorze ans dans l’Ecole Normale, tandis que ses frères, arrivés quand la vie était bien moins dure, avaient eu la chance d’être dirigés vers de vraies études d’ingénieur, et étaient tous deux devenus informaticiens, avec des revenus incomparables aux nôtres. Elle s’estimait détruite par ses parents. Tout le restant de sa vie, elle l’a consacré à se venger, ne variant que les cibles de sa vengeance.

 

7.8.4.          Politique-fiction : Qui aurait réussi ?

Qui aurait réussi à vivre heureux avec Gazonbleu, durant son évolution vers toujours plus de fermeture, toujours plus de méfiance, de soupçons, et de haine ?

De partout, on m'a assailli d'intimes convictions : "Mais enfin ! Qu'est-ce que tu attends pour reconnaître que dans TOUS les divorces, les torts sont partagés à 50%? Si elle te hait, elle a forcément des raisons ! D'ailleurs tu es seul à dire qu'elles te haïssent et te maltraitent. Elle, elle dit qu'elle est très dévouée, et que tu es très immature. Et puis nous, nous avions toujours cru que vous étiez d'accord sur tout, complices dans chacun de vos larcins..." Sans accepter de savoir que de près, la mère et la fille regorgent de convictions comme quoi elles ont bien raison de me haïr et de me calomnier autant qu'elles le font. Et puis je persiste à refuser de reconnaître que le génocide des arméniens soit à 50% de la faute des victimes, ou que la Shoah soit à 50% de la faute des juifs. L’automatisme mental, le simplisme, pour satisfaire la paresse mentale, ce n’est pas mon rayon.

La maladie mentale aurait évolué de la même façon, quel que soit le mari, de façon totalement autonome, à partir des traumatismes infligés par sa mère, durant la petite enfance, et à partir de la violente jalousie réprimée, de Gazonbleu envers ses petits frères. Si sa mère était encore vivante et alerte, mon épouse aurait continué de se positionner clairement par rapport à elle - à coups de vives chamailleries. Mais la mère morte, et pfuitt ! plus une critique, plus une seule clairvoyance. Ma femme s'est mise à ressembler de plus à sa mère, de plus en plus bornée et péremptoire, et accrochée toujours plus passionnément à la reconquête oedipienne de son père. Toujours plus falsificatrice du passé, comme pour s’en cacher les réalités.

D’un peu partout, on a essayé de me culpabiliser, de me faire trouver toutes sortes de poux dans ma seule tête. Invariablement, ce sont soit des gens qui aussi refusaient de voir ce qu’ils avaient sous les yeux, soit des gens qui se sont tenus à l’écart de tout, et ont évité toute confrontation avec la réalité. Ma soeur fut capable de voir Gazonbleu la figure crispée par la haine, bras serrés autour de la poitrine, aboyer qu’elle avait bien raison de me haïr puisque « en deux ans, tu n‘as jamais fait qu’une seule chose ! Déménager ton bureau ! » et néanmoins m’affirmer en conclusion que Gazonbleu était beaucoup mieux depuis qu’elle s’était débarrassée de son mari, et qu’elle avait l’air sereine.

J’ai cité plus haut la famille Ddr, qui habitait alors rive droite de l’Isère, dans une somptueuse maison du vieux Grenoble. Madame Ddr, veuve, avait la lucidité de demander à mon père de prouver chacun de ses propos au moins trois fois plus que nécessaire, « Car nous, nous sommes comme l’auvergnat à qui on ne la fait pas. Son cousin le fait venir en visite à Paris, et cherche à l’éblouir sur sa réussite matérielle, sur les beautés de Paris. Mais on ne la lui fait pas à lui; rien ne l’impressionne. On l’emmène au Zoo de Vincennes, voir les animaux les plus étranges. On lui fait remarquer le rhinocéros. Tu ne trouves pas que c’est étrange, cette peau épaisse à articulations en plaques, et ces deux cornes sur le nez ! Mais notre homme est inébranlable et réplique: « Des bêtes comme cha ! Cha egjichte pas ! » » Je suis bien d’accord : « Des bêtes comme Frédégonde et Gazonbleu, cha egjichte pas ! », au sens de l’auvergnat cité ici, mais j’en poursuis la description imperturbablement, parce que moi, j’y étais, et que vous, vous n’y étiez pas, et que je vous informe de la réalité, même ignoble et impensable.

Je voudrais bien savoir quelles sont les structures sous-jacentes à toutes ces conduites d’esquive de réalité, de sursimplification. Je vais proposer mon bout d’explication : le désagrément dû à la perception du contraste entre les réussites historiques et collectives de l’esprit humain, et l’accumulation de nos limitations et de nos échecs individuels. Pour éviter de percevoir ce contraste humiliant, trop d’entre nous se confectionnent un rideau de fumée, pour se confectionner une apparence de perspicacité futée, qui à les yeux, les distingue de la grisaille. Or ce contraste n’est largement qu’une illusion; mes contemporains sont victimes d’une sursimplification opérée en histoire des sciences, abusivement ethnocentrique, abusivement hagiographique, se résumant à l’histoire des succès et des progrès, tous évalués selon les seuls critères à la mode du jour, plaisant aux puissants du jour, et évacuant tous les tâtonnements, les régressions, les crimes et la fureur, les mensonges et les intoxications qui firent au jour le jour la vraie histoire des sciences et des techniques. Ainsi chez les médecins, leur conduite collective d’élimination d’Ignac Fülöp Semmelweis, le découvreur de l’asepsie en 1848, celui qui exigeait que l’on se lavât les mains après avoir disséqué les cadavres, et avant de toucher les parturientes, est-elle renvoyée au trou de mémoire.

La seule façon de vivre heureux avec une telle femme ? Il suffit de faire la liste de qui elle m’a successivement reproché de ne pas être. Toujours des gens bien plus riches, très tournés vers l’immobilier. Certains étaient des costauds très bricoleurs et bâtisseurs, un était un agent immobilier très mignon et obséquieux, et n’oublions pas l’illusionniste à qui tout réussissait. J’oubliais les rengorgements de Patricia Kaas... (« Oh oui oui ! Beaucoup de succès ! Beaucoup de succès ! Beaucoup de succès ! »  en enchaînement direct sur les inondations qui ravageaient alors le Bangla Desh), qui me furent donnés en exemple, propre à humilier ma pauvreté matérielle.

La seule façon de vivre heureux avec une telle femme, aurait été d'être riche, cynique et dominateur, et de se payer des maîtresses dès que Gazonbleu devint impossible à vivre et imbaisable. Il aurait fallu prévoir l’extension démesurée que prendrait son instinct territorial, en lui concédant quelque vaste territoire, assez séparé du mien pour qu’elle ne put m’y brimer comme elle s’est habituée à le faire, de son droit divin. Et il aurait fallu lui tenir la dragée haute, à coups de chantages, puisqu’elle ne respecte plus que la force.

Je n'avais aucune chance de réaliser jamais un tel programme. Mais du moins, j'aurais alors évité à mes deux aînés, d'être recrutés comme engins de guerre contre leur père. Alors que mon aînée reste durablement plus qu'à moitié dingue, d'avoir adopté ce rôle-là dans sa vie, d’annexe à sa mère, parce que Gazonbleu avait besoin d’annexes. Et mon fils Sigbert reste lourdement handicapé par tous les aspects du "On parle pas à table !", ni ailleurs.

 

7.8.5.          « Le dialogue est totalement impossible car le mari est incapable... ».

Le dialogue ? Parlons en !

Il s’agit toujours de permutation entre le sujet du verbe, et son complément d’objet. Parce que Gazonbleu n’a toujours pas de notions nettes sur l’intérieur et l’extérieur de soi.

J’ai toujours vu et entendu Gazonbleu engueuler nos enfants, ou m’engueuler, parce que nous n’avions pas encore exécuté un ordre muet, que nous aurions dû deviner comme « évident ! », mais que Gazonbleu n’avait encore jamais été capable de formuler. En encore moins de justifier, du reste.

Le dialogue ?

Depuis 1985, je suis surtout travailleur à domicile. Les dimanches après-midi, je suis souvent encore à ma table de travail. J’ai donc écouté beaucoup de Tribunes des Critiques de Disques, de France-Musique. Il m’est arrivé d’en enregistrer intégralement deux. J’aime bien la férocité de certaines trouvailles de certains. Par exemple : « Depuis cet enregistrement, Edwin Fischer a fait beaucoup de progrès dans l’interprétation du Château de Barbe Bleue ! » De toute ma vie, j’ai lu et entendu les critiques musicaux exprimer leurs opinions personnelles : on les paye pour cela, pas pour suivre et exprimer les opinions majoritaires, en bons moutons de Panurge. Mais on les prie de justifier et argumenter leurs opinions personnelles.

Il m’est arrivé d’avoir l’imprudence de dire quelque chose à haute voix devant Gazonbleu, sur une oeuvre musicale que Gazonbleu ne connaît pas, d’un compositeur dont elle se soucie comme de sa première couche. Probablement Brahms ? D’ailleurs Gazonbleu déteste la musique à 97%. Incidemment, je n’aimais guère Brahms avant, mais depuis que je sais avec quelle mainmise Clara Wieck l’a émasculé, et lui a fait promptement rompre ses fiançailles d’avec une jeune fille de son âge, désormais j’entends cet apologie de l’échec dans la vie, et de la brisure dans l’action, dans tous les thèmes et tous les développements de Brahms. Mais ce jour-là, je n’avais eu que le temps de parler de la lourdeur d’un thème, et de la pâte sonore : une seule phrase, et qui commençait par « je ». Gazonbleu me coupe la parole et glapit furieuse : « Ce n’est que ton opinion personnelle ! ».

Oui : Le dialogue est totalement impossible car le mari est incapable... d’être aussi inexistant que Gazonbleu l’exige. Aussi inclus dans Gazonbleu que Gazonbleu l’exige.

A la réflexion, je crois que c’était encore plus caricatural que cela : je devais parler du Concerto pour Orchestre de Béla Bartók : concerto surenregistré, très populaire, et que je n’aime guère, avec sa pâte sonore grasse, l’abondance de ses emprunts au monde terrifiant de Chostakovitch-sous-Staline, dans l’oeuvre d’un compositeur que j’aime, et que Gazonbleu n’aime en rien.

Et de nous deux, c’est paraît-il moi qui « donne des leçons à tout le monde » ! Une accusation, qui est bien assez bonne pour la Justice ! Qui oserait mettre en doute les accusations d’une femme ?

Et que disait l’œuf du serpent ? Longtemps avant, quand la jalousie était provisoirement affaiblie, quand Gazonbleu conservait une conscience de ses limitations, et qu’elle gardait de l’amour envers celui qu’elle s’était choisi ? Hé bien, c’était plutôt marrant, cocasse, en 1974 ou 1975. En se reportant à la chronologie jointe, on lit dans quelle entreprise j’étais alors : son nom n’est pas crypté. Une secrétaire nous brocardait ainsi : « Je crois qu’ils vivent surtout d’espoirs ! ». Petite société d’inventeurs, nous étions toujours dans les projets, les négociations, les développements et les essais. Les anecdotes et les récits que je faisais en rentrant à la maison ne me semblent pas dépourvus de sel, ni d’intérêt.

En voici une : en négociations avec un groupe d’entreprises de matériaux de construction du Mans, et au cours d’essais successifs de nos procédés, nos partenaires font la connaissance des deux autres ingénieurs, du technicien manipulateur, du commercial. On a annoncé ma venue pour les principaux essais, fin 1974 : « Vous allez voir ! Il n’est pas sortable ! Il est hors de l’ordinaire ! ». Nous développions alors des cloisons coupe-feu, et des murs isolants. Je commençais donc à me familiariser avec les normes, les procédés, et le détail de la propagation des incendies dans les bâtiments. Au restaurant, tout en engloutissant nerveusement tranches de pain sur tranches de pain avant qu’on nous apportât les plats, le directeur commercial P.rc.t nous expose ses intentions de recycler des déchets de PVC et de polyéthylène, pour en faire un nouveau matériau pour le bâtiment, et il s’enthousiasme « Comme ça, je vais cumuler les qualité du polyéthylène, et celles du PVC ! ». Sans même réfléchir, je prends la parole, inspiré par G. B. Shaw : « Oui, ça va brûler aussi bien que le polyéthylène, tout en étant aussi toxique que le PVC ! » (« en incendie » aurais-je dû préciser, il semble que cela ait été bien interpolé). Et P.rc.t reste bouche bée avec sa boulette de pain dedans, puis éclate de rire : « Ah bien ! Je comprends pourquoi vous l’aviez gardé pour la bonne bouche ! ».

Plus couramment, c’étaient la faconde et les vantardises de notre commercial, et tout ce que nous avions appris à telle rencontre avec tel client ou partenaire, qui faisaient la teneur de ce que j’avais à rapporter à mon épouse, qui m’interrompait invariablement : « Dis moi seulement si c’est une bonne nouvelle, ou une mauvaise nouvelle ! », mais perdant son sourire et se renfrognant, lorsque je lui expliquais que la réalité est trop compliquée et trop imprévisible, pour que je puisse lui affirmer ni l’un ni l’autre. Déjà la panique secrète devant la complexité du monde réel, qui refusait d’obéir à Gazonbleu, et à sa requête d’omnipotence infantile.

Que disait donc l’œuf du serpent, maintenant qu’on a vu le serpent adulte ? Que Gazonbleu ne s’intéressait qu’à « plus d’argent, plus de prestige, plus de territoire à régner dessus ». Et que pour la personnalité de cœur, j’étais surtout un moyen pour parvenir à ces trois fins là, et qu’elle se demandait surtout si j’étais un bon moyen.

 

7.9.            Pourquoi ?

7.9.1.          Autonomie des rythmes de la maladie mentale : plus de 80% .

Averti par la biographie de Luigi Pirandello, et de son épouse Antonietta, je m’imaginais que les rebondissements de la maladie mentale de Gazonbleu ne seraient sensibles qu’aux aggravations de notre situation matérielle, et jamais aux améliorations. C’est le contraire qui s’est produit.

En effet, selon les biographes, c’est lorsque Luigi a fait de mauvaises affaires, et a été mis en faillite, que la paranoïa d’Antonietta a éclaté à pleine puissance. Je crois comprendre qu’elle était justifiée sur un point : ce serait majoritairement la fortune provenant de la famille d’Antionietta, que Luigi aurait ainsi perdu. L’échec de ma transposition simpliste prouve au moins une chose : il est dangereux de raisonner par mots, rien que par mots. La nosographie est dangereuse, quand il s’agit de raisonner sur les humains, car elle aide à évacuer de la complexité. Tout mot est bien plus simple que la réalité, et même tout dessin - et pourtant combien de fois un dessin aiderait à corriger les simplismes dictés par la langue ! Sans parler des simplismes non clairement imposés par la langue, mais bien par la mauvaise maîtrise de la langue, chez le récepteur, auditeur ou lecteur, ainsi que par ses imprévisibles obsessions et préjugés. Mais là je dévie vers la seule compréhension du discours, alors que mon propos initial portait sur le processus même du raisonnement : le seul écrit - et a fortiori le seul oral - conforme à la seule langue, même mathématisée, est dangereusement insuffisant pour la fiabilité des raisonnements, car rien n’a été encore prévu pour détecter et cartographier les innombrables carences passées en habitudes de langue. Ma faute de raisonnement ici, pendant des années, a été de raisonner par le seul diagnostic de paranoïa, et par la seule catégorisation sous ce concept, alors que si étaient bien paranoïaques certains des aspects les plus pittoresques du personnage (avec l’avarice), le cœur du problème restait la jalousie généralisée, dissimulée par une dissociation de personnalité ad hoc.

Or, à deux reprises notables, Gazonbleu a prouvé que c’est justement la perspective d’une amélioration notable de nos conditions matérielles, qu’elle ne pouvait me pardonner, et qui justifiait de sa part une remontée maximale de la haine et des sabotages.

La première fois se constate sur mon courrier du 5 février 1993, alors que je devais délaisser un peu le service de mes clients - et surtout toute agressivité commerciale pour trouver d’autres clients - , pour consacrer toutes mes soirées à la préparation des épreuves écrites des trois concours de recrutement de l’Education Nationale : CAPES, CAPET, PLP2. Gazonbleu s’installa dans une de ses crises de « On parle pas à ce type-là ! J’en ai marre de ce type-là ! ». J’ai bien vite été contraint d’aller dormir au salon, tout le mois de février. « Contraint », en ce sens que la condition qui m’était faite au lit conjugal était tellement invivable, que je n’avais pas d’autre ressource que de rendre cela manifeste et public, en allant visiblement dormir ailleurs, là où cela se voit (d’ailleurs, il n’existait nul autre lieu). Qu’on finisse un jour par poser des questions élémentaires : Mais enfin que se passe-t-il ici ? Puisque tout dialogue reste interdit par Gazonbleu, au moins que l’on voit, et le plus publiquement possible, que je n’ai d’autre ressource que de voter avec mes pieds.

Lors d’une autre crise de violence uxorale similaire, lorsque nos beau-frère et belle soeur (un frère de Gazonbleu, et sa famille) vinrent nous rendre visite, j’allai déployer un matelas de camping dans mon bureau, afin que la violence du climat conjugal restât bien visible. Il faut dire que le courage moral n’étant pas une qualité qui ait été cultivée dans cette fratrie, jamais un beau-frère n’eut le courage de poser la moindre question. Ce sont des gens qu’il faut tirer et pousser pour qu’ils acceptent de communiquer sur quelque chose.

Jamais Gazonbleu n’accepta d’expliquer pourquoi elle pratiquait cette haine et cet ostracisme. Alors j’y vais de ma conjecture : la perspective que je réussisse un de ces trois concours, l’épouvantait. Elle avait peur de perdre un motif de me mépriser et de me haïr. Cette situation de mépris lui convenait trop bien, et lui importait bien plus que la fin de notre condition matérielle misérable, qui résultait de ma timidité commerciale, et aussi des sabotages uxoraux, décrits dans mes courriers du 17 novembre 1992, et du 5 février 1993.

Plus tard, après réussite manifeste de deux des épreuves écrites sur les trois (le CAPES et le PLP2), l’attitude de Gazonbleu s’amenda. Elle commença alors un renversement d’alliance, qui fut perçu par Frédégonde, puis plus tard aussi par Sigbert, comme une odieuse trahison : ils ne comprenaient plus le fonctionnement de la famille. Pourquoi cessait-il d’être basé sur le passage à tabac du bouc émissaire ?

La seconde fois, la plus spectaculaire et définitive, a été l’achat de la grande maison de Sévignan. Dans son volume « Vivent les femmes », Reiser a mis en scène la violence de grandes envieuses. Ayez Reiser en tête : seules ses outrances sont réalistes, quand il s’agit de Gazonbleu. J’insiste en citant une forte parole. Au GAFO (Groupe Alpin de la Fac d’Orsay) nos sorties du dimanche en forêt de Fontainebleau, et de fin de semaine dans les falaises de l’Yonne ou du Dijonnais, étaient généralement communes avec le groupe alpin de la fac de Paris. Au massif du 95,2 (la cote d’altitude sur la carte), déjà cité, un des grimpeurs parisiens nous montre l’avant accidenté de sa 404, et nous invite à évaluer le montant des réparations envisagées : « Tu dis un prix, le plus élevé que tu puisses imaginer. Puis tu doubles. Et tu seras encore en dessous ! ». Deux d’entre nous relevèrent le défi, suggérèrent de deux mille cinq cent francs à trois mille cinq cents francs de frais. Pari gagné : il y en en avait pour environ huit mille francs, plus que la valeur résiduelle de la voiture. La même règle s’applique quant à l’évaluation de la jalousie et de la haine de Gazonbleu, ou la haine et la mythomanie de Frédégonde : imaginez le pire de ce que vous êtes capable d’imaginer, puis doublez, et vous serez encore en dessous de la réalité.

Reprenons Reiser : une femme crève un pneu sur la route, et stoppe des automobilistes pour l’aider à changer sa roue. Elle expectore les insultes que l’on devine, à ceux qui tentent de monnayer leur aide contre récompense en nature. Puis en voici un qui s’arrête, lui change sa roue sans rien dire ni demander, résolvant les uns après les autres les imprévus techniques, puis s’essuie soigneusement les mains noircies, et reprend son volant. Eberluée, la femme secourue, lui propose une récompense en nature, « Ch’peux pas ! Ch’suis fidèle à ma femme. » répond-il. Bouche en arc de cercle à coins descendants, la femme dépitée résume : « Serviable, bricoleur, et fidèle ! ». Elle saisit sa manivelle de cric, et lui écrabouille la tête : « J’veux pas qu’une autre en profite ! ». Tout l’été 95, nous avons visité les notaires de la région, téléphoné aux annonceurs, vu plusieurs dizaines de maisons, nous avons négocié des prix, évalué des travaux. Cette maison et son demi hectare de chênes et de robiniers, était une belle affaire, de quoi y vivre heureux jusqu’à notre fin, recevoir des amis communs. C’était compter sans son « J’veux pas qu’il en profite ! ». Tant que je paie et que je fais les durs travaux, on prend. Mais quant à partager l’usage du territoire, alors là non ! Plutôt perdre la maison que de partager sa jouissance avec un adulte distinct !

Cela se marqua par exemple par une guerre sans merci contre les livres. Plus question que les livres fussent la richesse commune, et fissent partie de notre décor commun de lettrés. Non, Gazonbleu voulait à toute force se refaire un décor d’illettrée afin que tout redevint comme chez son père et sa mère, à la superficie près : « Pas de livres dans mon salon ! Les gens n’ont pas de livres dans leur salon ! » Or le salon que nous acquîmes ainsi, dépassait cinquante mètres carrés : il contiendrait mon T2, et son balcon. Elle a tenu parole : seule une étagère se partage entre les magnétoscopes, la hi-fi, ceux des Tintin qui sont en français, et l’Encyclopaedia Universalis, qu’elle n’a pas réussi à cacher ailleurs. Tout le restant est dispersé dans de petites pièces obscures, ou caché dans des cartons. A l’exception d’une partie de la bibliothèque générale qui est dans la lumineuse chambre du second étage, et qui est appropriée par Frédégonde, qui boucle à clé tout le second étage pour elle seule (la conjugaison au présent est valide pour la période qui s’acheva en juin 1998, quand j’accédais encore un petit peu à chez moi).

En conclusion : la synchronisation des apparences de la maladie mentale sur des événements extérieurs, est très lâche et imprévisible. La logique interne prévaut sur tous les événements externes. Quels que soient les événements externes, de toutes façons, l’envie irraisonnée de Gazonbleu prenait inévitablement le commandement total de sa conduite.

Je sais combien des lecteurs sont indignés de la conclusion de ce paragraphe. Quand ils rationalisent leur mécontentement, cela donne ceci : « Tu as l’habitude de dire que la maladie mentale n’est pas circonscrite à un intrapsychique, mais qu’elle est un phénomène relationnel, et te voilà en train de t’exonérer de toutes les responsabilités, en prétendant que sa maladie est autonome, et que tu n’as aucune prise sur son déroulement et son évolution. Moi j’attends que tu t’accuses d’au moins 50% de la responsabilité, comme membre d’un couple, voire de 90% de la responsabilité, comme homme-donc-dominant. ». C’est notamment le discours de ma petite sœur, ainsi que de mon avocate, si ouvertement dans le camp adverse. Je reproche à ce discours plusieurs entourloupes :

1        prétendre que si c’est relationnel, alors le mari est à lui seul toutes les interactions qui comptent, alors qu’en réalité c’est lui la personne sans importance, becqueté par tout le poulailler ;

2        oublier le passé et les morts, pour surcharger le seul conjoint des responsabilités de la génération précédente – on ne devient pas paranoïaque sans l’action persécutrice de la génération précédente ;

3        oublier l’amante de Gazonbleu et son rôle de prise de contrôle sur Gazonbleu, pour jouer sur elle son rôle de Pygmalione (tel que faire chanter en soprano une femme qui parle en mezzo – mais si elle réussit à la faire chanter juste, tout n’est pas négatif) ;

4        oublier la fille aînée de Gazonbleu, et sa stratégie de parasitisme :  je peux m’installer chez maman et obtenir 70 m² d’appartement sur les 400 m² de la maison, à loyer gratuit ; il suffit que je l’aide à se débarrasser de mon père, puis que je lui fasse valoir que je la tiens par chantage.

 

 

7.9.2.          Confusion des mobiles.

J’étais gêné à citer un festival de griefs délirants, étant incertain sur sa date. D’après les documents rassemblés par la partie adverse, je présume désormais qu’il s’agit du second trimestre 1991, puisque mon courrier du 25 août 1991 semble bien tenter d’en faire la mise à plat. Marge d’erreur ? Cela pourrait éventuellement se situer au second trimestre 1992.

Un soir, dans le salon - et peut-être bien après un festival de violences de Frédégonde ? -, je proteste contre l’augmentation constante des brimades que Gazonbleu m’inflige, comme à titre de « punitions » skinnerriennes. On se demande seulement quel est le but poursuivi, par cette augmentation constante des punitions : quel est donc le comportement que Gazonbleu chercherait à éliminer chez moi, et lequel elle chercherait à obtenir ? Et si elle l’obtenait, penserait-elle un jour à diminuer et lever les punitions ? Alors que je la vois toujours les augmenter, quoi qu’il arrive, et quoi que je fasse.

Premier temps traditionnel : « Mais tu délires complètement ! Je n’ai rien fait de semblable !

- Ah bon ? Et telle action, tel jour ? et telle autre, telle semaine ? Je délire ?

- Ah ! Ben heureusement ! Ou en serait-on si je ne l’avais fait !  Non mais sans blague ! »

Ce point éclairci, j’insiste sur ma question : la raison de cette augmentation constante des brimades ? Les yeux exorbités par la panique, Gazonbleu me lance un premier reproche, puis à la moindre rectification des faits, me coupe la parole précipitamment, et bifurque vers un autre grief plus ancien. Très vite, on en arrive aux années 70, à des incidents uniques, jamais répétés, dont le coupable n’est pas toujours moi, loin s’en faut. Il m’est par exemple reproché l’inimitié et la muflerie dont nous fûmes victimes, durant une brève croisière à partir de Granville, vers Jersey et Chausey, en septembre 1972. En conclusion "Gazonbleu" s'enfuit en criant : "Ça veut dire que tu as toujours raison !"

Tout cela pour justifier l’augmentation constante des brimades, en 1991 ! A chaque fois que je souligne la fuite de Gazonbleu hors du grief précédent, pour en lancer précipitamment un autre, encore plus ancien, encore plus bizarre, la panique augmente sur son visage. « Pourquoi es-tu incapable de traiter un problème à la fois ? Pourquoi le seul fait de traiter un problème à la fois, tu le traites comme un crime, dont tu as raison de tirer vengeance ? Pourquoi toujours ce reproche que pendant que je traite un problème, je serais en train de ne pas les traiter tous, tous les autres, simultanément ? ». En conclusion "Gazonbleu" s'enfuit en criant : "Ça veut dire que tu as toujours raison !". Gazonbleu m’en voulait à mort, de ne pas être en unanimité avec sa confusion mentale. C’est pourquoi, il lui fallait d’urgence recruter d’autres unanimes : elle a ainsi recruté nos aînés, pour cogner en unanimité sur le bouc émissaire, ce salaud de dissident, résistant à le dictature. Il ne faut guère chercher ailleurs la raison de l’aliénation partielle de Frédégonde.

En réalité - sous réserve que 1991 soit la bonne année, et non 1992 -, sous son hostilité insupportable, Gazonbleu se cachait ainsi sa propre faute, et sa panique devant la dépense de 25 000 F qu’elle avait engagé en cachette avec Frédégonde, pour deux canapés de cuir, dont nous n’avions, et de loin, ni le budget pour les payer, ni la place pour les accueillir. Détails dans le chapitre : « Un jeu qui rapporte : Au viol ! ».

 

7.9.3.          Le pourquoi ? le mobile originel.

Sur le plan de la méthode scientifique, que pourtant je voulais m’astreindre à suivre, il est regrettable que je n’aie pas encore écrit les chapitres étudiant en détail les développements de la jalousie entre frères et sœurs, notamment de Sigbert envers Audowere. Je suis ainsi provisoirement privé des matériaux expérimentaux immédiats, que j’aie vérifié moi-même. En revanche, pour fournir le cadre explicatif à la jalousie morbide et envahissante de Gazonbleu, je dispose d’une abondance de marériaux de seconde main : les souvenirs de Gazonbleu, qu’elle me confiait au temps où elle savait avoir besoin de moi, pour affirmer son autonomie et son identité en face de sa mère abusive.

Au début, je n’étais confronté qu’à la jalousie amoureuse de Gazonbleu. Je l’ai contestée, dans une vue prospective : elle nous dirigeait vers un enfer. Je n’ai été confronté que quelques années plus tard à l’envie généralisée à tous les aspects d’autrui, à tous les bonheurs d’autrui, à tous les dons d’autrui. Et ce n’est qu’après plusieurs mois de maturation sur la question de la jalousie entre mes enfants, que j’ai compris que la jalousie de Gazonbleu envers ses jeunes frères, est la clé de deux mystères :

·      C’est pour dissimuler cette jalousie, que Gazonbleu s’est élaborée une personnalité de façade, mûrie en apparence, mais hélas, sans profondeur suffisante (un « faux self » de pure façade), sans jamais amender la férocité et la méchanceté de sa personnalité de cœur, archaïque et infantile, ni en guérir la frustration.

·      La montée de l’autoritarisme d’abord, de la haine ensuite, de Gazonbleu à mon égard, dépourvue de cause objective dans l’histoire du couple, n’est que l’émergence retardée, et autonome, de la violence de la jalousie éprouvée par Gazonbleu envers Philippe et Claude. A ceci près, que les modalités de l’autoritarisme, sont empruntées aux façons d’Odette, la mère de Gazonbleu, avec son insoutenable sottise péremptoire. Une mère introjectée.

Je vous ai exposé là mon intime conviction, et les indices qui l’étayent. Tant que je n’ai les preuves, ce n’est encore qu’une intime conviction, avec tout le ressentiment péjoratif qu’entre scientifiques, nous éprouvons à l’égard des convictions sans preuves incassables. Maintenant, il faut recueillir les témoignages, pour vérifier. Je poserai la question à Philippe, et à Claude. Hélas, je prends le pari qu’il ne répondront jamais. Je la poserai à Georges, ce qui est hélas d’une grande brutalité : cela dérangera l’image de la fille parfaite que Gazonbleu essaie de projeter. Enfin, je la poserai à Gazonbleu, qui bien entendu ne répondra jamais, et tordra encore plus profondément son visage sous la haine, et la rage que je n’aie toujours pas la bouche, enfin pleine de terre. Je suis le seul qui sache qu’il a intérêt à y voir clair dans le maquis vénéneux.


N.B. Plus question de poser une question à Georges Letellier, qui est décédé.

 

7.9.4.          Le pourquoi du pourquoi : les modalités originelles.

Objection : Ce mobile originel, de jalousie sororale, ne donne pourtant aucune obligation à l’évolution finale vers une zone psychotique de plus en plus grande. Le pourquoi de l’évolution psychotique reste alors mystérieux. Pourtant, sa réalité incontournable est désormais prouvée par un document fourni par Gazonbleu, comme témoignage à ma charge : le faux témoignage d’Alie Boron, que nous étudierons plus loin (pièce n° 16). Or malgré ses contre-vérités flagrantes, et malgré sa structure manifestement confusionnelle, ce faux témoignage a été estimé bien assez bon pour le Tribunal, par Gazonbleu et Frédégonde : rien à objecter aux plus grossières des contre-vérités ! La perte de réalité, la confusion mentale, les larges zones psychotiques, sont désormais prouvées par écrit, indépendamment de toutes mes propres observations.

La jalousie envers les petits frères, et la dissimulation de cette jalousie, cela n’explique pas pourquoi Gazonbleu s’est crue obligée de m’attribuer les intentions et les pratiques malveillantes, qui avaient exclusivement été celles de sa mère, ainsi que de m’attribuer les calculs cupides et dominateurs, et le complexe de supériorité, qui n’appartiennent qu’à elle.

Pour y voir clair dans une telle confusion primordiale sur les frontières du soi, et de l’environnement, il faut retourner à une très très jeune Gazonbleu. Adulte, elle croit qu’on lui vole tout, parce qu’elle croit encore que tout est à elle.

Ses frontières d’avec son environnement de l’époque (un bébé effrayé, et maltraité par sottise : dans sa biographie pour l’Institut Primal, que j’ai dactylographiée à sa place depuis son manuscrit, elle se décrit comme « posée sur le buffet le temps d’épousseter la table, puis posée sur la table, le temps d’épousseter le buffet ») étaient alors bien encore confuses et problématiques. Elles sont redevenues confuses et problématiques, comme devient de plus en plus confus son repérage dans le temps.

 

La suite viendra dans le tome 2, avec le modèle en trois carapaces. Ce modèle en trois carapaces sur un cœur confusionnel répond bien à toutes les observations connues, que ce travail de mémoires a permis de synthétiser.

 

 

Hors textes (11 pages) :

Confidence : De la paranoïa en général, et de celle que j’ai côtoyé 27 ans en particulier.

Il est évident que j'avais écrit "Bref : me trompè-je, ou me gourre-je ?", et non les imparfaits que la rédaction de RéseauContact a cru bon de me substituer. "ou me gourre-je ?" faisait partie d'un sketch de Thierry Le Luron, mettant en scène Raymond Barre, avec aussi "Que vous sers-je ?".

Courrier du 17 novembre 1992 au ménage André Tunc (tous noms propres protégés par pseudonymes.


Mais voici l'original, avec les noms réels :

17 novembre 1992, original



Et l'original :

2e page, 17 novembre 1992


Courrier du 5 février 1993 au ménage André Tunc.

D'abord en cachant les noms réels, puis réapparition de l'original :


Et voici l'original :
5 février 1993, original


L'original de la page 2 :
5 février 1993_2



Et voici l'original, avec prénoms réels :

5 février 1993




Courrier du 9 février 1993 à Philippe L., frère de Gazonbleu.

Courrier du 11 mai 1993 au ménage André Tunc.


Et voici l'original :

11 mai 1993


11 mai 1993_2



 

 

 

 

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Dimanche 21 juin 2009, cela faisait 3395 jours que je n'avais plus jamais revu ni entendu ma fille cadette : depuis dimanche 5 mars 2000. Neuf ans, trois mois, et seize jours.