Ta mission est d’éliminer ce témoin gênant : ton père.

1 . Eloge de la critique.
1 . 1 . Le rire salvateur
1 . 2 . Erotisme torride
1 . 3 . Arme de survie des minoritaires, éclairage de tous.
1 . 4 . Eloge du minoritaire.
1 . 5 . Avertissement au minoritaire.
1 . 6 . Eloge du lecteur ?
1 . 7 . Un culte de la malveillance et de la violence sournoise.
1 . 8 . Ou alors c'est Saddam Zussom ?
1 . 9 . A qui le crime profite-t-il ?

1 . Eloge de la critique.


1 . 1 . Le rire salvateur

A la fin des années cinquante, on annonçait à un polonais optimiste :
« Tu sais, les russes vont bientôt aller dans la Lune ! »
Plein d’espoir, les yeux brillants, il demande confirmation : « Tous ? »

Sans esprit critique envers leurs colonisateurs et oppresseurs, auraient-ils produit cette merveilleuse blague ? Sans critique, pas de « meilleur déconomiste de France », pas d’affiche de la Résistance : « Donne moi ta montre ! Je te donnerai l’heure ! » pour accueillir la mise de la France à l’heure de Berlin.

A un conseil d’administration de la General Motors, Alfred J. Sloan constata :
« Je vois messieurs, que nous sommes tous d’accord pour prendre cette décision en ce sens ? »
Tous font signe que oui. Sloan reprend :
« En ce cas, je propose que nous renvoyions cette décision à une prochaine fois, lorsque des désaccords entre nous, prouveront que nous y ayons suffisamment réfléchi, pour vraiment savoir de quoi il s’agit. »

Avez-vous déjà essayé d’animer un remue-méninges avec des gens qui sont tous des suiveurs grégaires ? Morne et stérile punition, n’est-ce pas ? Un remue-méninges pétille et fuse, quand il rassemble aussi des mauvais esprits pétillants, aux riches stocks d’insatisfactions.

On a multiplié la productivité d’équipes de programmeurs et de chefs de projets, et grandement amélioré la qualité des logiciels produits, avec seulement deux principes. L’un des deux était de récompenser (par un coup de gong, lors du stage), non pas les propositions « raisonnables et constructives », mais les calembours, les mises en boîte du projet, les idées farfelues et traversières, tout ce qui provoquait un rire libérateur.1

Sans liberté de blâmer, non seulement il n’est pas d’éloge flatteur, mais surtout il n’est pas de santé mentale possible.

Le rire est la première et la plus efficace forme de blâme. Il ne suffit jamais, mais sans lui rien n’est possible, le rire salvateur. On s’offre un exemple ?


1 . 2 . Erotisme torride

J’ai relevé cette petite annonce dans le canard local de hum, « Nagoumari », là où habitaient mes enfants, aux dernières nouvelles :
« Ouvrier à tout faire. Il devra entretenir une propriété de 5250 m², sarcler, bûcheronner, faire les travaux de maçonnerie, plomberie, électricité, et couverture. Réparer les huisseries. Il devra payer mes factures et mes impôts, ne jamais ouvrir un livre, ne jamais ouvrir la bouche. Il devra gardienner la maison quand nous partons en vacances. Il ne sera autorisé à pénétrer aux deux étages d’habitation que s’il en a reçu l’ordre, et en aucun cas il ne pénétrera dans la chambre à coucher.
Il devra exécuter mes ordres avant que j’aie dû trouver mes mots pour les énoncer.
En cas de grève des travaux, même partielle, le licenciement sera immédiat.
Pédigree exigé. Bref, il devra remplacer mon mari en tous points.
Présentez votre candidature à la châtelaine de Château La Haine, tel 04 75.... »

Un érotisme aussi torride, cela m’a rappelé si fort ma vingt-sixième année de mariage, que j’ai eu envie de vous en faire part, chers lecteurs.

Et comment fit la châtelaine de Château La Haine, pour se mettre en situation de forteresse assiégée, se méfiant de tous, effaçant ou falsifiant tous documents, recrutant receleurs et sicaires, faux témoins rétribués, dans sa guerre à mort contre le père de la plupart de ses enfants ? En s’interdisant le blâme approprié, contre qui l’avait réellement maltraitée, petite.

J’ai eu vingt-sept ans sous les yeux le cas de cette personne qui s’est rendue toc-toc, à force de s’inhiber sélectivement la critique. Il s’agit justement de l’héroïne de cette monographie. Aussi longtemps que les deux femmes se chamaillèrent comme chien et chat dans les dix minutes de leur mise en présence, j’ai vu Gazonbleu2 garder un positionnement clair envers sa mère, et garder le plus gros de sa santé mentale. Tant que sa mère fut vivante, Gazonbleu sut la critiquer avec force et justesse, et garder le souvenir précis des détails des maltraitements, et des malveillances, involontaires mais constantes, qu’elle avait subis. La mère morte, et pfuitt ! Gazonbleu s’interdit toute critique envers le foyer parental, au climat de sarcasmes irrespirable. Dès lors, désorientée dans le temps, elle s’inventa d’autres sources de malveillances, mais fantasmatiques celles-là. A défaut de la défunte, elle se trouva un vif pour le harasser de procès d’intention, et de soupçons ahurissants. Elle se mit à ressembler de plus en plus à cette mère scotomisée, à devenir à son tour de plus en plus bornée et péremptoire. Toutes les intentions meurtrières qu’elle avait eues envers sa mère, elles les projeta sur son bouc émissaire, en ce sens qu’elle prétendit que ce bouc émissaire avait sur elle toutes sortes d’intentions malveillantes et meurtrières, d’où le besoin de zigouiller discrètement son bouc émissaire, comme témoin gênant...

Cela resterait anecdotique, si elle n’avait entraîné ses enfants, tous ses enfants dans son délire meurtrier. L’ampleur des complicités dont elle bénéficia pour dissimuler et réorienter plus efficacement ses premières tentatives d’assassinats, voilà qui sort de l’anecdote, et prend la taille d’un phénomène de société à étudier soigneusement. Le but de la présente monographie est de prévenir et d’aider les prochaines victimes des prochaines complicités similaires.


1 . 3 . Arme de survie des minoritaires, éclairage de tous.

La critique, c’est la plus vitale des armes qui permettent aux maltraités, et plus généralement aux minoritaires peu respectés, voire bafoués, de garder prise sur leur identité, sur leurs sentiments, sur leur santé mentale. La critique est une modalité de la violence fondamentale : marquer mes frontières et mes limites contre les empiètements des trop puissants ou trop sans-gêne. Depuis leur première dent, la violence fondamentale de nos bébés, de nos petits enfants, leur est indispensable pour exister comme personne distincte, pour remettre les parents à leur position de parents, au lieu d’une position d’abuseurs. Elle est fondatrice de l’identité.

Certes, la critique et la rébellion ne vous donnent pas un père qui sache être un père, ni une mère qui sache être une mère, si tel est votre malheur, fréquent. A elles seules, elle ne vous donnent pas prise pour changer le monde là où le monde est vicieux, mais du moins, elles vous fournissent la carte et la boussole. Là où on vous élève dans un tissu de mensonges, votre critique vous laisse en pleine prise sur vos propres sentiments, sur vos propres besoins. Elle vous permet de délimiter clairement, plus tard, « Lui, c’est lui, et moi, c’est moi !»

Un enfant de cinq ans, ou moins, ne peut choisir son environnement, ni choisir ses parents. Dans un environnement horrible, il a deux stratégies de survie : devenir bête et aveugle, ou combattre. La première conduite de survie, c’est celle que j’ai suivie dans mon ménage de 1988 à 1992, notamment pour éviter à nos enfants d’être transformés en champ de bataille. La pire des stratégies possibles pour un programmeur ! Jusqu’à ce qu’un client me réclame une modification nécessaire dans un de mes programmes, vieux d’un an. J’ai alors été obligé de m’apercevoir à quelle autodestruction je m’étais prêté, juste afin de ne pas percevoir dans quelle situation désespérée je m’étais laissé enfermer par ma fidélité sans espoir à Gazonbleu.3

La critique permet de garder vos distances quand la religion dominante (à l’époque c’était le catholicisme) tente de vous rendre fou (à ses mesures), à coups de « Tu dis ton désaccord, mais ce n’est pas ce que tu penses au fond de toi-même ! Au fond de toi-même, tu es en plein accord avec nous ! ».

L’esprit de critique et de distance nous permet de repérer les problèmes que les autres se sont rendus incapables de voir, nous permet de déceler quand les enseignements et les consensus lévitent dans du rien, dans du non prouvé, dans du jamais vérifié, dans des contradictions injustifiables et inexcusables.

La critique permet d’inventer, d’innover, d’entreprendre. A elle seule, elle ne suffit pas, elle ne suffit pas à desserrer toutes les entraves à l’action, depuis les obstacles externes soigneusement accumulés par vos maîtres, jusqu’aux inhibitions de l’action qu’ils ont implanté dans vos cervelles, mais elle donne au moins la liberté de penser, et de préparer l’action. La critique n’est pas proactive, mais réactionnelle. Doit-on alors la blâmer ? Oui, quand elle remplace l’action, et cela à vie, quand on s’installe dans la critique confortable, quand on se complait dans le persiflage. Mais pas de proactivité sans critique à peu près complète et claire de ce contre quoi on s’insurge. Allez jusqu’au bout de votre critique, et rebondissez dans l’action.

Un minoritaire exemplaire : John Maynard Keynes, lors de la terrible dépression économique des années 29-30 et suivantes, était le seul économiste à percevoir que la raison commune déraisonnait. Il commença donc de travailler, jusqu'à la publication, sa "Théorie générale de l'équilibre et de la monnaie". Ensuite deux keynésiens réussirent remarquablement : les conseillers du New Deal de Franklin Delano Roosevelt (mais j'abrège sur le tâtonnement avant que Roosevelt trouve des conseillers qualifiés), et Hjalmar Schacht, président de la Reichsbank, puis ministre de l'Économie en 1934.. Nous en avons salement dégusté les conséquences militaires, de la réussite de Schacht... Mais selon les critères habituels des harceleurs de minoritaires, il eût fallu harceler à mort Keynes, puisque ce fou-là osait ne pas penser comme tout le monde !

Sans la pensée critique, bonjour les dégâts ! Bonjour le fusionnel et le conformisme ! Quand on veut être fusionnel avec un leader tortionnaire, on devient tortionnaire à son tour. Quand on veut se conformer, on se conforme aussi à la chasse aux boucs émissaires du jour. Quand on veut être carriériste sous les Rois Très Catholiques, on fait carrière dans l’Inquisition. Et on tue en bonne conscience, au mieux on exile, au nom du maintien de l’ordre dans l’imaginaire.

Si vous avez des doutes sur le caractère indispensable de la critique, alors regardez de plus près ceux qui rêvent de lui tordre le cou. Vous comprendrez vite que la plus décapante des critiques, est de loin moins dangereuse que ne le sont ses adversaires mortels. Le critiqué s’en plaint : la critique est une violence, une violence fondatrice contre les empiètements et les abus.

Ce sera la fin de mon couplet aujourd’hui. Pour le dépassement dialectique de la critique, il a fallu attendre quelque peu... Un très bref traité de réflexivité est l'article Pour la réflexivité dans les logiques. La question des besoins en autothéorie, de leurs pièges et des moyens pour se rendre maître de ces pièges, a été abordée dans le forum : Des besoins en autothéorie, à leur dépassement dialectique : des méthodes ? 


1 . 4 . Eloge du minoritaire.

Sur les épaules du minoritaire, reposent tous les fardeaux des preuves. Cachés par le troupeau majoritaire, les autres en sont dispensés.

Une démonstration générale étant hors de portée d’un seul homme, je vais développer un seul exemple, que je généraliserai. Cet exemple est technique, mais il a l’avantage d’avoir déjà été étudié en détail par d’autres. Je résume depuis le cours de Prévision Technologique du C.N.A.M. 4 (Conservatoire National des Arts et Métiers), l’exposé critique de la méthode prévision normative Delphi, due à la Rand Corporation 5. C’est une méthode de remue-méninges à distance et en temps différé. On envoie un questionnaire à un panel d’experts - dont l’ « expertise » est volontairement dispersée - leur demandant d’énoncer leurs prévisions chiffrées en réponse à plusieurs questions. Dans un deuxième round, on prie les « extrémistes », c’est à dire le quartile de ceux qui ont fait une réponse plus pessimiste que la majorité, et le quartile de ceux qui ont fait une réponse plus optimiste que la majorité, de justifier leur réponse. Mais on ne demande aucune justification aux majoritaires ! On leur donne bien l’opportunité de changer d’avis, mais l’expérience montre que presque toujours, ils s’en gardent bien : paresse, et confort d’être bien dans le courant majoritaire ! Au fil de ses rounds, un Delphi aboutit toujours à faire voter les minoritaires dans le sens de la majorité, excepté s’ils ont le caractère fortement trempé.

Généralisons : Seul le minoritaire est soumis à la contrainte de prouver que ce n’est pas lui qui vit dans l’illusion et le délire collectif. Il est donc obligé de surveiller ses preuves et ses raisonnements. Le majoritaire n’a besoin de rien surveiller, ni la qualité de ses informations, ni la qualité de ses raisonnements.

Pierre Cauchon, évêque-comte de Beauvais, et négociateur du traité de Troyes (1420) par lequel Isabeau de Bavière vendit le royaume de France au roi d’Angleterre, n’a jamais eu à prouver son honnêteté, la validité de ses informations, la pureté de ses mœurs ni de ses intentions, la probité de ses raisonnements, ni la qualité irréprochable de ses logiques : il lui suffisait d’avoir les gens d’armes d’église et les prisons d’église avec lui, les gens d’armes anglais et la prison anglaise de Rouen, et la pression militaire et financière des occupants anglais. Et prudemment, l’Eglise n’a ouvert le procès en réhabilitation de Jehanne la Pucelle qu’à la fin 1455, après la mort de Pierre Cauchon (en 1442), quand seuls les témoins les plus jeunes étaient encore survivants.

Sous Brejnev, quand Andreï Sakharov et Elena Bonner ont commencé à prendre le risque d’aller assister à des procès de dissidents, ils ont découvert que la salle était remplie d’agents du KGB, chargés de couvrir la voix du prévenu, de l’écraser sous les rires des « majoritaires » à chacune de ses réponses.

J’emprunte au même cours du C.N.A.M. la première maxime de la consultante (Florence Vidal), chargée alors des cours de créativité technologique : « Respectez vos minoritaires ! Vous ne savez jamais d’où viendront les idées qui vont sauver votre entreprise. Cela peut très bien venir de ceux qu’on considère comme pas beaux et pas gentils, pas autorisés à avoir des idées. ».

Il serait confortable pour moi de pouvoir conclure lapidairement, mais la réalité est plus compliquée que ne le sont mes opinions. J’ai vu survivre plusieurs entreprises incapables de respecter leurs minoritaires. Mais ce furent surtout des entreprises payées par l’impôt, dont les clients captifs, et les contribuables captifs, sont dans l’incapacité de voter avec leurs pieds. Notamment, dans l’Education Nationale, j’ai constaté avec beaucoup de tristesse, que du haut clergé au bas clergé, et d’une chapelle à l’autre, des ayatollahs aux individualistes, partout, le débat y est remplacé par l’intimidation, le persiflage, voire l’outrecuidance. Avec les résultats consternants qui en résultent automatiquement.

Il reste à conclure par un...

1 . 5 . Avertissement au minoritaire.

Je sauterai plus de la moitié de l’analyse, en n’abordant que la question psychologique de l’individu minoritaire. Tant pis aujourd’hui pour les aspects sociologiques, pourtant innombrables.

Sous la pression, voire le harcèlement de ton petit chef 6, il est tentant de se cantonner à une attitude purement défensive, sarcastique, d’éternel perdant. Que ton journal soit le Canard Enchaîné, ou quelque autre feuille de rouspétance, en t’abritant sous quelque tribun du peuple qui ne propose que du simplisme ou de la non-action, tu trahis ton devoir de minoritaire. Le devoir moral du minoritaire adulte, est de devenir majoritaire, et d’en assumer les responsabilités. Si tu as tort, il est à ta charge de changer d’avis. Si tu as raison, il est de ton devoir de le prouver, de trouver des alliés, et de convaincre. Puisque tu as la chance de vivre dans un pays qui, au moins formellement, est de droit démocratique, il est de ton devoir d’adulte d’habiter pleinement la démocratie, et donc de passer à la contre-offensive. Tu n’es pas le seul minoritaire au monde. De quel droit refuseras-tu tes forces à d’autres minoritaires plus faibles ?

Tu y perdras peut-être ton mariage. J’y ai perdu le mien. C’est qu’il ne valait rien. Le seul vrai grand risque, c’est de perdre son travail, et de n’en pouvoir retrouver. Ecrivain débutant, j’espère être encore lu quand le marché du travail sera redevenu sain. Dans longtemps. Quand il sera redevenu possible de retrouver du travail, quand on pourra de nouveau quitter une entreprise parce qu’ici, ils travaillent comme des cochons, et qu’on veut montrer au monde comment on travaille correctement, avec un résultat de qualité.

Le devoir du minoritaire est d’avoir d’assez bonnes raisons, afin de rallier autour de lui, et pour devenir une nouvelle majorité, qui assumera ses charges de nouvelle majorité. Cela exige du travail sur soi-même, pendant que les majoritaires s’alourdissent dans les délices de Capoue, et dorment sur leurs lauriers. Le travail sur soi-même ? En es-tu capable ? En as-tu le courage ?

Ça, c’était pour la partie morale du message, il reste la partie technique. La développer vraiment n’est pas pour cet ouvrage-ci !

Ta critique doit être réflexive. Tu n’as pas le droit de t’en exempter, et te contenter de critiquer les autres (autrement dit : pratique exactement le contraire du discours ordinaire de la C.G.T., Confédération Générale du Travail, dont les revendications sont automatiqement de "justes revendications" !). Ta logique doit inclure le logicien dans sa perspective, et le voir de l’extérieur, en perspective. A mesure que tu grandis en âge, tu dois conquérir les ordres de réflexivité qui feront de toi un sage dans ta classe d’âge. Rares sont les problèmes insolubles, qui ne deviennent solubles quand on progresse d’un degré de réflexivité ! Tu en verras un exemple à la fin du chapitre « La science comme identité ? Ou ?  Ou l’esprit scientifique ? ». 

Techniquement, tu as un avantage, toi le minoritaire : à la fois tu connais la culture du majoritaire, et tu es en dehors. Alors que le majoritaire, lui, s’il est aussi outrecuidant comme le sont la plupart d’entre eux, est privé du regard externe. A toi de mettre à profit son infirmité avant qu’il s’avise de la corriger. 

Un très bref traité de réflexivité est l'article Pour la réflexivité dans les logiques. La question des besoins en autothéorie, de leurs pièges et des moyens pour se rendre maître de ces pièges, a été abordée dans le forum : Des besoins en autothéorie, à leur dépassement dialectique : des méthodes ? 


1 . 6 . Eloge du lecteur ?

« Il est certain que ce soir-là au Théâtre des Champs Elysées, le public avait beaucoup de talent ! ». D'un commentateur de France Musique.

L’écrivain lui aussi dépend du talent de son public. Certains publics institutionnels, tels que jurys de concours - CAPES, agrégation, ou plus haut IUFM - peuvent s’être prouvés d’une telle suffisance et d’une telle mauvaise foi, qu’il est parfois bien difficile pour l’écrivain de ne pas être submergé de mépris envers ses juges. On écrit mal, à ces moments là... Alors que le musicien en salle de concert sait assez vite quel est le talent de son public, l’écrivain peut l’ignorer pendant des mois, voire des années. Il est souvent affreusement déçu : la perception de la grammaire, et de la construction logique des phrases, leur est passée au dessus de la tête. Ils ont sauté quatre mots sur cinq, pour en extraire une étrange salade, mais conforme à leurs préjugés permanents...

Si l’on savait combien de gens meurent dans leur lit, on n’oserait plus jamais se coucher. Si l’on savait toute la mauvaise foi que des lecteurs haineux vont mettre à défigurer ce que vous écrivez, tous les contre-sens que des lecteurs sots vont inventer… on n’oserait plus jamais écrire ! Grâce à mon public sur le net, je commence à savoir les limitations étonnantes de la plupart des lecteurs ; je sais qu’il faut s’attendre souvent au pire. Mauvais lecteurs ou bons lecteurs, je les remercie tous de ce qu’ils m’ont tous appris.

Alors, l’écrivain écrit pour un lecteur imaginaire, idéal, qui saurait lire fidèlement et correctement, qui serait tout à la fois émotif, calme, patient, capable de faire un tour au dictionnaire au lieu de faire semblant de deviner. Un lecteur qui n’existe peut-être que dans la tête de l’écrivain. Or, il n’y a pas d’écrivain, sans lecteur putatif...

L’écrivain doit le comprendre : la lecture n’est pas faite pour l’esprit humain. L’écrit est bien trop récent dans l’histoire de l’humanité; dans l’espèce humaine, le cerveau humain n’a jamais été optimisé pour cela, et c’est pour lui une tâche affreusement compliquée. Seul chaque cerveau peut s’y adapter individuellement, par apprentissage, et cet apprentissage est long et compliqué. Nombreux sont les individus qui en ont loupé plusieurs étapes essentielles. Mieux valent pour eux, voire pour tous, le dessin et l’image.

A l’écrivain de se forcer à bousculer l’outil textuel, et le coût des outils, et à s’obliger à dessiner et illustrer beaucoup, afin de ne laisser aucune excuse au lecteur paresseux et de mauvaise foi. L’intelligence, cela se dessine, et ça se comprend en dessins.


1.7.   Un culte de la malveillance et de la violence sournoise.


Le lectorat le plus malveillant avec le plus d'efficacité, c'est certainement dans ma famille qu'il se trouve : dans ma famille d'origine d'abord, laquelle se réduit depuis la mort de mon père à Madame Mère et à Madame Soeur, puis par décès, à cette dernière seule. Il est de leur part des hurlements de haine et de triomphe qui vont droit au coeur... Initialement dans ce chapitre, leur florilège avait trop grossi, et est désomais déplacé au chapitre Les Guignols de la malveillance.
Je suis né dans un champ de tir : on ne choisit pas ses parents, ni les milieux où ils vivaient. On s'est posé la question : Georges Lavau a-t-il fondé une école de sadisme ? 15 % de Oui, 85 % de Non, la question est traitée au chapitre Georges Lavau, ironiste détesté par les vaniteux.

Ce que le lecteur malveillant reprochera.   Sous-chapitre déplacé aux Guignols de la malveillance.
M'enfin ? Kestatan pour avouer ?    Sous-chapitre déplacé aux Guignols de la malveillance.

 J'accuse.

J'accuse Madame Mère d'avoir prêché le sadisme et la fourberie en famille, auprès de sa bru et de sa petite-fille. J'accuse Madame Mère d'avoir utilisé sa bru comme arme de guerre pour abattre les mâles en général et son fils en particulier. Comme ma mère était vaniteuse et bête tout en se croyant fort intelligente, elle a été utilisée et manipulée à fond par le couple mère-fille, de tueuses conjurées, qu'elle croyait manipuler, et elle s'est enfoncée dans le déni de réalité. Les détails aux chapitres Vaniteux, mythomane et manipulateur, le délire de la Reine-Mère et  La Reine-Mère se vantait de protéger la criminalité féminine qui l'arrangeait bien, et dont elle était l'idéologue.

 

1.8.   Ou alors c'est Janine (dite Saddam Zussom) ?

Quand le juge Burgaud

Quand le juge Burgaud est comparu devant la commission d'enquête parlementaire, est paru dans la presse ce dessin que j'aime bien : « Ça vous fait quel effet, quand vous êtes condamné d'avance ? ». Ce dessin n'est hélas plus disponible.

Il n'y a pas de mots pour décrire l'horreur éprouvée

Il n'y a pas de mots pour décrire l'horreur que j'éprouve à la perspective de m'adresser à ce couple mère-fille, Madame-Mère-Madame-Soeur, qui garde quoi qu'il arrive une sentence de mort dans sa poche, toute prête.

Les auteurs princeps Carmen Campo et Juan Luis Linares avaient déjà décrit quand survient la dépression profonde du déprimé majeur : quand il perçoit que jamais il n'aura les parents aimants et attentifs dont il a eu besoin, et qui ont toujours défailli. En particulier à la mort de ceux-ci, qui éteint définitivement les derniers restes d'espoir déraisonnable. Je puis ajouter quelques précisions :

Depuis que j'étais jeune étudiant à Orsay, il y a quarante ans de cela, je savais que le mot-valise « dépression », si obligeant envers les intérêts de l'industrie pharmaceutique, recouvre en fait, au moins dans mon expérience personnelle, le désespoir envers l'égocentrisme imperméable de ces gens là, le désespoir envers le perfectionnement inébranlable de leurs techniques de déni d'autrui, et de déni de la réalité. Je savais aussi que cette « dépression » permanente et majeure, était télécommandée de l'extérieur, en partie par les mêmes gens, pour des raisons de concurrence : m'abaisser leur permettait de se rehausser. Mon père se rehaussait constamment aux dépens de son fils, jalousie basique. Ma mère continue de se rehausser aux dépens de son fils. Ils transportaient vers la génération suivante, leurs automatismes de pénurie affective et de concurrence féroce qu'ils avaient appris de la génération précédente. Sans compter bien sûr leurs façons de se rehausser chacun au dépens de l'autre.

La lettre du 28 mai 2004 de Madame Mère à son frère, pour se faire mousser comme mère idéale, me compose une biographie de haute fantaisie. Depuis cette date, je sais donc que Madame Mère fabule en moyenne à 75 %, pour satisfaire sa vanité, pour se donner des beaux rôles où elle puisse se contempler. La rodomontade du 22 novembre 1998 « Je ne veux pas que ce petit, mon arrière-petit-fils Hugo, puisse se croire négligé par son arrière-grand-mère. Je dois demander un droit de visite ou de présentation d'enfant. Il est privé de père, Cécile a éliminé le grand-père. » doit être mise en regard de la suite : « Ah non alors ! Pas d'action en justice conjointe pour le respect de l'article 371-4 CC, car cela serait profitable à mon fils, qui pourrait ne pas tout perdre dans le procès en répudiation que lui font Cécile et Geneviève ! Intolérable que mon fils ne perdit pas tout ! Je poursuis mon jeu perso pour moi toute seule ! » Madame Mère aime bien se vanter d'avoir fait des actions héroïques, à condition de les avoir soigneusement dépouillées de toute possibilité d'efficacité réelle, à condition de les avoir sabotées.

Les cris du genre : « Vous êtes tous pareils ! Vous êtes tous des cons ! Vous m'emmerdez tous ! » sont un classique de Madame Mère. Le plus joli reste le premier : nous étions alors moi jeune homme, et ma soeur adolescente. Madame Mère nous épuisait les oreilles à sa manière habituelle, et nous fûmes donc tous les deux à lui demander d'interrompre quelque peu sa logorrhée. Cri du coeur de Madame Mère : « Oh ! Mais vous vous êtes donnés le mot ! Vous êtes tous pareils ! Vous vous laissez tous dépersonnaliser par votre père ! ... » Or le « dépersonnaliseur » prétendu était à son travail à Paris, tandis que nous étions tous les trois, début septembre 1966, sur la côte méditerranéenne.

Remarquez, ça n'était pas mal non plus, la mission assignée par Madame Mère à nos enfants contre leurs parents, peu après la naissance de Bertrand : Madame Mère avait un différent mineur avec sa bru, à propos de queues de poires, et le ton avait grimpé. Madame Mère eut alors ce cri sublime : « Oh ! Mais vos enfants me vengeront ! Vos enfants me vengeront ! ». C'est cela le sens de la famille, pour Madame Mère, le sens des devoirs réciproques entre générations...

Il n'y a pas de mots pour décrire l'horreur que j'éprouve devant l'obligation de m'adresser à leurs mauvaises fois. Sont-elles unies et compactes ? Sont-elles distinctes ? C'est une question non résolue. Madame Mère reste très séduite par le sadisme et la perversion qu'elle peut favoriser ou protéger avec indulgence, si elle peut se projeter dedans, par exemple par habillage féministe. Madame Mère approuvait tout en déniant, la façon qu'avait « Frédégonde » de taxer les garçons qu'elle levait : « Et puis les garçons, c'est comme cela qu'il faut les traiter ! », justifiait Madame Mère à son amie Jacqueline, qui était profondément choquée par ces manières de pute. Et maintenant, le sadisme de sa fille lui plaît énormément, car c'est ce qu'elle aurait bien voulu pratiquer, pour satisfaire ses propres fantasmes de toute-puissance. Que ce sadisme s'exerce contre son propre fils, voilà un détail subalterne qui n'attire pas l'attention de Madame Mère, héroïque écouilleuse de fils.

Un point reste obscur : comment Madame Soeur, qui se vante beaucoup d'avoir coupé tous liens plusieurs années avec sa mère, parce que bien trop toxique, a-t-elle pu former cette culture de la fourberie et du sadisme, actuellement si visible ? Notre mère est vaniteuse et égocentrique, fabulatrice, mais rarement sadique en direct, essentiellement par jalousie de parent de même sexe, envers sa fille.

La principale clé du mystère me semble bien être Saddam Zussom, seconde épouse de papa, qui a triomphé dans la fourberie, et dans le pillage de notre père et de notre héritage. Je l'appelle ainsi depuis l'invasion du Koweit par Saddam Hussein, en raison de son avidité à s'emparer de la maison des autres, tout en se plaignant qu'on lui vole son pétrole... Quant à sa scrupuleuse honnêteté scientifique, elle lui a valu une pleine page de publicité dans le Canard Enchaîné, le 13 mars 2002. Voir aussi Acrimed http://www.acrimed.org/article911.html .

Madame Mère s'étant repliée sur son égocentrisme, et tellement défaillante comme mère, la place éducative était à prendre. La place fut prise. C'est l'exemple de Saddam Zussom qui se perpétue et qui triomphe dans ma famille d'origine.

L'autre clé du mystère, ce sont les symptômes de paranoïa qui la fournissent : ces cris de défiance et ces procès d'intentions délirants (au téléphone seulement, donc pas de trace écrite, hélas) pour s'opposer à toute publication par le net des anciens articles de papa. Or nous avons découvert au cours de ces années de fréquentation fort involontaire d'autres paranoïaques, qu'une condition semble toujours réalisée pour l'entrée dans le délire paranoïaque ouvert, et dans les grandes manoeuvres de persécution des témoins pouvant devenir gênants : il faut avoir de l'inavouable à cacher, et craindre que cela soit découvert. Or en effet, Madame Soeur a beaucoup d'inavouable à cacher et à faire oublier : tout ce long favoritisme par Anne, pour installer sa fille dans l'appartement de Neuilly, très en dessous du prix du marché. Puis le procès fait à Maurice, pour parachever de le flouer et de le spolier du loyer, flouant aussi la communauté indivisaire, donc moi-même, puisque j'en suis héritier. Sachant les détail les plus scabreux de l'entourloupe, je comprends bien mieux pourquoi Madame Soeur s'est autant répandue en accusations de délire et de paranoïa contre son oncle, puis contre moi-même : classiques manoeuvres de disqualification de ceux qu'on spolie. Classique fourberie de profiteur.

J'allais oublier que Madame Mère et son petit frère se taxent mutuellement de perversité narcissique. Si je reprends à Racamier, Hurni et Stoll leurs descriptions de l'emprise perverse, je dois constater que les astuces tactiques constantes pour interdire à l'autre toute pensée, qui sont caractéristiques du mode pervers d'action sur autrui, sont intégralement du côté couple Madame-Mère-Madame-Soeur, et pas du côté de Maurice. Maurice n'interdit jamais la réflexion mais au contraire la suscite, alors que le couple mère-fille l'interdit constamment, et use d'insultes et de disqualifications psychiatrisantes pour mieux terroriser et paralyser.

Je conclus par les plus vifs éloges envers Madame Mère : avoir réussi à conduire sa famille au point où elle l'a conduite, voilà un exploit digne d'une héroïque écouilleuse de fils.

Si j'ai rédigé un code de déontologie familiale, ce fut largement en prenant le contre-pied de ce que j'ai constaté autour de moi, et dans ma famille d'origine.



1.9.    A qui le crime profite-t-il et comment ?

Madame Mère s'enthousiasme fort volontiers devant toute entreprise perverse qui dépouille un mâle, au profit de Nous-les-femmes-qui sommes-toutes-des-victimes. Si elle n'en était une des victimes, elle aurait chaleureusement applaudi aux manoeuvres par Janine pour dépouiller papa du plus gros de tous ses biens, et ses héritiers du premier lit avec. Cela en fait une personne facile à manipuler et à compromettre dans des entreprises inavouables. Madame Soeur en use et en abuse. C'est pour cela qu'elle flatte le besoin de Madame Mère de reformer un couple mère-fille de la toute-puissance.

Plus elle compromet Madame Mère dans l'inavouable, et plus cela me rend vomitif tout ce qui se rattache à ladite Madame Mère. Et c'est là que c'est tout bénéf, tout innezepoquette !

D'une part, c'est là la tactique habituelle des mobsters : compromettre, « mouiller » un nombre maximal de lâches, qui ensuite prisonniers de leur vanité, demeureront incapables de résipiscence, et qui ne pourront que s'enfoncer davantage dans la participation au mobbing, tout en restant prêts à nier les faits, si cela s'ébruitait devant des gens intègres.

Et si le fatras maternel à Paris me fait dégobiller, me fait fuir, bin Madame Soeur peut sans concurrence prendre tout ce qui l'intéresse et a de la valeur, me fourguer ou vendre le reste... Hyargh hyargh hyargh ! Innezepoquette !

C'est cela le mobile du crime : éliminer la concurrence de l'autre ayant-droit, partout.



Les insomnies de l'adolescent traqué et du sexagénaire traqué de même.

Au temps de mon adolescence, j'étais traqué comme un rat, sous la jalousie sans bornes de mon père, et l'invasion sans bornes de ma mère. L'avenir était minutieusement, hermétiquement obstrué. Que fit la médecine, alors ? M'assommer sous les somnifères. Résultat net : toujours pas de sommeil nocturne, abrutissement et incapacité totale la journée qui suivait. Mais personne ne posait la moindre question sur l'alerte et l'insécurité qui me tenaient en éveil nocturne. Alors cela jamais ! C'eût été totalement inconvenant de changer de camp, de cesser d'être ouvertement et complètement du côté des suppresseurs de fils. Dame ! Ce sont les adultes qui paient, qui décident de tout, et qu'il faut séduire !

J'ai souvent ces mêmes insomnies, environ 45 ans plus tard et plus.

Les protagonistes ont légèrement changé. Mon père est décédé, et d'ailleurs, il avait présenté ses excuses par écrit, lui. Madame Mère fut toujours vivante jusqu'en mai 2007, devenue fort tyrannique, et en couplage avec sa fille.

J'ai une ressource que je n'avais pas en ce temps d'adolescence : je peux écrire, puis publier.

L'avenir est presque pareil : aucun, ou si peu.

La volonté d'anéantir l'autre est la même qu'autrefois, de le traquer comme un rat. L'objectif de madame Mère, son besoin premier n'ont pas changé : tenir son fils en animal domestique à sa disposition, écouillé et vidé de toute initiatives, de toute autonomie psychique, l'empêcher d'avoir aucun lieu sur Terre où il soit chez lui. Tout animal épanoui est territorial. L'astuce de madame Mère pour interdire à son fils toute vie digne d'être vécue, et toute réussite dans la compétition sexuelle, est de lui interdire toute jouissance territoriale. Cela tombe pile-poil dans l'intérêt de madame Soeur, si désireuse d'éliminer toute coexistence fraternelle.



Pour reprendre les points d'histoire, et l'invasion du Koweit par Hussein, se posait la question de comparer la monumentale bêtise artificielle, simulée par l'administration américaine Bush, pour inciter Hussein à croire qu'il avait le feu vert américain pour son invasion, et la bêtise naturelle manifestée par Madame Mère, tout au long de sa propagande misandre fanatique auprès de mon épouse et de sa fille aînée : « Et puis les mecs, c'est comme cela qu'il faut les traiter ! Vous avez ma pleine approbation pour liquider mon fils ! Faut les abattre, tous ces mecs qui résistent à notre toute-puissance ! ». Evidemment, le haut-le-corps de Madame Mère quand elle a à son tour été visée par les violences physiques de Cécile, au son de « Parce que vous allez prendre le parti de papa ! », plaide en sa faveur, en la faveur d'un sursaut d'honnêteté. Cela m'a longtemps fait illusion. Cette illusion est désormais intenable.

En réalité, Madame Mère était bien professeure de sadisme, en personne, en plus d'être professeure de mépris, et de déni de réalité. Et son sursaut d'honnêteté fut bien plus simulé que réel. C'est suite à une telle formation amorale, que l'exemple de perversité de Saddam Zussom a paru tellement plus convainquant à Madame Soeur, plus habile, mieux digne d'être imité par elle.


J’ai été d’autant plus irrité de ces nouvelles agressions à la victime (par ma soeur) pour blanchir les bourrelles, que cela s’ajoute aux nombreuses autres manœuvres de culpabilisation et de paralysie accumulées (féminisme fanatique oblige) par les deux autres destinataires de ce fameux courrier du 18 août 1997, où je prévenais que quelle que soit la mise en scène élaborée par le gang, grâce au huis clos de Château La Haine, éloigné de tout, mon cadavre ne sera jamais celui d’un suicidé, ni celui d’un accidenté accidentellement, bien celui d’un assassiné.

Rappels du cadre légal :

Article 221-3 NCP (Nouveau Code Pénal) : du meurtre avec préméditation.
Le meurtre commis avec préméditation constitue un assassinat. Il est puni de la réclusion criminelle à perpétuité.
Article 223-1 NCP : de la mise en danger d’autrui.
Le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement est puni d’un an d’emprisonnement et de 100 000 F d’amende.
Article 121-4 et 121-5 NCP : de la tentative de crime.
Art. 121-4 : Est auteur de l’infraction la personne qui :
1) Commet les faits incriminés
2) Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit.
Art. 121-5 : La tentative est constituée dès lors que, manifestée par un commencement d’exécution, elle n’a été suspendue ou n’a manqué son effet qu’en raison de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur.
Article 121-7 NCP : de la complicité.
Est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre.

Une fois pour toutes, bien sûr que j’ai des carences. Toutefois, dans cette affaire criminelle efficacement maquillée – tentatives successives de veuvage, et assignation d’une mission parricide à notre fille aînée - , les défauts qui me sont attribués par la criminelle en chèfe et par ses complices n’ont rien à voir avec les vrais : ceux qui sont prétendus, sont ceux qui se vendent le mieux, qui sont crus aveuglément sans preuve aucune. La présente monographie est consacrée à ce système de rumeurs calomniatrices organisées, et aux coupables défaillances dans l’appareil judiciaire, qui sont accueillantes et complaisantes à ces calomnies vénales.

C’est vrai : un souffre-douleurs ne s’intègre ni à un collectif de tortionnaires, ni à un collectif de lâches. Il ne partage aucune de leurs valeurs – peut-être certaines de leurs valeurs avouables, quoique pas ou peu pratiquées, mais aucune de leurs valeurs clandestines. Cela, les tortionnaires et les imposteurs me le reprocheront jusqu’à ma mort. Un souffre-douleurs n’éprouve aucune sympathie ni aucune complicité envers la cruauté sociale, ni envers l’hypocrisie sociale. Il éprouve bien sûr des quantités de sympathies pour des individus, mais ni pour leurs lâchetés, ni pour leurs méchancetés.

Pour un souffre-douleurs, la vie est une corvée sans intérêt. Il consacre une grande part de ses forces à lutter contre l’installation d’une dépression anaclitique majeure ; il lutte contre le désespoir, un désespoir d’animal traqué. Son sens du devoir est facile à exploiter : il a été dressé à espérer qu’à force de dévouement à mère, père et fratrie, peut-être lui lèvera-t-on une ou deux des interdictions d’exister qui pèsent sur lui. De ma vie entière, je n’ai su faire qu’une seule chose : être utile aux autres. Je n’ai jamais su revendiquer pour moi, ni planifier pour moi. L’égoïsme m’est haïssable (mais bien moins que l’imposture, moins que le sadisme, moins que le totalitarisme…). Je ne sais même pas avoir un territoire et y nidifier. Devenu adulte puis père, le souffre-douleurs ne sait vivre que pour les autres : pour son épouse, pour ses enfants, pour ses clients, pour ses élèves, et pour ses lecteurs s’il tente de devenir écrivain sur le tard. Le souffre-douleur n’a pas d’avenir pour lui-même. Il est obligé d’emprunter une idée d’avenir et un goût de vivre aux autres. En tant que père, c’est d’abord à mes enfants que j’ai emprunté le goût de vivre. C’est à leur besoin d’un avenir, que j’ai puisé les forces pour rebondir depuis les situations les plus désespérées. En échange de cet emprunt du goût à vivre, nous donnons sans compter.

Ayant particulièrement manqué des nourritures affectives de base, le dépressif majeur cherche le restant de sa vie la ou les personnes qui lui donneront cela. Il arrive même qu’il la rencontre, ce n’est pas impossible. Il peut surtout rencontrer des prédateurs, qui savent l’exploiter, puis le jeter quand ils en ont extrait ce qu’ils désiraient.

Aucun survivant des camps de la mort n’en a gardé quelque confiance en l’humanité. Le plus souvent, on a enjoint à ces survivants de se taire, de ne plus rien dire de ce qu’ils ont vu et vécu. Aucun torturé ne garde confiance en l’humanité. Il ne pourra commencer à revivre pleinement que s’il rencontre un psychothérapeute qui soit qualifié et compétent, qui lui donne des raisons de faire confiance à quelques personnes au moins. Et qu’en est-il du souffre-douleurs ? Les sévices furent moins graves – au moins dans mon cas – mais il était un enfant. Une amie a confié avoir été transportée par l’enthousiasme primitif et populaire qui a animé les foules lors d’une coupe du Monde de football : « Oh ! C’était comme la Révolution Française ! ». Cela, ce suivisme, c’est impensable pour un ancien souffre-douleurs : lui, il a appris par l’expérience que les belles unanimités sont là pour courir tous ensemble sus au bouc émissaire du jour. Toute unanimité, tout sentiment collectif est pour lui un signal d’alerte et de danger majeur.

Heureusement, il m’est resté la ressource d’être créatif. Heureusement, il m’est arrivé une fois dans ma carrière d’avoir un environnement professionnel qui m’apprenne à tirer le maximum de ce qui n’étaient encore que des inconvénients : ma lenteur et ma rébellion. J’ai appris à en faire des forces : de la créativité de trouveur, et de la profondeur. Là où les autres se précipitent à faire semblant d’avoir tout compris, j’ai appris à continuer à questionner jusqu’à ce que tout soit vérifié, et les contradictions mises en évidence.


Tournez la page pour la suite, ami lecteur.



1 Source : Software Development, année 1997.

2 « Gazonbleu », ça n’est pas son vrai nom : c’est le féminin de Barbe Bleue. Je l’appelle ainsi pour donner la dimension tragique et criminelle du personnage, ainsi que pour donner une idée de son culte du secret et de la dissimulation.

3 Pièce: courrier du 17 novembre 1992, aux amis Até.

4 R. Saint-Paul & P.F. Ténière-Buchot. Innovation et évaluation Technologiques. Sélection des projets, méthodes de prévision. Entreprise Moderne d’Editions; Technique et Documentation. Paris, 1974.

5 Exposé détaillé dans : Erich Jantsch. Technological Forecasting in Perspective. OCDE, Paris 1967.

6 On voit combien que je m’habitue mal à la partie inavouable des mœurs de l’Education Nationale !


Chapitre A: Eloge de la critique


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Plan général de la monographie
 
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